17 jours. 17 putains de jours. Voilà le temps qu'il eut fallu pour cette putain de traversée.
Nouvelle Thulé - Apartadiza. Et plus précisément : Range Harbor.
Pendant 17 jours, pas de terre en vue. Juste ... De l'eau ... De la flotte ... Des vagues ...Jusqu'à l'horizon. Comment diable font ces enfoirés de marins pour ne pas être malade ? Le bateau n’arrêtait pas de tanguer. C'était à vous en retourner l'estomac.
Lowell avait donc passé tout ce temps, cramponné à la barre, régurgitant les maigres repas qu'il terminait à peine. Du coup, son corps en avait subi les conséquences visibles : il avait bien maigri. Et il ne fut pas le seul : Louve, sa fidèle alliée l’avait suivi dans ce périple et s’était terrée en dessus de la couche de son maître, les oreilles baissés, recroquevillée sur elle-même en gémissant d’angoisse et de peur. Pour un loup, prendre le bateau c’est encore plus contre-nature que pour un homme.
C'était la première fois qu'ils quittaient les terres de la Nouvelle-Thulé et donc la première fois qu'ils prenaient le bateau aussi. Pour ce voyage, Lowell ne s'était pas embarrassé de beaucoup. Juste le nécessaire. Et tout cela ne tenait que dans un sac de cuir qu’il trimballait toujours près de lui, ne faisant confiance à aucun membre de l’équipage. D’ailleurs il n'avait pas été très bavard, n’avait parlé à quasiment personne. Vous me direz : comme d’habitude.
Mais ce calvaire était désormais terminé et il posait enfin les pieds sur un sol solide, qui ne bouge pas. Il eut un petit déséquilibre d’ailleurs mais se réhabitua à la terre ferme bien assez tôt. La louve noire ne put empêcher d’exprimer sa joie à quitter ce satané navire, et courut dans tous les sens avant que Lowell ne la rappelle à l’ordre de sa voix rauque et tonitruante :

« Louve ! Here ! »

Celle-ci fut donc arrêtée dans sa folie joviale, rejoignit l’homme, et se tapit près de lui, frottant sa tête contre son mollet en guise de demande d’excuses. Il la regarda, sans rien dire puis ajouta :

« Stay with me. »

Enfin il soupira, porta son regard devant lui : le port de Range Harbor, Range-Docks, des rues, des quartiers, des villes, des régions, un pays, un continent … Un autre monde. Un monde qui lui était complètement étranger. Un monde qui l’avait appelé, pour qu’il sorte de sa léthargie latente, afin d’accomplir ce pour quoi il respirait encore : une vengence. SA vengence.

« Come on, » grogna t-il après un silence.

début

Il régnait l’habituel désordre de l’heure des débarquements dans la partie marchande des Docks. Équipage hétéroclite de mercenaires, d’explorateurs en tout genre à la recherche d’un bâtiment qui voudrait bien d’eux ou d’une aventure pour les éloigner un temps de leur morne quotidien d’Astarnaos, armateurs et marchands négociant à force cris le transport de cargaisons improbables, inventeurs saugrenus tentant de convaincre les agités que leur innovation garantissait de toute attaque pirate.
Une troupe de miliciens cyber circulaient entre les badauds, contrôlant les papiers, fouillant les cargaisons, semblant rechercher quelque chose ou quelqu’un.

« Qu’est-ce qu’ils font ? » Le manège des policiers semblait alarmer Ambre au moins autant qu’il l’intriguait.
« Beeen soit y’a encore un problème de contrebande soit… »
Aaraon attrapa au vol par la capuche un petit homme roux, râblé et barbu qui lâcha une bordée de jurons dans une langue que l’occultiste ne connaissait pas. Grimbeard Kogyr, du haut de son mètre cinquante - ce qui était déjà respectable pour un nain - se campa sur ses courtes jambes et dressa fièrement son chef buriné au nez en patate vers l’insolent jeune homme.
« Par Baldin ! Qu’est-ce que tu me veux l’Octante ? »
« Ouaaais je sais c’est toujours une joie de me voir Grim, faut pas en faire trop quand même… »
« Tu as mon argent !? »
« Non pas vraiment mate... »
Grimbeard grogna et tendit un petit bras musclé, dont l’index boudiné pointait belliqueusement vers le magicien, et fit claquer sa langue à trois reprises.
« Par Dolgr tu… »
« Y se passe quoi au juste ? »
« Les mangent-terre cherchent encore le type du SeaForce…Je te préviens si tu ne me rendss pas mon argent j’irai le chercher chez ton frère ! »
« Ok ok fait… »

Il dépassa sans plus de politesse le nain qui fulminait, suivi de l’alchimiste qui se campait dans un silence empiriste. Ils évoluèrent difficilement dans la foule grouillante jusqu'à la commandanture, Aaraon retira son ordre de mission de sa poche et, alors qu’il s’apprêtait à demander à la jeune femme de l’attendre quelques minutes, fut interrompu par un hurlement qui conférait d’avantage à la bête fauve qu’à l’être humain.

« GET OVER MADAFAKA ! »
« Lowell ! »

Une troupe de policiers du port tentait de maîtriser difficilement un homme d’une trentaine d’année, le teint pâle, les traits déformés par la colère, le visage encadré de courts cheveux bruns bouclés et sales. Il n’était pas vraiment beau, mais pas forcément laid. Deux miliciens cyber tenaient un loup à distance dont les babines retroussées sur des crocs d’une blancheur impeccable ne laissaient rien présager de bon.



Aaraon s’adressa succinctement à l’occultiste « bouge pas ! » et se jeta dans la mêlée, se plaçant au côté de son ami. Lowell se tenait les poings étroitement fermés face à un fonctionnaire entre deux âges dont le nez cassé saignait abondamment, le trappeur regarda en silence le jeune homme, imposant une étrange minute de trêve à ses adversaires, puis hurla :

« PUTAIN L’BLOND ! Qu’est ce que tu foutais !? »
« Heeeeein !? Mais genre ! Qu’est-ce que toi tu fous plutôt !? »
« Ben jsuis venu comme j’ai dit ! »
« T’es qu’un… »

« Ça suffit ! Les mains sur la tête et en silence ! »
Un officier cyber venait de dégainer son arme qui pointait sans cérémonie sur les deux hommes, indiquant par ce geste à ses subordonnés qu’ils avaient déjà assez perdu de temps à essayer de maîtriser cet hurluberlu et son chien à mains nues pour ne pas en prime se payer son collègue.
« Ha ben voilà hein… t’es content maintenant gamin ?! »
« Mais taggle… »


(HRP: ouais zavez vu comment c'est beau les zazards de dedans la vie quand même <3...bref )

Ambre ne comprenait rien à ce qu'il se passait... Le jeune octantin lui avait remis un papier avant de plonger dans la mêlée milicienne et de se mettre "en garde". Mais en garde contre quoi ?

Rester ici, attendre ?
Tenter de les séparer et risquer de s'attirer des ennuis ?

Elle préféra laisser la scène se dérouler le plus calmement possible. Aaraon et l'homme qui avait plus l'allure d'un clodo que d'un trappeur furent emmenés non sans résistance au poste de police, relativement "bien encadrés", et surtout bien menacés.
Des chiens qui aboient, des grondements de policiers mécontents, puis le chahut se dispersa.
Suivant la procession de loin, essayant d'ignorer la foule, elle lu le papier. Ordre de mission, de l'argent à récupérer.

Elle fut alpaguée par le nain qu'elle fut heureuse de se voir dépasser en taille.

"Donne-moi ça petite, le minot m'dois d'l'argent !"

Elle souleva un sourcil, septique et lui demanda combien il lui devait. Ses réserves n'étaient pas illimitées, mais elle étaient parfaitement conséquentes. Alors elle lui tendit une liasse et se courba légèrement pour fixer le petit être trapu dans les yeux :

"Maintenant, vous le laissez tranquille !
- Boudiou quel p'tit bout d'femme... C'est vot' gigolo?"

Ambre se redressa, vexée par la remarque.
"Non, et cela ne vous regarde pas."

Puis elle tourna les talons. Elle demanda à un passant où était le commissariat, elle s'y rendrait dès qu'elle aurait terminé ce qu'elle devait faire.

***
La jeune femme entra dans un bâtiment des ports, puis pénétra dans une sorte de vestibule. Elle demanda un certain Horace Hingelton.
***

"Ecoutez-moi mademoiselle, je ne peux pas vous remettre l'argent à vous ! D'après le règlement et en vertu de l’article 89 du code des échanges portuaires du 26 j..."
Ambre claqua sa main sur la table :
La suite de la conversation resta entre lui, elle, et un certain Vladimir qu'elle appela. L'argent fut remis sans rechigner à la jeune femme qui sortit le sourire vainqueur des docks.

L'occultiste aurait pu se simplifier la vie, mais elle pensait que par fierté le jeune homme n'aurait jamais accepté d'autre argent que celui de sa mission.

***

"Bon, messieurs, vous avez de la chance, nous ne poursuivrons pas de poursuites contre vous !"
Les deux hommes se regardèrent abasourdis dans leur cellule provisoire. Aaraon, fit signe de se taire à Lowell.
Ainsi, ils sortirent, non sans demander de comptes au policiers, et virent Ambre dehors, le regard contrarié.

"Si vous voulez bien... Moi j'en ai ma claque. Je rentre !"

Elle se tourna et partit en direction de chez elle. Marcher ne lui ferait que du bien après tout ce remue-ménage et cette course au pot-de-vin.

"Non mais je vous jure ! Quel foutoir ! Et puis tu sers à rien, sérieux ... N'importe quoi !"
Marmonnait le trappeur d'un air ronchon. Ils avaient levé les mains, obéissant malgré eux à la menace d'une arme braqué directement sur eux. En passant, Lowell ne se priva pas de donner une légère tape à l'arrière du crane de son "sauveur", apparemment mécontent qu'en fin de compte, Aaraon n'ait pas franchement arrangé la situation.
Les autres hommes chargés de mater le loup enragé ne savaient plus où donner de la tête. La bête, rapide et agile, ne se laissait pas prendre et n'avait pas l'air de vouloir se montrer docile pour tout l'or du monde. Le maître poussa un soupir exaspéré et gueula à l'intention des fourbes qui se pressaient devant la bête.
"PUTAIN MAIS LAISSEZ LA TRANQUILLE !! ELLE VOUS FERA RIEN !!"
Interpellé un instant par la voix portante de l'homme, ils tournèrent la tête et la louve noir en profita pour filer à l'anglaise sans demander son reste. On poussa Lowell du bout d'un canon pour qu'il se taise
On leur donna l'ordre de suivre, direction le commissariat, et silencieux, ils obéirent, amèrs, mais sans se révolter.

Au commissariat, on débarrassa les deux hommes de leurs affaires, on examina avec attention le sac de voyage, les armes... Déposant sur la table tout un attirail d'objets utiles au quotidien, maigres fournitures de premier secours et qui déroutait par la simplicité du contenu. Ils tombèrent aussi sur la mallette de chirurgien de Lowell qu'ils vidèrent avant de trouver, soigneusement plié en quatre une attestation confirmant que le trappeur aux allures de clodo (merci May ) était en fait un médecin-chirurgien en voyage.
Mais tout ceci se passa dans une autre pièce, à l'abri du regard furieux du principal suspect, injustement livré au commissariat pour on ne sait quelles obscures raisons.
Non, Lowell et Aaraon avaient été enfermés dans une cellule, attendant patiemment que justice soit faite et qu'ils puissent enfin être libérés.
Ils étaient seuls, ils ne s'étaient pas vu depuis 5 ans environ et pourtant, il n'y avait pas encore eu de geste attestant d'un quelconque plaisir à revoir l'autre. Pas de "hugs" comme l'auraient fait de bon vieux amis, pas de " Eh ça fait longtemps vieux !!" pas de " Ben t'as pas changer" ou encore " Toi oui, regarde moi cette carrure, t'as bien grandi p'tit".
Non, rien de tout ça.
Ils s'étaient juste assis chacun de son côté, Lowell près de la fenêtre comportant des barreaux, marmonnant tout seul milles injures, s'étant calmé, il faisait plutôt une tête boudeuse mais il pouvait reprendre en fureur si jamais on lui disait quelque chose qui lui déplaisait. Aaraon quant à lui restait silencieux, regardant dans le vide.

"Bon, messieurs, vous avez de la chance, nous ne poursuivrons pas de poursuites contre vous !"
Finalement, on ne sait combien de temps après, on daigna enfin les relâcher. Aaraon fit signe à Lowell qui semblait vouloir dire " Calm down Dude ".
S'en suivit une longue et méticuleuse redistribution des affaires durant laquelle un Marvin scrutait avec une impatience retenue tant bien que mal, un milicien qui prenait un malin plaisir à remettre dans son sac éventré toutes les choses qu'ils avaient étalé sur la table.
Le salopard leva furtivement les yeux, regarda le détenu de quelques heures avec un air malicieux, jouissant de la colère de celui-ci, il esquissa un sourire narquois, se replongea dans sa besogne en ralentissant d'autant plus l'allure. Lowell serra la mâchoire, se voyant lui en coller une belle rouste à ce p'tit merdeux prétentieux qui faisait son malin parce qu'il avait un uniforme et qu'ils étaient dans un commissariat mais qui se pisserait dessus s'il était seul face à une des créatures de Nouvelle-Thulé.
Le supplice terminé, Lowell récupéra son sac d'un geste violent, tourna les talons et rejoignit l'Octantin à l'extérieur.
Une jeune femme ... petite ... Mais plutôt mignonne, qu'il ne connaissait pas les attendaient, un air contrarié.
"Si vous voulez bien... Moi j'en ai ma claque. Je rentre !"
Ils la regardèrent s'éloigner en silence.
"Sa meuf." se dit-il simplement sans émotion. Puis il tourna les yeux vers Aaraon, le fixa.
5 ans ... 5 ans qu'il n'avait pas revu l'blond au teint halé et aux yeux violacés. Il avait prit en forme, grandi (bien que Lowell le dépassât encore de quelques centimètres). Et... Une cicatrice bien marquée traversait son visage horizontalement. Les misères de la vie. Le p'tit avait dû passer par pas mal d'épreuves.
Après un petit silence, Lowell ouvrit la bouche, prêt à briser le silence quand il aperçut Louve qui galopait vers eux et se jeta sur Aaraon avec un enthousiasme et une vitalité débordante qui firent vaciller le jeune homme, montrant ouvertement toute la joie que procure des anciennes et heureuses retrouvailles.
Le trappeur soupira, plaqua sa main contre son visage, exaspéré par tant de ... "tendresse".
"Holy shit ... Vous allez pas remettre ça !! "

[les images à suivre ... plus tard, j'éditerai ]

La porte de la cellule s’ouvri enfin avec le même tintement métallique déchirant que les fois précédente. Lowell fulminait littéralement.
« Calm down dude » fut la seule chose qu’il trouva à lui dire, pour éviter de leur occasionner un retour en prison sans passage par la case départ.
La redistribution des affaires du trappeur prenait un temps inconcevable, sans doute les policiers faisaient-ils le travail de contrôle qui avait échappé aux douaniers, comme trop souvent ces derniers temps. Aaraon se dirigea vers la sorti, croisant le regard d’un des officiers qu’il commençait à connaître et qui lui admonesta un large sourire goguenard accompagné d’un « à bientôt » qu’il s’efforça d’ignorer royalement.

Ambre attendait sur le trottoir l’air contrarié, une fois de plus toutes les portes semblaient s’ouvrir avec une facilité déconcertante lorsqu’elle se trouvait dans les parages…il s’approcha d’elle avec l’air piteux d’un gamin qu’on récupère d’une punition après l’école. Sans un mot elle lui cola un sac de devises et le reçut du port dans les mains. Puis, le coupant dans toute tentative de remerciement et alors que Lowell était enfin libéré à son tour, elle conclu :
"Si vous voulez bien... Moi j'en ai ma claque. Je rentre !"
Et s’éloigna en silence.

Soudain, débouchant d’une ruelle sombre, Louve se dirigea en galopant vers les deux hommes, achevant sa course dans les jambes d’Aaraon à force gémissements et bonnes grâces.
« ‘cmon girly nice to see you again »
« Holly shit… vous allez pas remettre ça ! »
Achevant sa démonstration par un large coup de langue sur le visage du jeune homme qu’elle peinait désormais à atteindre, Louve s’assit sagement au pied de Lowell. Il était toujours aussi sombre et impressionnant qu’à l’époque, son visage s’était peut être encore légèrement durcis et affichait l’expression de détermination froide de ceux qui savent leur vengeance proche. Aaraon soupira et glissa sa paye dans l’une des poches de son manteau, regardant dans la direction où la jeune femme venait de disparaître…

« But Lowy..C’est pas parce que tu ressembles toujours à un clochard que j’souris…I mean, maybe I’m in love… »

« C’est juste que tu pouvais pas voir ta propre gueule dude.. »
« Si tu le dis…et alors c’est qui ? la ptite brune je présume.. »


***
La porte était déjà ouverte, Lawrence avait fini sa journée, Aaraon jeta un œil à la pendule du couloir et constat que la soirée était déjà relativement avancée. Lowell se tenait silencieusement derrière lui, ils n’avaient pour ainsi dire pas parlé sur le trajet, et l’invitation s’était faite dans le plus parfait silence comme d’accoutumé entre eux.

[ hrp: illus made in Wolfy et moi de Tegaki, je rejette toute responsabilité concernant notre anglais de merde XD ]

« Heeeeey A ! t’étais passé où ? Je croyais que tu devais faire à bouffer ce soir… »
« Ouais désolé. »
Sans plus d’explication le jeune homme jeta ses affaires en vracs, indiquant d’un mouvement de tête au gars qui l'accompagnait qu'il pouvait entrer et faire de même.
" vas-y c'est quoi ce clodo puant avec son clébard!? Oo tu lui dois de la thune?" S’étonna JL.
Le type se contenta de lui renvoyer un regard noir avant de poser ses affaires soigneusement dans un coin, refusant de se mêler au désordre ambiant.
« Alors ça c’est mon demi frère Lawrence, et… » Aaraon balaya une pile de vêtements qui encombrait le canapé « tu devrais pouvoir dormir là. »
Le trappeur répliqua d’un haussement d’épaule, observant méticuleusement le petit appartement, constatant qu’il aurait de quoi s’occuper dans les jours à venir dans ce qui ressemblait d’avantage à une chambre de grands enfants désordonnés qu’a une pièce à vivre, et se contenta d’un laconique :
« Je peux fumer ? »
Immédiatement approuvé par JLaw :
« Ouais machin fume ! file m’en une please ! »
« T’as quel âge gamin ? »
« 17 ans… et je vois pas le rapport ! Hey mais t’es quoi ? un gars des services sociaux déguisé en braconnier qui chlingue !? »
« C’est Lowell. »
« Heeeeeeein !? c’est ça Lowell !? » L’adolescent observa l’homme grâce à qui son frère avait pris la décision de les rejoindre lui et son père, l’air franchement déçu « ok, donc file moi une clope quand même Lowell… »
« Laisse tomber, il est pourri à ça depuis qu’il a 10 ans de toute façon…mais allez près de la fenêtre par contre. » répliqua Aaraon en guise de réponse au regard interrogateur et sévère de son ami.
« ça sert à rien…il fait froid et de toute façon dès que tu vas tourner le dos on retournera dans le salon…et puis Ambre tu la fait pas chier avec ça ! »
« Je me mettrais près de la fenêtre » conclu Lowell en passant une cigarette à Law.

Lawrence poussait vaguement du pied ses affaires, allumant son butin dans le salon comme il l’avait annoncé et malgré les protestations de son aîné, et fixa avec une vague inquiétude le chien de « Lowell » qui grognait sourdement. Il n’aimait pas les chiens, et celui-ci était d’une taille conséquente et semblait franchement patibulaire.
" ptain c'est du clébard de compét quand même...Hey lowy you come from wildoak right? Wassup ? is that already the same fuckin business in da home?"
« Mind your own ass Law ! »
L’homme était accoudé à la fenêtre et fumait pensivement, il répliqua d’un ton monocorde " yep the same shit... and she's a wolf. Louve. Touche pas, elle mord ce qu'elle connaît pas ... normalement" précisa Lowell à l’adresse de l’octantin qui sourit légèrement.
" Beuah…un loup…genre comment t'as passé les services d'hygiène avec ce truc dude?"

Le grognement de l’animal s’intensifia clairement, Lawrence cessa immédiatement de la regarder comme on regarde une tâche de vomis sur un tapis immaculé et se dirigea vers la salle de bain tout en parlant à son frère " A ils t'ont refilé la thune sans "blem au port? Et puis elle a trouvé du taff ambre ou quoi?"
" Ouais y'a tout dans le sac là...et jsais pas...on a eu un ptit accident de parcours et puis jcrois qu'elle est chez elle là..."
« Je sais jlai vu rentrer… »
L’adolescent frappa plusieurs fois sur le mur de la pièce d’eau, seul mur qu’ils avaient en commun avec l’appartement de la jeune femme.
« OOOOOH ! AAAAMBRE !!!? »
" tu fais quoi là...?"
" je l'invite à fumer et à boire môsieur! Pour une fois qu'on a la thune de lui payer un truc..."
« Mais tu peux pas sonner chez elle bordel !? »

Lowell observait le ménage des deux frères sans vraiment si intéresser, il écrasa son mégot sur l’angle d’un montant et referma la fenêtre, puis fit un geste de la main pour inviter Louve à la rejoindre « Da blond, Je me trouverais un appart d'ici peu. en attendant , je peux aider."
"tu payes juste ce que tu manges. Pour ton appart Law 'll ask à son job...regarding to yar "affaire" je crois que le mieux c'est Consortium ou les agents du BAI… Fuck off Law ! Arrêtes avec ce mur !"

* Blam, blam, blam*
La concierge ajoutait maintenant ses hurlements stridents au boucan de la famille Wright, occasionnant une fois de plus une cacophonie sans nom que seul la voix de Ambre derrière la porte d’entrée fit cesser un instant.

[hrp: omg le dawa...]

Entrée chez elle, elle se posa et prit une longue douche brûlante...

*BLAMBLAMBLAM*
"OOOOOOOH AAAAAAAAAAAMBRE!!!!"

* ... Mais c'est quoi ce bordel... *
*BLAMBLAMBLAM*

"JE SUIS SOUS LA DOUCHE LAW NOM D'UN CHIEN !!!!!!!! ATTEND UN PEU HEIN !!!!"

La jeune femme sortit, se sécha, et mit des vêtements confortables et chaud. L'air commençait à se rafraîchir, et elle mit un col roulé noir, ainsi qu'un pantalon un peu large serré par une large ceinture. Ne prenant pas la peine de détacher ses cheveux, enroulés autour d'une sorte de pique à motifs, elle sortit et ferma, par réflexe, la porte à clé.

Frappant à la porte, JL vint lui ouvrir.
"Tu m'as appelée ?...
-Ouais vient on t'offre à boire... Bouge toi de rentrer !
-Euh mais je...
-Bouge j'te dis !"

Il la traina à l'intérieur de la pièce, avant de la toiser de haut et de constater :
"Depuis quand tu mets des cols roulés toi ? T'es pas plus habituée aux décolletés qui montrent tout ton matos ?
-...
-C'est bon, laisse la JL è_é..."
Termina le jeune Octantin.

Ambre vit le fameux trappeur qui était en taule avec Aaraon. Et ne chercha pas à lui demander qui il était. C'était leur vie, cela les regardait. Elle s'avança puis entendit grogner...
Soulevant un sourcil suspicieux, elle se recula, la bête ne grogna plus...
Elle s'avança de nouveau d'un pas. Le loup grogna.
Elle recula... Elle ne grognait plus...

"Euh... Excusez-moi mais... Là je crois que je vais avoir un problème si je ne peux pas faire plus d'un pas... Qu'est-ce qu'il a votre loup au fait, hein ? Il a un problème avec moi ?"
L'homme lui dit avec un fort accent Tikhvine :
-Hum... Elle grogne parce que t'es un un peu trop près d'Aaraon... Son "homme" la trompe avec une autre femme."
-Hein ?? o_ô Mais de quoi il parle le clodo... Rappelez votre machin là, j'ai pas envie de me faire bouffer un mollet !!!!"

Soufflant, le grand crade regarda son animal qui s'arrêta instantanément de grogner, regardant toujours tout de même Ambre avec une méchanceté certaine. Elle s'alluma une cigarette, et fixa le clébard :
"Tu sais euh... "Louve", c'est pas vraiment c'que tu crois là hein..."
Le loup jappa, Aaraon s'accroupit à côté et flatta son encolure d'une caresse amicale.
"C'est bon Ambre '_' elle va se calmer...et euh merci...
-Ah... euh... de rien..."

Joan Lawrence s'approcha, piquant le paquet de cigarettes de la jeune femme qui le regarda puis détourna son attention (après tout... Il lui piquait tellement de cigarettes qu'une de plus ou de moins...), puis détourna son regard sur Aaraon et le loup.

"C'est quoi votre une nouvelle coutume ? Faut que je remercie "lowell" aussi ?" S'exclama JL
"Ta gueule un peu !" Répondit son frère
"Vous êtes meugnons =D !"

Aaraon se redressa, et mit une claque sur l'arrière du crâne de son frère, déclenchant une vague baston fraternelle au milieu d'une Louve qui couinait, retenue par le regard de son maître et ne pouvait pas aller mordre le jeune type qui s'attaquait à son "homme".
Ambre se frotta le bas du front de deux doigts, et se demandait ce qu'elle fichait là... Elle se retourna et commença à se diriger vers la porte. Ils étaient fatigants ces deux là...

Lowell, assit sur le rebord de la fenêtre, la tête appuyé contre une vitre fraîche observait le petit théâtre qui semblait ne pas être très original au jour le jour (à part le fait qu'il y ait un loup dans la pièce qui posait quelques petits problèmes mineurs).
Ça discutait, ça se taquinait. Manège qui semblait quotidien de jeunes gens dans la fleur de l'âge. Il se rappelait même plus qu'un jour il avait lui aussi été comme eux... Voir même pire qu'eux. Les chamailleries, les regroupements pour boire un coup, fumer, jouer, dépenser son temps, expier la jeunesse le plus rapidement possible, oublier le reste. Tout ça ne semblait n'avoir jamais existé pour lui. Il ne s'en rappelait pas, il ne se voyait pas effectuer ses gestes là, il n'avait qu'une vague et lointaine impression de "déjà vu".
Se joindre à eux ne l'intéressait pas et si il les observait sans plus d'attention c'était parce qu'il n'avait rien d'autre à faire, pas grand chose sur quoi poser les yeux. Il ne s'ennuyait pas non plus, non. De cette scène il pouvait en tirer pas mal d'informations qui lui serait utile dans la mesure où il passerait quelques jours dans cette piaule:
Ambre était la voisine, venait de temps en temps chez les garçons.
Contrairement à ce qu’il avait pensé aux premiers abords, Ambre et Aaraon ne sortaient pas ensemble… Mais il avait comme l’impression que ça n’allait pas tarder.
Et enfin, il s’attarda sur le gamin, le demi-frère de Aaraon…Lawrence. Le père de Aaraon, William Wright avait donc eu un autre fils.
Quelle avait été la surprise du jeune Octantin lorsqu’il l’a vu pour la première fois ? Cette question effleura l’esprit du trappeur, tout de suite suivit d’une autre : Ou était le père du coup ? Habitant autre part ? Ils étaient grands après tout non ? Ou tout simplement mort ? Ça expliquerait la négligence de leur foyer…
Après cette série de question qui restait sans réponses et ne trouvant pour se satisfaire que des hypothèses non approuvées, Lowell se replongea dans la contemplation silencieuse de la pièce dans laquelle les deux garçon se « pseudo » battaient. Il soupira.
Quel changement radical tout de même ! Il était passé de son coin perdu dans la forêt, silencieuse et sauvage à l’excitation foisonnante d’un appartement en pleine ville d’un pays totalement inconnu. Il se dit qu’il devrait s’armer de patience, chose qui lui manquait cruellement, et faire avec mais ça, il s’y était déjà préparé.
« Faudra vraiment que je me trouve une piaule… » Finit-il par conclure en lui-même.

L’alchimiste se dirigeait vers le hall, avec de l’air de vouloir effectuer une sortie définitive. Se détachant de Lawrence, qui lui tirait maintenant les cheveux en tentant de le repousser du pied, il saisi le bras de la jeune femme.
« Attends… »
« Attendre quoi ? que vous cessiez de vous disputer une fois de plus ? J’ai assez attendu pour aujourd’hui ! »
« Hey Ambre… » la coupa JLaw la mine vaguement colérique « tu manques d’humour sérieux…bon je descends voir ce que je peux trouver à boire ! soyez sages ! »

Sans demander son reste à la jeune femme l’adolescent quitta la pièce et lui claqua la porte au nez en guise de demande de respect de son invitation. Lowell toussota légèrement sans prêter d’avantage attention au théâtre de chiffon qui se jouait devant lui et s’assit sur l’une des chaises du salon, visiblement résigné.
« don’t get mad mate… on va te trouver un appart tu disposes de combien ? »
« Autant qu’il faudra. Où est William ? » Le ton de l’homme n’était pas spécialement inquisiteur…pas vraiment fondamentalement intéressé en fait.
A ces mots Aaraon se renfrogna immédiatement et s’assit à même le sol, entourant ses jambes de ses bras. Il perdit un instant son regard dans le vide et releva finalement la tête vers Lowell. Ambre s’était calmée et se tenait légèrement en retrait, écoutant leur conversation d’une oreille distraite.

« He’s dead… je l’ai buté et jle regrette pas…et puis après tout je suis venu pour ça, pas pour m’occuper d’un ado de 17 piges »
Le trappeur grogna légèrement mais ne fit aucun commentaire, laissant le jeune homme parvenir au bout de son raisonnement.
« Ma vengeance n’avait pas de sens…et finalement je vis pas mieux qu’avant. Je n’ai toujours pas compris qui il était… »

Puis Aaraon se leva et saisi une carte du Consortium qui traînait sur la table au milieu d’un assemblage de boulon et d’instruments de montages abstraits, et l’étala sous le nez du trappeur.
« La première intervention c’était sur le port, le SeaForce, la chose qui a fait ça a buté l’ensemble de l’équipage et le navire s’est écrasé à plein régime sur les quais, bilan 316 morts. Je te raconte pas le dawa, ils suspectaient tout le monde quoi ! »
« Pas devant elle… »
« Calm down Lowy ! Tu risques rien avec Ambre… »
« Si je gêne… » Précisa la jeune femme.
« Arrêtes c’est bon… » Se moquant de l’air peu convaincu de Lowell le jeune homme poursuivi « Ensuite on lui refile plusieurs séries de meurtres dans le consortium et le factory Park… y’a pas mal de théories en concurrences, pour certain ça serait un hybride du Nexos qui aurait subi des « améliorations », pour d’autre l’œuvre d’une bande de pirates, y’en a même qui pensent que ça serait un complot de la chancellerie… Mais le truc le plus intéressant c’est celui que je t’ai dit dans mon télégramme… »
Aaraon tendit un bout de journal au neothuléen qui s’en empara et le survola avidement.
« CKZ142, ce truc se serait échappé d’un asile du Septentrion…je trouve que ça correspond assez bien au gamin… Voilà, c’est tout ce que je sais.»

Cette conversation lui faisait froid dans le dos... Cette histoire d'hybride... Elle se mordit discrètement la lèvre...

CKZ142 ? Étrangement elle avait vu ça écrit quelque part... Mais impossible de jamais se rappeler d'où ou quand... Ainsi elle se tut. Peut être se fourvoyait-elle et confondait-elle avec autre chose.
Toutefois, ce n'était que les dernières paroles qu'elle avait noté, mais elle se rappela de quelque chose relativement important qui venait avant.

*-Autant qu’il faudra. Où est William ?
-He’s dead… je l’ai buté et jle regrette pas…et puis après tout je suis venu pour ça, pas pour m’occuper d’un ado de 17 piges*

William ? Tuer...
William n'était pas le père des deux justement ? Elle se souvenait, elle en avait parlé avec JL, qui l'avait simplement mentionné, un jour...
Elle savait, qu'il avait déjà tué... Mais au diapason de cette facette, il la mettait tellement en confiance...
Il avait tué son propre père ?...

Elle se sentit fébrile et se leva non sans mal.
"Où tu vas ?" L'interpella Aaraon.
Se retournant pour le regarder, elle souffla dans un murmure tremblotant :
"Fumer une cigarette... Sur le pallier... Je reviens...
-Non mais tu gênes pas j'te dis c'est bon hein !
-Non mais... j'ai juste envie d'aller sur le pallier, j'ai un peu chaud...
-..."

Puis elle referma la porte derrière elle et s'assit sur la première marche. Elle écrasa le premier mégot parterre, se fichant éperdument de qui pourrait bien nettoyer. Elle ne pensait pas à ça.
Puis JL remonta, un sac à la main :
"Qu'est-ce tu fous ?
-Euh... je...
-Putain tu vas pas remettre ça, bouge tes miches !"
Alors qu'il commençait à ouvrir la porte, elle interrompit son bras, l'attrapant par la manche.

"Dis... Aaraon... il a tué votre père ?..."
Le sac tomba, et par chance, rien ne cassa.
"Ouais non... C'est pas ce que tu crois hein euh... Il l'a pas, enfin il était déjà blessé et puis il nous menaçait avec un couteau... Je voulais pas et euh... Il l'a pas fait exprès hein !"
La jeune femme ne dit rien d'autre. Ramassant le sac elle entra devant JL, encore un peu secoué par les réminiscences de cet instant.

Il avait posé cette question mais ne comptait pas avoir de réponse aussi directe. Il aurait espéré qu'Aaraon éloigne la jeune femme avant de répondre ou qu'il dise tout simplement "Later dude"(la présence de la jeune femme gênait Lowell). Mais celui-ci répondit après un silence chargé de sens.
« He’s dead… je l’ai buté et j’le regrette pas…et puis après tout je suis venu pour ça, pas pour m’occuper d’un ado de 17 piges… Ma vengeance n’avait pas de sens…et finalement je vis pas mieux qu’avant. Je n’ai toujours pas compris qui il était… »
Il se contenta de grogner, ne dévoilant pas la surprise qu'une telle réponse dite de but en blanc lui avait provoquée.
5 ans l’avaient changé, une vengeance avait été accomplie et de celle-ci en avait tiré des conclusions. En quelque sorte, Aaraon avait prit de l'avance sur Lowell mais il n'en demeurait pas moins un gamin pas encore arrivé à maturité. C'était l'impression de Lowell en tout cas. Ce n'était pas de son genre de s'attarder sur la vie d'autrui, mais la situation laissa un arrière goût amer au trappeur déconcerté.
Aaraon ne lui laissa pas le temps de répliquer, étala une carte sous les yeux d'un Lowell dépassé. Son intention n'était pas de se mettre au boulot tout de suite mais bon...
Il commença donc son explication sans que le trappeur ait son mot à dire. Qu'Aaraon étale sa vie de façon tout à fait brute devant la voisine, ça le regardait, qu'il expose les projets personnels de Lowell devant la même personne, ça, il appréciait beaucoup moins.
Il le coupa dans son élan pour le lui faire remarqué :
« Pas devant elle… » Mais fut il "rassuré" par l'Ostantin déjà bien partit dans ses explications, qu'il ne risquait rien avec Ambre. Là n'était pas le problème !
Il se résigna et le laissa donc parler, agacé par son incommensurable manque de tact, il essaya néanmoins de faire abstraction de la présence de la jeune femme qu’il n’eut pas à supporter plus longtemps. En effet, celle-ci se leva d'un pas qui aurait pu être plus assuré, s’apprêtait à partir.
"Où tu vas ?
-Fumer une cigarette... Sur le pallier... Je reviens...
-Non mais tu gênes pas j'te dis c'est bon hein !
-Non mais... j'ai juste envie d'aller sur le pallier, j'ai un peu chaud...
-..."
La porte se referma, la voisine disparut.
"Il est con ou il le fait exprès ?" s'interrogea Lowell en déplorant l'absence de lucidité dont faisait preuve son hôte.
A son âge, Lowell était déjà capable de percevoir les gênes occasionnés par ses paroles, les maîtriser, s'amuser avec en poussant la taquinerie à son apogée mais toujours il était conscient de ce que cela pourrait provoqué. Aaraon ne semblait pas avoir assimilé ce genre de subtilité ... évidente. Le trappeur se vit donc dans l'obligation de mettre Aaraon au parfum, lui dire que son comportement laissait vraiment à désirer.
Après un moment de silence qui semblait indiquer que le blond n'avait toujours pas capter pourquoi Ambre était partie, Lowell grommela :
" T'aurais pu faire dans la dentelle"
Il se retourna, fronçant les sourcils
" maaaais... j'ai rien fait!? what's da matter?"
Lowell soupira
" Je veux pas être chiant mais dire à vive voix ce genre de trucs devant une femme c'est moyen... C'est nos affaires, c'est les miennes, c'est aussi tes affaires ... Elle n'a pas a être mêlé à tout ça.
-Ouais et ben... c'est bon maintenant elle est euh sortie quoi..." dit-il en sortant un stylo pour tracer des itinéraires sur la carte. Il avait pas l'air d'avoir comprit ou Lowell voulait en venir apparemment. C'est qu'il est long à la détente en plus ! Lowell ne perdit pas patience, se faisant un devoir de lui faire comprendre l'erreur du maladroit. Il attrapa le poignet du jeune homme qui encerclé déjà certaines parties du plan, et le fixa d'un air grave.
" Dire à vive voix qu'on a commit un meurtre non plus"
Aaraon eut un moment de silence. Il avait l'air d'avoir comprit mais il se renfrogna de nouveau.
" Ha ouais parce quand je bute des pirates j'aide la communauté et quand je tue un connard c'est un meurtre?"
Il retira sa main de l'étreinte du trentenaire.
"Get off man!"
Il eut un moment de flottement, dans lequel Lowell le regardait toujours aussi fixement, son regard noir et direct, presque oppressant rivé sur le jeune Octantin.
«Aaraon, have you talked with her about that? Explain to her your father was a “connard” comme tu dis? Si non, elle est pas censé le savoir. Se débarrasser de pirates sous ordres et exécuter un parricide ... C'est deux choses différentes. »
Il se tut, soutenant son air grave puis fini par fermer les yeux en s'adossant à la chaise.
"Isn't my matter. Just what I think. Tu peux t'en foutre royalement s'tu veux."
Fini-t-il par soupirer.
Aaraon baissa les yeux et resta un moment dans un mutisme partagé.
" Tout ça, ça mérite pas qu'on en parle"
Il se replongea donc dans ses indications, marquant des itinéraires, entourant des lieux. Lowell ne revint plus sur l'affaire et écoutait attentivement les précieux renseignements du jeune blond.
Il y avait de la matière : Aaraon lui conseilla de faire un tour par le B.A.I, Le Bureau des Affaires Intérieures. Puis il lui parla d'une certains CAMI, Le Centre d’Accueil des Mages Immigrés, qui pourrait l'aider à trouver un logement, un travail et autres choses dont Lowell se foutait pas mal mais qui avait l'air d'être obligatoire si on voulait vivre à Renge Harbor.
Il furent alors interrompu. La porte s'ouvrit à nouveau et Ambre et Lawrence entrèrent dans la piaule.

Un coup d’œil rapide à Lawrence lui indiqua que la jeune femme lui avait parlé de William… l’adolescent se tenait dans un mutisme qui ne lui ressemblait pas, déballant en silence ce qu’il avait acheté. Ambre ne disait rien non plus et pris avec soulagement le verre que lui tendait le jeune homme, l’alcool permettrait peut être de semer un brouillard réparateur sur le chaos de cette soirée.

La mine du crayon céda sous un ultime mouvement un peu trop insistant de l’Octantin qui resta bloqué quelques secondes dans la même posture.
« …A t’en veux ? » Questionna Lawrence d’une voix sourde.
« Non. » Il leva les yeux vers Lowell qui venait de finir son premier verre cul sec et lui glissa:« Jsuis désolé… ».
Le trappeur grogna mais ne rajouta rien, se servant de nouveau une rasade de réconfort liquide. Louve se glissa sous le bras du jeune homme et lui lécha la joue en gémissant. Rassemblant les papiers d’un geste las il acheva sa démonstration qui paraissait maintenant totalement déplacée. Lowell lui demandera lorsqu’il sera prêt, ils avaient toujours fonctionné comme ça, il ne faut jamais essayer de changer une méthode qui marche.

Le reste de la soirée se passa dans le calme plat. On vida trois bouteilles sans plus de commentaires et Lawrence fini par s’endormir non sans préciser avant ce faire qu’il aimait tout le monde, même les communistes.
« Je vais vous laisser… » Conclu Ambre, partiellement éméchée, en se levant.
« Je te raccompagne. »
« Non, et puis j’ai même pas 10 mètres à faire… »
Sans prendre en compte la remarque de la jeune femme il se leva et la suivi, jetant un coup d’œil à Lowell qui écrasa pensivement son mégot puis rentra dans la salle de bain pour se préparer à dormir.

***

« Law t'avais pas dit? »
« Quoi ? que tu avais tué ton père ? ça ne me regarde pas… »
Il dégluti difficilement. Elle lui tournait le dos et cherchait la clef de la porte au son du léger cliquetis du trousseau.
« Je…c’est pas si simple que ça… »
« Tu n’as pas à te justifier. Je ne suis pas flic. »
Elle ouvrit la porte et se glissa dans son appartement, puis se tourna vers lui, croisant enfin son regard. « Peut être que tu me racontera un jour… »
« Et peut être que toi aussi tu nous expliqueras qui tu es… »
Elle lui souri et referma la porte, esquivant une fois de plus la question fatidique de son identité.

***
Lowell s’était allongé sur le canapé et ne fit aucun commentaire à son retour. Aaraon retira une partie de ses vêtements et se passa rapidement de l’eau sur le visage puis se dirigea vers sa chambre. Son frère était assoupi sur son lit, la moitié du ventre à l’air. Il s’allongea à côté de lui et ramena la couverture sur eux.


Je suis tellement désolé.

Le calme avait prit place dans l'appartement.
La nuit et l'alcool avaient eut raison de la jeunesse fatigué et les avaient tous dispersé pour les laisser avec insouciance porté par les bras Morphée. Ils s'endormaient, plus ou moins vite, passant d'abord en revu tout les événements de la journée, reliant inconsciemment les informations entre elles, comprenant certains événements éparses et qui paraissait décousus. Puis les pensées s'évadent petit à petit, ne montrant plus de cohérence apparente : on réfléchissait à quelque chose de sérieux, on se met à fantasmer sur de tendres choses, doux sentiments qui nous envahissent, les rêves qui prennent place et imperceptiblement qui nous font glisser vers l'inconscient nous happant dans ses profondeurs. Et l'esprit trouve le repos, l'âme se calme, le corps se détend, la respiration s'adoucit. Du moins pendant le sommeil profond. Le sommeil le plus réparateur, le plus jouissif pour un être, un sommeil dont personne ne se souvient mais dont on sent les effets avec certitude.
La nuit avait enveloppé dans son draps la jeunesse dans sa splendeur. Elle les avait tous bercé tendrement et ils étaient tous plongés dans ce sommeil profond à présent : il ne percevaient plus rien, ils avaient les oreilles bouchés, la nuit semblait avoir plongé la ville dans un silence mortel. Pour eux, tout paressait calme et serein avant qu'il ne tombe dans le sommeil et c'était sans doute vrai ! Il n'y avait qu'une seul personne qui ne semblait pas être du même avis.
Il devait être 3 heures du matin, ou peut être même 4 et la nuit avait lâchement épargné Lowell. Seul, dans le salon, allongé sur un canapé dégarnie de la montagne de vêtement qui l'avait précédemment submergé, les doigts croisés derrière la nuque, les yeux bien ouvert, fixant le plafond, respirant régulièrement, c'était le seul qui ne dormait pas encore. Il avait essayer au départ, de faire abstraction du bruit nocturne de la ville. Il avait essayé en vain de ne plus entendre l'écho des pas des couche-tard, les véhicules à vapeurs en tout genre qui passait de temps en temps sous la fenêtre, les rires des hommes et des femmes qui allaient fêter on ne sait quel événement, le braillement de ceux qui ont bu un peu trop d'alcool et qui titubaient dans les rues sombres.
Sombres ? Même pas ! La ville regorgeait de lumière ! Et l'appartement n'était pas à l'abri ! Pour Lowell, il faisait bien trop clair pour que ses yeux puissent être plongé dans les ténèbres. On dit souvent que même si l'on a pas sommeil, si l'on ferme les yeux le sommeil viendra. Mais pour lui, qu'il les ferme ou qu'il les garde ouvert revenait au même. La peau de sa paupière n'était pas assez épaisse pour le protéger de la clarté, alors il les gardait ouvert.
Il avait pensé qu'une fois à Range Harbor, il pourrait s'endormir et rattraper le manque de sommeil généré par ses 17 jours en mer. Illusions.
Tout était bruit, tout était lumière, tout grouillait autour de lui. Et ça bourdonnait dans sa tête, ça martelait son crâne, maltraitait ses sens trop sollicité ... Et il n'avait pas le choix, il devait rester dans cette ville de merde, il allait devoir s'habituer à tout ça, peu importait combien Wild'Oak City lui manquait, peu importait combien la solitude de sa maison au milieu de la forêt était enviable, peu importait combien le silence de ses contrées était apaisantes, l'obscurité si réel et imposante. Son cœur se serra rien qu'en y repensant mais il avait fait un choix : celui de quitter sa léthargie pour se mettre en marche et il le savait qu'il devait endurer les changements, tous, quels qu'il soient. Il fallait qu'il encaisse. Ce n'était que le début de la fin et au bout il savait que ce serait la fin de son calvaire.
Pour l'heure, il fallait qu'il dorme un peu, qu'il se repose et qu'il reprenne des forces.
Résolu, il prit son manteau et le plaça sur sa figure, obstruant sa vue, puis essaya de se mettre en tête une de ses vieille chanson de son pays pour ne plus entendre le bruit de l'extérieur. Il arriva à dormir, deux heures.
Il était donc 5 heure ou 6 heure du matin, il savait qu'il ne pourrait plus dormir. Il se leva et se mit en devoir de ranger un peu tout se foutoir, pour que se soit "potable". Occupation qui lui prit 3 bonnes heures.
8-9 heures. Personne ne s'était levé. Pourquoi ils le feraient ? C'était dimanche.
Il ouvrit la fenêtre, fuma une clope, bu une rasade de sa flasque, se dit qu'il avait besoin de marcher, referma la fenêtre, se prépara.
Louve était assise près de lui, attendait avec impatience la balade qui semblait s'annoncer quand elle détourna la tête vers la porte de la chambre, dévoilant le premier jeune réveillé : Aaraon...

Encore une nuit courte, comme toutes les nuits depuis 4ans. Perturbée par les souvenirs et les cauchemars, écourtée par les bruits et les lumières qui le tenait en permanence sur le qui-vive. Lowell semblait réveillé depuis un moment, cela faisait une bonne heure qu’il s’activait dans le salon. Aaraon se leva silencieusement pour ne pas déranger son frère et quitta la petite chambre. Le trappeur se tenait dans le hall, la veste sur l’épaule, louve à ses pieds, visiblement sur le point de sortir.

« - tu sors ?
-hum…je vais faire un tour du quartier.
- Je viens s’tu veux…
-… »

Il chercha autour de lui l’une des piles de vêtements, histoire de passer rapidement une veste (les gens du quartier recevaient difficilement les balades à moitié nu en journée…), et constata l’étrangeté de l’ordre ambiant. Lowell avait ramassé, trié, plié, classé le bordel de l’appartement. Les vêtements étaient rangés dans leurs tiroirs à l’instar des outils de Lawrence et du matériel épars d’Aaraon. L’œuvre d’une véritable fée du logis en somme. Il savait que le chirurgien n’aimait pas le désordre, mais pas au point de s’attaquer au leur qui aurait fait fuir la plus habile des femmes de ménages…
« -… Okaaay , t’étais pas obligé hein…
- ça m’énervait…
- Je vois ouais… »

***

La journée était ensoleillée et la température relativement clémente pour la saison…c'est-à-dire que pour les deux natifs du Nord il faisait vraiment chaud pour une matinée d’hivers. Les gens s’activaient autour d’eux, certains profitant de leur unique jour de repos, d’autres essayant de se mettre au travail à force soupirs et grognements. Un groupe de mouettes s’attaquaient aux ordures du bout de la rue qui commençaient à former une pile inquiétante, comme toutes les fins de semaine.

« - ton voyage c’est bien passé, t’es parti de JohanHarbor non? t’as pas eu trop d’emmerde avec la douane ?
- Ouais, saloperie de putains de 17 jours dans un merdier de bateau à la con…et ne me parles plus jamais de douanier !
- Faut dire qu'avec le look que tu te traînes...
- Hum… »

Louve s’élança à la poursuite de l’un des volatiles, entraînant les deux hommes dans une petite ruelle annexe qui menait à la rue marchande des quais. Sa proie improvisée ayant décollée au dessus des immeubles noirs de suifs du Factory Park, l’animal s’assit en geignant, jetant un regard mélancolique à son maître. Ils débouchèrent sur l’animation grouillante du marché des Docks dont l’ampleur était sans commune mesure le dimanche avec les autres jours de la semaine. La majorité des bâtiments étaient au mouillage et les commerçants s’activaient à séduire les passants en ventant les vertus miracles de leurs produits. Quelques policiers en armure du RangeHarbor Yard[lex] surveillaient la foule en ébullition, montrant une fois de plus que le gouvernement ne pouvait cacher sa crainte des rassemblements populaires, aussi pacifiques fussent-ils. La peur des révolutions technologues planait, même en Astray.
Aaraon abandonna son comparse, se dirigeant vers l’étale d’une jeune femme aux airs paillards, la joue rose et le décolleté pigeonnant. Catherine l’accueilli avec un grand sourire, ce sourire qu’elle réservait à ceux de ses clients qui avaient un temps partagés plus qu’une conversation avec elle…

« - Corberyan ! ça fait ty longtemps que nous n’t’avions vu !
- Ouais j’étais du côté d’Emporion avec des alchis…
- J’vois ça ouais…un jour y faudra que t’y fasse attention, tu vas b’entôt plus avoir un pouce de peau sans cicatrice hein ! dit-elle en lorgnant l’estafilade qui ornait le bras du jeune homme. J’va parier qu’en plus tu m’as rien ra’mené du tout ! t’as jamais su comme y faut parler aux femmes… »

***

« -tiens ! »
Lowell grogna et pris la viennoiserie que lui tendait le jeune homme. Lui administrant un regard un coin, silencieusement désapprobateur.
« - Fais pas ste tête… et puis elle m’a fait un prix et ça fera plaisir à Law…pour une fois… » Le jeune homme referma le sac de mignardises qu’il venait d’acheter à Catherine, puis jeta un morceau de sa propre pâtisserie à Louve qui ne se fit pas prier pour l’engloutir.
« - Alors tu voulais voir quoi au juste ?
- Rien de précis…juste prendre l’air.
- Ha ouais…c’est pas vraiment l’idéal ici…nulle part dans cette ville d’ailleurs.
- Hum…
- Tu lui voulais quoi à William...? »

La question tombait comme un cheveu sur la soupe, mais les liens que Lowell avait entretenu avec son père, il y avait de cela bientôt 20 ans, le perturbait de plus en plus.
« - Rien. Juste…curiosité.
- …Genre. Il se tourna vers le trappeur, plantant son regard dans ses yeux fatigués. Alors pourquoi ça te dérange mon manque de tact sur la question hein !?
-.... C'était par rapport à la fille ... C'était parce que je m'y attendais pas.
Aaraon fit un geste négligent de la main, écartant par la même le sujet d’Ambre qui ne l’intéressait pas ici.
- Ouais tu t'y attendais pas...lui non plus je crois...y'a ptêtre que moi qui m'y attendais au fond... Il cilla pour éviter le regard sombre de l’homme. Je lui ai tiré deux balles... dans le dos. Il était complètement saoul et a essayé de faire la peau à Lawrence... comme si ça lui suffisait pas de taper dessus! Il avait presque hurlé les derniers mots, se surprenant lui-même.
- …comment était il ?
- Je m'attendais à voir quelqu'un... je sais pas vraiment... mais pas ça, ma mère ne m'a jamais parlé de "ça". Il faisait rien de ses journées, il picolait dans son coin et de temps en temps il venait me voir, sauf que comme il savait pas quoi dire il restait à me regarder connement...il m'énervait. Et puis il passait son temps à coller des roustes à Lawrence dès que j'avais le dos tourné. Un déchet.
Conclu le jeune homme.
- qu'est ce qui c'est passé cette fois là ?
- Il a essayé de nous planter et il m'a raté en me laissant juste un joli souvenir...Il s'est blessé tout seul...et puis surtout j'ai enfin vu un moyen de justifier mon crime. C'était tard et y'a toujours du bordel dans les docks, personne s'est inquiété des coups de feu... on l'a balancé dans la fosse commune des ouvriers et personne s'est demandé où il était, à part les mecs à qui il devait du fric...
Je vois pas comment un type pareil a pu faire deux gamins tu vois...
-... Ce n'était plus lui. Il s'est perdu. Ce n'est pas le William que j'ai connu.
- Ouais ben moi j'en connais qu'un de William et je regrette pas de l'avoir buté ! »

Aaraon se renfrogna et tourna le dos à son ami. C’était tellement plus simple de ne pas penser, de ne plus penser.

[ Italique en Thikvine dans le texte.]

Lowell resta un moment silencieux, observant son jeune ami. Il ne pensait pas à mal, il voulait juste rassurer ce jeune garçon. Avoir commit cette vengeance n’avait pas arrangé son cas. De toute façon quelle vengeance arrange quoique ce soit ? Il posa la main sur la tête de Aaraon
" You were right Boy. You were right"
S’en suivit un mouvement brusque, un pas en arrière, une tension palpable. Par un trop plein de colère de la part de l’Octantin attrapa le col de la chemise du Technologue



"Putain Lowell! Je peux pas fermer les yeux sans voir ce connard en train de s'écrouler après que...ça et ma mère qui pend lamentablement au bout de cette saloperie de corde... je croyais que ça allait l'effacer... ça a servi à rien..."
Il eut un moment de flottement où Aaraon reprit sa respiration, se calmant, apaisant sa brusque révolte. Il le lâcha, se recula puis ramassa son sac.
"Je rentre...si tu veux v'nir..."
- Tu as sauvé la vie de ton frère Aaraon ! L'homme que ta mère aimait était mort depuis bien longtemps, Tu n'y pouvais rien. "
Lui aussi ça l’avait agacé. Aaraon ne se rendait vraiment compte de rien…
" Au delà d'un simple règlement de compte, au delà d'une vengeance, tu as sauvé une vie.
-... ouais, je pense pas qu'il serait allé jusque là... ça c'est juste mon excuse. N'empêche que ça soulage rien. C'est des conneries tout ça. "
Il détourna la tête, replaça son sac sur son épaule et prit le chemin de retour. Lowell le regardait toujours de ses yeux sombre, sans broncher.
" ......... je continu de penser que tu avais quand même raison, excuse ou non."
Aaraon se retourne à peine, un sourire qui n’en était pas un au coin des lèvres.
" Mate, t'essayes de justifier c'que tu vas faire là...."
Et il se retourna sans attendre une réponse de la part de Lowell. Celui-ci le regarda partir, sans rien dire, sans faire le moindre mouvement. Il ne lui en voulait pas, ce qu’il avait dit lui semblait si puéril. Il n’essayait pas de justifier sa propre vengeance, il n’essayait même pas de justifier celle de Aaraon. Ce qui est fait est fait. On ne ramène pas les morts à la vie par une simple justification, d’ailleurs on les ramène pas tout court. Lowell le savait, pertinemment.
Il y avait une différence entre la vengeance de Aaraon et celle de Lowell, une chose que pour les yeux du trappeur semblait essentiel : Même si ça semblait être plus une charge qu’autre chose, Aaraon avait gagné autre chose. Une nouvelles vie, un nouveau départ, il avait rencontré Ambre, il avait un petit frère, quelqu’un sur qui il pouvait compter et réciproquement. Lowell, lui, n’avait plus rien. Il avait TOUT perdu. Il n’avait plus rien à perdre. Et il savait que cette vengeance ne le soulagerait nullement puisqu’elle ne lui rendrait pas Abel, elle ne lui rendrait pas son enfant qu’il n’a jamais eu, elle ne lui rendrait rien. Mais il devait l’accomplir, c’était son devoir. Et après ? Pff, après …. Qu’est ce qu’on s’en fou. Enfin, lui s’en foutait. Il ne voyait pas d’après de toute façon … Pour lui la vengeance n’était que l’amorce de sa propre mort et il s’y préparait de plus en plus.

Il tourna les talons et commença à vagabonder dans cette ville inconnue, la tête vide de toute pensée, juste guidé par ses jambes qui le portaient encore miraculeusement.
Et la soif lui vint, lui prit à la gorge, lui transperçait l’âme qu’il n’avait plus. Un bar, le premier qu’il trouva et il se noya dans le bleu l’absinthe.
Et titubant dans ses rues hostiles de Range Harbor, il se perdit, ruelle après ruelle, ne voulant aller nulle part si ce n’est chez lui, dans cette maison au milieu de la forêt, la seule chose qui apaisait et redorait le blason de sa peine. Dans cette maison, il restait enfermé dans le souvenir. Les odeur, le touché, le goût … Tout avait été figé et lui donnait l’impression que le temps avait cessé d’avancer. C’était la seule chose qui lui était familier.
Mais il n’était plus à Wild’Oak city, il ne reconnaissait plus les lieux, ne savait plus où il avait mit les pieds.
Après ses vains efforts pour rentrer chez lui, il décida de se laisser couler le long d’une paroi. Louve était là, assistant à une des maintes dégradations de son maître. Elle s’assit près de lui, le regarda, oreilles dressées, attendant patiemment que Lowell donne l’ordre de lui indiquer le chemin de retour, mais celui-ci ne semblait pas vouloir rentrer.
Il sombrait dans le délire de l’alcool, il avait la tête qui tournait de façon vertigineuse, il avait oublié qu’il devait rentrer, il ne voyait pas que la nuit tombée déjà et qu’il avait passé toute une journée à boire, verre après verre. A vrai dire, il ne distinguait plus trop ce qui appartenait à la réalité et ce qui ne l’était pas. Il voyait des choses étranges qui dansaient devant lui, le narguait, se jouait de lui. Des souvenirs confus se mêlaient dans son esprit… Il n’y avait pas vraiment de cohérences dans ce qu’il voyait mais il les voyait. Il n’essayait même pas d’interagir avec ses trucs… Il savait que ça ne servirait à rien.
Puis, tout à coup, tout disparut et elle apparut.
Elle. La Belle. Abel.
Voilà ce qu’il attendait. Il l’attendait elle. Il voulait juste la revoir dans ses délires. Il voulait se faire croire qu’elle était là, près de lui, tout le temps, qu’elle le suivait, le protégeait, le choyait. C’était bref, ça tenait de la seconde, mais ses moments semblaient être de petites éternités qu’il collectionnait depuis des années.
Et dans son hallucination, elle lui souriait tristement, s’approchait de lui, comme autrefois, lui déposait un baisé et … Disparaissait.



Il tombait alors dans un sommeil profond, comateux. Oubliait tout.
Cette nuit là, il l’a passa dans les rues de Range Harbor…

[ Italique en Thikvine dans le texte.]

[ suite à " Je ne céderais pas !"]