débutDans les bureaux du Sénat... Ash se jeta sur la mallette de son père. Trevor venait de sortir de son bureau pour se rendre aux toilettes et, pour une fois, Ash remercia le ciel que les sanitaires du Sénat se trouvent à l’autre bout du bâtiment.
Le dossier rouge. Il était sûr d’avoir vu le dossier rouge dans la mallette de Trevor ce matin même, et il voulait savoir ce qu’il contenait. Ash se surprit à penser que c’était la première fois qu’il fouillait dans les affaires de son père – quel fils modèle il faisait ! Enfin, jusqu’à présent… Ah ! Le voilà ! Le dossier rouge. Ce fameux dossier qui le perturbe depuis plusieurs semaines.
Il ouvrit le dossier. Ses yeux se mirent à parcourir activement les pages. Ça parlait de…chômage ? Impôts ? Non ! Impossible ! Pourquoi Trevor aurait-il caché avec tant de soin un dossier qui ressemblait à tant d’autres ? Il y avait forcément quelque chose de spécial dans CE dossier. L’information, la vraie, devait être codée, cachée quelque part, enfouie au milieu de ce déballage de considérations socio-économiques conventionnelles au possible. Ah ? Il remarqua que plusieurs pages au centre de la pile semblaient un peu vieillies, comme si elles avaient été lues davantage que le reste. Il s’empressa de les lire.
Étrange. Là encore on aurait dit une banale affaire de niveau de développement, de taux d’alphabétisation des mages, de scolarisation des alchimistes… Ash se souvint soudain que, la première fois qu’il avait vu son père en possession du dossier rouge, c’était précisément le jour où le Sénat avait voté le budget de l’ACMA, l’Aide aux Communautés Mage et Alchimiste… Il y avait forcément un lien entre les deux. Il arriva à la dernière des pages vieillies. C’était la bonne. Ça ressemblait à un code informatique. C’était là qu’était l’information. Mais malheureusement, le cryptage faisait partie de ces aberrations intellectuelles dont la signification lui échappait. Et merde !
Se levant d’un bond, il jeta un coup d’œil dans le couloir pour vérifier que son père n’était pas en train d’arriver, puis il scanna la page de code. Il enregistra le fichier dans un coin sombre de son laptop, remit la page en place, puis replaça soigneusement le dossier rouge à sa place, dans la mallette.
Ouf. Trevor n’était toujours pas là.
Maintenant, il n’avait plus qu’à se pencher sur le dossier qu’il était effectivement censé travailler, et feindre de porter un vif intérêt à ce qui était apparemment un projet de loi sur la réforme du code du travail en zone technopolitaine – encore un caprice humaniste des socio-démocrates, songea-t-il...