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| | | La route est droite, fils. |  |
| | Auteur | Message |
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Ash O'Graham
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| | Sujet: La route est droite, fils. Mer 28 Aoû - 16:53 | |
| L’air du matin était revigorant. Le sénateur Trevor O’Graham, partisan d’un pays qui se lève tôt, en appréciait chaque jour la fraîcheur. Ce jour-là il descendit de sa berline, posant le pied dans la cour privée de l’immeuble de son fils, en songeant combien il était satisfaisant que Ash, son fils ainé et à vrai dire le seul qui en vaille la peine, ait trouvé un logement dans une si jolie résidence. L’endroit était bien entretenu, avec des pelouses espacées et de beaux arbres qui ombrageaient des bouquets d’hortensias. On y respirait la bourgeoisie paisible. Le sénateur indiqua à son chauffeur de l’attendre au parking, puis traversa la cour pour entrer dans l’immeuble. L’ascenseur s’arrêta au 7ème étage et Trevor s’engagea dans le couloir. A l’angle, il fut surpris de croiser un jeune homme, aux boucles blondes, dont le visage lui était vaguement familier. Un instant plus tard, il entrait dans l’appartement de son fils après avoir brièvement frappé. L’appartement de Ash était un vaste loft, organisé autour d’une pièce à vivre centrale. Elle comprenait un coin salon, constitué de plusieurs canapés de cuir, un espace pour les repas autour longue table au plateau de verre, et une cuisine à l’ystovarienne qui ouvrait sur l’espace de la pièce via un bar. Ash, debout près de la table en verre, était en train d’y disposer plusieurs dossiers lorsque son père entra. « Ah, papa ! fit-il en levant la tête alors que Trevor refermait la porte derrière lui. Tu es toujours en avance. J’ai terminé d’assembler toutes les pièces du dossier Eventis, si tu veux jeter un coup d’œil, j’ai trouvé plutôt intéressant le mémo de la Cour des Comptes sur – - Qui est-ce, ce jeune homme que j’ai croisé en arrivant ? - De quoi ? s’interrompit Ash, dérouté. - Un garçon blond… un peu efféminé. Il sortait visiblement de chez toi. » Ash masqua rapidement son embarras et se reprit avec naturel. « Ah, Daniel. C’est un ami. …« gay » en effet. - Et il sort de chez toi à 7h30 le matin quand ta fiancée est à l’étranger ? » Ash soupira, avec aux lèvres un sourire rassurant. « J’ai organisé un diner hier soir, avec quelques amis de l’université. Daniel avait trop bu pour conduire, il a dormi dans la chambre d’amis. C'est tout. » Il mentait désormais avec une telle facilité que lui-même croyait à son histoire. Son père le fixa un instant, l’air grave, mais Ash ne lui renvoya qu’un sourire encourageant : « Allez papa, on peut travailler maintenant ? J’ai recoupé ce mémo de la Cour des Comptes avec les rapports de – - Je te crois. - A propos de quoi ? - De ce jeune homme. » Ash leva les yeux au ciel, exaspéré. Endurer l’intolérance de son père au parlement, écouter des discours rétrogrades, c’était une chose. Mais se voir mis en accusation comme un criminel dans sa propre maison, c’était nettement moins supportable, et il commençait à avoir du mal à maintenir son sourire avenant. Trevor continua : « Je te crois, mais : tu sais ce que je pense de ce genre de pratiques. - Oui, ça va, je le sais ! ironisa Ash, réprimant ses nerfs. Et je sais aussi que la majorité de nos concitoyens pensent différemment de toi. Maintenant est-ce qu’on pourrait trav… - Fils, ce n’est pas parce que la majorité pense quelque chose – - …Que la majorité n’a pas tort, je sais !! Eh ben tu sais quoi ? Elle t’emmerde la majorité, ok ? Elle t’emmerde, profond ! » asséna Ash en lui montrant deux doigts évocateurs. Trevor déglutit, surpris de cette soudaine agressivité, mais n'adressa à son fils qu'un regard méprisant. Cet air qu'il avait... Ash eut tout à coup l'impression qu'il voyait son père pour la première fois. Il voyait sa suffisance, sa stupidité, la lourdeur répugnante de ses tournures d’esprit. Il sentit remonter en lui toute la colère, la frustration accumulées depuis des années, la douleur des mensonges, la honte, toutes les fois où il avait écouté des conneries et toutes les fois où il avait fermé sa putain de gueule. « Tu veux savoir ? continua-t-il. Tu veux vraiment savoir ?! Ouais, je couche avec Daniel. Ça te troue le cul ? Eh ben, à lui aussi ! C’est marrant hein ? - Ash ! - Ta gueule ! Je couche avec des femmes, je couche avec des hommes. Et j’en ai rien à foutre, mais alors rien à foutre de ton putain d’avis ! Qu’est-ce que tu veux que ça me foute, qu’un vieux coincé du cul vienne me faire la morale sur la manière dont je dois jouir ?! Toi tu préfères te branler sur la vierge Marie et je dis rien : chacun son truc, hein ?! » Trevor gifla sèchement son fils : « Tu me répugnes. » Ash hésita une demi-seconde, puis se jeta sur son père avec fureur, l’empoigna par le col et le frappa violemment au visage. Trevor tomba par terre, encaissa un coup de pied dans les côtes et leva un regard horrifié vers son fils qui reculait de quelques pas, contenant sa colère : « Maintenant tu dégages. » lâcha Ash. Trevor se releva posément, mesurant la lenteur de ses gestes, insupportablement digne avec sa petite moustache. Ash l’empoigna de rage et le balança contre la porte. « Tu – dégages !! » Trevor s’écrasa contre le mur. Après un temps, il souffla : « Le dossier… » Ash se retourna brusquement vers la table, avisant le dossier qu’il avait si soigneusement préparé. Il s’en empara, referma la pochette en carton et la jeta sur Trevor comme sur une cible à lyncher. Trevor encaissa le choc, puis ramassa la pochette tombée au sol. Il sortit. * En bas, dans la cour, le Sénateur O’Graham regagnait sa berline, insensible désormais au charme des hortensias bleus et roses. Le seul sentiment qui l’habitait était la déception. Peut-être s’était-il trompé de fils. Le chauffeur fut surpris de le voir revenir si vite, mais il ne dit pas un mot et démarra. * Ash restait seul, fulminant. « Putain ! » jura-t-il en donnant un coup de poing dans le mur. Il se laissa tomber sur une chaise, vidé, le regard dans le vague. Sur la table, son portable vibra. - Citation :
- « Nouveau sms de : Papa.
Sois assuré de ma discrétion. Ta réputation n’en souffrira pas. Cependant, nous ne nous verrons à présent qu’en cas d’extrême nécessité. Pour toutes les affaires courantes, passe par ma secrétaire. » Ash balança le téléphone à l’autre bout de la pièce. Putain ! Il avait tenu pendant dix ans, dix ans à se taire, à mentir avec soin, et maintenant… Il se leva soudainement et sortit sur le balcon, ressassant sa colère. Il sortit sa cigarette électronique, tira nerveusement une bouffée de nicotine, puis expira profondément en s'accoudant à la balustrade. Il n’en avait plus rien à foutre. Trevor pouvait aller se faire mettre avec ses commissions parlementaires de merde. Oui, voilà : il fallait accepter l’offre de Christiane Rousseau, devenir haut-fonctionnaire au ministère des affaires étrangères. Et ne plus jamais croiser l’ombre du paternel. Il inspira encore une bouffée, puis rangea la cigarette et regarda la ville qui s’éveillait. Son regard sombre se détendit un peu. Finalement il se sentait bien. Au moins, c’était fait.
[HRP : je m'excuse auprès de moi-même pour n'avoir pas su trouver un titre moins stupide !] |
| | | | Zack O'Graham
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| | Sujet: Re: La route est droite, fils. Jeu 29 Aoû - 23:08 | |
| C’était vendredi soir, et Trevor O’Graham quittait son bureau de verre l’air soucieux, massant le léger hématome que lui avait laissé le coup de poing de Ash et qu’il avait tenté de camoufler au mieux sous un peu de poudre. Ce n’étaient pas les débats de la chambre qui le préoccupaient, bien qu’ils eurent été particulièrement houleux ce jour-là et que son parti fut dans une position défavorable ; il songeait plutôt à la manière dont il allait devoir annoncer à ses enfants, les jumeaux, avec qui il dinait un vendredi soir par mois, que leur frère ainé était désormais infréquentable. * Le restaurant était cossu. La lumière tamisée créait pour chaque table un espace intime. Il avait été conçu tout en longueur pour imiter les grandes salles de réception alchimistes, avec un plafond soutenu par des colonnades et un mobilier à l’allure ancienne. Mais le chic cyberpolitain ne pouvait s’empêcher d’y apporter son inévitable sobriété : courbes adoucies, simplifiées, teintes discrètes. Même les grands rideaux pourpres ne pouvaient s’empêcher d’être retenus par un élégant ruban anthracite en lieu et place d’un épais tressage d’or. Trevor, Zack et Calypso O’Graham étaient installés à une table carrée, dans un angle. C’était chaque fois la même table, réservée avec application, d’un mois sur l’autre, par le maître d’hôtel. Zack se calait en général dos au mur, pour pouvoir observer la salle quand il s’ennuyait. Depuis qu’ils avaient repris contact avec Trevor, il y avait un peu moins d’un an, Calypso et lui sacrifiaient à ce rituel. L’exercice s’avérait chaque fois fastidieux : la conversation était généralement superficielle – Calypso et Zack parlaient peu, ne racontant que succinctement l’état de leur parcours scolaire et leurs après-midis au parc – et devenait parfois même désagréable lorsque Trevor en venait à émettre des jugements de valeur à propos de leurs vies, de leurs fréquentations, ou à discourir sur des sujets politiques à propos desquels ils n’étaient évidemment pas d’accord. Dans ces moments-là, Calypso lui offrait un sourire franchement hypocrite tandis que Zack le fixait avec un air navré. Mais le sénateur ne s’apercevait de rien, trop occupé à poursuivre ses considérations ineptes tout en découpant son filet de dorade aux noisettes. Au moins le restaurant était-il de standing. On y mangeait des plats délicieux. Zack choisissait toujours à la carte, avec une préférence pour les morceaux de viande très chers. Au moment d’encaisser l’addition, Trevor avait toujours cet air de résignation contrite qui le faisait marrer intérieurement. « Mes enfants, annonça Trevor alors qu’ils en étaient au dessert, je dois me résoudre à vous dire quelque chose avant que nous ne nous séparions. C’est difficile à dire pour moi, et ce sera difficile à entendre pour vous, mais… Vous ne devez plus revoir votre frère. - Ash ? interrogea Calypso. - Il n’est pas fréquentable. - Bof, pas moins que toi, ironisa Zack. - Suffit. Je suis très sérieux. Votre frère… J’ai découvert que votre frère avait des mœurs coupables. Ne m’obligez pas à entrer dans les détails. » Zack et Calypso échangèrent un regard, tâchant de réprimer leur envie de rire. « Mœurs coupables », sérieusement ! Il faut dire qu’ils étaient au courant. Ils avaient renoué avec Ash un peu avant de reparler à leur père – c’était d’ailleurs via Ash que cela s’était fait – et leurs relations s’étaient peu à peu améliorées jusqu’à autoriser des moments détendus. Une fois, après une soirée d’ailleurs assez étonnamment sympathique malgré la présence de Seth, et un peu arrosée je dois l’avouer, Ash nous avait avoué qu’il était bissexuel. J’avais trouvé ça cool. Enfin, cool au sens où j’avais toujours cru qu’il adhérait aux conneries idéologiques notre père, du genre droite conservatrice, et ça faisait du bien de découvrir que je me trompais. Ce soir-là je me suis même dit : mon frère n’est peut-être pas l’enfoiré que je croyais. Bon, ça reste un splendide connard par moments, un sale hypocrite la plupart du temps, mais… ce soir-là il avait un peu tombé le masque. Et ouais, c’était ça, qui avait été cool. L’impression de découvrir mon frère comme ça, d’adulte à adulte, en apprenant des choses importantes sur lui…« Vous étiez au courant, constata Trevor avec dépit. Je m’y attendais sans oser me l’avouer. Ne dites rien. Il vous a confié son secret, vous l’avez tenu, c’est tout à votre honneur. J’espérais simplement n’avoir pas été l’objet d’un mensonge de la part de chacun de mes trois enfants. Il faut croire qu’un homme ne peut plus avoir confiance qu’en lui-même, et qu’aujourd’hui le mot famille ne signifie plus rien. » Il les regarda tour à tour. « Aucun de vous deux n’a une révélation similaire à me faire, tant que nous y sommes ? » Un silence éloquent lui répondit. La fin du repas se déroula dans le mutisme le plus absolu, ils quittèrent le restaurant, montèrent dans la berline diplomatique, et Trevor les déposa devant chez eux. * « Vous n’avez donc vraiment rien à en dire ? demanda le père, en une dernière tentative, par la fenêtre de la voiture. - Y’a rien à dire, fit Calypso. Toi tu désapprouves, nous on s’en fout. Dans tous les cas c’est sa vie. Zack haussa les épaules. - Si ça peut te rassurer, ce qu’il fait de son cul n’affecte pas ce qu’il fait de sa tête. » Il y eut un blanc. « J’veux dire… C’est toujours lui. » Trevor sembla réfléchir un instant, puis fixa ses deux enfants et répondit : « Non. Il n’est plus celui que je croyais. » Et il démarra la voiture. Zack et Calypso restèrent seuls, observant la berline s’éloigner dans la nuit sous l’éclairage épisodique des lampadaires. Zack avait comme l’étrange sensation de revivre la mort de leur mère. C’était nettement moins douloureux, sauf peut-être pour Ash lui-même, mais il y avait cette même impression de perte, de cassure. Depuis quelques mois il avait eu la vague impression qu’ils s’étaient à nouveau liés, tous les quatre, le père et la fratrie, qu’ils s’étaient remis à exister les uns pour les autres et que leur famille était plus ou moins recollée même si c’était à grand coups de faux sourires et soirées forcées. Mais non. Calypso soupira : « Putain, il est dur. - Il est con, surtout. - Oui, bon. Mais ça on le savait. » |
| | | | Calypso O'Graham
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| | Sujet: Re: La route est droite, fils. Ven 30 Aoû - 13:13 | |
| Zack entra dans l’appartement, allumant la lumière d’un clic, et Calypso laissa tomber son sac à main derrière la porte. Elle n’était pas rentrée à l’appartement depuis plus d’une semaine, passant la plupart de son temps chez Seth – ils songeaient d’ailleurs à emménager ensemble bientôt – et cela se voyait. La cuisine était dans un état qui laissait franchement à désirer, des tas d’objets hétéroclites traînant ça et là au lieu d’être rangés ou jetés : bols de céréales avec un fond de lait stagnant, emballages, vaisselle sale, saucisson entamé… Sans compter les vêtements et chaussettes abandonnées dans tous les coins. Elle songea qu’on ne pouvait décidément pas laisser Zack seul trop longtemps, mais ce n’était pas le moment de lui faire la morale. Il semblait songeur. Calypso s’assit à côté de lui sur le canapé. Elle le connaissait par cœur. Elle savait que malgré son apparente apathie et ses répliques impertinentes, il était en réalité extrêmement sensible aux événements. « Au final on s’en fout, lâcha-t-il après un temps. C’est pas comme s’il allait nous manquer… En fait, je regrette juste de pas avoir eu le temps de goûter le pavé de bœuf au foie gras grillé. Ça avait vraiment l’air cool. Mais bon, j’voulais d’abord tester le rôti de veau aux mille-feuilles de légumes, et bon… ça valait vraiment le coup. - Hum, hum, commenta Calypso. Je crois que tu te disperses. - Tu croies ? Pourtant le menu de ce restaurant est un sujet de conversation passionnant. Mais enfin, mon désarroi face à la… disons la déréliction renouvelée de notre famille nucléaire, est certainement un sujet plus préoccupant, en effet. Calypso sourit, amusée comme toujours des formules compliquées et pseudo-scientifiques de Zack. - Tu sais, dit-elle, c’est pas parce qu’il ‘renie’ Ash, que nous, on peut plus le voir. - Je sais, je sais. J’ai bien vu qu’il a fait signe au maître d’hôtel de réserver pour le mois prochain. Mais j’ai pas envie. Tu te vois, toi, fréquenter un type qui renie son fils pour cause d’homophobie latente ? C’est mort. Il peut aller bouffer son pavé de bœuf tout seul. » Calypso hocha la tête. Zack avait toujours été plus intransigeant qu’elle. Elle l’admirait pour cela. Elle savait aussi que ça l’empêchait souvent de pardonner, et que ça le coupait des autres. « On devrait peut-être appeler Ash, demain, suggéra-t-elle. - Ah ? Je sais pas… » Il haussa les épaules, puis il s’allongea sur le long canapé en mettant les jambes par-dessus un accoudoir, et bientôt Calypso l’imita en symétrie, leurs têtes se retrouvant côte à côte sur le coussin du milieu. Ils restèrent ainsi un moment, en silence.  Calypso avait définitivement envie d’appeler Ash, de voir si tout allait bien. Elle ressentait pour lui un sentiment de sollicitude, c’était étrange. Quelques mois auparavant, il lui aurait été impossible d’éprouver quelque chose de ce genre. Pour Zack comme pour elle, après leur départ de la maison, et même avant cela quand ils étaient plus jeunes, Ash avait toujours été l’allié de Trevor. C’était son petit protégé, l’enfant prodige et chéri remplissant avec assiduité les devoirs filiaux, se conformant aux attentes, jouant à fond le jeu social des dîners, des apparences, et méprisant sans ménagement ses cadets qui, eux, résistaient par l’indifférence ou la rébellion à la volonté paternelle. Mais depuis qu’ils se fréquentaient en l’absence de leur père, Calypso avait découvert d’autres facettes de son frère ainé. Quelque chose de plus ambigü que ce qu’elle croyait, de plus fragile, peut-être. Ses souvenirs d’enfance s’étaient peu à peu recomposés dans une nouvelle lumière et l’image de Ash avait pris d’autres teintes. Étrange comme une même réalité peut se transformer sous l’impact de sensations neuves, comme les gens peuvent nous sembler différents lorsqu’on apprend à les connaître. A présent, il lui semblait qu’elle l’appréciait, et peut-être parfois même qu’elle l’aimait, malgré tout. * « Bon, dit Calypso le lendemain matin après qu’ils aient pris le petit déjeuner, je l’appelle. - Ouais, ouais, fit Zack. - Allez, arrête de bouder. - Je boude pas. Je dis juste que c’est toi qui parle. Parce que bon… - Oui, oui. Attends, ça sonne. » Dehors, derrière la baie vitrée du salon, le soleil montait. On approchait peut-être de midi. Calypso mit le haut-parleur.
Dernière édition par Calypso O'Graham le Ven 30 Aoû - 15:08, édité 1 fois |
| | | | Ash O'Graham
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| | Sujet: Re: La route est droite, fils. Ven 30 Aoû - 13:21 | |
| « Allô ? fit Ash.
- Salut, Ash, ça va ?
C’était Calypso. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle appelle. C’était… inhabituel.
- …bien, bien, répondit-il nonchalamment. Et toi ?
- Ça va. Euh… On a vu papa hier soir.
- Oh.
Dans son appartement, Ash était affalé sur son lit, en pantalon mais torse nu. Il avait traîné toute la matinée sans vraiment savoir quoi faire, songeant à la manière dont il allait expliquer à Christiane Rousseau pourquoi il acceptait finalement son offre.
- Et alors ? se reprit-il. Il vous a dit qu’il savait, vous lui avez dit que vous saviez, et il a été profondément déçu ?
- C’est à peu près ça.
Il ricana.
- Irrécupérable.
Il y eut un silence, Calypso hésitant, puis elle finit par lâcher :
- Je voulais juste savoir… si ça allait ?
- Oh, je suppose, oui, fit-il en se passant une main dans les cheveux tout en jetant un coup d’œil à ses dossiers en cours. Il a promis de ne rien ébruiter. Faut juste que je revoie un peu mon plan de carrière… mais tout va bien. »
En réalité tout n’allait pas extraordinairement bien. Ses plans de carrière, il les avait justement construits autour de son père, d’un certain nombre de personnalités proches de lui, du sénat… A présent il y avait beaucoup de choses à repenser, tout un équilibre à recréer. Tout son système professionnel s’était affaissé… Il déglutit. Et peut-être même son système personnel. C’était con à dire, mais son père jouait depuis plusieurs années un rôle central dans sa vie. Il avait beau ne pas être sentimental, ça allait laisser un vide. Ça allait devoir être expliqué, aussi, à Sarah, au père de Sarah, et surtout à tout le beau monde des sphères politiques qui s’interrogeraient sur la soudaine distance entre les inséparables O’Graham. Bref, c’était la merde, il se sentait vulnérable, désemparé, et il avait envie de casser la gueule à tous ceux qui pourraient avoir des reproches à lui faire.
Finalement, ce coup de fil de Calypso était plutôt bienvenu. Au moins elle ne jugeait pas. Au contraire, elle se préoccupait de lui…
« Ok, dit-elle simplement. Sache juste que… enfin, Zack et moi on est de côté. On a décidé d’arrêter à nouveau de lui parler.
Il sourit, incrédule.
- Genre, par solidarité ? Faites gaffe, de son côté il va de nouveau arrêter ses petits chèques bonus.
- Hé, intervint la voix de Zack surgissant à l’autre bout du fil. On est pas des putes, non plus ! »
Ash se marra. Il essayait de cerner ce qu’il ressentait. Certes, depuis quelques temps, Calypso et Zack étaient devenus pour lui bien davantage que les morveux parasites qu’il avait vus grandir. Tout ça c’était à cause de (ou grâce à) Seth. Ce con qui avait eu l’idée de sortir avec sa sœur. Ça les avait amenés à se fréquenter, puis à parler, et de fil en aiguille à se considérer presque comme des amis. Après tout le temps qu’il passait à cirer des bottes, ça faisait du bien, parfois, de se détendre en leur compagnie.
Mais là c’était encore autre chose, ce coup de fil lui inspirait un sentiment tout à fait inédit. C’était comme l’assurance d’un soutien inconditionnel. Et il eut soudain l’impression de comprendre toutes ces conneries que racontent les films sur la fraternité, la famille et tutti quanti. C’était peut-être pas tant que ça des conneries, finalement.
À l’autre bout du fil, Calypso sentit le silence réflexif de son ainé. Peut-être qu’elle se trompait en pensant qu’il avait besoin de compagnie, peut-être qu’elle lui semblerait naïve, mais elle décida malgré tout de l’inviter déjeuner.
« Ok, répondit-il après un temps. Ok, pourquoi pas.
Elle sourit
- Tu veux que j’invite Seth, ou… ?
- Ahah, ouais, fais-le venir, ça le fera marrer. »
Ils se dirent ciao, à tout à l’heure, et raccrochèrent.
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| | | | Seth Liekaterinev
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| | Sujet: Re: La route est droite, fils. Mar 17 Sep - 21:58 | |
| [HRP Pour notion, SWIRL = twitter-facebook de RH, concurrent de Resocia lancé par Marc, Daniel et Seth. Toute assimilation de Marc à un certain Antoine Daniel, ou de Seth à un certain J.Dujardin serait fortuite 8D]Siège de SWIRL, bureau de Marc Leroy. « VOILA ! » Seth regardait Marc et son Tshirt Supermagus -sous une veste de costard- s’agiter dans tous le sens en parlant tout seul. C’était assez fascinant au final, cette succession de mouvements qui traduisaient si bien son irritation. « Mais je me fout des PinYin! Je m’en tape totalement! - Elle est pas Pinyin ta copine, mec ? » Marc agita une main dans sa direction, portant l’autre à son oreillette de cellphone. Sans doute essayait-il de lui signifier de la boucler jusqu’à la fin de sa communication téléphonique… Seth haussa les épaules et remonta ses pieds sur sa chaise tout en jetant ses céréales dans un bol de lait. « Oui, très bien faites ça…je veux juste que ça redémarre là-bas, c’est clair ? C’est ça, bonne journée ouais! » Marc se laissa tomber dans son fauteuil informatique - le modèle badass rembourré pour patron avec SWIRL gravé en gros sur le dossier- et frictionna énergiquement son visage. Lorsqu’il émergea de ses mains sa barbe et ses cheveux étaient dans un état de désordre encore plus critique qu’à l’accoutumé. « C’est un truc de dingue les serveurs ici…on aurait dû se baser sur Emporion! -Ouais je sais, ça fait 2ans, 156 jours et quelques heures qu’on le sait en fait. T’as pas une cuillère steuplais ? conclut Seth en prenant son bol dans ses mains. - Faut qu’on se bouge pour…hey, espèce de trouduc fini! Pourquoi t’es en Tshirt et en boxer dans mon bureau au juste ? -Ben j’allais pas dormir habillé, hein. - Ok, là t’essayes de me dire que t’es resté bosser cette nuit, histoire de rattraper les jours de boulot que t’as fait sauter pour rester avec Calypso, et que c’est normal que tu prennes ton ptit dej à 14h30 dans mon bureau en calbut c’est ça… » Seth le fixa en silence pendant quelques secondes puis acquiesça de la tête « Oui, cela me semble évident, de fait j’ai vraiment besoin d’une petite cuillère. - Qu’est-ce que…naaah…vas te faire foutre Seth. » Marc, après avoir esquissé un geste d’impuissance fit rouler son fauteuil jusqu’à son poste de travail et ajouta « bon et donc t’as commencé le code de l’extension ? - Non, jlai fini. - T’as quoi ? Attends...En combien de temps ?! C’est énorme! - J’ai terminé de coder l’extension. En environ 37h. Comme ma bite. Et je vais bouffer mes bichokos sans cuillère parce que t’es un gros bâtard! Sinon je me casse dans 3h parce que j’ai rencard avec Ash chez Calypso, voilà.» Marc lui balança un regard où se mêlait amusement et désespoir blasé, puis attrapa la cuillère de son café et la tendit à son associé qui la récupéra d’un geste flegmatique. « Seven, j’arriverai jamais à savoir si je t’adore ou si t’es juste un gros connard… - Hum oui, insulte moi en Nériguant… - Ha merde! Va remettre ton fut’ avant de dire des trucs pareils là ! » Seth se leva en s’étirant, abandonnant le bol sur une pile de classeurs administratifs et se dirigea vers la porte automatique du bureau. « Hey ! Tu diras bonjours à sa seigneurie môsieur le futur Chancelier pour moi! -Faisons cela oui! » *** Seth fixe mollement son reflet dans la glace de la salle de bain, ses cheveux trempés plaqués sur la gueule. Il baille, frotte activement une serviette sur sa tête, refixe son reflet. Encore mieux : avec les cernes, les cheveux de super-sayen et l’expression éclaté du mec qui dormirait bien encore une petite dizaine d’heure. Perfection. Il passe laborieusement le Tshirt bleu de « The League of extraordinary steamers » que lui a offert Calypso, enfile un jean d’apparence convenable (entre le « j’ai une réunion bitch » et le « j’ai plus de trous que de tissu, lol ») et traverse le couloir avant de s’échouer dans le canap du salon, recouvert de papiers matheux divers. Il contient son envie de s’en griller une pour épargner à ses vêtements propres l’odeur du tabac et s’étire longuement. Son esprit est encore embrumé par les lignes de code et il pense : C://database_Awake32_files-cellphone\trackway_hand, avant de réaliser que son téléphone ne risque pas de se matérialiser dans sa main. « Pfff…ptain ! » Il se penche attrape l’appareil sur la table basse et check l’heure : 19h12, l’heure d’affronter encore l’extérieur pour se rendre chez les jumeaux O’Graham. * Les mains enfoncées dans les poches de son manteau caban noir, le visage à moitié mangé par son écharpe, il traverse la forêt d’immeuble du campus. Il fait froid et il aurait dû prendre le temps de sécher ses cheveux avant de sortir. Il marche d’un bon pas (histoire d’éviter de se geler les couilles) et songe que c’est la première fois qu’il se rend chez Calypso pour un « repas en famille ». C’est assez étrange. Il y avait bien déjà eut la soirée pizza, avec Ash et les jumeaux, mais l’ambiance télé, clopes, chips, raconte-moi-ta-vie c’était moins « cérémonieux » que « Y'a Ash ce soir, tu veux venir dîner?». ça, ça sonnait un peu comme le premier numéro d’une longue liste de repas en famille, quelque chose d’assez posé, casé, adulte en somme… Le genre de trucs qui se ferrait peut être encore dans dix ans si tout allait bien, avec les gosses braillards équipés de polos Vervain de Sarah et Ash. Ou un plan dans ce goût là. En réalité cela faisait plus de 10 ans qu’il n’avait pas été dans un cadre familial. Avec des frères, des parents, des grands-parents…la panoplie habituelle quoi. Et même si les O’Graham avaient une tendance poussée au panier de crabe, c’était assez agréable de retrouver ce genre de configuration. 11 ans de Citadelle, 10 ans de collocation avec Marc et Daniel, 8ans qu’il connaissait Ash, 4ans de procédure judiciaire, 3 ans de couple avec Calypso. « J’ai 25 ans…merde. » Ça passe vite. Il s’arrête brusquement de marcher, et lève les yeux. Il neige, le système de régulation de la température est perturbé par les vents d’altitudes. Il reste un moment immobile dans la lumière d’un lampadaire, il est encore tôt mais la rue est passablement désertée. Il songe à la lettre que lui a fait parvenir son grand-père, avec le numéro de téléphone de Nina. Nina… C’était trop bizarre de devoir l’appeler…Au moins aussi étrange que de lui dire « maman » (chose qu’il avait d’ailleurs arrêté de faire bien avant ses quatre ans). Quelque part ça devait être aussi complètement spatiale de dire « Papa » à Trevor, avec sa petite moustache dégueulasse et ses airs d’aficionados du KKK… *** Devant l’appartement des jumeaux. Les voix étouffées derrière la porte : « Zaaack ça sonne ! - Mais ouais, ouais, il est pas pressé! » Zack ouvre la porte, Seth regarde Zack, Zack regarde Seth. « Salut. -Salut… » Zack renifle, Seth détourne le regard, Seth fixe de nouveau Zack, Zack renifle. Seth esquisse un mouvement pour entrer dans l’appartement, Zack ajoute cash : “Ash a fait son coming out… - Ha ha…quoi!?” L’expression de Seth passe brusquement du rire de politesse à l’étonnement radical alors qu’il glisse la main dans ses cheveux pour chasser les flocons de neige et entre. Zack s’éloigne dans le salon en trainant des pieds. Seth reprend : « Attends, attends…il a quoi ? » Calypso sort souriante de la cuisine, dépasse Zack, se jette dans les bras de Seth et glisse "T'inquiètes pas, il va t'expliquer". Il enfouit son visage dans ses cheveux. Elle s’agrippe à son cou, les jambes sous ses bras pour se faire porter. Ils avancent assez laborieusement vers le salon ou Zack est vautré dans le canapé, les pieds sur un pouf, grignotant des cacahuètes par poignées. Et Ash, assit sur un fauteuil les coudes sur les genoux, en chemise « décontractée », l’air fatigué mais satisfait. Seth laisse redescendre Calypso et lance : « Eh bah putain, t’as une sale gueule N°7 ! Pourquoi t’es déjà là, t'as plus de boulot ou quoi?» |
| | | | Calypso O'Graham
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| | Sujet: Re: La route est droite, fils. Ven 20 Sep - 17:54 | |
| « Eh bah putain, t’as une sale gueule N°7 ! avait lâché Seth à peine entré. Pourquoi t’es déjà là, t'as plus de boulot ou quoi ? »
Ash eut un rire semi-amer, mais au fond le ton désinvolte de Seth lui faisait du bien.
« C'est à peu près ça ! Viré pour des critères discriminatoires par mon propre père !
- C'est ce que je disais, commenta Zack, coming out...
Seth eut une moue dubitative en s’asseyant entre les deux frères.
- Ho... ? Je savais pas que Sarah était trav'.
Ash secoua la tête, consterné, tandis que Zack enchaînait très sérieusement en s’adressant à Seth :
- Détrompe-toi, malgré les apparences, sa fiancée est bien une femme.
- Comment ça malgré les apparences ? s’insurgea Ash en mode wtf.
- Je crois qu'il joue au con, nota Calypso.
- Et c'est presque une performance d'acteur , confirma Seth. On y croirait ! »
Zack afficha un air pseudo-renfrogné, mais Seth fit exprès de ne pas lui adresser un regard et prit une gorgée de whisky dans le verre de Ash.
Calypso souriait. Les piques avaient beau fuser, le ton de tout ça était profondément familier, inconséquent. C’étaient des taquineries. Au fond ils s’entendaient tous bien et c’était l’essentiel. Ça n’avait pas toujours été comme ça.
« Donc toi, continua Seth à l’adresse de son ancien camarade, t'es infidèle et pédé... (Au mot ‘infidèle’, Ash et les jumeaux froncèrent salement les sourcils mais il continua sans remarquer). C’est dingue ça, j't'aurais jamais cru capable d'une chose pareille. (Il mit les pieds sur la table basse.) Ton père a vraiment pas d'chance !
Et il avala cul-sec le verre de whisky. Ash le fixait d’un air circonspect.
- Euh, Seth… Je suis bissexuel, ok, mais j'ai jamais dit que j'étais infidèle.
- Ha ouais ? Mais dans ce cas, comment il le saurait Tre-vice alors ? Il t'a forcément spotted avec un mec pendant que Sarah est en voyage, donc indubitablement t'es infidèle... ou alors il est tombé sur la vidéo de l'hélico-bite, et là le plus grave dans l'histoire c't'encore le GENRE de site qu'il regarde ! »
Calypso s’adossa au bar qui séparait la cuisine du salon, s’amusant de la déduction toute naturelle de Seth et de l’air déconfit de Ash. Zack, lui, fixa Seth avec circonspection pendant plusieurs secondes, puis hocha la tête d'un air docte avant de se tourner vers Ash.
« Son analyse tient debout ! » conclut-il finalement.
Ash soupira, avouant par là le fait accompli.
Calypso secouait la tête, se demandait si elle était réellement surprise. Au fond, le caractère égoïste et séducteur de Ash collait bien avec des tromperies conjugales. Ash surprit le regard qu’elle portait sur lui.
« …Non mais c'est pas grave hein, lui dit-elle. Trevor reste un connard. T'es juste un peu moins le héros de l'histoire !
- Ouais, là, plussoya Zack, désolé, mais si tu trompes un mec aussi jolie que Sarah...
- Mais putain elle est sérieusement pas masculine c'est quoi ton délire ?! s’exclama Ash en se tournant vers Seth et Calypso pour les prendre à témoin.
- Te fâches pas, mec, fit Seth. Il est trop bonne ta fiancé. Bon, balances, tu sodom'... (il s'arrêta au milieu de la phrase, ferma la bouche, réfléchit fakement et reprit) Tu étais avec qui quand Tre-vice t'as choppé, hein?
Ash soupira encore une fois et reprit calmement :
- Déjà, je tiens à préciser (il regarda Calypso) que Sarah et moi on a un accord... Donc techniquement, je la trompe pas vraiment, bon… Et Seth… tu peux deviner avec qui j'étais. »
Seth, qui venait de piquer la bière de Zack sans prévenir et commençait à la boire, s'étrangla à moitié et toussa.
« P’tain... ! » lâcha-t-il en se frappant la poitrine.
Ash se frappa le front d’une main, et Zack et Calypso échangèrent un regard profondément interrogateur.
« Je crois... que certaines choses m'échappent ! constata Zack.
- Ouais, ta bière ! » fit Seth en en reprenant une lampée.
Sur quoi Calypso le vit envoyer à Ash un regard de la mort.
« C'est quoi ton problème en fait? » demanda-t-il.
Le ton de la question semblait soudain sérieux, peut-être même un peu agressif, nota Calypso. Et soudain elle crut deviner la raison de l’énervement soudain de Seth, et par extension l’identité de l’amant de Ash.
- Oh rien, aucun problème, répondit Ash en soutenant le regard de Seth. J'ai juste révélé à mon père, aka LA personne par qui je pensais entrer en politique, que je baisais les deux sexes, aka LE truc qui le dégoûte à mort. Le résultat étant que ? Je suis renié et maintenant j'ai plus qu'à espérer qu'il ne demande pas à tous ses chers amis du parti de me rembarrer partout où j'irai !
- Hum, nota Zack, ça ferait un bon synopsis. »
Seth ignora évidemment cette dernière constatation, mais sembla réaliser la complexité de la situation de Ash. Il eut un air perplexe et lâcha un « Hum… » extrêmement songeur. Puis il croisa les bras, effondré dans le canap’ et laissa planer un silence.
« En même temps, reprit-il soudain, Tre-vice n’a pas envie d'avoir un fils « officiellement » pédé, non ? Donc j’vois pas comment il pourrait t'empêcher de vivre... C'est plutôt toi qu'a du mal à continuer de bosser avec ces cons, non ?
À ces mots très justes, Ash eut un sourire, et les jumeaux comprirent peut-être quelque chose de plus sur leur frère : que lui aussi était capable d’être révolté. Mais Seth ne s’aperçut pas de l’effet de ses paroles et continua comme pour lui-même :
- N'empêche j'aurais voulu voir ça...Trevor qui veut plus de son fils prodigue... À une époque j'suis sûre que t'aurais pu snifer devant lui il aurait cru à du sucre en poudre ! (Il s'arrêta soudain et fixa Ash...puis se leva en annonçant : ) Faut que j'fume. »
Il prit une clope dans son paquet, puis jeta le paquet à Ash et sortit sur le balcon en rezippant son pull. Ash réceptionna le paquet, regarda les jumeaux. Un sentiment un peu étrange s’était installé pendant que Seth parlait, mais après tout c’était toujours bizarre avec Seth. Il hésita une seconde, puis Calypso lui adressa un sourire encourageant, alors il prit une clope dans le paquet et sortit rejoindre Seth. |
| | | | Zack O'Graham
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| | Sujet: Re: La route est droite, fils. Dim 22 Sep - 10:15 | |
| Calypso était restée carrément perplexe, et Zack regardait dans le vide, songeur. Elle fronça les sourcils et lâcha :
- Est-ce qu’on vient sérieusement d’apprendre en l’espace de 5 minutes que : 1, Ash trompe sa fiancé, 2, Ash couche avec Daniel qui (putain !) est un ex de Seth , et 3, Ash sniffait de la coke ‘à une époque’ ?
- Oh, j’avais pas tilté le n°2… Mais sinon, oui ! Et aussi, dans ce même espace de 5 minutes, Seth a descendu le whisky de Ash ET ma bière. N’empêche quand ils sont tous les deux ensemble, Ash est juste… pas pareil. Mais je ne saurais définir en quoi.
- Hum, je crois que c’est simple à définir : perte quasi-totale d’inhibitions.
Zack claqua dans ses mains façon eurêka :
- C’est ça ! C’est carrément ça ! Ses p’tits airs, son attention aux apparences, son langage modéré façon politiquement correct, pouf ! Disparus ! C’est dingue quand même… Un peu pareil pour Seth d’ailleurs hein ! Il a failli dire sodomie.
- Ça va, j’avais remarqué… Mais putain, mon copain et mon frère ont couché avec le même mec !
Zack leva soudain la tête vers elle, réalisant ce qu’elle venait de dire :
- Ah putain, ouais…
Un silence passa.
- Et… c’est perturbant ? demanda-t-il très sérieusement.
Elle haussa les épaules avec un grand soupir :
- On va dire que non ! J’imagine que s’ils s’étaient tapé une même fille ça m’aurait pas interpellée plus que ça. Donc… admettons.
Zack hocha lentement et pensivement la tête. Elle avait pas tort. |
| | | | Ash O'Graham
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| | Sujet: Re: La route est droite, fils. Lun 30 Sep - 23:30 | |
| (En même temps, sur le balcon.)
Ash arriva sur le balcon, remontant le col de son pull, et Seth lui alluma sa clope avant de s'accouder à la rambarde pour fumer en silence. Ash le regarda un moment. Seth était toujours tellement… imprévisible. Il venait d’aligner des considérations à la fois terriblement justes et terriblement embarrassantes, comme si de rien était, et maintenant il fumait sa clope. C’était stupéfiant. L’asperger lâcha finalement :
- Bon sinon, ça va?
Ash eut un sourire incrédule :
- T’es vraiment un bâtard !
- Ben quoi ? fit Seth d’un air de profonde incompréhension je-m’en-foutiste.
Ash tira une taffe en se marrant à moitié, passant une main sur ses yeux fatigués :
- Boaf rien ! Quand on est devant Zack et Calypso faut que t'alignes connerie sur connerie sur ma vie sexuelle ; et quand on s'isole un peu pour parler franchement, tu me sors un "sinon, ça va?" tellement compatissant que ma grand-mère en serait émue. (Il expira sa fumée et en secouant la tête.) Faut apprendre à t'adapter à ton public, mec, ça fait des années que je te le répète!
Seth regarda Ash avec une soudaine fixité, comme à chaque fois qu’il essayait d’analyser un propos qui ne lui semblait pas immédiatement cohérent et logique :
- En fait, si on considère que ta grand-mère est une vieille et riche conservatrice du trou du cul d'Astray, qui a en outre élevé Tre-vice, y'a peu de chance qu'elle te demande sincèrement "si ça va" en apprenant que t'as – encore – défoncé Daniel, non ? Alors que moi… si !
Et il se désigna des deux mains : CQFD !
Il marqua ensuite un temps de pose, tirant longuement sur sa clope, avant de poursuivre d’un air un peu vague, qui trahissait son état de fatigue combiné à l’alcool et à la nicotine :
- Mais sinon, ça va ? demanda-t-il à nouveau en regardant Ash.
Et Ash le regarda alors un peu différemment, comprenant confusément que la question était sincère. Il oubliait parfois que Seth n’était pas complètement un trou du cul. Il s'accouda à son tour au balcon, un peu mélancolique.
- On va dire que ça va... (Un temps). C'est juste bizarre... J'aimais bien, quand même, bosser avec lui. (Il fuma, l'air songeur, puis secoua soudain la tête en riant à moitié pour se moquer de lui-même). Putain! J'étais en train de penser qu'en fait, c'est la seule personne qui se soit jamais vraiment intéressée à moi ! C'est pas lamentable ?
Seth ricana.
- Ouais, carrément lamentable. T'es vraiment une grosse pute de fils à papa. (Il balança sa clope, se retourna dos au balcon et regarda les jumeaux dans le salon.) Moi j'ai p’t-être besoin d'apprendre à parler neurotypique, mais toi t'as juste besoin de réviser ta définition "d'intéressé". Peut-être que tu seras moins con, après.
Ash voulut hausser les épaules et s’en foutre, mais il devina dans l’attaque de Seth moins de cruauté que de déception. Il déglutit, baissant la tête.
- …Et tu définirais ça comment…. « intéressé » ? dit-il.
- Je sais pas, tu m'intéresses pas, lâcha Seth sans le regarder, avec une sourde accusation dans la voix. Il désigna les jumeaux : Eux non plus, d’ailleurs, tu les intéresses pas. T'intéresses que Daniel et ton père, c’est certain, hein, connard ? (il se tourna vers Ash et souligna :)Ironie. Ha. Ha !
Ash se détourna face à l’émotion violente de Seth.
- J'avais compris… L'ironie, j’veux dire. Tu t'es amélioré...
Ash rit nerveusement, sentant sa gorge se nouer.
- Merci, dit sèchement Seth, la voix légèrement tremblante.
Un grand silence passa, tendu, chargé. Ash soupira un grand coup pour évacuer la pression, la douleur, mais il sentait monter la tristesse et une honte confuse. Merde, pensa-t-il sans savoir s’il avait envie de rire ou de pleurer. C’est débile, de se sentir aussi mal alors qu’un pote vient simplement de te dire « Nous on tient à toi. » Mais la voix raisonnait dans sa tête, accusatrice, déçue : « Moi je m’intéresse à toi, ton frère et ta sœur s’occupent de toi alors que tu les méprises. On est là pour ton cul et tu t’en contrecarres, connard. Mais il est où l’autre enfoiré à moustache quand son fils est à moitié pédé ? Ils sont où les cravatés quand t’as pas ton costume ? ». Il rit encore nerveusement en essuyant ses yeux humides, méprisant sa propre faiblesse, moquant son égoïsme. Putain, quel con.
- J’suis... désolé, dit-il.
Il tournait le dos à Seth, tâchant de ravaler sa fierté la gorge nouée. Il voulut reprendre une contenance en fumant mais sa gorge était pleine de larmes et il toussa.
- Putain. Tu dois avoir raison, j'suis qu'un sale con.
- Ouais, pauv' tâche, souffla simplement Seth.
Mais sa voix était éteinte : Ash tourna la tête et vit que son regard était égaré, troublé. Finalement Seth était secoué, lui aussi, plus que Ash n’aurait cru. Il s’en voulut.
Se reprenant alors soudain, Ash jeta son mégot par-dessus le balcon et claqua dans ses mains, les frottant pour les réchauffer.
- Bon allez, l'enfoiré ! ordonna-t-il en choppant Seth par l’épaule, secouant la tête pour chasser la tristesse. Allons grailler, ça ira mieux ! Et devant la relative hébétude de Seth, il s’immobilisa et le regarda avec un sérieux surjoué : Au fait… ravi d'avoir appris que je t'intéresse !
Il ponctua sa réplique d’un clin d'œil salace, et s’engouffra dans l’appart.
Seth regarda Ash lui passer devant, les bras écartés et formulant dans son dos un muet "WHAT DA FUCK ?!" – que Zack capta du coin de l’œil. Ce dernier s’arrêta net face à ce comportement bizarre, et fixa Seth d’un air dubitatif. Seth, reprenant une contenance normale, le fixa à son tour en levant un sourcil. Zack haussa les épaules, et lâcha l’affaire pour finir de mettre la table.
Ash, lui, s’asseyait déjà à table, avec aux lèvres un sourire tendre-amer. Il regardait Zack s’appliquer à servir les assiettes, et Seth arrivant par derrière pour titiller Calypso alors que c’était lui qui craignait le plus les chatouilles. Il les regardait pour s’attendrir, pour penser qu’il les aimait. Il essayait d’oublier qu’il était un sale con. Suite => https://blend-awake.forumsrpg.com/t939-opaque#24997 |
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