[revivaaaaal ! narratrice Satinka]
La nuit est chaude et humide. La jungle bruisse de grillons, de chants de grenouilles qui sifflent ou qui craquettent sans cesse. C'est comme un rythme qui se répète, un éternel brouhaha tranquille qui se mêle au ressac de l'océan et berce l'obscurité.
Nous avons dressé le camp sur les hauteurs, non loin des falaises, au moment où la nuit tombait, et nous avons tendu nos hamacs entre les branches d'un immense tamarinier. Jamais je n'en avais vu de pareil. Il s'élève au-dessus du reste la jungle avec majesté, sa ramure grise échappant aux lianes et aux bruissons grimpants qui envahissent tous les autres arbres. Quel repos que cet espace dégagé. Toute la journée, nous avons progressé à travers une végétation dense – fascinante et magnifique, avec ses camaïeux de vert intense, ses feuillages rouges, jaunes, ses fleurs fushia aux formes étranges – mais étouffante à force de luxuriance.
Assise en travers de mon hamac, je frotte ma peau avec un demi-citron. Je répands le jus sur tout mon corps, les bras, les jambes, la figure malgré l'acidité qui me pique les yeux. Les moustiques détestent le citron, cela suffira à éviter les piqûres. Non que je sois douillette, mais dans ces régions les insectes transportent des fièvres féroces qui vous terrassent en quelques jours, ou des maladies plus sournoises qui vous tuent à petit feu, dans la douleur lancinante, laissant votre corps se déliter et votre volonté s'éteindre, jusqu'à ce que personne n'ose plus vous appeler un être humain.
Un peu en-dessous de moi, accroché en travers des branchages et baigné par la clarté lunaire, le hamac de Yhuk se balance doucement dans le vent du large parmi les autres hamacs de l'équipage. Il dort déjà, paisible. Il est à l'aise au milieu de nulle part comme partout ailleurs. J'ai fini par comprendre que le monde entier est son foyer. Pourquoi ai-je accepté de le suivre dans cette aventure insensée ? Abandonner Asinara et ma famille – temporairement, avait-il dit – pour s'enrôler dans une chasse au trésor incertaine... à quoi bon ?
Retrouver le parchemin des Ravines Noires. Voilà ce qu'il veut. Moi ? Je lui répète que c'est un mirage, que sa quête n'a pas de sens. C'est ce que me dit ma raison. Mais il sait parfaitement qu'au fond, mon envie de découvrir ce parchemin est au moins aussi forte que la sienne. Qui ne voudrait pas connaître les origines préjonctionnelles de la magie élémentaire ?
(ou le énième RP de yhuk qui pourrait donner une histoire cool mais que j'aurai la flemme de finir parce qu'en fait j'avais juste envie d'écrire une ambiance à cause d'un voyage... merci yhuk pour ta disponibilité /o/ j'essayerai quand même d'écrire la suite si ça vous plaît !)