Suite de Retrouvailles mouvementées

C’était une morne journée, grise, sombre. Les gens erraient tels des fantômes, se dirigeant ici, et là. Vers leur travail, leur loisir, leurs vies...
Elle, errait aussi, vers le néant.
Un travail peut être pour l’occuper ? Supporter des ordres ? Trop difficile...
Gagner sa vie ?
Même pas besoin.

Quoi faire, si ce n’est devenir la jeunesse oisive qu’elle avait tant haï et critiqué.
Disparaitre, se fondre dans une masse obscure et informe...

Elle avançait à pas tranquilles quand elle se sentit épiée, suivie. Elle se retourna brutalement.
« Oh c’est pas la petite demoiselle qui veut pas bosser pour nous ?
-Laissez-moi !! Je vous ai dit que ça ne servait à rien !!!! Fichez-moi la paix ! »

Puis elle se mit à courir avec célérité. N’ayant rien perdu de ses facultés athlétiques. Il n’y avait plus personne derrière elle, elle s’arrêta et repris sa respiration, puis elle trouva un taxi et lui donna son adresse.
Ces hommes... Ceux qui l’avaient déjà accostés, pendant qu’elle cherchait à faire sortir Aaraon et Lowell de leur garde à vue tandis qu'elle se démenait à Factory Park, à la frontière des Range Docks...
Besoin d’une alchimiste pour des affaires louches, ils avaient beaucoup insisté, même trop... Par chance des policiers passaient par là à ce moment là et elle les suivi, les autres laissant leur « proie » dans un recul significatif.

Puis elle arriva à destination.

Ambre ouvrit la porte de l’entrée et actionna l’interrupteur. L’ampoule avait du griller, elle grogna, cette technologie avait vraiment des limites…puis pénétra dans le corridor et se retrouva nez à nez avec les trois hommes...
« Mais qu’est-ce que… »
Le plus grand du groupe lui adressa la parole sur un ton légèrement menaçant.
« On a pris la liberté de vérifier où tu créchais ma jolie, au cas où tu changerais d’avis… »
« Oui c’est ça…laissez moi passer, je vous ai déjà dit que… »
Une main immense s’abattit sur son épaule.
« On peut discuter non ? »
Elle serra ses poings gantés, réfléchissant à une transmutation qui lui permettrait de repousser les trois horribles en même temps...

Mais soudain un coup de feu interrompit le cours des pensées de la jeune femme. Le type qui la tenait gémit et se plia en deux.

Lowell ne revenait pas… Aaraon jeta un coup d’œil anxieux sur la pendule dont le tic tac névropathe et l’heure avancée accentuaient son inquiétude. C’était idiot, après tout le trappeur avait quasiment dix ans de plus que lui et n’avait pas besoin qu’on lui tienne la main pour faire deux pas…mais il était aussi une cible de choix pour n’importe quel revendeur minable du consortium…L'arrivée de JL coupa l'enchainement sombre de ses pensées:

«- Hey A…
-quoi ?
-Je crois que y’a du bordel dans le hall…
- du bordel comment ?
-Armé… »

Le magicien se leva et saisi le premier calibre lui passant sous la main puis sorti silencieusement sur le palier.

«- Oui c’est ça…laissez moi passer, je vous ai déjà dit que…
-On peut discuter non ? »

Ambre.
Il visa le premier des quatre types l’entourant, et tira. Le technologue se plia en deux en gémissant et lâcha l’épaule de la jeune femme.
Il sauta la rambarde du premier étage et atterri avec souplesse devant l’étrange quatuor. Sans attendre que la petite troupe se remette de sa surprise il balança une lame aquifère qui sépara la jeune femme de ses agresseurs et s’empara du premier gorille à portée de main, le bloquant d’une clef de bras en appliquant l’arme sur sa tempe.

« -Ok la fête est finit vous dégagez !
-Sale pe…
-Dégages j’te dis, les flics seront là dans 5 minutes »
L’homme recula, rengaina son arme et jeta un coup d’œil à son collègue blessé, dont la main saignait abondamment, et à l’otage improvisé.
« -C’est bon on se casse… »
Aaraon relâcha lentement sa prise sur le gros-bras, qui se dégagea avec prudence et rejoint les deux autres qui sortaient.
«- On se reverra connard !
- C’est ça ouais »

Le magicien attrapa le bras d'Ambre qu'il traîna jusqu'à l'escalier. Il monta les marches rapidement, poussant devant lui l'occultiste qui grommelait :
"C'est bon, c'est bon... et j'aurais pu me défendre mais je sais pas trop comment... donc... »
Il était rare que quelqu'un l'aide. En général elle avait été éduquée dans ce cadre égoïste "d'aide toi, le ciel t'aidera".
A l'académie, sa famille d'accueil... Et de sa famille le seul soutien qu'elle avait été conséquent mais purement financier.
"Merci..." Elle faisait une moue boudeuse, se sentant visiblement redevable.
Il se tourna vers elle. .

« C’était quoi ces gars ? »
-Que ? Heu rien juste des types qui m’avaient proposés du travail et…
-Des mafieux…comment tu t’es démerdée sérieux ? Putain heureusement que Law m’a dit que y’avait des mecs louches qui faisaient les plantins en bas sinon… »
La voix était chargée de reproches. Ambre se braqua immédiatement. Il n’avait pas de leçon à lui donner, mais elle n’eut pas le temps de protester.
«- Merde…et puis t’as eu de la chance que je l’atteigne aussi ! »
Elle marqua un temps d’arrêt, réalisant soudainement que le jeune homme avait tiré d’une distance relativement importante et dans l’obscurité…
«- Non mais…attend comment tu savais où tu visais exactement ? »
-Je savais pas » Il avait répondu sur un ton extrêmement dégagé qui frisait le fatalisme.
Elle ne répliqua rien, estomaquée et curieusement un peu déçue par l’indifférence dont il faisait preuve. Elle se tourna vers sa porte, entreprenant de l’ouvrir, mais il plaqua sa main sur le battant bloquant son mouvement.
«- Ils se détachaient nettement avec la lumière qui venait de la rue…j’aurais pas tiré sinon.
-…pourquoi tu me dis ça t’as pas à te justifier.
-Jsais pas, juste que je voulais pas te blesser »
Elle ricanât amèrement.
« - Délicate intention, vraiment. Pousse toi
-Non
-T’es chiant » Soupirant elle s’adossa à la porte et le fixa. Il était assez près, fidèle à son habituel non sens des frontières individuelles, et semblait impassible. Elle se tassa un peu contre le battant et chercha quelque chose à dire pour fuir son regard.
« -Y’a plus de lumière ?
-Les plombs ont sauté, ça arrive souvent dans les zones où le courant ne doit pas arriver normalement… »
Il ne bougeait toujours pas. Ambre s’agita légèrement, de plus en plus mal à l’aise, et supplia d’une voix sourde :
«- Pousse toi s’il te plait… »

Mais il se pencha vers elle et l’embrassa.

Puis retira sa main du montant sans le moindre commentaire.
La porte de derrière venait de s'ouvrir.

Plus de trappeur puant.
Plus de loup agressif.
Plus de bruit.
Plus de A.

Lawrence commençait à angoisser devant le silence soudain de l’immeuble qui suivait de près une déflagration et quelques éclats de voix. Il était improbable qu’il soit arrivé quoi que ce soit à son frère…mais…
L’adolescent poussa la porte de l’appartement et jeta un coup d’œil dans le couloir. La lumière éteinte, deux silhouettes, celles d'Ambre et Aaraon dans une posture équivoque.

"-Vous foutez quoi là dans le noir?"
Aaraon se retourna et passa la main dans ses cheveux.
"-rien, on parlait." Il se dirigea vers la porte, lançant un dernier regard à Ambre, et la referma en poussant Lawrence à l'intérieur.

***

Law se tenait à trois centimètres du visage de son frère :
"-Hum hum ...
-c'est bon lâââche moi! tu veux quoi?"
Law éclata de rire puis imita une femme aux accès rougissants : "- oh oui et ça va secourir les demoiselles en détresse... même quand ça les trouve moches!
-Dégaaage!"
Son frère le bloqua d’une clé de bras. Le jeune technologue à se dégagea d’un coup de pied bien senti dans le tibia de l’octantin qui lâcha prise.

« -Non allez sérieux, il s'est passé quoi en fait?
-Juste des types louches, apparemment des mafieux...
-Tu crois qu'elle traîne dans des trucs bizarres?
- Non... je crois pas que ce soit son genre."

Law s'arrêta, tenant son menton dans une main, signifiant qu'il réfléchissait intensément pour une fois, puis dit enfin :

"-Tu sais, en fait on la connais pas du tout on sait juste qu'elle est sympa. Y'a même pas son nom sur la boite aux lettres, on connaît que son prénom, si c'est pas grave louche ça...
- C’est son droit… elle a p’têtre ses raisooons…
- Ouais ben n’empêche… y’a jamais rien qui t’intrigue quoi! Tu pourrais au moins te renseigner sur les gens avec qui tu couches…
- Ferme-la Joan! Et je couche pas avec elle.
- Je sais j’ai entendu...ou plutôt pas entendu pour une fois hein! Mais avoue que tu aimerais bien… Et moi j’aimerais bien savoir qui elle est, plus ça va plus elle nous squatte…et avec ton Lowell en plus ça commence à faire du monde dans l’genre inconnu!
- Ouaaaais Lowell justement… s’il est pas rentré demain j’irais faire le tour du quartier…
- Il a pas quatre ans ce mec, il a pas besoin de toi! Et change pas de sujet !
- Yep mais il a tout à fait le profil du type qui vient de débarquer à qui, perso, je ferais bien les poches stu veux.
- A… je m’en fout ! Je parlais d’Ambre là!
- Night-night! »

L’octantin administra un violent coup du plat de la main sur l’épaule de son jeune frère, qui se plia en frottant douloureusement son bras. Il se dirigea vers la porte de sa chambre et la referma, coupant court aux protestations vulgaires de Lawrence.
« - Madafaka… rien à fout’! S’il le faut j’l’interrogerais directement la Ambre!»

Un peu plus tard...

***

*BLAM BLAM BLAM*
"Aaaaaaaaaambreeeeeeeee, c'est JL <3"

Un soupir... JL martyrisait sa porte à nouveau...
Bruyants... Envahissants...
Attachants...

Elle leur ouvrit, et vit le jeune technologue bougonnant, son frère le tirant par l'oreille pour le ramener chez eux. Il s'exclama :
"Ah ben tu vois, trop tard elle m'a entendu!!"
Aaraon souffla :
"Imbécile...
- Avec tout le rafut que tu as fait, oui, je t'ai entendu Law... Tu as besoin de quelque chose?"
- Ouais en fait je veux qu'on parle !"

Ambre déglutit... Etait-ce à propos de la veille? Elle voyait le visage d'Aaraon qui affichait un bel air contrarié et esquissa un sourire forcé.
"Non laisse tomber, il a juste pas assez pissé ce matin ça lui est monté au cerveau."
La réplique qui devait être cinglante d'Aaraon la fit éclater de rire.

Elle secoua la tête.
"Rentrez... si vous voulez... tant que vous..."

Le manchot qui avait entendu la voix de la demoiselle du loin de son réfrigérateur ne s'était pas fait prier pour rentrer une fois la voie dégagée.
"- MON PINGOUIN !!!"

Et Aaraon, qui était le plus réticent à entrer passa devant son frère en le poussant.

L'alchimiste se dirigeait vers la cuisine, préparant quelques ustensiles utiles à ce qu'elle allait "tenter" de concocter. Les frères n’avaient certainement pas déjeuné et c’était l’occasion de leur filer un coup de main sans se heurter à une réaction de rejet de la "charité" dont elle faisait preuve.
Retournant dans le salon, elle s’assit sur la chaise face à eux et s'adressa tout spécialement à JL.

"- Bon alors tu veux me poser des questions…
- Ouais déjà est-ce que t’es mafieuse ? »
*Vlan*
Aaraon avait mis un grand coup derrière la tête de son frère.
"Heeeeey ! Sale co…"

"- Non…ne recommencez pas, s'il vous plait ! Je ne suis pas mafieuse. Je suis simplement tombée sur des sales types.
- Ok mais alors pourquoi y’a pas ton nom sur ta porte ? Et pourquoi t’es alchimiste ? Et puis si t’as le fric pour te payer tout c’que t’as pourquoi tu vas pas à Consortium ou à SternRoad ? En plus je suis sûr que t’es une fausse jeune grave vieille…. "
- Et si j'ai pas envie de répondre à tout ça ?"

C'était avec un air blasé qu'elle fixait le jeune technologue trop curieux.

"- Ouais il sait… Mais c’est juste de la curiosité malsaine, ça se comprend. De toute façon si tu réponds pas je finirais par le savoir d’une manière ou d’une autre…" Lança Aaraon, détournant légèrement le regard.

"- Euh geeeenre… Je croyais que ça t’intéressait pas et que je la faisais chier avec mes questions !!
- Ta gueule…
- Si tu te renseignais sur moi tu risquerais d'avoir des problèmes..."
Le ton sec de la jeune femme accompagna son regard contrarié. Elle se leva et regarda en direction de la fenêtre. Puis, s'attachant les cheveux en les entortillant autour d'un crayon trouvé sur la table, elle se retourna et se dirigea vers la cuisine, laissant voir l'immense marquage aux teintes bleues métalliques sur son dos.

"- Euh...Bon je ne sais pas faire à manger, si c'est pas bon forcez-vous quand même...
- Attend, c’est bon on veut rien !
- Ouais si j’ai faim moi…Aïe !"

Aaraon se leva en jetant un regard mauvais à son frère qui se frottait avec application la joue mais poursuivit :
"- Donc vu que t’as quand même l’air blindée de thunes, pourquoi tu cherches du boulot ?…Et t’as genre quoi, 27-28 ans ?"
Ambre resta figée, le regard calcinateur...

"Vingt et un... Merci pour les années en plus."
Elle se débattait avec œuf qu'elle finit par lâcher et qui s'écrasa au sol.

"- Ouais en fait tu fais vieille mais tu sais même pas casser un œuf."
Le magicien se baissa et l’aida à ramasser les débris.

"- Tu voulais faire quoi au juste ?
- Je sais pas trop...."
Il lui arracha son instrument de cuisine des doigts

"- Vas t’asseoir avec Law j’m’en occupe."
Mais elle resta plantée là, les mains toujours dans la position dans laquelle elle était lorsqu'elle tenait encore son matériel.

"- Euh... c'est bon, je regarde comment tu fais... J'ai... Enfin on m'a jamais appris et je n'ai jamais eu à me débrouiller pour ce genre de choses.
- C'est bon... T'inquiètes paaaaaas... Je juge pas..."
Enfin, elle attrapa un verre et continua à chercher dans les placards pour trouver une boite de crevettes pour l'oiseau.

Aaraon avait l'occasion de voir ce genre de choses de prés pour la première fois. Le sceau que possédait Ambre prenait presque la totalité du haut de son dos, attaquant ses épaules et le bas de sa nuque. Les teintes bleutées métalliques offraient un spectacle étrange et les formes incompréhensibles ajoutaient une dimension mystique à la chose. Elle se retourna. Aaraon cilla prestement, quittant la peau de l’alchimiste des yeux, reportant son attention sur la préparation.
JL quant à lui s'amusait visiblement de la situation, Il se cala entre son frère et la jeune femme et poursuivi son interrogatoire en pointant du doigt le sceau de l’occultiste :

"-Dis, ça veut dire quoi tout ça?
-Ca... je ne peux pas te le dire..." Elle lui sourit gentiment, lui tendant la boite de crustacées pour Maana.
"-Alleeeez vas y! Balance !
-Je t'assure que déjà tu ne comprendrais pas, et qu'ensuite ce sont des savoirs qu'il vaut mieux ignorer." Elle évitait le regard de l'adolescent et affichait un air mélancolique. Elle reporta son attention sur ce que faisait Aaraon qui avait déjà presque terminé...
« -Ah mince... jamais je saurais jamais comment on fait ToT...
-De toute façon tu n’y arriverais pas.
-Alors là je vois pas ce qui te permet de sortir un truc pareil…
-La même chose que c’qui te permet de dire à Law qu’il comprendrait pas ton machin alchimique…
-C’est n’importe quoi… »
Ils étaient relativement proches l’un de l’autre. JL releva un sourcil en esquissant un sourire moqueur.
« -Si j’étais toi Ambre je me méfierais, à mon avis c’est plus la peau sous les tatouages qui l’intéresse lui…
- qu…
-Toi ! »
Baissant la tête l’adolescent évita le torchon qu’on lui jetait et ses yeux tombèrent sur l’horloge de la cuisine qui affichait 7h45.
« Ha non j’suis en retard ! A. si jamais ton pote puant revient pas prévient moi avant de disparaître le r’trouver! See ya!» Il attrapa un pancake brûlant au passage et se sauva en courant.

Ambre semblait relativement gênée, et compte tenu du fait de la promiscuité de la veille...
Elle cachait son visage rosit et prit un pancake, se brûlant à moitié les doigts.
"-Ben écoute euh... merci... c'est juste la honte je vous invite c'est toi qui cuisine ... »
Elle avala une bouchée.
"-C'est bon =o=
-Well... laisse tomber ça me dérange pas.
-Ouais euh... reconnaît quand même que c'est pitoyable.
-ouais ouaaais... c'est pitoyable maty."

Ambre le regarda l'air mauvais...
Puis elle alla s'affaler dans son sofa, renonçant à discuter les sarcasmes du jeune homme.
"-Hum et vous, vous venez d'où exactement? Je sais juste que t’es mage et que vous êtes néothulians…Finalement tu vois, y’a pas que moi qui suis secrète…
- Law et moi on a juste le même père et c'était ma mère qui était mage, jcrois qu’il t’en avait parlé de…de William. Et je suis pas néothulian, je suis Octantin bordel !
- Et ton père ?
- Il vient de la NSR…enfin à son époque c’était encore « Lysarald Kingdom ». Law avait que quatre piges quand ils sont arrivés ici…
- Donc lui n’a pas du tout de sang mage ?
- Non."
Elle sourit. "-Ah, il doit t'envier.
-Hum… j’pense pas… »

Aaraon se repassait en boucle les remarques de Lowell sur son « manque de tact » et se demandait ce que pouvait bien penser la jeune femme de tout ça…Après elle n’avait pas l’air très clean non plus, et la mort ne l’effrayait pas plus que ça. Le jeune homme soupira, constatant qu’une fois de plus Elle en avait appri d’avantage sur eux en une discussion qu’ils n’en savaient globalement sur elle. Ambre se pencha pour ramasser le torchon qui avait manqué JL de peu, dévoilant une fois de plus les motifs de son sceau.
Aaraon se rapprocha d’elle fixant ses épaules avec insistance.
"-En fait ça, ça m'intrigue" Dit il avec sérieux. "Je peux?"
Ambre le regardait d'un air interrogateur, il avança sa main et frôla les motifs, suivant leurs contours.
Il n’était que relativement curieux vis à vis des alchimistes. Il connaissait les mages et les technologues de part son métissage, mais n'avait jamais approché aussi près de ces symboles occultes. Cependant, et comme l’avait relevé Lawrence, son attention ne resta pas fixée longtemps sur les signes alchimiques, il questionna néanmoins :
"-Raconte moi, à quoi ça sert ça en fait?"
Rendue mal à l'aise par le contact des doigts du jeune homme effleurant ses épaules et sa nuque, elle répondit en déglutissant.
"-C'est juste... Pour capter de façon artificielle ce que les mages appellent magie..." Elle employait des termes assez génériques, espérant visiblement que la nature de mage du jeune homme lui permettrait de comprendre aisément cette comparaison.
"-Je vois."
Elle frissonna légèrement. Les mains du magicien descendaient lentement le long de son dos. Il se rapprocha encore d’elle et enlaça sa taille puis se pencha sur l’une de ses épaules nues. Elle sentait ses cheveux glisser sur son bras et ses lèvres effleurer sa peau. Sa respiration s’accéléra, elle se raidit un peu, saisissant d’une main le poignet du mage et le serrant contre elle.



BLAM
Le fracas d’un meuble qui s’écroule.

« -Mais… »
Il abandonna immédiatement son étreinte. Maana venait de réapparaître dans la pièce avec la moitié d’une penderie sur la tête.
« Ya stupid mate! »
Le magicien entreprit de retirer les vêtements qui recouvraient l’animal – dont notamment un soutien-gorge exubérant qui n’avait rien d’un sous vêtement d’alchimiste- et le poussa du pied devant lui. Puis leva les yeux vers Ambre, qui évita son regard.
« Ok…désolé pour le bordel pour changer, je vais rentrer… »

***
Il se laissa glisser le long du battant de la porte de son appartement, une main sur le visage. Le pingouin s’était sauvé en direction du canapé où il tentait de trouver une place entre les affaires de Lowell.
Pourquoi c’était si difficile avec Elle…Pourquoi ces gestes qu’il avait pourtant répétés tant de fois avec tant de personnes différentes lui semblaient si désuets et vides de sens aujourd’hui?
Il soupira et se mit sur ses pieds d’un bond, décidant que la minute d’apitoiement égocentré avait assez durée, et s’accouda au balcon pour surveiller les allées et venues, espérant voir surgir du coin de la rue le trappeur trentenaire qui devait se sentir bien perdu au milieu de l’agitation obsolète de la métropole.

[ pour ceux qui auraient zappé...Maana c'est le pingouin de A XD ]

[ suite de "Retrouvailles mouvementés"]



Néant.
Trou noir.
Vide.
Repos.
Et puis, conscience. Oui, conscience. Malheureusement.
La machine se remettait en marche petit à petit. D’abord l’inconscient dominait, puis un léger basculement, imperceptible, fluide, sans brutalité, fit que les choses changèrent et que la conscience reprit le dessus. Mais tout était si flou, tout était si mélangé, désorganisé, en vrac : c’est à peine si il retrouvait son identité dans tout ce bordel.
Il se souvint.
Lowell Marvin. Ah oui… C’est vrai. Et tout s’emballa, tout revint.
Il se souvint de tout. Il aurait voulu oublier.
La gorge lui serra, son cœur se crispa. Oui, il aurait du oublier.
Son enfance, ses parents, ses amis, son adolescence, ses bagarres, ses jeux, son bonheur… Abel, ce ventre, son cadavre…
Puis 10 ans de, on ne sait pas trop quoi. Les jours se ressemblaient, ne se différenciait pas. Tout était pareil, monotone, sans vie. Et il allait continuer dans cette voix sans issu. Le jour d’hier n’était qu’un de ses jours monotones. Tellement monotone qu’il ne s’en rappelait plus.
Il avait du avoir prit un peu trop d’alcool, comme d’habitude.
Cette gorge nouée, ce cœur serré se détendirent enfin et laissèrent place à ce sentiment là. Oui celui-là même que l’on appelle « fatigue ».
Il n’avait pas envie de rouvrir les yeux. En avait-il seulement la force ?
Qu’est ce qu’il verrait ? Une de ses rues étroites de Wild’Oak City ? Où peut être que hier il s’était juste affalé contre les murs de sa propre maison ? Bref, que de choses inutiles, vu et revu des centaines de fois.
Il était las.
Son corps, qu’il n’avait pas senti jusqu’à présent, reprit place dans son cerveau. Ça y est, il avait conscience de son corps, toutes les sensations lui revint et … Il lui disait que son corps n’en pouvait plus, qu’il était lui aussi fatigué, qu’il hurlait de douleur. La cause ? Une position assise, inconfortable, qui engourdissait certains de ses membres dont le sang ne circulait plus vraiment normalement. Une autre cause ? L’alcool. Ça avait circulé dans son sang, ça avait attaqué le foie et autres organes sensibles à l’éthanol. Encore une autre ? La clope. Vous connaissez les effets. Le principal, là ou ça fait vraiment des dégâts : les poumons.
Et l’air y entrait et y ressortait par un mécanisme très naturel, inconscient et incontrôlé.
Et chaque bouffé d’air était un poids de plus à supporter, chaque expiration était pénible et au combien épuisante. En fait, pour lui, respirer n’était plus aussi évident et aussi naturel que ça. Il avait la sensation de se forcer, d’ordonner sans cesse à ses muscles de travailler afin qu’il puisse vivre encore.
Et ce corps ne bougeait pas. Trop las, Trop fatigué et surtout trop lourd à porter. Il semblait peser une tonne. Même ses paupières restaient closes parce qu’elles étaient elles aussi trop lourdes.
Il fit basculer sa tête, de droite à gauche d’un mouvement flasque. Une douleur aigue lui prit sur le côté gauche. Il était resté trop longtemps là tête penchée à droite. Ce mouvement minime de bascule lui donna un vertige qui se transforma vite en mal de crâne.
Après quelques mouvements de têtes qui lui permirent de se dégourdir la nuque, ses yeux s’agitèrent sous ses paupières et finalement, par un mécanisme tout aussi fabuleux que celui de respirer, il les ouvrit. Elles papillonnèrent lourdement, laissant place à une vision flou et totalement abstraite. Chaotique. Il lui fallut encore quelques instants pour que tout redevienne normale et …
Après un autre instant d’arrêt, il fronça les sourcils. Il pivota la tête, d’un côté, de l’autre… Il ne reconnu rien. Il fut d’abord choqué, ou du moins, abasourdit. Il n’était plus à Wild’Oak city… Non… Où était-il déjà ? Comment ce faisait-il que tout à coup il se retrouvait dans un endroit totalement inconnu ?
Que c’était-il passé ? Ou était ça maison ? Ou était les rues de Wild’Oak city ? Où étaient ses habitants ?
Son cœur s’emballa, se sentant dépassé par les événements, complètement perdu … Décontenancé de la seul chose qui le rassurait. Il sentit la peur l’envahir. L’inconnu a toujours effrayé, et Lowell était quelqu’un de très instinctif, plus animal qu’humain. Il s’était figé sur place, sourcils froncés, toujours apeuré quand Louve surgit au détour de la ruelle, vient vers lui et s’assit en face. Sa présence le rassura et il finit par reprendre son calme, surmontant sa peur première. Il referma les yeux et … Ah …. Oui… Un télégramme, un bateau, un voyage… 17 jours même…Une arrivée, les flics… Aaraon.
Tout se recomposa comme un puzzle et il réalisa enfin qu’il avait quitté la Nouvelle-Thulé pour venir ici, sur ses terres hostiles, à Renge Harbor.
La brunette, Lawrence, les infos de l’octantin, William … La conversation qu’il avait eu avec Aaraon et … l’alcool.
Ça y est, tout était en place. Ok.
En s’aidant du mur contre lequel il était appuyé, il se hissa sur ses jambes. Il du attendre que le sang se remette à circuler normalement puis il posa son regard sur Louve qui avait regardé son maître se décarcasser pour se mettre sur pied avec une patience exemplaire. Elle comprit, d’un seul regard et se mit à trottiner au devant, guidant les pas du trappeur vers une maison qui n’était pas la sienne mais qui était son seul abris, son seul repère pour l’instant. Et tout en marchant, il ne put s’empêcher de penser au chalet solitaire près de Wild’O. SA demeure. Là ou son temps s’était arrêté.

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