Après son départ, Cendre rencontra comme l'avait prédit ce cher Onesime bien des problèmes à cause de son identité Octante. La plupart des lieux de haut standing ne voulurent pas d'elle et elle dû se rabattre sur des auberges plus miteuses, où elle se sentait évidement moyen en sécurité. En même temps, il est évident que ce n'était pas un simple voyage "hors du château" qui avait pu la préparer au monde extérieur et bien que consciente de ce fait, elle ne pouvait se résoudre à se plaindre et donc s'accommoda comme possible de la situation.
Si les cafards sont une nuisance secondaire, les hommes en sont une plus préoccupante et certainement moins facile à évincer. Outre cela, l'argent était le second problème car en ce bas monde, il n'est rien que l'ont puisse avoir de bonté pure, à moins de tomber sur un saint. Y a-t-il des saints à Range Harbor? Cendre n'en eut pas la réponse, mais quand elle coupla ses petites aides en tant que palefrenière avec de la divination sur demande, nul doute que ce petit jeu en irrita plus d'un si tant est qu'ils existent.
Jouer la voyante. Ressortir les cartes de tarot, jouer la divination, le genre de choses qui font qu'on est ni aimé, ni apprécié voir craint -et ça elle en avait l'expérience douloureuse- mais qui permettent un statut et une rentrée d'argent. Car ils diront ce qu'ils voudrons, les gens aiment quand même à consulter pour avoir la vague impression de maîtriser leur destin. Ce qui faisait bien rire la belle, d'ailleurs. Cendre partait du principe très simple que les cartes de tarots ne mentaient jamais, même si elle refusait elle-même d'y croire pour sa propre santé mentale. Après tout, rien de pire que de s'entendre dire qu'il va nous arriver une tuile, pour voir des menaces partout et elle avait déjà eu Onesime pour jouer ce charmant rôle à son égard.
Elle ne renonça pas.
En dehors de ça, ses expériences cuisantes des bas quartiers l'en maintenait relativement éloignée et plutôt que se frotter à l'habitant, elle alla en bibliothèque. Parce que connaître la théorie avant la pratique, c'est forcément la base. La base! Petit à petit, son périple lent et sans but précis la mena aux frontières de Stern Road, vers Consortium. Sans doute y avait-il par là d'autres piste intéressantes?

Elle fut particulièrement intriguée à Consortium par les écrans qui diffusaient des informations non-stop et pouvait rester des heures devant les écrans à observer ce qui était si loin mais devenu si proche par une simple image. Voir tous ces gens qui avaient peut-être un lien avec elle, défiler, se prendre à rêver à ce que pourrait donner une rencontre avec l'un d'eux... jusqu'au jour où, au détour d'une de ces informations qui tourne en boucle, la fameuse sur les événements de la citadelle, elle perçu dans la foule filmée un homme qui lui parut familier. Il fallut pas plus de quelques plans séquence sur ce qui semblait être un grabuge pour que son franc tombe. C'était lui, qui lui avait donné cette boussole qu'elle gardait toujours à portée de main pour ne pas faiblir dans sa recherche. Elle sourit.
Et se mit en tête de le retrouver, l'impossibilité de retourner sur les lieux "du crime" la fit rôder entre les quartiers de consortium et les ceux des range-docks...
Quoi qu'il en soit, il fallait pour commencer -c'était toujours le même bazar- un endroit où loger. Comme une litanie, les excuses se suivaient et se ressemblaient et l'écartait des endroits les plus plaisants. Arrivée dans une rue étroite, elle chercha où mettre son encombrant mais néanmoins adorable poney, avec lequel elle ne pouvait entrer dans les établissements. Le Djinn prenait quand même de la place, et très vite, arriva derrière elle un convoi. Ne pouvant contourner le poney, il y eut un premier coup de semonce, qui énerva l'animal de nature peureuse et le fit ruer. La ruade alla droit dans le véhicule et paff, c'était bon... le chauffeur descendit et se mit à engueuler Cendre, un peu interdite, qui essayait déjà de maintenir en place la grosse bête qui se tortillait dans tous les sens pour s'échapper. 
Derrière les cris et les hennissements il y avait aussi, le murmure mécontent de la foule soudain bloquée, un embouteillage se formait.

Lowell était assis à cette même place de bar. Depuis qu’il avait emménagé dans son petit appart, il avait déjà pris ses repères dans les endroits qui lui furent bien assez vite familier. Le regard perdu dans le vide, il buvait son habituel whisky du soir en se massant la rotule de son genou douloureux.
Décidément, attendre, c’était ce qu’il faisait de mieux faut croire. En l’occurrence, il attendait des nouvelles de Vassili Liekaterinev ou qu’on lui tombe dessus, d’une manière ou d’une autre. Il se rappela l’escapade avec Liekaterinev fils. La voiture, le mc do, la voiture, la machine humaine, la voiture, la planque d’un autre gars, le métro, maison.
Il se demandait si la police ou autre force de l’ordre viendrait frapper à sa porte. Peut-être oui, peut-être pas. Il ne savait pas jusqu’à quel point leur technologie des caméras qui vous mette sur un écran était étendu, allant même jusqu’à craindre qu’elle soit omniprésente. Dieux n’existait peut être pas, mais les cyber pourrait bien vouloir le replacer ! Il eut un frisson, se servit un autre verre.
Pour l’instant, c’était l’attente, un peu de repos, plus la peine de se soucier de CKZ pour l’instant (du moins, il essayait de ne pas trop se torturer avec. Tout vient à temps qui sait attendre).
- Il y a du grabuge dehors
Dit un gars qui regardait par la fenêtre du bar. Le patron, Ned, fit le tour du comptoir pour aller jusqu’à la fenêtre s’y pencha pour mieux voir.
- Une baston ?
- Non pas encore apparemment
- Un carambolage alors ?
- Presque …
Il y eut un silence que l’observation de la scène imposait.
- Il y a une octantine on dirait…
Dit-on encore. Ce qui fit tourner la tête de Lowell qui, jusqu’à présent, n’en avait strictement rien à faire… Il savait que parfois Aaraon était pris pour une femme, surtout de loin et bizarrement, il associa automatiquement celui-ci au grabuge causé sur la voix public. Il déposa la monnaie pour ses whiskies, se levant avec peine, trainant sa carcasse. Jusqu’à la porte en visant son chapeau sur sa tête.
- Vous allez quand même aller là-bas m’sieur Marvin !
- Il s’peut que ça me concerne
Dit-il en soupirant, passant le pas de la porte. Le patron et l’autre gars sur ses talons, ils restèrent néanmoins sur le pas de la porte à regarder.
Lowell se hissa donc au milieu de la foule, se frayant un chemin en faisant un peu du coude pour avancer …
Il était presque arrivé dans l’épicentre du remue-ménage quand il aperçut le cheval ... Il s'arrêta net, fronça les sourcils. L'animal lui disait vaguement quelque chose mais il ne lui semblait pas qu'Aaraon ait eu un jour une bestiole du genre ... Et puis de toute façon, il n’avait pas encore entendu le son de sa voix. Prit d’un doute, poussé par la curiosité, il avança encore et la vit... Elle, une certaine octantine qu’il avait aidé il y a quelques temps.
Il soupira, un air blasé, regarda autour de lui cherchant un chemin libre pour s'enfuir en douce sans être vu d'elle. Non pas qu'il la détestait, non, il se disait juste qu'il avait autre chose à faire que de s'occuper de pauvre jeunes demoiselles perdues. Il tourna donc les talons, commença à se frayer un chemin dans l’autre sens à travers la foule curieuse ... Mais tout comme on avait rouspété de son allé, on rouspéta encore de son retour. Agacé par ce manque de bonne volonté et d'espace vital
qui lui était si nécessaire il roula des yeux, se retourna à nouveau, avança d'un pas ferme vers le gars…