Blend Awake
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 Evening Wear

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage
Ash O'Graham

Ash O'Graham


Messages : 725
Date d'inscription : 08/08/2010


Age du Personnage : 26 ans
Alignement: Chaotique Neutre
Classe - Fonction: Cyberpolitain - Politicien
Evening Wear Empty
MessageSujet: Evening Wear   Evening Wear EmptyJeu 13 Sep - 16:16

Le bureau était spacieux et ensoleillé. Devant la large baie vitrée, deux ou trois employés finissaient de vider les tiroirs, évacuant les effets personnels de l'ancien Maire pour que le nouveau puisse s'installer. Bientôt ils eurent terminé leur tâche et s'esquivèrent avec un salut respectueux. Fermant la porte derrière eux, Ils laissaient seul le nouvel élu... un certain Ash O'Graham.

Esquissant un sourire satisfait, Ash fit le tour du bureau en y laissant glisser ses doigts, et s'assit dans le large fauteuil en cuir brun foncé qui trônait derrière. Il posa ses mains sur les accoudoirs massifs, les empoignant comme pour en prendre totalement possession, et jeta un coup d’œil à l'émetteur qui, sur commande, ferait apparaître l'écran translucide de son ordinateur : tout cela serait confortable. Il fit ensuite pivoter son siège pour se trouver face à la baie vitrée. On se trouvait au 27ème étage du building et Ash voyait, sous le ciel clair, se ramifier les rues, s'élever les immeubles et grouiller la foule des cyberpolitains.

En contemplant toute cette vie en contrebas, ce qui le frappa le plus fut le silence qui l’entourait, lui, dans sa tour de verre. « La solitude du pouvoir », songea-t-il avec une légère mélancolie… Puis il sourit pour lui-même : « Être le seul à être tranquille ! »

*

Voilà deux mois que Ash occupait ce bureau.
Il s’était familiarisé avec chaque objet, s’appropriant peu à peu l’endroit. Il avait appris, notamment, à apprécier l’aspect multicaste du mobilier : le bureau high-tech et le design global de la pièce étaient certes de purs produits cyberpolitains, mais le fauteuil en cuir et bois était un joli travail technologue, la mappemonde un ouvrage alchimiste minutieux, et le mur était orné de deux épées de facture magique, croisées sur le blason de Range Harbor.

Ash s’était également familiarisé avec les dossiers qui occupaient son district. Il avait commencé par mettre en place le Conseil municipal, organisant le budget prévisionnel pour la mise en œuvre de ses intentions. En même temps, il avait géré les affaires courantes : signer les permis de construire, publier les lois et décrets votés à l’Assemblée, ou encore contrôler les effectifs de la police. Il avait même déjà célébré quelques unions, dont une entre deux femmes – il se souvenait comment cette loi sur le mariage unique avait ébranlé son père voilà quelques années !
À présent se dessinaient des missions plus complexes, comme la restructuration des plans d’urbanisme ou l’attribution de marchés publics. La présence du Campus sur son district, aussi, lui donnait du travail : il fallait en voter le budget, convenir des accords d’attribution de Cyberpass pour les autres universités, notamment les écoles mages et alchimistes qui souhaitaient y envoyer leurs étudiants… Il sourit, songeant que cinq ou six ans plus tôt il avait été débouté aux élections du BDE (qu’il avait remportées l’année suivante et celles d’après), et qu’à présent il occupait un poste bien au-dessus de celui du Doyen.

Ash enregistra le dernier document de la journée dans le dossier ‘Contrats’ et ferma les autres fenêtres en cours sur son ordinateur. Sa journée de travail était finie, il était près de neuf heures. Ce soir-là, il décida de s’accorder un moment de contemplation de la ville : tout en commandant aux lampes de diminuer d’intensité pour se trouver dans une ambiance tamisée, il fit pivoter son siège et se trouva face à la baie vitrée. L’automne était déjà bien entamé, la nuit était tombée tôt. Face à lui la Citadelle n’était que lumières, avec ses milliers de bureaux illuminés dans les tours de verre et, en bas, les centaines de voiture qui défilaient en deux files distinctes, l’une jaune et l’autre rouge.
Ce spectacle lui rappela le premier jour qu’il avait passé dans ce bureau, et les sentiments mitigés qui l’habitaient alors. Maintenant il le savait : la solitude du pouvoir, ce n’était pas une question d’avoir un bureau isolé de la présence des autres ou du bruit. C’était cette sensation, parfois douloureuse, d’être le seul à assumer la charge des décisions et à prendre des risques.
D'ailleurs c’était déjà comme ça pendant la campagne...

Sa première grande décision, au moment de s’aventurer dans les élections, avait été de ne pas choisir de parti tutélaire. Il avait pris le risque de se présenter sans étiquette, profitant de la mode des ‘candidats indépendants’. Certains avaient dit qu’il était évident qu’il suivrait la politique du RCP, comme son père, d’autres au contraire pensaient qu’il voulait s’en démarquer : bref, chacun avait compris ce qui l’arrangeait, et tout cela avait arrangé Ash.
En réalité, en se présentant dans de telles conditions, il avait voulu se ménager une latitude en termes de discours, ne pas être forcé d’adopter certains éléments de langage, éviter d’être catalogué immédiatement et toucher ainsi un électorat plus large, plus jeune aussi, moins attaché aux idéologies partisanes. De toute façon, il n’avait pas voulu du label RCP, et adhérer à tout autre parti aurait immédiatement brisé ses liens avec Trevor. Déjà qu’il avait été difficile de lui faire avaler cette histoire de candidat libre…
Finalement il avait gagné son pari et avait été élu, rejoignant ainsi, à tout juste 26 ans, le palmarès des plus jeunes Maires de l’histoire de la ville. C’était un premier pas. C’était bien.

Lentement Ash se leva, retira de l’ordinateur la clé qui contenait les dossiers qu’il voulait relire chez lui, puis enfila son par-dessus et sortit, mallette à la main. Au moment où il claquait la porte, les lumières et l’écran translucide s’éteignirent.



Dernière édition par Ash O'Graham le Lun 24 Sep - 17:30, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Ash O'Graham

Ash O'Graham


Messages : 725
Date d'inscription : 08/08/2010


Age du Personnage : 26 ans
Alignement: Chaotique Neutre
Classe - Fonction: Cyberpolitain - Politicien
Evening Wear Empty
MessageSujet: Re: Evening Wear   Evening Wear EmptyLun 24 Sep - 17:30

Le lendemain matin

La berline glissait doucement, ralentie par le trafic matinal de la Citadelle.

Assis à l’arrière, se laissant guider par son chauffeur, le jeune Maire regardait sur sa tablette numérique les dernières infos de CyberNews ainsi que les titres du Steamtime. La tablette était de la dernière génération, de celles qui ne sont plus qu’une feuille de plastique traversée d’émetteurs à photons, un écran souple qui se rangeait en s’enroulant sur lui-même. Mais les informations en elles-mêmes n’avaient rien de nouveau : c’était la même soupe qu’on avait entendu pendant tout le week-end, les discussions interminables du parlement qui peinait à voter un amendement au sujet des IA.

Lassé de ce sujet sur lequel personne, selon lui, ne se posait les bonnes questions, Ash roula l’écran de la tablette et le glissa dans son tube protecteur. Il s’ennuyait un peu. Son chauffeur n’était pas vraiment bavard. Quand il serait installé à la marie depuis un peu plus longtemps, il en changerait. En attendant il fallait ménager les fidèles employés qui avaient servi sous le mandat précédent. N’ayant donc rien de mieux à faire, Ash s’offrit un moment de contemplation des rues qui défilaient autour de lui : il entendait le vague murmure de la ville, à peine perceptible à travers les portes blindées, et voyait par les vitres sans teint défiler des visages anonymes qui eux ne pouvaient pas le voir.

On venait de dépasser l’hôpital des Échos et la voiture s’était arrêtée à un feu, le long du large trottoir d’Holsten Street. Distrait, Ash regardait avancer un duo de femmes qui remontaient l’avenue à pieds. L’une était assise dans un fauteuil roulant, et son visage émerveillé était levé vers les tours de verre. Quand elles passèrent non loin de la voiture, Ash eut une impression étrange, puis se sentit soudain envahi d’un intense sentiment de curiosité : tout était si étonnant ! Des images s’emparèrent de sa vision et il lui sembla que le béton de la route se mouvait en une lente ondulation, que les immeubles s’étiraient vers le ciel à l’infini pour se planter dans des nuages multicolores ! Mais déjà le feu passait au vert, la voiture repartait, la silhouette de la femme en fauteuil roulant disparut et Ash revint à la réalité.

*

Ash entra d’un pas sûr dans le bâtiment de la mairie, attaché-case à la main. Il fit un signe de tête aux agents de sécurité, gratifia l’hôtesse d’accueil d’un sourire, esquissa un salut de la main à l’intention de plusieurs collaborateurs qui prenaient leur café dans le hall, puis bifurqua à droite vers les ascenseurs. Un bon nombre d’employés attendaient là comme lui pour monter vers les étages, et quelques uns saluèrent le Maire. Ash répondit d’un sourire tout en consultant son emploi du temps du jour sur son cellphone : des rendez-vous avec divers responsables de la collectivité, une réunion au sujet des associations de quartier… Mouais.

L'un des ascenseurs ouvrit ses portes, laissant sortir deux ou trois personnes, puis la masse des travailleurs du matin s’y engouffra comme dans un métro bondé. Heureusement l’ascenseur était plutôt grand, et le visage connu de Ash lui évitait de se faire piétiner comme ça arrivait parfois à certains stagiaires dont tout le monde se foutait royalement.

Les portes se refermèrent et l’ascenseur s’éleva. Il s’arrêta d’abord au 3e étage. Puis au 6e. Puis au 7e, 9e, 12e… Ash travaillant (rappelons-le) au 27e étage qui était aussi le dernier, il prenait son mal en patience comme tous les matins. Calé dans un coin au fond, contre le miroir auquel il jeta un coup d’œil pour se recoiffer, il songeait à cette sensation étrange qu’il avait eue dans la voiture, et à l’espèce de vertige qui avait suivi et qu’il hésitait à nommer hallucinations. Il n’avait pourtant consommé aucun produit susceptible d'engendrer tels effets, du moins pas récemment… Il chassa l’idée d’un revers de pensée, se persuadant qu’il s’agissait d’un simple étourdissement.

À chaque arrêt de l’ascenseur des gens étaient descendus, et Ash n’était désormais plus accompagné que d’une jeune femme et d’un homme d’âge mûr. L’homme guettait le cadran qui affichait le numéro des étages et, voyant se profiler le 24e il s’approcha de la porte pour descendre.

Noir.

L’ascenseur, soudain plongé dans l’obscurité, s'était bloqué entre les 23e et le 24e étage.
Revenir en haut Aller en bas
Ash O'Graham

Ash O'Graham


Messages : 725
Date d'inscription : 08/08/2010


Age du Personnage : 26 ans
Alignement: Chaotique Neutre
Classe - Fonction: Cyberpolitain - Politicien
Evening Wear Empty
MessageSujet: Re: Evening Wear   Evening Wear EmptyDim 30 Sep - 23:52

Un ascenseur bloqué… c’était presque une péripétie amusante ! Mais Ash avait davantage envie d’événements politiques que d’anecdotes malencontreuses - il laissait ça à Zack.
Il sortit donc immédiatement son cellphone et appela.

« Allô ? répondit la voix de son assistante.
- Bonjour Emma. Comment allez-vous ? Figurez-vous que je suis dans l’ascenseur C et qu’il vient de se bloquer. Je suis coincé dans le noir avec deux autres personnes entre le 23e et le 24e étage… Est-ce que vous pourriez nous envoyer un technicien au plus vite ?
- Euh… Oui, oui évidemment. Mais je ne vous promets rien : en fait il y a une panne de courant dans tout le bâtiment, voire peut-être dans tout le quartier. Pour tout vous dire, c’est franchement la pagaille : on n’a plus d’ordinateurs fixes, plus de lumière, plus d’ascenseurs en effet…
- Ah quand même ! Et est-ce que quelqu’un s’occupe de… réguler les problèmes ? De donner des directives ?
- Pas vraiment, je crois…
- Je vois. Alors faites passer un message à tous les directeurs de service, qu’ils réunissent leurs équipes dans le calme. Qu’ils voient sur quoi ils peuvent travailler sans électricité, et s’il n’y a rien, qu’ils fassent une pause café en attendant de voir si ça revient.
- C’est noté. Et puis je vais voir comment vous faire libérer.
- Oui, merci Emma, à tout à l’heure. »

Une fois le téléphone raccroché, il se tourna vers ses deux compagnons d'infortune dont il distinguait les visages à la lumière bleutée de leurs trois cellphones.

« Panne de courant, résuma-t-il. Évidemment pour une fois qu’il se passe quelque chose… ! » déplora-t-il en désignant d’un geste leur situation d’impuissance.

Les autres sourirent, puis la conversation se dénoua autour de diverses questions relatives au fonctionnement de la mairie et de l’arrondissement, portée par le naturel avenant du jeune élu. Ash apprit que la jeune femme, Noémie, travaillait au service informatique, et l’homme, Félix, au département juridique. Les trois compères en étaient à plaisanter autour de vidéos de l’intranet, que le juriste montrait sur l’écran de son cellphone, lorsque celui de Ash sonna.

« Oui allô ? répondit-il à son assistante dont le nom s'était affiché sur l'écran.
- Monsieur je crois que vous devriez regarder les infos sur l’intranet si vous y avez accès. Rappelez-moi après. »

Et elle raccrocha.
Soudain intrigué, Ash déroula prestement sa tablette numérique et invita ses voisins à consulter comme lui les informations. En direct de CyberNews, et sur plusieurs autres sites qu’il ouvrait en naviguant d’un lien à un autre, les journalistes parlaient d’un attentat à Holsten Street, de la panne de courant, de blessés et de morts. Impossible. Ash faisait glisser les images sur l’écran tactile, agrandissait les textes, jonglait avec les fenêtres pour recouper les informations. Quel bordel. Finalement, il tomba sur cette vidéo de source inconnue qui tournait sur tous les réseaux… Les trois silhouettes dans l’ascenseur se penchèrent avec attention sur l’écran souple et lumineux :

D’abord on voyait une femme en fauteuil roulant, vue de derrière, avançant tranquillement sur le trottoir… Puis un jeune homme blond s’interposait. Soudain, sans raison apparente, la caméra était violemment projetée en arrière. Après une mise au point de la netteté, on voyait, de loin, le fauteuil s’enflammer, et une étrange fumée qui envahissait peu à peu la scène, engloutissant les corps des blessés alentours, et laissant bientôt disparaitre la silhouette du jeune homme blond. Ensuite, plus rien.

« Nom de dieu, c’est quoi ce délire ? jura Félix.
- Vous croyez vraiment que c’est un attentat ? demanda Noémie.
- Je ne sais pas ce que c’est, mais j’espère profondément qu’il s’agit d’un incident isolé. » conclut le maire.

Ash songeait déjà aux multiples explications qu’il allait falloir fournir à la presse, au personnel, au temps que la police mettrait pour coincer le ou les coupables. Il songeait aussi que la vérité serait probablement cachée au grand public et qu’il allait falloir mentir. Surtout, il brûlait d’aller fourrer son nez en haut-lieu pour connaître, lui, le fin mot de l’histoire.
Revenir en haut Aller en bas
Ash O'Graham

Ash O'Graham


Messages : 725
Date d'inscription : 08/08/2010


Age du Personnage : 26 ans
Alignement: Chaotique Neutre
Classe - Fonction: Cyberpolitain - Politicien
Evening Wear Empty
MessageSujet: Re: Evening Wear   Evening Wear EmptyLun 1 Oct - 16:22

Plus il revoyait cette vidéo, plus Ash se persuadait que cette femme en fauteuil roulant était celle qu’il avait vue le matin même, au moment de son étourdissement. C’était sur Holsten Street… Quant au point de vue de la caméra, il correspondait visiblement à celui de quelqu’un qui poussait le fauteuil : c’était la femme qu’il avait vue, qui était vraisemblablement un androïde dont la caméra oculaire avait capté toute la scène. Mais quel rôle jouait l’adolescent blond ?

L’ascenseur était plongé dans le noir et, assommés par la gravité des événements, ses trois occupants étaient silencieux. Ils avaient tous contacté leurs proches pour savoir s’ils allaient bien, puis avaient plongé dans diverses réflexions, notamment Ash qui, tout en continuant de consulter les infos qui annonçaient l’évidence (on évacuait les blessés, on sécurisait, on recherchait le suspect…) ressassait ses idées en boucle.

L’hypothèse de l’attentat prémédité, que la presse privilégiait, lui paraissait peu crédible. Est-ce qu’on fait un attentat revendicatif au milieu d’une rue en enflammant une handicapée devant un hôpital ? Non, on vise un lieu symbolique, un nœud de transport, et on fait tout exploser… Là, l’origine de la panne comme de la fumée restait obscure et semblait due au hasard. Par ailleurs, même si la vidéo ne montrait peut-être qu’un fragment insignifiant de ce qui s’était passé, la femme en fauteuil et l’adolescent malingre lui semblaient être des pièces centrales de l’action… alors qu’ils n’avaient rien de terroriste. À moins que ce ne fut un coup monté. Mais de qui ?

Impatient, Ash décrocha une nouvelle fois son téléphone. Il appuya le doigt sur le numéro du chef de la police et porta l’appareil à son oreille – quand soudain on cogna contre le bas des portes de l’ascenseur. Il raccrocha.

« Ohé ? Y’a quelqu’un ? entendit-il en provenance de l’étage du dessous.
- Oui ! Nous sommes trois ! répondit Néomie.
- Vous allez tous bien ? demanda encore la voix.
- Pas de souci, dit-elle.
- Très bien. Alors continuez de rester calmes, on va vous sortir de là. »

*
Dix minutes plus tard, les portes étaient ouvertes et Noémie, Félix puis Ash se laissèrent glisser au sol du 23e étage. Ash remercia les secours pour leur prompte intervention, puis adressa un rapide mais chaleureux au revoir à ses compagnons, s’excusa de devoir partir si brusquement, et s’engouffra dans la cage d’escalier pour grimper prestement les quelques étages qui lui restaient pour atteindre son bureau.
Emma et une actualité brûlante l’y attendaient.
Revenir en haut Aller en bas
Ash O'Graham

Ash O'Graham


Messages : 725
Date d'inscription : 08/08/2010


Age du Personnage : 26 ans
Alignement: Chaotique Neutre
Classe - Fonction: Cyberpolitain - Politicien
Evening Wear Empty
MessageSujet: Re: Evening Wear   Evening Wear EmptyMer 3 Oct - 19:49

Ash entra dans son service avec l’envie urgente d’en ressortir pour voir ce qu’il se passait dehors. Cependant il devait d’abord régler les affaires courantes de la mairie et marcha donc d’un pas résolu vers le bureau d’Emma pour expédier tout ça au plus vite. À son entrée, l’assistante leva immédiatement la tête vers lui. Emma était une brune à chignon, fin de trentaine, qui semblait se fondre dans son tailleur, sa chemise rouge et ses lunettes design comme dans une seconde peau.

« État des lieu ? demanda-t-il sans préambule en s’asseyant sur un meuble.
- Dans ces murs ? fit-elle. L’électricité n’est toujours pas revenue, la plupart des services du bâtiment ne sont pas opérationnels, et même les machines à café sont en panne. Si ça continue je crains que nous ne soyons obligés de renvoyer bientôt chacun chez soi…
- …en effet. Et hors des murs ?
- L’opinion publique est préoccupée, les journalistes sur le qui-vive.
- Y a-t-il des journalistes ici ?
- Deux ou trois caméras sur le parvis, pas plus. La plupart sont à la Chancellerie ou au Sénat.
- L’inverse m’aurait surpris. Des informations sur l’origine de l’incident ?
- Rien de plus que la rumeur des médias. La police et les autorités sont muettes. Mais… on vous en dira certainement plus à vous qu’à moi. »

Ash lui envoya un regard entendu.

« Bien. J’imagine que malgré cette pagaille les invités du rendez-vous de ce matin sont arrivés et que je dois les recevoir ? »

Emma consulta son agenda électronique.

« L’architecte s’est décommandée, elle a eu un proche blessé à Holsten Street, idem pour le responsable ATC… Mais tous les autres sont là, ils ont monté les 27 étages et tiennent à maintenir la réunion.
- Maintenir la réunion sans l’ATC ni l’architecte ?
- Ils prétendent que certaines questions peuvent quand même être discutées… »

Ash sauta sur ses pieds et enfonça ses fines mains dans ses poches.

« Où sont-ils ? »

*
Une minute plus tard, Ash débarquait dans la salle de réunion où étaient assemblées six ou sept personnes, tous des acteurs locaux ou représentants de sociétés concernés par le réaménagement d’un quartier du district.

« Bonjour mesdames, messieurs, » déclara-t-il en entrant.

Les conversations des participants se turent et ils se tournèrent vers lui, contents de le voir arriver, et certains commencèrent à s’approcher des sièges qui entouraient la grande table.

« Non, s’il vous plaît, ne vous asseyez pas, dit le Maire. Je sais que cette réunion est importante, capitale même, pour le mieux-vivre de la population et des entreprises installées dans le quartier des Taillefers. Cependant, étant donnés les événements qui ont frappé aujourd’hui le district, vous comprendrez qu’elle ne puisse pas avoir lieu.
- Mais enfin, protesta la déléguée de WallCorp, nous attendons cette réunion depuis plusieurs mois !
- Écoutez. Vous avez dû apprendre que notre architecte ainsi que le responsable ATC sont absents. Comment comptez-vous réfléchir à la transformation d’un quartier sans avoir accès au projet de l’architecte, ni aux conseils de l’Aménagement du Territoire de la Citadelle ?

Il y eut un silence. Ces gens étaient majoritairement des investisseurs qui n'en avaient visiblement rien à foutre que quarante personnes soient mortes à moins d'un kilomètre de là.

- Par ailleurs, continua Ash, je vous rappelle que leur absence est due au fait qu'ils sont au chevet de leurs proches, victimes des événements de Holsten Street… Comme beaucoup d’autres de nos concitoyens, d’ailleurs. Et c’est précisément pour cela que je vais à présent vous laisser. » dit-il gravement.

Puis il salua tout le monde et se dirigea vers la sortie.

« Cela dit, ajouta-t-il sur le pas de la porte, si vous souhaitez profiter de cette salle pour tenir une réunion informelle et vous disputer les marchés publics, rien ne vous en empêche ! »

Et il s’éclipsa sans autre cérémonie. Les participants à la réunion restèrent cois.

*
Une bonne chose de faite, pensa Ash en se dirigeant à présent vers son propre bureau. Emma, le voyant passer dans le couloir à travers la vitre de son office, se leva immédiatement et lui emboîta le pas, son cellphone à la main. Ils entrèrent dans le bureau de Ash, qui s’assit dans son fauteuil pendant qu’Emma fermait soigneusement la porte.

« Alors, vous avez réussi à avoir le Département d’Enquête ? demanda-t-il.
- Oui…
- Et ?
- Impossible de demander un rendez-vous avec Fylson, il est trop occupé par l’enquête. »

Ash réfléchit un instant.

« Je vais y aller en personne. Appelez la voiture, » dit-il en se relevant soudain pour rassembler ses affaires.

Emma, tout en pianotant sur son cellphone pour avertir le chauffeur, demanda très sincèrement :

« Au fait… Pourquoi est-ce que vous voulez vous mêler de tout ça ? Je veux dire… c’est pas votre job. »

Elle leva les yeux vers lui. Il enfilait son par-dessus.

« Parce que je fais de la politique, Emma. C’est-à-dire que je me mêle de ce qui ne me regarde pas… mais que tout le monde regarde. »

Et il sortit du bureau.
Revenir en haut Aller en bas
Ash O'Graham

Ash O'Graham


Messages : 725
Date d'inscription : 08/08/2010


Age du Personnage : 26 ans
Alignement: Chaotique Neutre
Classe - Fonction: Cyberpolitain - Politicien
Evening Wear Empty
MessageSujet: Re: Evening Wear   Evening Wear EmptyDim 7 Oct - 13:12

Il est parfois des réalités qui vous frustrent un homme. En cet instant ma seule envie était d’être téléporté jusqu’au Département d’Enquête pour interroger le chef de la Police… mais un certain nombre d’obstacles se dressaient sur ma route. Le premier d’entre eux ? Descendre 27 étages à pieds.

La descente fut un long tourbillon dégringolant. À la fin, je n’étais plus très sûr d’être capable d’aligner deux pas sur un sol plat. Mais je débarquai finalement au rez-de-chaussée, sortis sur le parvis, et avisai ma voiture garée le long du trottoir dans laquelle le chauffeur m’attendait. Évidemment, c’est là que m’attendait le deuxième problème : les journalistes qui se dressaient entre moi et la voiture.

Heureusement j’ai un goût prononcé pour le développement de mon image médiatique et une certaine aisance à élaborer des discours creux. Je m’approchai des caméras et, en quelques mots, j’exprimai ma tristesse pour les victimes et leurs proches qui vivaient une tragédie, je jurai d’éclaircir les circonstances de ce drame inédit, et condamnai fermement leurs auteurs, quels qu’ils soient. Après quoi je m’éloignai, ignorant sciemment les questions insipides que m’adressaient les journalistes, jeunes recrues incompétentes que les rédactions avaient bien voulu m’envoyer, rêvant du jour béni où je serais suffisamment important pour qu’on m’attribue des reporters fouille-merde, questionneurs d’envergure auprès desquels il faudrait déployer bien davantage qu’une rhétorique éculée.

Je claquai la porte de la berline, qui démarra immédiatement. Il allait falloir une vingtaine de minutes pour atteindre le Département d’Enquête... le délai parfait pour régler mon troisième problème. Remontant la vitre qui me séparait du chauffeur, je sortis mon cellphone pour appeler mon père.
Une sonnerie, deux sonneries…

« Oui fils ? répondit-il vivement. Je n’ai pas beaucoup de temps, nous sommes en plein vote à l’Assemblée.
- Pour Holsten Street ?
- Évidemment. Nous convenons des mesures d’urgence complémentaires. Qu’y a-t-il ?
- Je voulais simplement... savoir s’il y a des choses dont je pourrais être au courant. Pour l’instant on ne m’a rien dit de plus qu’à la presse. Je suis en route pour le Département d’Enquête mais je me disais que tu en saurais probablement plus…
- Écoute je ne peux pas te dire grand-chose comme ça au téléphone. À part que l’incident émane d’un thaumaturge et que ça me confirme dans l’idée que les mages sont des gens en qui on ne peut pas avoir confiance. Mais ton chef de Police te dira certainement tout ce que tu dois savoir.
- Tout ce que je dois savoir, oui… mais quid de ce je veux savoir ?
- Ah parce que tu veux savoir ?
- Je suis curieux. Si tu m’envoies une autorisation d’accès…
- Tu es peut-être justement trop curieux.
- S’il te plait, papa. Après tout c’est juste une affaire criminelle, non ? »

Il y eut un silence. Après quoi il finit par répondre :

« …Bon écoute, fils. Cette affaire est délicate et il ne faut pas de bavure. Mais je tiens à ce que tu forges ta connaissance de la réalité des choses, et j'ai confiance dans ta discrétion.
- Je m'en montrerai digne.
- Pas de blabla. Je t’envoie du niveau 6. Valable 48h. Ne t’en vante pas trop. Bonne journée, fils.
- Bonne journée, merci. »

Je raccrochai, satisfait. Troisième problème réglé. Par ailleurs, son discours avait encore accru mon intérêt pour l'affaire.
Une minute plus tard, l’écran de mon cellphone afficha un mail sécurisé de la part de mon père. Je l’ouvris par code : il contenait en pièce jointe une autorisation d’accès de niveau 6, dépassant largement les accréditations de niveau 3 auxquelles j’avais droit en tant que Maire… C’était parfait. Avec ça, la police me livrerait toutes les informations sans distinction, et je pourrais me former ma propre idée sur l’affaire.

Tout en descendant de la voiture qui était arrivée à bon port, mon esprit s’interrogea un instant sur mes motivations : après tout je voulais être politicien, pas enquêteur. Pourquoi cette envie absolue de tirer mes propres conclusions ? Puis je levai les yeux sur l’imposant bâtiment du Département d’Enquête et sur sa batterie de portes tournantes, au-dessus desquelles trônait le symbole de la justice intégré au blason de Range Harbor. Derrière ces murs se résolvaient les plus sordides affaires et s’étouffaient les plus brûlants dossiers. En fait, j’avais juste le goût du secret.


à suivre dans Espace d'enquête du 3e district - Bureau de l'inspecteur Fylson
Revenir en haut Aller en bas
Ash O'Graham

Ash O'Graham


Messages : 725
Date d'inscription : 08/08/2010


Age du Personnage : 26 ans
Alignement: Chaotique Neutre
Classe - Fonction: Cyberpolitain - Politicien
Evening Wear Empty
MessageSujet: Re: Evening Wear   Evening Wear EmptyJeu 8 Nov - 20:45

Le lendemain

Le courant était revenu, la vie avait repris son cours, et j’avais passé une matinée presque normale à mon bureau… Ennuyeux à mourir. La seule différence avec « l’avant Holsten Street », c’étaient les dossiers urgents, liés à l’incident, qu’il fallait traiter en priorité. Mais il n’y avait que les mots qui changeaient sur le papier, et toujours les mêmes signatures à apposer au bas de la page, mécaniquement.

Impressionnant, ne trouvez-vous pas, de voir comment ce monde minuté et encadré, la Citadelle, est capable de retrouver, en un clin d’œil, malgré un séisme sans précédent, son inertie et la force de ses habitudes ? Cela me rappelait les jours de neige extraordinaires où l’on n’allait pas à l’école, suivis des lendemains plombants où l’on ne pouvait que reprendre le chemin des classes dans la boue fondue, parlant déjà de la veille avec nostalgie. Fylson avait raison : les cyberpolitains sont si effrayés par la mort, par l’idée même d’un changement d’état du monde aseptisé dans lequel ils sont nés, qu’ils nient jusqu’à l’existence du désordre. La catastrophe a à peine le temps de naître, d’exploser, qu’elle est déjà épongée, régulée, classifiée. À Holsten Street il ne reste plus aucune trace de l’événement, comme si la rue était un fichier numérique ramené à un état antérieur grâce à une time machine.

C’était la pause déjeuner et la pensée de Fylson me donna envie d’aller voir comment avançait son enquête. Après tout, il me restait encore 24h d’accréditation niveau 6, et je lui avais promis de repasser !
Je souris en songeant à la tête qu’il tirerait en me voyant. Il avait raison de me détester : je n’étais qu’un petit con qui venait me mêler de ce qui ne me regardait pas, le tout par pure curiosité. Moi, je l’appréciais. Le regard qu’il posait sur le monde me semblait pertinent, et j’aimais ses airs de technologue bourru. Et puis je savais qu’il me cachait quelque chose… et je voulais m’en mêler.

à suivre dans >Espace d'Enquête (suite)<
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Evening Wear Empty
MessageSujet: Re: Evening Wear   Evening Wear Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

Evening Wear

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Blend Awake :: Technopolis - Secteur des Technopolitains :: Cyberpolis - La Citadelle :: Institute district-
Sauter vers: