Début

Le chemin jusqu'à l'appartement de la fratrie s'était fait en silence. Tout avait été dit ou du moins c'est ce que leur silence mutuel laisser penser. A vrai dire, pour ce genre de choses, ils s'entendaient à merveille et là où certaines personnes auraient parler pour ne rien dire afin de briser un silence qui pourrait paraitre pesant, eux, contemplaient toute l'étendu que cela inspirait.
A présent ils étaient tout deux dans l'appartement. Lowell se hâta de regrouper le peu d'affaire qu'il avait et posa le sac sur la table. Puis il fouilla dans sa mallette de médecin, cherchant de quoi calmer un mal de crâne certain, il l'avala avec un peu d'eau et sans un mot, il fila sous la douche.
Il ne s'y attarda pas. Juste le temps de se décrasser, mettre des vêtements propres et le voilà déjà sorti, serviette sur la nuque, ébouriffant sa chevelure noir de jet afin d'accélérer le séchage. Pas le temps de s'attarder sur des futilités.
Quand il revint, Aaraon était à la fenêtre et guettait la rue, ne se retournant pas quand le trappeur pénétra dans la salle. Il se dirigea à nouveau vers son sac, rangea les dernières affaires.

" On part quand ?
- Le plus tôt possible. J'ai une planque là-bas.
- Bien. "

Lowell s'assit prudemment sur une chaise. Sa petite douche lui avait aussi permis de constater les dégâts visible sur son corps. Un gros hématome sur la jambe gauche, un respectable sur l'épaule droite et, mais ça il le sentait assez bien pour s'en être aperçut bien plus tôt, une côte fêlé qui lui faisait plutôt mal. Mais finalement il s'étonna que la douleur ne soit pas si cuisante qu'elle aurait pu l'être. Le choque qu'il s'était prit sur le crâne lui avait fait oublié certains détails de la collision avec Guurk mais il préféra ne pas essayer de s'en souvenir.
Après un instant de silence durant lequel il s'attela à la tâche difficile qu'est se rechausser tout en pensant à son état de santé actuel, il décida de prendre la parole :
" Ou sinon, je peux me prendre un appart' et tu viendrais t'y planquer."

Et voilà, le sujet qu'il voulait aborder depuis son arrivée était mit sur table. L'occasion était parfaite : Aaraon quittait l'appartement, il avait besoin d'un autre habitat... Ça ne pouvait que mieux tomber ! Ça passerait beaucoup plus facilement.... Enfin ...

Aaraon fixa un instant le trappeur, comme si les mots qu’il venait d’aligner refusaient de se graver dans son esprit. Lowell voulait se « prendre un appart »…en somme partir. Partir pourquoi? L’appartement des Wrights étaient largement assez grand pour trois…vétuste certes mais spacieux. Lawrence faisait tout les efforts du monde pour ne pas déranger Lowell (ou alors avait-il simplement peur de Louve…) et jusqu’à l’intervention du « commissaire » tout se déroulait plutôt bien…et puis le problème du « commissaire » n’allait pas durer cent sept ans non plus !
Ouais bon okay…ça le jeune homme n’en était pas vraiment sûr. En fait il était même plutôt sûr que la meilleure solution était de lâcher l’affaire et de déménager…Mais là Lowell parlait de se barrer dans son coin…Et donc ça n’avait rien à voir avec le « commissaire ». Raaah…pourquoi fallait-il que ses idées soient aussi embrouillées…Entre ça, le dérouillage qui le faisait morfler, et l’absence de coke…quel bordel.
Aaaraon se leva en silence et jeta un coup d’œil autour de lui. La porte de la chambre de Lawrence était fermée et une partie de ses affaires usuelles manquaient. Il avait suivi son conseil et s’était sans doute installé chez Angélique (ou chez un ami pour échapper à la tentation…). Soupirant il se tourna vers le trappeur :

« ....pourquoi tu veux prendre un appart!? Ptain...et à consortium en plus...t'as envie de te faire buter c'est ça?
- Hey ! Du calme Gamin. J’ai aucune envie de me retrouver à Consortium, un endroit tranquille m'aurait arrangé bien plus, mais c'est là bas qu'il y a le plus de chance pour moi de trouver des indices.
- Et merde ! Fais ce que tu veux ! Jme tire. Tu viens ou tu préfères te poser? Jte conseil de pas trop rester là... »

Lowell se baissa pour ramasser une partie de ses oripeaux, avec une visible difficulté. Il faudrait trouver une alternative à la planque de l’Octantin pour la nuit, ni lui ni le trappeur n’était en état de se payer 2h de marche dans les ruelles pourris de consortium après l’heure et demi de tramway et de radada qui les attendaient dans l’immédiat. Agir ne pas penser…ne pas…penser…ne pas…
« Quoi qu'il en soit, j'ai plus de fric sur moi. Faut que je trouve une banque. »
Coupa Lowell, en désignant son portefeuille pillé. Aaraon se crispa, il avait une grosse envie de lui faire une scène à base de « t’as pas besoin d’aller retirer ton sale argent si c’est pour nous laisser tomber avec ton nouvel appart à la con», avant de réaliser que s’adresser à quelqu’un qu’il n’avait pas vu pendant cinq ans de cette façon, c’était ridicule. De toute manière Lowell ce n’était pas sa famille…pas plus que JL ou Ambre en fait. Il serra les dents et se concentra sur les questions pragmatiques :

« Okaaaay... tu préfères te faire voler par la chancellerie ou la mafia? Perso ni l’un ni l’autre…
-Et comment tu comptes faire pour bouffer Aaraon ?
-Au royaume des pickpockets le roi des cons c'est celui qui arrive avec un portefeuille plein...jcrois que t'en a fait l'expérience. Cque je voulais surtout dire c'est que l'Etat taxe plus que la mafia pour les devises étrangères, donc si tu y tient autant retirer directement à consortium.
- No problem blondy. »

Une fois sur le palier il entama une nouvelle fois sa traversé commando du couloire, s’assurant qu’Ambre ne risquait pas de le surprendre. Lowell lui jeta un coup d’œil inquisiteur qu’il ignora superbement avant de se ruer hors de l’immeuble d’un pas légèrement…agressif…junky-en-manque quoi.
« Ce soir on pionce chez une amie à moi…Avec un peu de chance on tombera sur son « jour de repos », sinon faudra faire abstraction. C’est mieux que rien ou qu’un hôtel pourris tenu par des voleurs.
-…Et elle fait quoi au juste ton amie ?
-C’est une pute. »

Lowell savait que l'idée de se prendre un appartement pour lui provoquerait une réaction, ça c'était sur... Mais à ce point, il s'avoua être surprit. Aaraon avait réagit au quart de tour, son idée était-elle si idiote ? Non, Lowell persistait à penser que c'était pas si con et que ça tombait plutôt bien même. Mais apparemment, le sujet était bien plus délicat que se l'était imaginé le trappeur. Pourquoi cela déclenchait-il une si vive réaction ? Il savait pourquoi... Sans trop savoir en fait. Bref, quoiqu'il en soit, il conserva à l'esprit que ce sujet était dès à présent classé comme "épineux" et il se réserva à l'avenir de ne pas trop mentionner le sujet dit sensible devant Aaraon.
Autre chose à noter : l'octantin était du genre rancunier et ça se voyait. Bien décidé à rejeter toutes les propositions de Lowell et lui prouver qu'il avait tort, le technologue du prendre son mal en patience et confier l'arrogance de Aaraon à sa jeunesse. Ainsi, Aaraon lui reprocha t-il de vouloir se procurer un peu d'argent ... Lowell ne comptait absolument pas demander la charité et voler n'était pas vraiment dans ses principes. Or il fallait bien qu'il ai un minimum sur lui merde !

Donc, après une scène quelques peu burlesque où Aaraon traversait le couloir d'une manière tout à fait militaire, en s'assurant que Ambre ? (supposa Lowell) n'était pas dans les parages ( chose tout à fait inutile selon Lowell : vu l'épaisseur des murs, la petite scène de Aaraon aurait forcement du alerté l'alchimiste de sa présence ), ils débouchèrent dans la rue, "sain et sauf" se dit-il ironiquement.
Aaraon présentait des signes de manques et cela n'échappa pas à aux yeux cernés de l'ancien médecin-chirurgien qui ne fit rien remarquer, ce contentant d'emboiter le pas, sans se presser. Ils débutèrent leur marche, direction : le tramway.

« Ce soir on pionce chez une amie à moi…Avec un peu de chance on tombera sur son « jour de repos », sinon faudra faire abstraction. C’est mieux que rien ou qu’un hôtel pourris tenu par des voleurs.
-…Et elle fait quoi au juste ton amie ?
-C’est une pute. »

Lowell s'arrêta net. Il pâlit. Un frisson lui avait traversé le corps, glaçant momentanément son sang. Les derniers mots de Aaraon raisonnaient dans sa boite crânienne comme des mots surgissant d'un passé lointain. Aaraon s'était retourné à l'arrêt de son compagnons qui le fixait à présent d'un air grave.

" T'as... pas une autre idée ?" interrogea Lowell, sans réel espoir, ce à quoi Aaraon répondit par un simple "non" et reprit sa route. Le trappeur se décida à avancer malgré tout, même si l'idée ne l'enchantait pas... Après tout Aaraon faisait ça pour lui éviter des ennuis non ? Enfin ...
Ils marchèrent tout les deux dans un silence sinistre. 1 partout pour ce qui est du coup sur le moral, c'était bien parti ma foi...
Ils arrivèrent finalement à la station de tram, toujours silencieux. Ils prirent l'un d'eux, sans payer forcement, silence encore. Ils traversèrent le quartier des Range Docks, observant les immeubles qui défilaient par les fenêtres vitrés du tram, perdu dans leurs pensées respectives... Et silencieuses.


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