suite de
iciLa situation est catastrophique : en garde-à-vue, plus aucune chance de retrouver le blondinet, et, cerise sur le gâteau, l’autre con en costume qui semble être sur le point de l’interroger… Il s’agit de sortir de là fissa, et que personne n’apprenne qu’il y est entré. La violence est hors de propos, un tueur qui veut vivre vieux à intérêt à ne pas répandre de sang dans un commissariat ; être diplomatique, surtout, garder son sang froid. Après tout, il n’a rien fait de condamnable, si ce n’est buté un ou deux (ou peut-être dix) revendeurs d’armes illégales. Bon, ok, il est potentiellement coffrable pour 5 ans, mais il n’était pas seul à être armé, et le blondinet avait tué quelqu’un sous ses yeux.
C’était la solution : nier en bloc et tout rejeter sur celui qui s’était échappé, avec un peu de bol il passerait même pour un gentil citoyen défenseur des libertés publiques… à coup de pistolet. Mais son couteau… Il portait le sang du cadavre devant la porte. Là il allait falloir jouer serré :
« Dites, vous m’écoutez ? »
Merde, l’entretien avait déjà commencé…
« Bien sûr !
- Alors je vous le demande, pour la troisième fois, comment vous appelez vous, lâcha Jackson d’un ton sec.
- Allan, répliqua Hivrenuit, dans un réflexe immédiat pour cacher son identité, Allan Nieman DEART.
- Bien, et que faisiez-vous dans cet immeuble au moment où on s’y entretuait avec tant d’entrain, questionna Jackson, faisant preuve une foi de plus de son sens profond de l’ironie.
- Et bien…, Commença Hivrenuit de la voix hésitante habituelle de ceux qui sont innocents mais ne savent pas comment ils vont bien pouvoir s’en sortir, de ceux qui savent qu’ils n’ont rien à se reprocher mais ne veulent surtout pas sortir la connerie qui persuadera l’adversaire du contraire, voyez-vous, je rentrais chez moi quand, au détour d’une rue, je vois ce psychopathe blond…
- Quel psychopathe blond ?
- Je ne le connais pas, il était habillé d’un tee-shirt avec un smiley dessus et avait de longs cheveux… En tout cas, il essayait d’étrangler ce mec avec une frénésie… Effrayante. Je me précipite pour l’aider, je chope le blond, je le repousse, mais il me saute dessus. Je sors de mon sac un couteau que j’ai toujours avec moi, je suis hypocrate, et je l’en menace mais il me mord la main. Je lâche le couteau, il le ramasse, et soudain saute sur l’autre mec qui au lieu de s’enfuir était resté à côté, hésitant à intervenir. Il l’égorge, puis se réfugie dans l’immeuble. Moi, j’essaie de le poursuivre, mais il s’enfonce dans le dédale des couloirs et lorsque, environ 10 minutes plus tard, je me rue dans une cage d’escalier sur ses pas, je me retrouve à mon point de départ, entouré de deux tueurs, du psychopathe, d’une brute qui me donne des ordres et de votre agent. Pour la suite, il vous l’aura sans doute raconté. Je tiens d’ailleurs à m’excuser pour le coup de poing, je croyais qu’il s’agissait du blond.
- Je vois… Qu’est ce que tu en penses, demande Jackson en se retournant vers Jack.
- Moi ?
- Non, laisse tomber, j’avais oublié…
- Quoi ?
- Non rien… En tout cas, monsieur, j’ai bien peur qu’il ne nous faille vous garder en cellule, le temps pour nous de retrouver le tueur blond dont vous nous parlez.
Et merde ! Il n’y avait pas le choix, il allait falloir faire abstraction de la morale et s’échapper en force… Heureusement qu’il n’était plus menotté, mais il n’avait toujours pas d’arme… Le gars de l’escorte à sa gauche ? Non mauvaise idée… Par contre le mec à droite est plus distrait, et son arme de service à le bon goût d’être située à quelques centimètres de sa main. Une secrétaire, un coucou enjoué, un flingue dans les côtes.
« Si tu tiens à la vie, tu vas coller une droite à ton copain au moment ou je te le dirais, et ce n’est pas la peine de parler, lui chuchote Hivrenuit à l’oreille. Maintenant !
Coup de poing, Hivrenuit assomme Jack d’un coup de crosse (petite vengeance personnelle et mesquine), il court vers la sortie, une main se pose sur son épaule, il se dégage, pousse la porte à double battant, et se retrouve nez à nez avec… Des lapins ???