Tribunal d'instance - 27 septembre 247 Le maillet du juge frappa 3 fois sur son socle, faisant résonner ce bruit sec dans toute la pièce. Il appelait à l’affaire suivante, l’affaire Oakwood. Onesime se tenait à côté de Klint Oakwood et Agathe Oakwood était quant à elle, entouré de deux policiers. Elle avait les mains menottées, jointe à l’avant, reposant sur ses cuisses cachées par une longue jupe blanche. Elle avait la peau halée, naturellement et qui faisait ressortir ses yeux bleus : un bleu intense qui captivait le regard. Plutôt jolie, mais un physique qui laissait entendre son caractère marqué : Le nez long, avec une légère bosse qui pourrait être disgracieuse mais qui avec son visage était harmonieux. Les sourcils plutôt épais, assez droits, incurvant légèrement vers le haut sur la fin et enfin ses lèvres étaient charnues, légèrement entrouvertes. Ses cheveux, longs, coulant, noirs étaient attachés et peignés négligemment, comme si elle venait de sortir du lit et qu’elle ne s’était pas donner la peine de s’arranger. Plusieurs mèches coulaient sur son dos et des épaules mais ça lui donnait des allures sauvages. Elle avait l’air aussi, quelque chose de femme de Minoris-Dystria. Cet air fier, un peu dur, ferme. Un charme qu’on ne retrouvait pas chez les autres femmes. Un charme particulier à ce continent-là. Et Onesime, qui n’était pas loin d’elle beugua sur celle-ci. Côte à côte, il n’y avait aucun doute possible : Ils venaient du même endroit. Enfin, plus ou moins. Onesime, lui, avait un teint bien moins foncé qu’elle. Lui venait plutôt du nord, près de Dystria et elle, du sud : Minoris-Dystria. Il resta un moment à la regarder. Il avait déjà vaguement vu quelques photos mais il n’avait pas vraiment tilté, en tout cas pas jusqu’à présent. Il avait lu aussi qu’elle venait de Minoris-Dystria mais là encore, le nom ne lui avait fait ni chaud ni froid.
Le juge parlait et Onesime n’avait pas entendu le début. De toute façon il savait très bien ce qu’il allait dire : lire les chefs d’accusations concernant leurs affaires, il secoua la tête, se reconcentra
- Vous êtes l’avocat de madame Oakwood, maitre Eliott. Procédez à…
- Je n’ai pas d’avocat.
Sa voix était claire, forte et sereine mais elle avait un fort accent lietanien. L’avocat, qui se trouvait à ses côtés fut pris de court et sursauta, ne s’attendant pas à ce qu’elle prenne la parole. Tous la regardèrent d’un air ahuri. Onesime prit la parole
- Oui votre honneur, c’est bien Maitre Eliott son avocat, Monsieur Oakwood lui a payé l’homme qui se tient à ses côtés et comme elle doit le savoir, elle n’a pas le droit de parler ici, mais son avocat le peut. à moins qu’elle ne souhaite en venir au tribunal correctionnel auquel cas, elle pourra se présenter sans avocat
Dit-il en riant, comme une bonne blague.
- C’est ce que je souhaite, oui. Il est hors de question que je prenne un avocat payé par mon mari.
- Silence madame
Dit le juge en frappant du maillet.
- Que proposez-vous Maitre Onesime ?
- J’aurais bien proposé l’hôpital psychiatrique, mais mon client ne lui souhaite pas. Pareil pour la prison…
Il soupira d’agacement. Trop de bonté, tue la bonté.
- Il demande juste un retrait de la garde des enfants ainsi que l’interdiction pour elle de les voir en dehors de structures adaptés, réglementés et bien entendu surveillés votre honneur.
- Je refuse ! Je veux un procès ! Un vrai !
- Silence Madame Oakwood ! (frappe à nouveau le maillet). Ceci nous mène donc au tribunal correctionnel. Affaire suivante !
Le soir même - Maison secondaire des Montberry, chez Honoré de Montberry, 8 pm-Cette affaire me tourne au ridicule, vous vous en rendez-compte j’espère !
Onesime était remonté, en colère, très en colère. Il faisait les cents pas devant Klint, Honoré et Azel.
- Cette garce m’affronte, moi, Onesime T.J Nelson ! Elle est juste folle !!
Azel ne disait rien, regardait la bibliothèque d’un air distrait en lisant les titres inscrit sur les tranches des livres si bien rangés, Honoré regardait Onesime faire ses aller-retour et Klint, lui, avait une expression tout à fait neutre.
- Mais Onesime, pourquoi cet énervement ? On sait tous comment ça va finir…
- Rah, tais-toi Honoré. C’est humilient. Et ça fait très mauvaise pub. J’aurais l’air de quoi hein ? L’avocat sans cœur qui ratatine une pauvre garce sans défense, sans avocat, qui a une saloperie d’accent, donc qui ne maitrise pas beaucoup la langue dans laquelle elle est jugée. Putain ! Mais elle me fait chier cette garce !
Klint ne disait rien, toujours son expression neutre. Onesime s’arrêta, soupira. Oui, ça l’agaçait, vraiment. Après un moment de silence, Mr Oakwook inspira profondément en se redressant un peu
- Maitre Nelson, vous n’avez rien à vous reprocher. Je lui ai proposé de régler ça à l’amiable, puis je lui ai proposé de l’argent et enfin… l’avocat. J’ai tout essayé.
Onesime le regarda, puis, il reprit ses allers retours. Oui, il le savait et il savait déjà qu’il utiliserait ça aussi… La grande question qu’il se posait pourtant c’était de savoir qu’est-ce qu’elle avait comme argument pour oser se présenter sans l’aide d’un avocat … Face à lui ! Il y avait surement quelque chose, il ne savait pas trop quoi mais il pensait vraiment qu’elle préparait quelque chose et il n’aimait pas ça.
- Qu’est-ce que vous ne me dites pas Mr Oakwood ? Mh ?! Que nous avez-vous caché ? Une autre femme ? Drogues ? Jeux ? Vices sexuels ? Homosexualité ? Pédophilie ? Viol ?
Klint fit non de la tête, énergiquement
- Non, je vous assure, rien de tout ça… J’aime… Boire, c’est tout. J’aime beaucoup boire, je l’avoue, j’ai quelques défauts, personne n’est parfait… Même un Oakwood. Mais nous mettons un point d’honneur à rester transparent.
Onesime pouffa, se remit à marcher, les mains derrière le dos.
- Oui, nous aussi on est transparent…
Azel ne regardait toujours pas la scène mais ne lisait plus aucun titre. Il eut envie de rire mais força son expression à rester figé. Honoré, lui, semblait mal à l’aise et Klint regardait Onesime qui s’était installé à la fenêtre pour regarder la rue.