Le groupe de jeunes gens avançait bruyamment dans les ruelles du FactoryPark qui menaient aux Docks. Pierre, qui portait avec morgue un drapeau sur son épaule de brun musculeux, se tourna vers la petite bande et annonça fièrement.
« Messieurs, demain je serais le champion en titre ! »
« Laisse tomber camarade, viens plutôt à la grande manifestation ouvrière avec moi, tu gagnera jamais la course ! » répliqua un rouquin aux airs d’agitateur politique qui répondait au nom de Yorick et exhibait fièrement son appartenance à la classe « prolétaire ».
« Tu soules avec ta manif’ roukmout’ ! J'vais gagner parce que je suis le meilleur pilote du quartier ! »
« C’est surtout parce que t’as la meilleurs nef du quartier pas vrai J.Law!!? » S’exclama un ouvrier blondinet en donnant une grande tape sur l’épaule d’un adolescent sombre aux traits légèrement féminins qui essuyait le cambouis qui souillait ses mains claires.
« Ouais y’a pas de doute, heureusement d’ailleurs vu que tu es précisément simplement nul … »
Lawrence jeta le papier sale à même le sol, après tout la zone entière était une véritable poubelle.
« Ouais ouais ouais…mais sans le génial Pierre vous ne seriez même pas inscrit mes mignonnes ! Bon on va boire un coup ? »
« Non pas moi, j’ai encore du taffe à faire et je préfère éviter de rentrer après mon frère… »
« Camarade tu te laisses oppresser par… »
« Taggle ! »
« Il a raison pour une fois…Tu devrais pas le laisser te marcher sur les pieds comme ça ! »
« T’as un frère toi ? Je l’ai jamais vu… »
« Mais siiii ! C’était le mec bizarre bronzé comme une pétasse qui l’attendait l’aut’ jour ! » Expliqua le blond au futur champion du quartier.
« Hein !!? Oh putain… »
« Laissez tomber les gars… à demain »

JL pivota sans enthousiasme et suivit la rue qui menait à son immeuble. Un empilement de cartons bloquait l’entrée. Il grommela et enjamba ce qu’il pouvait pour parvenir au hall d’entrée. Le nouveau voisin commençait très mal ! Quelle idée à la con d’entasser son bordel dans les escaliers…Lawrence se prit le pied dans un sac et se rattrapa in extremis à la rambarde de l’escalier en jurant.
« Ooooh !!? y’a quelqu’un là ? »
Une jeune femme brune, plutôt jolie et bien habillée, se pencha du 1er étage. Il fronça les sourcils en plantant ses yeux verts dans le regard doré de la bordélique intruse.
« C’est à vous ce tas de merde !? »
« Euh oui en effet ce sont mes affaires…Je suis désolée je vais les pousser pour que… »
« C’est un peu tard tu vois !? Faut réfléchir avant de coller le binz partout putain ! »

Il était vraiment très énervé. En fait il sentait que la frustration d’une journée entière à faire le manard pour un patron tyrannique ne demandait qu’à s’évacuer, là, maintenant, tout de suite, et avec virulence. Il dégaina un large coup à l’objet qui avait failli le faire tomber, qui roula sur le côté accompagné d’un crissement de bris de verre.

« Ça va pas non !? » La jolie inconnue descendit les marches avec précipitation pour constater la casse.
« Non ça va pas ! Tu crois que j’ai que ça à foutre de me taper le parcours du combattant pour monter chez moi grosse pouf !? Tu crois que les gens qui se tapent 10h de taffe par jour ont envie d’enjamber tes saloperies ? »

Lawrence se colla à quelques centimètres du visage de la jeune femme, continuant à l’inonder d’insultes diverses et de sermons abscons, qui s’adressaient d'ailleurs d’avantage à son employeur et à son frère qu’à la pauvre nouvelle voisine.

Une logorrhée immonde traversant les lèvres d'un adolescent, un regard blasé de l'alchimiste qui n'avait envie que d'une chose, coller sa main dans ce visage aux faux sermons prétextes d'insultes gratuites...
Ambre le laissait déblatérer ses âneries sur elle sans broncher, parfaitement atterrée par le comportement grossier et vulgaire de ce type...

Déjà elle était seule... Nous pouvons même dire comme toujours... A devoir emménager dans cet appartement par chance loué meublé. Envahie de cartons, elle n'allait pas non plus laisser le moindre à l'extérieur.
Mais encore ?

Non, toujours ce charabia de malpropre et elle sentait l'haleine désagréable de ce pauvre type que la faim tenaillait sûrement depuis quelques heures...
Il l'avait insultée, il brisait sans aucune gène ce cercle vital et personnel en se collant pratiquement à son visage, il brisait ses affaires, il lui briserait certainement les bijoux de famille si elle en avait été dotée... La femme s'était excusée et continuait tout de même à se prendre des remarques pour le moins vraiment plaisantes...

En bref depuis Ezechiël Excaster, personne ne l'avait jamais autant fait sortir de ses gonds...

Sa rage montait, son sang bouillonnait, elle serra ses deux poings gantés, grinça des dents... Ses oreilles et sa tête commençaient à la faire souffrir... Elle voulait simplement du...

"SILEEEEEEEEENCE !!!!!!!!!!!!"

**VLAN**

Souple, elle s'était légèrement reculée et avait levé la jambe suffisamment haut pour balancer la semelle de sa Ranger cyberpolitaine dans la face de rat de ce petit con qui dévala ensuite les escaliers jusqu'au palier du bas. Elle se retourna, furieuse, montant les marches, puis s'arrêta, la moue boudeuse.
Tournant légèrement la tête, elle monta une marche supplémentaire, stoppa à nouveau son élan...

Sans regarder sa victime, elle dit enfin : "Ça va gamin?"...
Dix secondes, vingt secondes... une minute s'écoula.

Elle dévala les escaliers, le jeune était assommé, son nez ensanglanté... La jeune femme crevait d'envie de le laisser se débrouiller mais elle eut d'un coup un sursaut d'une chose que l'on pourrait appeler...
Humanité.
Elle jugea son état... et pensa qu'il valait mieux le soigner. Après tout elle n'avait pas envie d'être attaquée pour coups et blessures si jamais quelqu'un d'autre le retrouvait là, le nez à moitié explosé, affalé en bas d'un escalier.
Elle le tira non sans mal sur l'étage, les fesses du jeune homme raclant chaque marche. Il était lourd, pour sûr, mais surtout elle avait une force physique proche du zéro absolu...
Arrivant enfin à la porte, elle la poussa violemment du pied. Avec beaucoup de mal elle balança le gamin sur son canapé et fouilla dans l'un de ses cartons.
*... faites que celui dans lequel il a frappé n'ai pas été pas mes fioles...*

Par chance elle trouva ses onguents et potions, le carton qui avait dégringolé l'escalier aussi bien que le garçon n'était donc sûrement remplis que de verres.
Elle s'assit à côté de lui et expira un :
"Boulet... fiiuuu"

Il ouvrit les yeux difficilement, avec l’impression que son nez allait éclater. La fille bordélique était penchée au dessus de lui, en train de le soigner. Il s’agita légèrement pour se dégager mais elle le retint d’une main.
« Tu vas arrêter de te tenir n’importe comment ! Je ne sais pas qui tu es, mais tu as bien mérité ce qu’il t’arrive, cela dit je n’allais pas te laisser saigner tout seul dans un couloir... »
« Aooouch ‘tain doucement ! »
« Arrête ! »
« Beuh ouais…. T’es qui toi ? C’est toi qui emménage à côté…ouais enfin ici en fait. »
Elle appliqua un mouchoir sur le visage de l’adolescent.
« Tiens ça ! Je m’appelle Ambre, c’est mieux que « la connasse » non ? »
Il ne répondit rien, tenant d’un doigt le papier qui sentait une odeur d’onguent bizarre. La jeune femme regarda avec désapprobation ses mains relativement sales.
« J’suis euh désolé hein…mais faut virer tes putains de cartons quoi…j’suis Lawrence j’habite juste à côté ».
Elle fronça les sourcils, visiblement contrariée par cette nouvelle, et se leva pour rassembler le reste de ses affaires. Il ne s’était vraiment pas attendu à une réaction…aussi forte. En un sens ça lui avait un peu remit les idées en place.
« Tu peux te reposer un peu si tu veux, j’ai peur que ça recommence à saigner si tu te lèves. »
Le jeune garçon ferma les yeux. Il avait toujours mal et les courbatures de la journée commençaient à se faire sentir. Il rentrerait…plus tard…

* * *

« Haaa nyééé heur nilest. »
L’alchimiste, qui organisait ses affaires d’une main distraite, se tourna vers sa victime allongée sur son canapé.
« Quoi !? »
Il retira le mouchoir qu’il tenait appliqué sur son nez qui ne saignait pratiquement plus et se redressa, une main sur le front.
« beuh… il est quelle heure ? »
Elle jeta un œil à sa clepsydre et, reprenant ses activités balança distraitement :
« Hum pas loin de 20h… tu vas mieux ? »
Le technologue se mit debout d’un bond et se précipita dans le couloir.
« Mais qu’est-ce que… »
« C’est mon frère ! Putain c’est ta faute ça… »
« Heeein !? »

L’occultiste soupira, abandonnant son rangement précaire, et suivit le gringalet sur le palier. Il venait d’entrer dans l’appartement d’à côté, elle songea que ses relations de voisinage risquaient de devenir compliquées mais suivit tout de même d’un pas las…Elle franchit la porte.

La pièce était dans un désordre des plus impressionnants, le sol était couvert d’objets divers et de vêtements épars et le mobilier disparaissait tout bonnement sous un amoncellement d’affaires en pagaille. Ambre demeura de marbre même si elle songeait que vivre dans un foutoir pareil relevait soit d'un courage des plus impressionnants, soit des plus parfaites stupidité et manque de savoir vivre.

Un jeune homme blond au teint hâlé bloquait d’une clef de bras l’adolescent brun qui fulminait en essayant de se dégager.
"Ooooh çaaaa vaaaaa ! J’ai pas touché à ton bordel !"
"Ghh…MON bordel tu déconnes là…lâââche !"
Le drôle de type releva la tête et son étrange regard violet croisa les yeux ambrés de l’intruse.
"Euh… bon je crois que je vais…"
Alors qu’elle s’apprêtait à dire au jeune garçon qu’elle retournait chez elle, elle capta un :
"Hey c’est ta copine la moche là ?"

L’alchimiste se figea et articula :
"Pardon ? T’as quelque chose à me dire peut être ?!!"

C'en était trop, entre le jeune qui brisait ses affaires en l'insultant, et l'autre blond qui la traitait de moche elle se demandait bien se qui clochait chez les technologues de bas étage...
C'était dommage pour ce type, il arborait un trop beau visage comparé aux "immondices" qui pouvaient bien sortir de sa bouche...
Elle souffla et se calma comme elle put. Décidément ceux-là étaient forts dans le genre boucans ambulants... Ça allait être sportif de devoir les supporter...
Le blondinet relâcha son jeune frère qui, déséquilibré, s’écrasa sur les fesses.
« Aoouuch…mais merde à la fin tu… »

Sans accorder la moindre attention à son cadet, qui se relevait en grognant et en se massant avec application le postérieur, Aaraon s’approcha de l’entrée et appuya son avant bras sur le montant de la porte collant son visage à 2 centimètres de celui de la jeune femme. Elle ne broncha pas et soutint son regard.
« Euh ha ha… non mais ça va aller là hum…on se calme » L’adolescent avait saisi son étrange personnage de frère par un bras et le tirait fermement en arrière.
« Ouaaais mais ouaaaais, sale moooche… »
« Non mais…faut pas lui en vouloir il est pas fini, l’a été bercé trop près… » Lawrence empoigna ferment ses longs cheveux blonds et tira dessus « … du mur ! »
« Aieeeuh ! »

Ambre regarda la scène d’un air interdit et se dit que tout compte fait elle avait assez rencontré de monde pour la journée. Elle se retourna, balançant un vague « Bon courage » au gamin et traversa le couloir d’un pas vif pour ne plus entendre la voix trainante qui ânonnait « Dégaaage ! l’aut’ saaaale moche quooooi. » , et referma avec soulagement sa porte derrière elle.

Aaraon balança la porte d’un geste ample, se retournant vers JL qui vérifiait avec empressement que son frère n’avait en effet rien touché des affaires qu’il avait étalées autour d’un système mécanique complexe qu’il s’escrimait à réparer depuis quelques jours.

« Laisse tomber ‘tain je te dis que j’ai pas touché… »
L’adolescent lui jeta un regard mauvais. Il était vrai qu’il avait souvent tendance à fouiller dans ses affaires lorsqu’il ne retrouvait plus les siennes….mais de là à aller détruire ce qu’il faisait…
Il repensa à la jeune femme brune qui semblait être la nouvelle la voisine. Elle l’agaçait avec ses fripes de Cyber et ses airs supérieurs.
« T’étais sorti boire avec des potes ? »
« Non pas vraiment…j’ai eu un accident avec la nana d’à côté comme le prouve mon nez. » répliqua son frère en essayant de fixer d'une main un boulon récalcitrant.
« Ouais, elle a une sale gueule. »
« Non, c’est toi qui est con. Elle est belle c'te fille même si elle est un peu connasse quoi…elle s’appelle Ambre. »
« Super… » Il se laissa tomber en arrière dans le canapé recouvert de vêtement et fixa le plafond « on mange quoi ce soir ? »
« Oh putain non ! C’est toi qui devais t’en occuper, merde ! »

Il regardait un pigeon, circulant sur la rambarde du balcon à la lumière d’un réverbère. Il soupira. Ils allaient encore manger euh…il savait pas trop quoi en fait.
« Law…tu crois que si je m’embusque du côté de SternRoad je pourrais chopper des pigeons ? »
« C’est pas drôle…et puis de toute façon les pigeons ici ils sont pas comme chez toi, ils mangent dans les poubelles et boivent dans les égouts. »
« Ouais un peu comme nous en fait… »
« Nawak…il doit rester du pain d’hier je crois… »
L’adolescent se pencha derechef sur son travail, ignorant son frère. Aaraon ferma les yeux et l’image de la voisine lui revint en tête. Elle ne devait sûrement pas avoir de problèmes celle là. Demain il irait piquer quelque chose dans les réserves du port…un peu plus un peu moins sur son casier judiciaire, pour ce qu’il en avait à faire…

« Hey Aaraon, demain je demanderai une avance au patron…Alors tu fais pas de connerie à voler des trucs comme l’autre fois hein… »
« Pff...That's none of yar business. »

« Tain t’es chier ! Je te préviens que ce coup ci je te dénonce aux flics… »
« Peuh ! »
Lawrence regarda d’un œil critique son frère se retourner sur le canapé, lui montrant ostensiblement son dos pour signifier clairement où il se collait son opinion. Il grommela, ignorant sa faim et son imbécile d’aîné, et poursuivit son travail, constatant que l’heure tournait vite et qu’il avait intérêt de se dépêcher s’il voulait dormir un peu.

* * *
« Hey Aaraon, tu dors ? »
Law se leva, s’étirant, et se dirigea vers la cuisine histoire de trouver n’importe quoi pour se caler avant de dormir. Il se lava distraitement les mains, constant qu’il s’était légèrement entaillé l’index gauche, et attrapa un morceau de pain qu’il partagea en deux. Penchant la tête par la porte, il s’exclama :
« Attrape ! »
Et jeta sa part à son frère qui n’avait toujours bougé. Aaraon se retourna avec une vivacité surprenante et saisit le projectile in extremis. J.Law était toujours impressionné par les réflexes du magicien, se demandant s’il lui venaient naturellement de sa caste ou plus tristement de son histoire. Il retourna dans la petite pièce et trouva une casserole dans le foutoir certain qui traînait sur la table, puis fouilla dans l’un d’un placard en retirant un sachet cartonné d’apparence douteuse.
« Je essayer de préparer les céréales... »
« …à la con que m’a refilé la vieille. » Le jeune homme surgit dans son dos, lui arrachant l’ustensile d’un geste sûr, lui intimant d’un ton las « Laisse tomber j'm'en occupe, ça a juste l’air disgusting ce truc, alors si en plus c’est mal préparé…va t’laver. »

JL poussa du pied le tas de linge propre qui bloquait la porte de la salle de bain. Ce qui était désespérant avec son frère c’est qu’il savait cuisiner, faire la lessive et le ménage…mais qu’il était en revanche incapable de ranger, il avait même au contraire un sens inné du désordre universel. Désespérant à rassembler les affaires qui traînaient, il se déshabilla et entra dans la baignoire.
« Bon, au moins l’eau chaude marche… »

Un fracas improbable s’éleva de l’autre côté de la cloison qui communiquait avec l’appartement de la nouvelle. Lawrence plaqua son oreille sur le mur. Le bruit d’un meuble qui s’écroulait et le cri d’une femme, puis plus rien.
Il sortit avec précipitation de la salle d’eau, une serviette vaguement passée autour de la taille.
« Aaraon ! T’as entendu ? »
« Ouais et alors ? »
« Mais booouge putain ! »
Il enfila à la va vite des vêtements, regardant le magicien sortir sans empressement sur le palier.

*Mais c'est pas possible ça...*
La jeune femme tendait le bras pour tenter d'attraper la valise qu'elle avait posée tout en haut de l'armoire en attendant de pouvoir tout déballer et ranger pour ne pas qu'elle traîne. Elle se soulevait sur la pointe des pieds et étirait le bras en tentant de faire tomber le sac mais rien n'y faisait.

*Bon sang mais j'ai pourtant réussi à l'y mettre !!! *
Un dernier effort, elle sauta et tira franchement puis vit la valise bouger.
*Presque !*
Un second saut et... La valise sortit presque entièrement de sa prison de bois mais se coinça, et en retombant, Ambre vit l'armoire vaciller dangereusement mais resta là, les yeux figés avant de réaliser qu'elle lui retombait de tout son poids dessus.
"N...."
Elle émit un cri bref... Puis tout devint noir.

***
Elle entendait un bruit, de bois de pliant, grinçant contre le sol, des jurons en Tikhvine, sa jambe droite la faisait affreusement souffrir, elle ne sentait plus la gauche...
Ouvrant les paupières avec difficulté, elle se rendait compte que son champ de vision était légèrement voilé, puis elle cligna franchement des yeux pour tenter de voir correctement.

"Is there someone in that fuckin' somewhere?"
"Hein?..."

Son voisin blond à la peau hâlée se trouvait au dessus d'elle. Elle devina qu'il lui demandait si ça allait ou si elle était toujours de ce monde... ou quelque chose du genre...
Tentant de se redresser, elle émit un petit cri plaintif, son genou lui faisait très mal.

JLaw lui administra une tape derrière la tête.
« Heeeeeeeey ! »
« Tu vois pas qu’elle a mal ? Dégage ! »
« Ouais ça va hein c’est pas toi qui as tiré son putain de meuble ! »
Il saisit la jeune femme sous les bras et la dégagea des affaires éparses qui étaient tombées de la commode. Elle gémit plusieurs fois, tentant de porter ses mains à sa jambe droite.
« On dirait qu’elle s’est vraiment fait mal…heureusement que sa porte était ouverte. »
« Hum ouais… » Il la relâcha sans ménagement, elle heurta légèrement le sol de sa tête, et lui demanda sur un ton pas franchement aimable : « T’as mal où exactement ? »
« Je... mon genou.. aidez moi à me lever je vais regarder dans mes affaires et…»
« Taggle ! »
« Taaain mais fais ce qu’elle te dit ! »

Ignorant l’invective de son cadet, Aaraon attrapa la jambe de la jeune femme, lui retirant sa rangers, et remonta l’espèce de pantalon cyberpolitain jusqu’à sa cuisse. Son genou était démit. Il jeta un œil sur la fille qui regardait, assez horrifiée, l’étrange torsion de son articulation.

« Euuuuh… »
« On fait quoi ? On la transporte aux urgences ? »
« J’te préviens ça va faire mal ! »
Le magicien se rapprocha d’elle, planquant son bras gauche sur les hanches fines de la cyberpolitaine, l’autre main juste en dessous de la blessure.
« Euh Aaraon jsuis pas sûr que ce soit l'idée du siècle là...»
« Qu’est ce que tu vas…HAAAAAAAAAAAAAAAA »
L’articulation se remit en place, dans un craquement sourd, arrachant un hurlement déchirant à Ambre. Il la lâcha et se releva, regardant d’un œil critique son étalage vocal qui se transformait maintenant en pleurs.
« Ouais bon ça va arrêtes de chialer…au moins c’est fait ! »

Elle se tenait assise, le genoux légèrement fléchi, la main devant ses yeux. Son genoux était peut être remis en place, elle n'arrivait pas pour autant à le bouger... Elle se hissa sur le côté, tentant de se soulever seule, Aaraon n'avait pas la moindre intention de bouger, contrairement à Lawrence qui saisit le fin poignet de l'alchimiste.
"C'est bon attends;"
Il la souleva sans mal, elle était petite et légère.
"Aaraon bouge toi hein ! Viens pas m'aider surtout !"
"Ouaiiiiiiiiiis c'est ça genre soulever sa putain d'armoire et remettre son putain de genou ça suffit pas..."
"T'es chiant !"
"Ouaiiiiiiiiiis beh ouaiiiiiiiis !"
"Merci..." adressa-t-elle aux deux jeunes hommes, la voix étouffée
"Charming ! Ya know whut? ça va changer ma vie... moi j'rentre !"