Les femmes... Ces femmes en particulier.
Péripatéticienne, Prostitués, Femme de Joie, Putes.
Lowell n'aimait pas ce dernier mot : "pute". Trop vulgaire pour une profession pourtant malheureusement trop répandu, trop cru pour le plus vieux boulot du monde... Trop cruel pour le métier qu'avait jadis pratiqué sa femme.
Rien que le mot remuait en lui le couteau encore inséré dans sa plaie. Cette plaie qui commençait à s'infecter à présent. Qu'y pouvait-il ? Il avait échappé au monde, aux joies, aux femmes en restant terré au milieu de nul part. A présent il était revenu en ville, au milieu d'autres personnes et ...au milieu d'elles.
Secrètement, il en voulait à Aaraon. C'était stupide et il le savait, c'était puéril et il en était conscient : l'octantin n'était pas au courant, comment aurait-il pu l'être ?
Il ne pouvait pas s'en empêcher et tirait une mine boudeuse qui n'était autre que la démonstration de son mécontentement. Et il restait silencieux, preuve de sa rancune. Finalement ce n'était autre qu'une vengeance involontaire, pour punir Lowell d'avoir énoncer son déménagement.
Il était donc silencieux face à Aaraon et il n'osait parler devant elles.
Ainsi se retrouvait-il à assister à des négociations dont il ne voulait pas entendre parlé. Il ne voulait pas voir Aaraon sortir des liasses de billets pour se procurer ce qui lui manquait (surtout après la remarque comme quoi se balader avec de l'argent c'était comme se faire voler par la mafia ou autre). Il ne voulait pas rabaisser encore l'estime qu'il avait pour lui en se disant que cet argent aurait pu servir à bien d'autres choses, pour lui et son frère... Pour qu'il puisse vivre mieux. A vrai dire, il ne voulait pas y attacher d'importance... Ce n'était pas à lui de faire la moral... Il n'avait rien à faire là-dedans.
Et impuissant, il scruta le sol, appuyé contre le mur, les bras croisés, sourd à tout ce qu'il se passait et attendant le moment où on lui adresserait la parole. Ce fut le cas, assez rapidement. Il mit juste un petit instant pour réaliser que c'était fini.
"Enchanté". Un mot de politesse pour leur hôtesse. Il ne lui devait rien d'autre.
Il suivit Aaraon dans la chambre, évita soigneusement de tourner le regard vers l'enfant endormi et aida l'octantin à étaler le matelas par terre. Pendant que Aaraon s'occupait à palier au manque, Lowell, lui, s'était déjà allongé dans un coin. Il avait juste prit la peine d'enlever son manteau et ses bottes et avait déjà fermé les yeux, cherchant le sommeil.
L'affaire de son jeune compagnon avait eut pour mérite de faire un sorte que leur hôtesse n'eut pas à vendre son corps cette nuit là. C'était le seul bon point d'une journée chargée en mauvais points.
Il eut droit à quelques heures de sommeil profond et réparateurs... Pas assez à son goût. Il chercha en vain à se rendormir et abandonna cette peine perdu bien assez vite, observant le plafond d'un air vague et inerte.
Puis, comme ce plafond n'avait rien de spécial, il se leva, une terrible envie d'aller fumer une clope ... Et de boire. "Chacun son vice" se dit-il en traversant la pièce d'un pas silencieux, sa flasque à la main.
Il sortit sans le moindre bruit. Il lui suffisait juste de rester sur le pallier, pas la peine d'aller plus loin : il avait pas vraiment envie de se perdre dans Consortium en pleine nuit.
"Bah tiens qui v'là " s'éleva la voix d'une des prostitués resté dans la cage d'escalier. Lowell tourna vaguement les yeux vers la fille qui l'avait accosté à leur arrivé et s'assit tranquillement contre l'encadrement de la porte.
"T'as lâché Blacksnow pour te payer du bon temps ? L'offre tient toujours l'grand brun " enchaina-t-elle pendant que le trappeur buvait une gorgé d'alcool. Après quelques instants de silence durant lesquels il fini ses gorgées, referma sa flasque et planta une clope au bec, il fouilla dans sa poche, fit découvrir son porte-monnaie, le faisant balancer mollement dans les airs.
" No money for you girl" Il tourna la tête, regarda la prostitué d'un air neutre et traduisit " pas d'argent "
C'était pas la peine de chercher des excuses bidons et argumenter était inutile. " Je suis marié " ça ne marchait pas, même si on montrait l'alliance, des hommes mariés qui venaient quand même au bordel c'était bien trop courant. Non, il fallait aller droit au but : pas d'argent, pas de prostitution. Lowell le savait bien et le fait de ne pas avoir rempli son portefeuille tombait à point nommé comme une preuve à sa parole. Faut bien profiter de toutes les situations non ?
Il rangea son portefeuille dans sa poche et en sorti un briquet, allumant sa cigarette
"Perds pas ton temps avec moi, un gars fauché ça n'a jamais rien apporté de bon"
La femme souri
" T'es un drôle de gars toi " Dit-elle enfin en s'éloignant, laissant un Lowell qui esquissa un léger sourire en appuyant la tête contre l'encadrement de la porte. Attendant patiemment que le jour se lève.
Les femmes, Ces femmes en particulier...
Péripatéticienne, Prostitués, Femme de Joie ... Oui, de joie.
Elles l'ont toujours fait sourire ...
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