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 Firewire

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Evelle Darling

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MessageSujet: Firewire   Firewire EmptySam 21 Avr - 1:06

Aujourd'hui est un jour ordinaire dans ma vie d'étudiante en art. Les cours vont encore être submergé d'élèves désireux de rattraper leurs années précédentes, empêchant ainsi les premiers années comme moi de réussir la leur … Bref aujourd'hui encore je ne serait qu'un mouton bagué d'un magnifique numéro... Mais bon c'est la vie.

La journée se passa donc comme à son habitude, agréablement grâce aux amis présents. Les cours étaient comme d'habitude sympathique mais sans plus, mais dans l'ensemble une bonne journée. Une journée qui mérite une bonne séance de détente à dézinguer du zombie sur l'intranet ! Ce soir c'est psychokiller !

Mais apparemment le psychokiller ne sera pas pour ce soir, mon cellphone sonne et à l'appareil je reçois Mr Colton, mon prof d'informatique et surtout une des meilleurs personnes que j'ai jamais rencontré à la fac. Il connaît mes capacités en informatique qui ne sont pas trop mauvaise et avait ainsi décidé de me prendre comme assistante pour ses recherches. Je l'aidais donc autant que possible dans l'élaboration informatique mais aussi graphique de logiciel pour la fac. D'habitude il est toujours enjoué au téléphone, il redonne le sourire à l'entendre si heureux, mais ce soir c'est différent, je le sens stressé presque comme apeuré. Il veut que je le rejoigne le plus vite possible et a tout de suite raccroché, que me veut-il donc ?

Demi-tour.

* * *

J'arrive enfin à la fac, les portes ne sont pas encore fermées, heureusement. Je me dirige vite vers la salle d'informatique, j'ai peur, j'ai un sale pressentiment... Devant moi maintenant se dresse les locaux informatiques et les salles des serveurs de la fac. J'ouvre la porte et...

Vide. La salle d'informatique semble vide, seul l'ordinateur de Mr Colton est allumé et éclaire la salle dans une ambiance bleutée. Je m’approche et la je le vois, gisant sur le sol, un blessure béante sur le crâne ainsi qu'une marre de sang autour de sa tête. Je ne sait quoi dire, j'ai peur, mon cœur bat, je cherche à me raccrocher au mur. Il est par terre, mort. Bizarrement je ne cris pas, ne pleure pas, je suis pour l'instant sous le choc. Des minutes semblables à des heures se déroulent alors que je regarde le corps sans vie de Mr Colton. Son ordinateur ronronnant, seul son audible dans cette pièce à l'ambiance macabre.

Enfin j'arrive à me ressaisir, toujours la peur au ventre je prends mon cellphone pour appeler la police. J'essaie d'être calme et de décrire la scène mais je bégaie sous l'effet du choc visuel. Alors que les mots défilent dans ma bouche je ne quitte pas des yeux Mr Colton qui a sa tête tournée vers moi, il semble me regarder l'air suppliant et effrayé, les yeux humides. Des larmes commence à couler sur mon visage.

La police me prévient qu'elle arrive dès que possible et qu'en attendant je dois prévenir la sécurité de la Faculté. J’acquiesce sans vraiment prendre conscience des choses. Je raccroche et marche à reculons vers la porte pour tenter d'aller prévenir la fac.

J'arrive au poste de surveillance et préviens les gardiens qui viennent de fermer les portes. Ils me disent d'attendre calmement dans l'office, j’exécute, toujours dans le vague et les larmes coulant toutes seules.

J'attends.
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Ferial Grindwell

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MessageSujet: Re: Firewire   Firewire EmptySam 21 Avr - 14:27

La sonnerie du téléphone retentit. Ferial s’était habituée à cette sonnerie. Au début, ça la faisait toujours sursauter, et puis elle avait finalement appris à faire avec. À Gillingham, cette technologie de communication s’était répandue comme une traînée de poudre juste après son départ. Les habitants de the Great City s’étaient pourtant montrés méfiants envers la technologie avancée durant de nombreuses années. Seuls quelques particuliers en avaient profité avant que la masse ne se décide. C’en était presque ironique. « Homicide à l’Institute District, dans la Citadelle » dit la voix au bout du fil presque mécaniquement.
Deux mois auparavant, et alors que Ferial avait reçu l’ordre de ne plus suivre les enquêtes habituelles, le boulot se faisait rare et l’amertume avait peu à peu envahi tout son être. Comme tout un chacun, elle détestait se sentir inutile. Et comme le pense une majorité des personnes qui travaillent dans les forces de l’ordre, le boulot passe avant la vie privée. Mais quelle vie privée pouvait-elle avoir, elle qui n’était à RH que depuis quelques mois à peine ? Elle ne connaissait personne et personne ne la connaissait. Oh, elle avait bien rencontré des gens par-ci par-là, mais les contacts avaient fini par s’amoindrir.
Elle raccrocha après avoir noté l’adresse. Ses cheveux un peu longs furent noués en catogan et alors qu’elle se dirigeait vers la porte de son appartement, elle attrapa vivement son trench-coat au passage. Tout en descendant l’escalier, elle se souvint du jour où un inspecteur de la police criminelle de Cyberpolis lui avait barré la route au deuxième étage. Il avait montré sa plaque à la vitesse de la lumière et avait prétendu avoir besoin de son aide sur certaines affaires. Plus tard, elle avait appris par un agent du Bureau qu’Olivia Hewitt avait expressément conseillé – enfin, ordonné – que la jeune Grindwell collabore en tant que consultante avec les forces de l’ordre de RH lors d’enquêtes liées à des compatriotes de Gillingham. Ferial s’étonnait encore aujourd’hui de la prévenance dont avait fait preuve l’implacable directrice du Bureau à son égard. Mais sur ce genre d’étrangetés mieux valait ne pas trop poser de questions…

La fac ressemblait à tous les autres bâtiments de la Citadelle, du moins aux yeux de Ferial. Tout était froid, moderne, presque lugubre malgré le soleil qui n’allait pas tarder à se lever. Elle était arrivée en même temps que le fameux inspecteur qui l’avait abordé dans l’escalier de l’immeuble où elle vivait. Ils entrèrent tous deux dans le poste de surveillance, les mains dans les larges poches de leur manteau. L’inspecteur, un gaillard de taille moyenne dont la barbe de trois jours piquetait un visage amaigri par le manque de sommeil et de temps à soi, s’avança vers une jeune fille accoutrée bizarrement. « Inspecteur Tristan Royer, dit-il en lui montrant sa plaque. Vous êtes Evelle Darling, celle qui a découvert le corps ? »
La dénommée Evelle hocha simplement la tête. Ses joues étaient pâles, ses yeux cernés et fatigués, sa mine abattue. Elle avait pleuré. Mais malgré cela, elle restait digne, assise droite et calme sur sa chaise. Ferial se tourna pour constater que des policiers étaient aussi sur les lieux. À travers la vitrine du poste de surveillance, elle vit le balcon opposé, le secteur dédiés à l’étude des arts, et son regard fut notamment accroché par d’autres agents de la police criminelle qui s’affairaient devant une porte en particulier. Ferial s’approcha à son tour d’Evelle et lui posa une main compatissante sur l’épaule. « Je sais que c’est pénible, mais pourriez-vous nous suivre jusqu’à la scène de crime ? Il va falloir que vous rejouiez la scène de votre arrivée dans la salle D216. Ca ira ? »
La jeune fille hocha de nouveau la tête, puis renifla avant de se lever. Trois minutes plus tard, ils se trouvaient tous dans la salle D216. La légiste et son assistant examinaient toujours le corps tandis que les experts de la scientifique relevaient des indices un peu partout. Ferial scruta la salle plongée dans la pénombre, les ordinateurs dont le fonctionnement était autant un mystère pour elle que celui du téléphone. « Inspecteur Royer, nous avons trouvé quelque chose, lança la légiste en tendant un petit objet de forme rectangulaire vers l’agent.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Ferial.
- Une clé USB, précisa Royer après avoir pris l’objet à l’aide d’un gant qu’il n’avait pas eu le temps de mettre. Voyons voir ce qu’elle cache. »
Il se dirigea vers le seul ordinateur allumé, sans doute celui du professeur Norman Colton, puis inséra la clé dans un port USB. Ferial, peu rassurée, se recula légèrement en faisant mine d’avoir vu quelque chose d’intéressant sur le mur d’à côté. Or ses yeux furent aussitôt attirés par l’écran blanc qui devint brusquement noir. De multiples inscriptions défilaient et se propageaient. L’ordinateur émettait des bruits bizarres qui semblèrent alerter soudain tous les agents. Ferial sentit Evelle se crisper à côté d’elle. Cela n’avait pris que quelques secondes pour que le phénomène s’aggrave. Aucun d’entre eux ne réagissait alors que Ferial pressentait que les choses allaient très vite leur échapper si personne n’allait régler le problème. « Que se passe-t-il ? parvint-elle à dire à l’adresse de l’inspecteur.
- Je… Je ne sais pas trop… Ce pourrait être…
- Un virus ! s’exclama subitement Evelle. Qu’est-ce que vous attendez pour le contrer ?
- Nous… Nous n’avons pas d’expert informatique sur place !
- Laissez-moi faire alors ! »
Evelle se dirigeait déjà vers l’ordinateur malgré l’indignation de Royer et les avertissements de Ferial qui lui criait qu’il ne fallait toucher à rien sous peine d’effacer des preuves. Toutefois, puisque personne ne paraissant vouloir l’arrêter, elle pianotait déjà sur le clavier avec une dextérité étonnante.

[HS: voilà je me suis permis quelques changements et j'ai pris la liberté de faire un peu parler Evelle, en espérant que ce soit bon]
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Evelle Darling

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MessageSujet: Re: Firewire   Firewire EmptyDim 22 Avr - 15:40

L'ordinateur s'affolait, à l’écran des fenêtres s'ouvraient et se fermaient sans cesse et soudain une barre de chargement apparue. 

- Mince ! Le virus commence à supprimer les fichiers de l'ordi !
- Vous pouvez faire quelque chose, demanda la jeune femme au trench-coat, cet ordinateur peut être un élément clé pour l'affaire ! 
- Je fais ce que je peux laissez moi réfléchir !

Je pianote comme une furie sur le clavier d'ordinateur. Ce virus est plutôt rapide, je dois le ralentir et trouver ainsi une solution pour le killer. J'ouvre une page de terminal et commence à rentrer quelques lignes de code. Je dois l'empêcher d'avoir accès aux données de Mr Colton. Amplification du firewall, verrouillages des dossiers par mot de passe, tout est bon à prendre. Les lignes de codes défilent devant moi sur le terminal noir de l'écran. 

Pendant que je tape la tension est palpable autour de moi, les policiers sont à cran et se demandent ce que je suis en train de faire. J’espère seulement qu'ils ne pensent pas que j'empire les choses. Je sais ce que je fais et ce virus n'arrivera jamais à ce pourquoi il est programmé. 

Enfin, j'ai réussi à le ralentir, la barre de chargement se fixe mais cela ne va pas durer bien longtemps, je dois trouver une solution, localiser le virus et le détruire. Mais avec quoi ?

Soudain je repense à ce que m'avait donné Mr Colton au début de notre collaboration...

* * *

- Ceci jeune fille est la solution à tout les problème de virus ! Plus efficace que tout les anti-virus des plus grands et reconnus fabricants. Explique Mr Colton d'un air sûr de lui.

Il montrait à Evelle sur son moniteur une fenêtre de logiciel. Dessus une sorte de cible était dessinée avec une tête de mort dessus. 

- Woahouh impressionnant ! Mais est-ce vraiment efficace Mr Colton ? demanda-t-elle.
- Évidemment, puisque c’est moi même qui l'aie programmé. Ce programme déniche les virus, même les mieux dissimulés, les immobilise et les tue instantanément en les reprogrammant ou bien en les supprimant. Dans certains cas on peut même leur faire réparer leurs erreurs, comme la destruction de fichiers. 
- Et bien, impressionnant Monsieur ! Et donc vous avez crée ça pour la Fac ?
- Oui... Tu sais avec ce que les élèves visitent sur le net, il vaut mieux être sûr de pouvoir se débarrasser efficacement des nuisances...


* * *

- Ca y est, je sais !

Ni une, ni deux, dans l’interrogation la plus totale dans la salle, je fonds sur mon sac, ouvre la poche avant et sors une clé USB.

- Avec ça, ça devrait être bon !

Je lance le programme, rentre quelques configurations et appuis sur la touche entrée. J’espère que cela fonctionne vraiment et que la copie du logiciel de Monsieur Colton fonctionne bel et bien. 

Trrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr...





*bip*


Plus rien, la barre de chargement ne bouge toujours plus, au contraire elle régresse. 

- YES ! J'ai réussi ! Les fichiers sont sauvés ! Le logiciel a marché !
- Impressionnant mademoiselle... Vous deux, demanda Royer, emmenez-moi cet ordi au labo pour l’analyser dès que mademoiselle aura fini. 
- Bien monsieur.
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Ferial Grindwell

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MessageSujet: Re: Firewire   Firewire EmptyLun 23 Avr - 18:11

Ferial avait assisté à la scène tiraillée entre la perplexité et l’irritation. Elle appréciait moyennement de voir une civile corrompre la scène de crime juste parce qu’une foutue machine faisait des siennes. Malgré cela, sa curiosité grandissait à mesure que Miss Darling reprenait le contrôle. Après une attente qu’elle crut durer une heure, la jeune fille parvint à contrer la nuisance. Mais qu’est-ce que c’était, d’abord, un virus ? Il y avait bien les virus que l’on attrapait par mauvais temps… Mais alors qu’un virus s’immisce dans un de ces ordinateurs, Ferial avait du mal à le concevoir. Elle estima qu’une bonne explication s’imposait, mais ce serait pour plus tard.
Alors qu’on sortait le corps de Colton enveloppé dans une housse mortuaire, Ferial se rapprocha d’Evelle. Les deux policiers chargés de l’ordinateur suivirent de près le cortège funèbre, et Royer ne tarda pas à les rejoindre. « Rentrez chez vous, conseilla Ferial à l’adresse d’Evelle, nous vous appellerons si jamais nous avons du nouveau. Ou inversement. » Elle lui donna une carte où était inscrit son numéro personnel. « N’hésitez pas. » La jeune étudiante hocha la tête et eut un petit sourire triste tout en regardant la carte.

Le lendemain, les cours avaient repris dans la fac de la Citadelle et les élèves arpentaient tranquillement les couloirs malgré le crime qui avait été commis dans l’un des bâtiments. Ferial, qui n’avait pas l’habitude des universités cyberpolitaines, ne fut pas étonnée par le silence qui s’était pourtant installé. L’endroit était généralement plutôt animé et parfois, quand un élève parvenait à se faufiler dans la salle d’annonce, on entendait résonner dans le haut-parleur une musique à la mode. Ferial arriva dans la salle D216 où elle avait demandé qu’on réunisse les élèves qui suivaient le cours de M. Colton. Le sang avait été nettoyé certainement durant la nuit précédente et le sol était désormais immaculé. On avait poussé les meubles sur les côtés et laissé juste ce qu’il fallait de tables et de chaises pour que les élèves puissent s’installer au milieu de la salle. Ferial, après avoir jeté un coup d’œil sur la liste d’appel, nota la grande diversité des nationalités de chaque étudiant. Il en allait de même avec leur apparence : bon nombre d’entre eux arborait des tatouages et des piercings, ainsi que des vêtements aux couleurs bigarrées et des coupes de cheveux étranges. D’autres montraient un style plus sobre, mais ils étaient rares.
Elle fit l’appel, s’efforçant de ne pas trop écorcher les noms, puis elle posa des questions à chacun d’entre eux, individuellement. « Non mais c’qui s’te fille ? Elle doit avoir notre âge ! » entendit-elle, mais elle ne s’en formalisait pas. Elle assumait de faire cette tâche seule puisque Royer avait été entre-temps appelé pour une histoire de terrorisme sur une ligne de tramway.

- Votre nom ?
- Vanessa Manning.
- Que pensiez-vous de M. Colton ?
- C’était un type un peu zarb’ mais dans l’ensemble il était plutôt cool comme prof.
- Vous paraissez-t-il nerveux certains jours ? Sous tension ?
- Bof, non.

- Votre nom ?
- Manuel Colleo.
- M. Colton s’entendait-il bien avec les autres professeurs ?
- Yé né sais pas. En tout cas, il était ploutôt yentil avec nous.

- Votre nom ?
- Damian Stratelli.
- Vous êtes ici dans le cadre de l’échange universitaire international, comme une partie de vos camarades, n’est-ce pas ?
- Oui.
- M. Colton comprenait-il bien ceux qui ont encore des difficultés avec l’astarnaïa ?
- Quand ça n’allait pas, il faisait l’effort de parler en tikhvine.

Une heure et demi plus tard, Ferial gribouillait dans son carnet de note, la tête appuyée sur une main. Elle n’avait rien relevé de suspect, à part peut-être quelques bâillements ici et là, mais encore fallait-il considérer cela comme un acte suspect. Elle savait désormais que la majorité des élèves appréciait le professeur Colton, qu’il s’entendait bien avec ses collègues et que sa vie en dehors de la fac n’avait rien d’extraordinaire. La nuit dernière, elle avait passé quelques coups de fil à des contacts à l’ambassade de Gillingham qui se trouvait à RH. Elle avait appris que Colton était parti de Gillingham pour des raisons familiales et que ça faisait plus de quinze ans qu’il vivait à RH. N’ayant pas de famille, elle était obligée de se tourner vers ses élèves, les seuls qui pouvaient suffisamment le connaître pour lui en apprendre un peu plus. Or, l’évidence était là : l’enquête risquait de stagner si elle ne découvrait pas quelque chose dans les heures qui venaient.
Elle soupira et remarqua tout à coup une touche de rose émerger au-dessus d’une des fenêtres qui donnaient sur la cour. Près de la porte, elle découvrit une Evelle un peu crispée, le visage à moitié caché sous sa large casquette. « Vous êtes ici depuis longtemps ?
- Euh, non, non pas vraiment…
- Quelque chose vous est revenu ?
- Non plus… »
Ferial soupira une nouvelle fois puis l’invita d’un geste à entrer. « Bon, je ne voulais pas vous embêter avec ça hier car vous étiez réellement sous le choc, et vous devez l’être encore, mais j’ai vu ce que vous avez fait.
- Quoi ? s’étonna la jeune fille en relevant la tête.
- Les autres étaient trop concentrés sur l’écran pour le remarquer. J’ai l’impression que la technologie a un pouvoir parfois plus attractif que la pire des drogues… Bref, je vous ai vu insérer une autre clé USB – si s’en était une – à côté de celle qu’on a découverte sur le corps de Colton. Heureusement que vous avez été discrète.
- Euh… Pourquoi ?
- Si quelqu’un d’autre que moi vous avait remarqué, par exemple Royer, on vous aurait embarqué pour corruption de preuves. D’ailleurs ça a failli être le cas, mais vous avez su sauver les données, donc on n’a pas eu le cœur de vous blâmer. »
Evelle prit un air choqué qui se transforma vite en une expression déterminée. Elle sortit quelque chose de sa poche et le mit dans la main de Ferial. C’était bien une clé USB, mais différente de celle qui avait introduit le virus dans l’ordinateur. « Je peux vous expliquer. »
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Evelle Darling

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MessageSujet: Re: Firewire   Firewire EmptyMer 25 Avr - 16:22

Cette consultante m'avait remarquée. En effet, j'avais bel et bien copié les fichiers de Mr Colton sur ma clé pendant que je supprimais ce virus. Mais c'était pour en savoir plus, je ne pouvais pas rester sans rien faire et surtout sans rien savoir ! Mr Colton était bien plus qu'un professeur et qu'un supérieur, c'était un ami.

J'expliquai donc à miss Grindwell tout cela, mes intentions et mes découvertes au sujet de cette clé.

- Bien, qu'avez vous trouvé miss Darling ?
- Attendez. J'aimerais vous demander quelque chose avant de tout vous dire sur mes découvertes.
- Allez-y, que voulez vous ?
- Je veux faire partie de l'enquête.
- Mais Miss Darling, vous ne pouvez pas. Vous n'êtes pas commanditée pour cette enquête. Et qui plus est, vous êtes une civile.
- Oui, mais vous vous pouvez faire quelques chose pour que je le sois non ? Je vous ai tout dit sur mes intentions, je suis réglo. De plus, je vous serai d'une grande aide dans cette enquête car, croyez-moi, vous aurez bien besoin de mon aide si cela concerne Mr Colton et ses capacités en informatique. Et je vous ai prouvé mes capacités hier !

J'étais déterminée. Il faut que je sois dans l'enquête, que je découvre qui a assassiné Mr Colton. Miss Grindwell avait l'air embêté mais je sentais qu'elle hésitait tout de même. Et puis au bout d'un petit moment de silence...

- Je vais voir ce que je peux faire. En attendant dites-moi ce que vous avez découvert.

Super, elle acceptait ! Enfin, presque... Je commençai tout de même à sortir mon netbook pour lui expliquer mes trouvailles.

- J'ai trouvé des choses troublantes. En effet en regardant le contenu de la clé j'ai découvert que Mr Colton avait des activités pas très légales, du genre piratage de comptes en banque. J'ai tout de suite pensé que ce n'était pas possible venant de la part de Mr Colton.
- Et qu'est-ce qui vous fait dire ça, miss Darling ?
- Et bien c'était un homme simple et sympathique. J'ai été chez lui et il n'y avait rien d'extravagant et de bien luxueux. Les seules choses les plus chères étaient les logiciels qu'il confectionnait, mais c'était la Fac qui se chargeait du financement pour les recherches... Ça ne pouvait décidément pas être dans un but d'enrichissement personnel, alors j'ai fouillé...
- Continuez.
- Et bien j'ai compris le but de ses piratages. Il semblerait que Mr Colton travaillait pour un groupuscule. Malheureusement je n'ai pas plus d'information sur ce groupe, même pas un nom. La seule appellation que j'ai pu trouver est « les autres » ou « Ils »... Mais impossible de savoir qui « ils » sont …

Je continuais de lui montrer mes trouvailles, relevés de piratages, noms des comptes piratés, adresses Ip et autres. En montrant tout ça à miss Grindwell, elle semblait dépassée par la technologie et les termes cybernétiques. La pauvre jeune femme d'un autre âge n'avait pas l'habitude et cela sautait aux yeux, j'adaptais donc le mieux possible mes explications pour l'aider à comprendre...
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Ferial Grindwell

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MessageSujet: Re: Firewire   Firewire EmptySam 28 Avr - 14:46


Quelque chose clochait. On pourrait dire que c’est le cas dans chaque enquête. Or celle sur laquelle était Ferial avait tout du casse-tête siamois. Colton avait été un homme lambda qui se définissait à travers son travail au sein de l’université. Rien de particulier n’avait transparu dans ses agissements du temps où il était encore vivant. Et maintenant, Evelle lui apprenait qu’il avait collaboré avec une organisation inconnue. Pourquoi ? Colton y avait-il trouvé une forme de rébellion ? Un moyen de s’échapper de son quotidien plutôt banal ? Ou bien n’était-ce qu’un plus qui lui aurait permis d’augmenter ses fins de mois ? L’histoire semblait simple, et pourtant…
Evelle invita Ferial à boire un verre dans un café de la Citadelle, le Champ de Trimriel. L’endroit était le bastion des geeks et des rolistes du quartier dont faisait partie notamment Evelle. Elles s’installèrent à l’écart mais la salle principale était bondée et l’ambiance survoltée, de même que le manque de luminosité, ne rassura pas vraiment la jeune détective. Comme l’enquête stagnait, Ferial avait accepté de suivre Evelle sans trop poser de questions. Toutefois, maintenant qu’elle faisait face à un monde qui lui était totalement inconnu, une angoisse sourde commençait à l’assaillir au fur et à mesure que le bruit s’amplifiait. Dans un coin, elle remarqua qu’un groupe de jeunes avait enfilé de drôles de casques et qu’ils s’amusaient à se taper les uns sur les autres avec des objets contendants non identifiés. Elle faillit intervenir quand Evelle la retint par le bras. « Ca ne va pas ?
- Ils se battent ! Il faut faire quelque chose !
- Ah… Mais non ! Ne vous inquiétez pas, ils jouent simplement à un jeu !
- Plaît-il ?
- C’est ce qu’on appelle une simulation virtuelle. Grâce au casque que vous voyez sur chacune de leur tête, ils peuvent incarner un personnage de manière plus réaliste.
- Je ne comprends pas. »
Evelle eut un petit sourire afin de ne pas lui répondre par un rire qui l’aurait sans doute blessée dans son estime. « Nous sommes dans un cyber café. Pour une boisson payée, vous pouvez avoir accès à n’importe quelle plateforme de jeu. Si vous choisissez une console, la partie durera quarante minutes environ. Si vous décidez d’aller sur l’intranet, vous y aurez accès durant une trentaine de minutes, etc. Je ne peux pas tout vous expliquer, ce serait trop long. Mais si vous voulez on peut essayer un MMORPG.
- Un quoi ?
- Ca signifie « jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs ». On peut y jouer sur l’intranet avant tout. Ca consiste en la création d’un personnage qui n’existe que dans un monde virtuel. Le jeu le plus en vogue sur la toile est Anarchy Empire.
- … Bien. Je ne veux pas vous froisser mais jouer à un « jeu en ligne » ne me paraît pas très professionnel au vu de la situation actuelle. Nous avons quand même une enquête à mener, un coupable à arrêter et une tonne de paperasse à remplir le cas échéant. »
La jeune fille aux étranges cheveux roses baissa la tête. Ferial se rendit soudain compte de sa maladresse. Il était clair qu’Evelle était encore choquée de la mort de son professeur et ami. Tristesse et fatigue étiraient les traits de son joli visage. « Hum… Bon. Oubliez ce que je viens de dire. Si vous voulez, on va jouer à votre jeu.
- Mais, et l’enquête ?
- Tant que nous n’avons pas plus d’informations sur l’organisation inconnue qui employait M. Colton, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Alors pourquoi ne pas se détendre un peu ? »
Evelle se remit bien droite sur sa chaise et offrit à la jeune détective un sourire enchanté. « Attendez un instant, je vais commander des boissons et ensuite nous pourrons commencer. » Quelques instants plus tard, la jeune fille revint avec deux énormes verres remplis de soda. Ferial fixa un regard soupçonneux sur le contenu de son verre mais évita tout commentaire. « Comment ça marche ?
- Alors, d’abord il va falloir vous créer un personnage, fille ou garçon, choisir votre classe et surtout vous trouver un pseudo.
- Un… pseudo ? Quel est le vôtre ?
- Glados ! répondit Evelle avec fierté.
- Bien… Bien bien bien… Je vous avouerai que je ne suis pas très douée pour trouver un faux nom, même dans le cadre d’une enquête sous couverture. Vous auriez une idée pour moi ? »
Le petit nez retroussé d’Evelle se fronça, de même que ses sourcils. Après une minute de réflexion, elle dit : « Maintenant que je vous regarde, je constate que vous avez un style plutôt chouette. Vos vêtements technopolitains me soufflent de vous appeler Fantastic Doctor. Qu’en dites-vous ?
- Pourquoi pas, sourit Ferial, de toute manière je n’ai pas d’inspiration. Alors va pour Fantastic Doctor.
- C’est noté !
- Sinon je préfère jouer une fille…
- C’est fait. La classe ?
- Un instant. Que voulez-vous dire par ‘classe’ ? S’agit-il de classes sociales ?
- Nope. En fait vous devez choisir une activité pour votre personnage : mercenaire, orateur, soigneur, mage, guerrier, etc.
- Hum, je vois… Vous savez, contrairement à ce que l’on croit de moi, je n’aime pas la violence. Je suis obligée d’y faire face dans mon métier, mais, croyez-moi, ce n’est pas de gaieté de cœur.
- Je vous crois.
- Ahem, ce que je veux dire par là, c’est que je n’aimerais pas incarner un personnage violent. Voilà.
- Alors que diriez-vous de soigneur ou d’orateur ? Le soigneur, comme l’indique son nom, soigne les blessés, et l’orateur lui donne des effets spéciaux à son équipe ou des malus aux ennemis via sa voix.
- Je choisis l’orateur.
- Alors, pour résumer : votre personnage est une humaine, oratrice, répondant au nom de Fantastic Doctor. Voulez-vous qu’elle vous ressemble ? »
Ferial prit soudain un petit air gêné. « Euh, serait-il possible de la faire plus grande que moi ?
- Bien sûr ! Ce qui est bien avec les jeux virtuels, c’est que l’impossible devient possible. Enfin dans la mesure où l’on ne fait pas un joueur GrosBill…
- Un gros quoi ?
- Je n’ai rien dit ! Bon alors le but de chaque joueur c’est d’évoluer dans un monde qu’il doit sauver à travers des quêtes et des missions de toutes sortes… »
Evelle expliqua ensuite le plus clairement possible à Ferial comment se diriger dans le jeu, quelles sont les possibilités du personnage (petits boulots, combats, marchandage et autres) et en quoi consistent les niveaux. Elles jouèrent environ deux heures, deux belles heures où chacune pu décompresser. Evelle évita cependant de peu que Ferial ne frappe l’ordinateur après avoir vu mourir son personnage pour la première fois.
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Evelle Darling

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MessageSujet: Re: Firewire   Firewire EmptyMar 1 Mai - 11:08

C'était une bonne après-midi que nous avions passée Miss Grindwell et moi-même. Ce café nous avait fait un bien fou avec cette affaire... J'initiais gentiment la demoiselle aux jeux en ligne. Elle ne se débrouillait pas trop mal pour une Technopolitaine qui n'a pas l'habitude de la technologie Cyber. Je peux concevoir que de comprendre le concept informatique soit difficile car ce n'était pas de la magie mais juste un tas de pixels. Mais malgré deux trois fois où elle faillit frapper la tour d'ordinateur, elle ne semblait pas avoir trop de mal à s'habituer.

Bon...

Il faut être réaliste elle n'a pas non plus dépassé le niveau 5, et encore en l'aidant, mais il faut dire que je lui ai fait découvrir tellement de choses qu'on avait pas le temps de vraiment penser à avancer dans le jeu. Et puis ce n'est qu'une découverte, je ne sais même pas si elle aura accès plus tard à ce genre de technologie... Mais au moins c'était amusant de voir ce brin de fille retro s'essayer à nos uses et coutumes cybernétiques de l'intranet. Cela me faisait du bien. Cela me faisait provisoirement oublier M. Colton qui me manquait tout de même pas mal...

Enfin après ces deux bonnes heures de détente avec quelques sodas, nous nous sommes quittées pour se retrouver le lendemain sur le lieu de domicile de Mr.Colton. On devait voir si nous trouverions pas des infos supplémentaires sur tout ce qu'il s'est passé à la Fac.

Cela me faisait bizarre de retourner chez M. Colton en sachant qu'il n'était plus.Tout me semblait si fade… Pourtant je revois de bons souvenirs des moments passés ici, très peu mais très intenses, où je l'aidais en m'occupant des PC et des logiciels... Je me souviens aussi que ça faisait il n'y a pa si longtemps encore jaser mes camarades lorsqu'ils ont su que je traînais avec lui comme assistante chez lui.

Mais alors que nous cherchions des infos chez lui, j'avais besoin de prendre un peu l'air, j'allais pour ouvrir la fenêtre du salon lorsque je remarquai en bas, dans la cours, une silhouette féminine qui me regarda un instant avant de s'en aller en courant de manière suspecte. Qui était-elle donc ? Élancée, blonde aux cheveux attachés et avec des lunettes de soleil.

J’eus à peine le temps de la prendre en photo avec mon cellphone quand elle bouscula un passant, la faisant ainsi se tourner par chance vers mon objectif, pour elle disparaître ensuite...

Je fis part à miss Grindwell de ma découverte. Elle ne savait quoi dire à part qu'elle devait chercher dans la base de données de la police si elle n'y était pas recensée. Je lui dit que je m'en occupais, ce qui la laissa de nouveau perplexe.

J'allai sur l'intranet avec mon cellphone.

- Que faites-vous donc ? Nous devons aller voir dans la banque de données...
- C'est exactement ce que je suis en train de faire, donnez moi vos identifiants.
- Hein ? Mais comment ?
- Ne cherchez pas midi à quatorze heure, nous allons allez sur le site de la Police et accéder à votre compte depuis mon cellphone, on gagnera un temps considérable !

Elle s’exécuta sans trop vraiment comprendre. Après avoir rentrée les coordonnées je commençait ma recherche. Bingo.

- C'est bien elle, regardez. Nisi Pavone... ?
- En effet … Vous la connaissez ?
- Inconnue au bataillon...
- Bon et bien prenons son adresse et allons lui rendre visite.

Miss Grindwell laissa échapper un léger soupir en fermant les yeux et déclara qu'il fallait partir maintenant.

Nous allions désormais rencontrer cette Nisi Pavone.
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Ferial Grindwell

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MessageSujet: Re: Firewire   Firewire EmptyLun 7 Mai - 19:12

Ferial ne voulait pas déranger Royer qui se trouvait désormais plongé jusqu’au cou dans une autre enquête impliquant des financiers de la Citadelle. Il lui avait donc laissé carte blanche sur l’affaire concernant le meurtre de Colton, le temps qu’un autre inspecteur vienne la suppléer. Il lui suffisait d’interroger Nisi Pavone avant l’arrivée du nouvel inspecteur. Enfin c’était une inspectrice, de surcroît. « Nous avons eu de la chance, dit Ferial alors qu’elle se dirigeait avec Evelle vers le petit immeuble où habitait Nisi Pavone.
- Comment ça ?
- Eh bien je pense qu’à l’avenir nous devrons faire plus attention. N’oublions pas que quelqu’un est derrière le meurtre de… Enfin que quelqu’un a fait du mal à M. Colton. Nous avons affaire à une personne qui est prête à tout, c’est ça que je veux que vous compreniez. »
Evelle hocha la tête. « Je comprends. Ne vous en faites pas. » Ferial s’arrêta devant un immeuble au crépis beige, au 156 rue Devreaux, puis sonna à l’interphone. Comme personne ne répondit, Ferial toqua à la porte dont la surface était une vitre opaque. Il s’agissait d’un vieux bâtiment, et malgré le système sophistiqué de l’interphone qui devait avoir une caméra intégrée, le reste paraissait laissé à l’abandon, comme s’il n’était pas nécessaire de le rénover au profit d’un aménagement plus moderne. « Nisi Pavone ? Je sais que vous logez au rez-de-chaussée, tenta Ferial en voyant une ombre fureter derrière la porte vitrifiée. Nous avons quelques questions à vous poser.
- Vous êtes de la police ? murmura une voix déjà assourdie par l’épaisseur de la porte.
- Pas complètement. Nous aidons, principalement. Si vous choisissez de nous aider nous, vous n’aurez pas à subir un interrogatoire plus tard, au sein d’un bâtiment fédéral. On vous aurait découverte, quoi que vous fassiez. Saisissez cette opportunité, Madame Pavone. »
Après une bonne minute, la porte s’ébranla dans un crissement sourd et désagréable. Une femme se dégagea de l’ombre du couloir, une main crispée sur un châle qui puait le mouton et l’eau de vie à la violette. Les yeux cernés et légèrement ridés de Nisi Pavone se posèrent sur les deux jeunes femmes. « Vous n’avez pas l’air d’être des agents de la police…
- Je vous l’ai dit. Nous ne le sommes pas. La demoiselle juste à côté de moi était une élève de M. Colton, un professeur de la faculté cyber. Vous êtes au courant ? »
La bouche sèche de la femme, élémentaliste de l'air d'après sa fiche d'identité, s’était tordue à l’entente du nom de la victime. « Entrez, nous en discuterons à l’abri des oreilles et des regards indiscrets. » Elles s’exécutèrent. L’intérieur de l’appartement était propre mais plongé dans la pénombre. Une petite fontaine électrique glougloutait dans un coin et un chat noir était en train de faire sa toilette sur un pouf en cuir vert. Hormis l’aspect rétro du décor, Ferial ne nota rien de particulier. Rien du moins qui puisse laisser supposer que Nisi Pavone fût une terroriste. « Que faisiez-vous devant l’appartement où habitait Norman Colton hier ? débuta d’emblée Ferial après qu’elle et Evelle se furent assises.
- Je ne veux pas d’ennuis.
- Vous n’en aurez pas. Du moins avec nous. »
Nisi se passa une main lasse sur la visage alors que le chat s’installait tranquillement sur ses genoux. « Norman était… un ami.
- Un simple ami ou alors s’agissait-il d’un peu plus que ça ?
- … Je ne vois pas en quoi cela pourrait vous aider dans votre enquête de savoir quels étaient les termes de notre relation, répliqua froidement la femme en plissant les yeux. Je le connaissais, point final.
- Pardonnez mes questions quelque peu virulentes, mais je dois faire mon travail. Tous les détails comptent. Donc, vous dites que vous le connaissiez. En quelle occasion vous êtes-vous rencontrés ? »
À cette question, la femme aux cheveux blond vénitien coupés au carré s’agita avec nervosité sur son fauteuil. « … Tout ça… Tout ça n’aurait pas dû aussi mal tourner… balbutia-t-elle avec des yeux ahuris. À la base, le groupe était comme une famille. Nous ne demandions qu’un peu de reconnaissance…
- Quel groupe ? Est-ce celui qui a employé M. Colton comme hacker ? »
Nisi Pavone hocha la tête, caressant machinalement le félin aux iris émeraude. À côté de Ferial, Evelle semblait particulièrement concentrée, bien plus que la jeune détective ne l’était, vraisemblablement. Ferial ne pouvait détacher ses yeux de l’animal qui lui faisait penser à un certain chat à poils roux et à l’âge canonique. Elle se passa une main dans les cheveux pour se reprendre. « Je vous en prie, Mme Pavone. Ce groupuscule mystérieux qui agit dans l’ombre est notre seule piste. Nous avons besoin de vous.
- … Je faisais partie jusqu’à il y a quelques jours encore d’une organisation indépendante qui a pour but d’aider les mages qui viennent habiter à la Citadelle. C’était, au début, une simple association de quartier, qui s’est vite agrandie depuis l’arrivée en masse de plusieurs familles mages. L’Aide aux Mages de la Citadelle est passée de 20 membres à 300.
- Pourquoi les mages auraient-ils besoin d’aide ici ? La communauté a-t-elle des problèmes d’intégration ?
- Là est tout l’enjeu de cette association. L’intégration devient pénible pour ceux qui ne sont pas habitués à la technologie et qui le montrent malgré eux. Et pourtant, nous sommes là pour apprendre ! Nous venons aussi pour suivre un mari, une femme technologue ou cyberpolitain.
- Quel est le but de votre association ?
- Elle organisait des programmes d’intégration dans des entreprises un peu plus ouvertes qui faisaient ensuite l’apologie de ses employés mages à d’autres sociétés. Par exemple.
- Organisait ?
- Ce n’est plus une association. Cela fait trois mois que l’AMC a été remplacée. Par la LRMC : Lutte pour la Reconnaissance des Mages de la Citadelle.
- Ca sonne plus…
- Agressif ? Oui. C’est le cas. »
Nisi Pavone tremblait de plus en plus fort et paraissait ne pas faire son âge, enfoncée dans son énorme fauteuil coloré. Elle se passa la langue sur les lèvres et poursuivit tant bien que mal : « Vous devez absolument savoir que c’est plus compliqué que ça en a l’air. Les mages demandeurs d’emploi dans la Citadelle sont de plus en plus nombreux. Trouver un stage devient une épreuve de force. On nous rejette car on a des a priori sur nous. Certains pensent sans méchanceté que nous sommes des sortes de profiteurs qui sentent bon la cannelle et l’herbe fraîchement coupée, et que de ce fait nous n’avons rien à faire ici ; d’autres imaginent sérieusement qu’avec nos pouvoirs nous risquerions de renverser le système en place et de faire effondrer l’économie.
» Voyez-vous, les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas : comme ils ne savent rien de nos capacités, ou très peu de choses, ils estiment qu’elles sont dangereuses. En conséquence de cela, nous sommes mis au ban de la société, parfois on se moque de nous, voire on nous chahute. Ce n’est jamais très méchant, mais ça en agace plus d’un parmi notre communauté.
- D’où le changement de nom. Vous voulez impressionner la majorité ?
- Il n’y a pas eu que le changement de nom… Il y a aussi eu un changement de tête. Tout est lié. L’ancienne chef du groupe a laissé la place à un esprit plus « jeune » et plus « actif », quelqu’un qui saurait mener la barque avec plus de fermeté et de combativité. Au début, je pensais que c’était une bonne idée… Puis le temps a passé, des actions de plus en plus violentes ont été menées, et maintenant… »
Un soubresaut la prit, effrayant le chat qui sauta sur la moquette. Elle retint un sanglot derrière une main. « Je suis navrée de vous obliger à subir cela, s’excusa Ferial sur un ton compatissant, je me rends compte que cela a dû être pénible. Les valeurs du groupe ne correspondaient plus aux vôtres, n’est-ce pas ?
- Oui… Neal Hogan… C’est de sa faute. C’est lui qui a enrôlé Norman dans ses « rangs », comme il le dit lui-même. Il a manipulé les plus sages d’entre nous en leur faisant croire que c’était pour le bien de notre communauté. Que les moqueries des cyberpolitains, et d’autres, se transformeraient vite en violence physique. Il a attisé la peur, et ça a marché. Oui, ça a marché…
- L’association s’est transformée en groupuscule terroriste, c’est ça que vous voulez dire ?
- Si ce n’est pas encore le cas, ça ne saurait tarder… »
Ferial jeta un coup d’œil à Evelle. Celle-ci lui rendit son regard, et dans ses yeux brillait une petite étincelle d’appréhension que la jeune détective comprenait. « Pouvez-vous certifier que ce Neal Hogan est le meurtrier de M. Colton ? demanda sans plus attendre Ferial, ce qui ne manqua pas de crisper un peu plus la femme.
- Je… Je ne sais pas…
- J’ai cru comprendre que vous aviez quitté il y a quelques jours le groupe. Pourquoi ? Vous menaçait-il ? Ou bien était-ce quelqu’un d’autre ?
- Neal est quelqu’un de très habile… Il a embauché Norman parce qu’il était au courant pour son manque d’argent. Il l’a convaincu de travailler pour l’organisation dans un but purement moral, mais ça n’était pas… vrai. Vous devez vous en douter.
- Je suis désolée, mais vous ne répondez pas à ma question.
- Je… Je suis partie car je n’en pouvais plus ! »
Elle se leva brusquement et arpenta le petit salon comme un lapin dans une cage trop petite. « Neal en voulait toujours plus, marquer les esprits, taper fort dans la main d’un système qu’il croit inégalitaire et discriminatoire. Norman s’est rendu compte que quelque chose clochait et m’en a fait part. Quand il travaillait avec ses élèves, il apprenait à les connaître. C’est ce qu’il a fait avec Neal. Il a vu clair dans son jeu, au bout d’un certain temps cependant. Mais cela lui suffisait pour ne plus vouloir travailler sous l’ordre de cet homme ! Et je l’ai compris à mes dépens. J’ai quitté le groupe, et il est mort… » Elle se rassit brusquement et darda sur les deux jeunes femmes des prunelles brillantes de larmes. « Est-ce de ma faute ?
-… Non, non Mme Pavone. La faute en revient à celui qui mène la barque. Je vous en ai trop demandé, veuillez m’en excuser. Nous allons vous laisser. Je vous tiendrais au courant. En attendant, reposez-vous bien. Et surtout, ne culpabilisez pas. »
Ferial et Evelle sortirent de l’immeuble. Le ciel était presque noir, chargé de nuages menaçants. Elles commençaient à remonter la rue quand Evelle dit enfin : « Ca me fait frissonner, tout ça. Je ne pensais pas que M. Colton serait mouillé dans une telle histoire.
- Je le pense aussi. Et le pire n'est pas encore derrière nous. »

[HS : voilà c'est un peu long mais il le fallait. C'est l'heure des premières révélations!]
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