HRP:
Poste relecture des événements d'Hoslten street, se situant peu avant l'attentat d'Alec.

Pour mémoire: Swirl est un jeune réseau social à la popularité grandissante, co-fondé par Marc Leroy (actionnaire principal) et Seth Liekaterinev. Resocia est le réseau social dominant de la Citadelle, concurrent direct de Swirl.

Siège de SWIRL, Institute district, 11h

Les doigts de Seth courraient à toute vitesse sur le clavier holographique, alignant le code aussi facilement que s’il s’était agit d’une partie de Tétris.
Ne se prêtant qu’à moitié à la petite gymnastique intellectuelle du binaire -noyée dans la mauvaise musique punk que diffusait son baladeur-, il méditait le programme de sa soirée, songeant à Calypso d’une part et d’autre part à cette histoire du satellite pré-jonctionel qui venait de resurgir d’une faille temporelle et orbitait non loin de la station spatiale de l’Apartadiza. On lui avait assuré qu’il pourrait jeter un œil à ce qui en serait extrait…Mais pour le moment les Autorités étaient trop occupées par la stabilisation de la station : Antérieurement une équipe entière de cosmonaute Thuléen avait été happée dans le continuum espace temps aberrant qui entourait la planète par le biais de l’une de ces failles. Disparus corps et biens. Fascinant.

Alors qu’il entamait la nouvelle série de prog pour la v2 - que Marc avait désignée comme « absolument capitale » et « à faire au plus vite » - l’écran et le clavier s’éteignirent dans un chuintement. Il cilla, ferma les yeux, se passa la main derrière la nuque en marmonnant : « putain de merde, d’où tu me lâches maintenant !? », puis relança l’alternateur. Ce genre de défaillance était passablement anormale sur une machine de ce level…à croire que c’était sa journée…S’il fallait tout retaper, ça n’allait pas le faire.

Néant.

Plus rien ne se lançait. S’il était tombé en rade, c’était vraiment la merde. Il soupira lentement, tel un padawan en quête de zenitude, et remonta sur son front ses lunettes à réalité augmentée, retirant de l’autre main ses écouteurs.
Autour de lui c’était tout simplement le dawa. Il prit quelque seconde pour revenir au monde réel, observant passivement les techniciens et les programmateurs qui s’agitaient de l’autre côté des vitres transparentes qui isolaient son bureau. Les locaux, habituellement studieusement geek de Swirl, ressemblaient à un champ de bataille post apocalyptique grouillant de survivants paumés à lunettes et en survêt cheap. Seth haussa lentement un sourcil, grogna, et lança d’un pied son fauteuil à roulette jusqu’à l’entrée du box dont il poussa la porte. L’ambiance sonore était à l’image de la visuelle : anarchique et invraisemblable. Seth apostropha un programmateur portant un carton remplis de câbles « consortium » pour branchements de secours :

« Oh ! Il se passe quoi là ?
- T’as pas capté chef? Y’a plus de courant, plus de réseau…même les téléphones passent pas, t'y crois à ça!? »

Laissant le gars à ses bricolages, il retourna dans son bureau, attrapa son cellphone et tenta de passer un appel test à Calypso. Rien. Pas de tonalité, pas de message. Il bricola un instant dans le Shell, tenta d’accéder au réseau satellite de la Citadelle…Là aussi, échec. Ce n'était pas seulement l’hypergénérateur électrique du quartier, tout était HS.

« … c’est quoi ce délire ? »

S’attaquant aux clefs de l’intranet du gouvernement il risqua un passage par les données du Securitas de la Citadelle, chaque tentative le renvoyant dans une boucle qui détruisait ses étapes précédentes. Insaisissable. Quelque chose lui coupait l’herbe sous les pieds.
« Putain…T’es qui ? où tu te caches ? »

« SETH ! »

Marc déboula dans son bureau : ses boucles noirs et grasses en vrac, son gros visage poilu teinté de rouge, de larges auréoles sous les bras. Il semblait sur le point d’exploser.

« Faut que tu nous connectes ! Maintenant !
-Pas possible. J’ai essayé…je me fais shutdown comme une merde.
- Quoi ? Tu me racontes quoi là ? Je veux juste le net, mec ! Je veux accéder à notre putain de maintenance ! Si tu me résolves pas ça tout de suite on va se faire bouffer par Resocia !
- Et ben, je peux pas. Mais t’inquiète si moi j’peux pas me connecter, personne peut, ça vaut pour Resocia. »

Marc l’observa un instant, désarçonné par son calme improbable, et afficha un air franchement dubitatif mâtiné de désespoir, puis il leva les bras au ciel en lâchant une série de plainte à l’adresse d’une quelconque divinité capitaliste chargée de lui rendre sa bonne fortune en laissant SWIRL survivre à la catastrophe du offline momentané.

Seth fixait son ami sans le voir, la bouche légèrement entrouverte, perdu dans ses réflexions : Une cyberattaque ? C'était bien planqué en tout cas...
Il se leva, Abandonna Marc à ses prières et quitta son bureau, se frayant un chemin dans la foule des employés, puis se dirigea vers les immenses baies vitrées qui donnaient sur la rue, 50 étages plus bas. Une inquiétude sourde l’envahissait, vestige de son adolescence à Consortium.
Le pressentiment des affaires qui tournent mal.