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 [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité

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St. John

St. John


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MessageSujet: [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité   [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité EmptySam 6 Nov - 12:43

Cinq ans plus tôt –

Une assemblée de scientifiques se tenait dans l’un des amphithéâtres principaux de l’Institut de Recherche en Biologie de Gillingham, situé dans l’un des quartiers Ouest. Une foule d’hommes de tous âges, certains étudiants et d’autres déjà réputés, endimanchés dans de sérieuses et mornes redingotes noires, des lunettes en main et les carnets de note sortis devant eux. Un brouhaha d’excitation s’élevait peu à peu, accentué par la résonance que produisait la grande et haute salle. Chacun se demandait par des chuchotis plus convenables ce qui allait leur être présenté aujourd’hui. Chacun se demandait si les découvertes qui seront faites pourront faire progresser la science. Incontestablement, répondaient alors les plus passionnés.
Un des doyens de l’Institut apparut de derrière un épais rideau bordeaux. Une partie de la scène au milieu de l’amphithéâtre était cachée par ce rideau et certains avaient peine à s’empêcher de crier de commencer la séance. Mais comme le doyen était enfin arrivé, cela voulait dire qu’ils allaient pouvoir débuter. Les chuchotis s'amenuisèrent quand le vieil homme aux rares cheveux blancs peignés en arrière se mit à parler d’une voix grave et forte.

− Messieurs, je vous souhaite la bienvenue pour cette nouvelle session d’exposé. Aujourd’hui, nous allons vous montrer quelque chose de rare, quelque chose que vous attendez depuis longtemps. J’espère que cela flattera assez votre curiosité.

Il eut un petit sourire entendu et quelques rires fusèrent. Ils se comprenaient. Les scientifiques appartenaient à un monde bien à eux, dans lequel peu de néophytes pouvaient entrer, au risque de se faire prendre de haut.

− Sir Langston, nous ne pouvons plus attendre ! cria un jeune étudiant en levant bien haut un crayon, signe qu’il était prêt à prendre note.
− Monsieur Joy, je vous prierais de garder votre calme, l’admonesta aussitôt le doyen d’un ton sévère. Bien, il est temps.

Très solennellement, il se dirigea vers la corde qui servait à ouvrir le rideau et tira dessus. L’étoffe ondula lentement, découvrant petit à petit à l’assemblée soudain plus silencieuse une cage, installée en plein milieu d’une estrade. Une silhouette était dissimulée dans la pénombre naturelle qui provenait des barreaux brusquement illuminés par l’intense lumière du plafonnier. Elle s’agita quand les scientifiques se levèrent pour mieux voir. L’impatience les tiraillait, et cependant ils se gardèrent bien de faire toute remarque qui aurait pu déplaire à Sir Langston.

− Messieurs, dit celui-ci après être revenu au centre de toutes les attentions, je vais demander à mon assistant d’ouvrir la cage et de faire sortir le spécimen que l’on va étudier aujourd’hui, alors je souhaiterais que vous restiez tranquilles, pour ne pas effrayer la créature. Elle est tout à fait farouche, et nous avons maintes fois essuyé ses réactions désespérées pour s’échapper.

À ces mots, il se tourna vers un jeune homme aux courts cheveux blonds, immobile à deux pas de la prison mobile, les bras croisés derrière le dos. Il lui fit signe de procéder comme il l’avait annoncé à l’assistance. L’assistant ne tarda pas. Il contourna la cage et, avant de déverrouiller la porte, il défit une corde attachée à l’un des barreaux. Cette fois-ci, la créature réagit. Elle se jeta en avant quand le jeune homme ouvrit la porte. Mais comme les précautions avaient été prises, elle ne put aller plus loin. Le blond tira sur la corde, l’obligeant à s’arrêter. À moitié étranglée par la lanière qui lui serrait le cou, elle rugit de fureur mais ne tenta pas quoi que soit d’autre. Le monde qu’elle aperçut alors ne réussit qu’à la crisper un peu plus. Elle savait qu’il n’y avait pas d’échappatoire possible. L’assistant profita de sa confusion pour lui planter une aiguille dans le cou afin de lui injecter un tranquillisant, qui eut son petit effet au bout de quelques secondes à peine.
Des exclamations s'élevèrent quand la créature s’agenouilla dans la lumière, à moitié assommée par le sédatif.

− Par le Créateur ! s’écria quelqu’un.
− Quelle est cette chose ?
− Comment est-ce possible ?
− C’est peut-être un humain déguisé ! lança un autre.

Sir Langston accueillit cette dernière réplique dans un froncement de sourcils. Il leva les mains pour apaiser la foule de scientifiques désormais plus excités que jamais.

− Ne blasphémez pas ! dit-il. Ce que vous voyez là est bien un pur produit du Nexos. Un être hybride, appartenant à l’espèce appelée Angsälvor. Le mélange judicieux et si particulier d’un humain et d’un monstre… Profitez bien de ce spécimen unique, car ils sont difficiles à attraper. Nous avons bien eu de la chance qu’un généreux donateur ait bien voulu nous le… donner.

Le doyen détourna le regard de l’assistance pour observer l’hybride comme s’il avait été le plus beau des trésors. Il était si heureux d’avoir pu faire une telle acquisition, c’était si exceptionnel ! Évidemment, il en avait eu pour son argent, mais l’Institut n’était pas dénué de ressources et bon nombre de politiques et de Lords offraient des dons en échange de voir leur nom sur l’une des découvertes que les scientifiques faisaient. Ils n’étaient donc pas démunis et pouvaient obtenir plus qu’il n’en fallait…
D’un geste de la main quasi professoral, il a invita enfin ses confrères à écrire. Il leur parla de tout ce qu’il avait appris jusque-là sur cet être si étrange : d’où il venait plus exactement sur l’île des chimères, de quelle tribu, et de la Divinité que son peuple semblaient vénérer. En réalité, il en savait peu sur eux, et il se permis quelques fois d'agrémenter un peu son discours, afin de ne pas perdre l’intérêt de la foule. Puis, il passa à l’aspect technique de l’exposé, c’est-à-dire à l’explication du fonctionnement physiologique de l’hybride. À l’aide de panneaux où des schémas avaient été dessinés, il montra tour à tour les différences anatomiques qu’il y avait entre les humains et l’Angsälvor. Les pattes antérieures ressemblaient fortement à celles de canidés, plus précisément de loups ; les mains étaient munies de griffes acérées, de couleur noire, et les canines étaient plus longues que la moyenne ; une longue queue de poils fins mais résistants s’allongeait sur le bas de son dos et pouvait atteindre plus de deux mètres ; plus deux, trois détails mineures qui intéressèrent les scientifiques.
Ils étaient tous conquis.
À un moment, Sir Langston s'approcha de leur spécimen d’étude, et, avec son bâton de maître, il souleva le mince pagne qui couvrait le bas du corps. Des exclamations fusèrent de nouveau, à la fois admiratives et surprises.

− Comme vous pouvez le constater, sourit le doyen, les mâles de cette espèce ne semblent pas… dépourvus, de ce côté-là.
− Elle est plus grosse que celle de mon cheval ! ricana un jeune tout en la montrant du doigt.
− Il faut bien qu’ils aient quelque chose d’impressionnant, puisqu’ils n’ont pas la civilisation !

Des éclats de rires emplirent l’amphithéâtre et Sir Langston toussa avec plus de force qu’il n’en fallait pour faire revenir le calme. Il leur jeta ensuite un regard implacable.

− Cela suffit. Soyons un peu sérieux. Il n’y a pas de différences entre les attributs de cette créature et ceux de certains indigènes de Kwanaï. C’est un élément qu’il ne faut pas négliger, et ce dans une visée purement méthodique. Des questions ?

Évidemment, des centaines de mains se levèrent en même temps. Le vieil homme soupira, et, alors qu’il allait en désigner une, une voix se distingua entre toutes, une voix qui n’avait rien à faire ici.

− Que ce spectacle pervers cesse sur l’heure !

Tout le monde se tue. Sir Langston tourna lentement la tête vers l’importun qui avait osé les déranger, un importun qu’il connaissait de réputation et qu’on ne pouvait pas prendre à la légère.

Un homme au pardessus d’un bleu très foncé s’avança vers le doyen, une main sur la visière de son haut-de-forme noir bordé de blanc, de ceux que l’on met pourtant dans les soirées mondaines. Il l'enleva avec élégance et esquissa une révérence qui était bien plus ironique que courtoise. Quand il se fut relevé, de nombreuses paires d’yeux lui jetaient des éclairs de mépris. Ça le fit sourire.

− Lord St. John… La brebis galeuse du gouvernement, siffla le doyen.
− Lui-même ! Enchanté, messieurs les scientifiques… Ou plutôt devrais-je dire, messieurs les montreurs d’ours de foire.

Les cris d’indignation et les insultes explosèrent.

[Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité He_kno10



Dernière édition par St. John le Jeu 11 Nov - 12:36, édité 1 fois
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St. John

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MessageSujet: Re: [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité   [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité EmptyJeu 11 Nov - 12:36

− Monsieur, même si vous êtes un Lord, vous n’avez aucun droit de vous trouver dans cet hémicycle, déclara Sir Langston en le toisant avec dédain. Et encore moins dans cet Institut…

Pas le moins du monde impressionné par le ton menaçant de son interlocuteur, St. John continua de sourire, puis son attention se focalisa sur l’hybride qui commençait peu à peu à reprendre contact avec la réalité, et cela à cause des protestations qui emplissaient la salle de plus en plus.

− Et vous, vous ne pouvez porter le titre de « Sir » en agissant ainsi, répliqua-t-il avec froideur, les mains croisées dans le dos, serrant sa canne et son chapeau. Vous étudiez ce pauvre garçon alors qu’il n’a pas demandé à être votre cobaye. Je le sais, Langston, comme je sais d’où il vient et comment vous avez fait pour l’avoir.
− C’est pour la science ! récria un étudiant, le poing tendu.

St. John pivota vers l’assistance, si rapidement que certains émirent de petits cris de surprise.

− La science n’est rien quand ce sont des imbéciles sans scrupules tels que vous qui osez la cultiver.
− Nous sommes de vrais scientifiques ! lança un autre.
− Vraiment ? Moi, je ne pense pas. Les vrais scientifiques sont sur le terrain, à explorer et à rechercher au milieu de ceux qu’ils veulent étudier. Pas tapi dans un bâtiment qui a été promu au rang d’Institut de manière illégale !

Contre toute attente, Langston se permit un rictus mauvais. Les autres s’étaient évidemment indignés des paroles de St. John, et cependant le doyen n’avait pas l’air aussi outré qu’eux.

− Que pouvez-vous faire, St. John ? dit-il en s’avançant à son tour vers lui. Qu’est-ce qu’un seul homme peut bien faire contre une institution telle que la nôtre ? Pas grand-chose, malheureusement pour vous.

L’agent le foudroya du regard, légèrement pris de court par le changement soudain de comportement du vieil homme. Sa suffisance lui donnait envie de le frapper avec sa canne, mais il se retint. Ce n’était pas digne d’un homme de sa qualité. Il choisit plutôt de demeurer de marbre et de montrer qu’il n’était pas prêt à baisser les bras.

− Je ne suis pas seul, Langston, reprit-il en allant rejoindre l’estrade où se trouvait l’hybride. Mon arrogance est peut-être égale à la vôtre, toutefois je sais la maîtriser, au contraire de vous. Manipuler une masse d’imbéciles suffisants peut bien vous laisser croire que vous êtes plus puissant que moi, mais c’est tout. Ce n’est qu’une illusion. Un spectacle grotesque de charlatans en habit de médecin.

Il fit un grand geste pour englober toute la foule hargneuse qui semblait sur le point de se jeter sur lui. Il sauta vivement sur l’estrade, se hâta vers le jeune homme blond et lui arracha la corde qui emprisonnait l’Angsälvor des mains. Apeuré, l’assistant ne fit rien pour la reprendre. Il se recula seulement dans l’ombre protectrice de l’arrière scène.

− Certes, je ne suis qu’un chien à la solde d’un gouvernement qui ferme les yeux sur l’humanité cruelle dont vous pouvez faire preuve, continua St. John, mais je suis également de ceux qui favorisent la vérité. On aura beau me couper l’herbe sous les pieds ou essayer de m’abuser par de faux-semblants hypocrites, l’aveuglement ne me saisira jamais. Je ne serais pas sourd aux peines du monde, ni aux bouleversements qu’il subit, ni aux plaintes de la populace. Un jour, elle aura le pouvoir de tous vous faire disparaître de la première marche. Vous la servirez comme elle vous a servi depuis des siècles. Et moi, j’attendrai patiemment le changement.

Il ouvrit les bras pour clore élégamment son discours et surtout pour inviter les scientifiques à s’ouvrir à son raisonnement. La rhétorique pouvait parfois suffire à convaincre, mais, la plupart du temps, il fallait user de stratagèmes bien moins habiles, beaucoup plus triviaux, pour arriver à son but. St. John ne voulait pas s’abaisser à cela. Ce serait perdre un avantage qu’il avait sur ces hommes.
Comme personne ne bougeait, trop sidéré, il se détourna pour observer plus attentivement l’hybride, toujours sur les genoux. L’être releva la tête quand il sentit qu’on le fixait, et ses yeux d’ambre pur croisèrent ceux de l’agent. Il grogna, puis se releva brusquement, les griffes sur le point de lui déchirer la peau. Pourtant, il ne fit pas un geste vers le lord. Son cœur battait à tout rompre et il avait cet irrépressible besoin de saigner à blanc cet humain, mais il lut dans le regard clair de celui-ci et comprit qu’il n’était pas comme les autres, comme ceux qui l’avaient séquestré tel un animal enragé. Ce qu’il percevait dans la profondeur de son âme, c’était le respect et la bienveillance.
St. John retrouva son sourire, bien que cette fois-ci ce sourire ne fût plus vraiment insolent, plutôt sincère et rassurant. Prudemment, il leva les mains vers l’hybride, qui sursauta légèrement. Il se laissa faire cependant quand l’agent lui enleva doucement le collier qui lui ceignait le cou, et qu’il jeta ensuite au loin, comme s’il s’était agi d’un déchet.

− Je sais que tu ne me comprends pas, murmura St. John en se penchant un peu vers lui, mais peut-être que ceci (il lui montra l’arrière scène), tu le comprendras. Fuis loin de ces fous.

D’abord hésitant, lorgnant d’un œil féroce ses geôliers désormais tous levés, curieux de ce qui se passait, l’hybride fit finalement volte-face, et d’un pas déterminé, il disparut à son tour dans la pénombre. Langston était fou de rage.

− Vous ne vous en tirerez pas à si bon compte, St. John ! rugit-il en le pointant du doigt. Quand la maréchaussée aura vent de votre acte de malveillance, elle se fichera bien de votre état d’agent ! Elle viendra chez vous et vous enfermera, parce que vous ne méritez que de finir dans un cachot.
− Je suis impatient de voir ça, railla-t-il en découvrant ses dents blanches.
− Hors de ma vue ! Sortez de cet établissement !
− Permettez-moi de passer par vos galeries, là où vous entreposez toutes les pauvres créatures que vous disséquez et empaillez sans être pour autant affligés par votre barbarie.

Le vieil homme se tourna vers ses confrères, aussi rouge qu’une tomate bien mûre.

− Celui qui boutera ce dandy de seconde zone hors d’ici, je lui offrirai tous les privilèges qu’un scientifique puisse rêver d’avoir.

La majorité des étudiants descendirent des tribunes dans une précipitation qui amusa plus l’agent que ça ne l’effraya. Avant qu’ils n’aient pu l’atteindre, une petite voix hésitante s’est élevée soudain :

− Monsieur ?

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[HS : j'essayerai de faire quelques illus plus tard, que je rajouterai]
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Ferial Grindwell

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MessageSujet: Re: [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité   [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité EmptyJeu 9 Déc - 18:00

Ferial se tenait dans l’encadrement de la grande porte principale, une main sur le battant et l’autre sur sa poitrine. Essoufflée, elle parvint tout de même à articuler quelques mots à l’adresse de son tuteur :

− Vous êtes vraiment… incorrigible… monsieur.
In fine, tu es là, répondit St. John sans se départir de son sourire. J’ai cru que tu t’étais perdue, à ne pas te voir arriver. Tu as raté le plus gros du spectacle.

Elle s’avança péniblement en traînant ses bottines et tout en jetant des coups d’œil curieux à l’ensemble de la salle. Langston paraissait au bord de l’apoplexie.

− Vous avez du culot, St. John ! aboya-t-il. Déjà que vous venez semer la zizanie, et là je constate que vous avez osé amener une femme dans l’enceinte de ce prestigieux établissement. Quelle honte !

L’intéressé pivota vers le doyen, l’air faussement choqué, tandis que sa jeune protégée examinait son opulente poitrine avec déception. Elle avait pourtant cru que son déguisement de gamin des rues fonctionnerait.

− Mais voyons, nous entrons dans la modernité ! Cessez d’être attachés à toutes ces vieilles valeurs de phallocrates et laissez ces Dames investir tout comme vous dans l’avenir !

Puis son expression se changea en pitié.

− Vous me désolez, vraiment, renchérit-il. Alors, Ferial, ne trouves-tu pas que ces messieurs sont plus incorrigibles que moi ?
− C’est à voir.
« Errare humanum est », jeune fille. Ne devrait-on pas le leur accorder ?
− Et voilà, vous reprenez avec vos citations louches. Je n’y comprendrais jamais rien.
− L’erreur est humaine, mon enfant. Je te l’ai déjà pourtant dit des millions de fois.
− Pardon si ma mémoire ne sélectionne que ce qui a un véritable intérêt.
− Ouch !

Il fit mine d’être abattu, mais cela n’eut aucun effet sur Ferial, qui demeura stoïque. De ce fait, son attention revint vers les scientifiques. Il désigna la jeune fille du pouce.

− Vous voyez qu’il faut les prendre au sérieux. Parfois les mots me manquent quand je parle avec elle.

Il soupira, les mains dans les poches et le regard soudain rêveur. Ferial en profita pour s’approcher furtivement de lui et lui tirer la manche afin de le réveiller. Il fit semblant d’être surpris, toussota dans sa main et lissa nerveusement son costume. Tous le fixèrent avec un mépris certain.

− Bon, messieurs, il est l’heure de vous quitter ! J’ai été ravi de ce… petit entretien. Fort enrichissant. Oui. Maais, j’espère qu’il n’y en aura pas d’autres.
− Nous non plus, approuva le doyen, agacé. Maintenant, sortez. Et ne remettez plus jamais les pieds dans l’enceinte de cet établissement, ou je vous ferais arrêter !

St. John leva ses mains en signe d’accord et fit une courbette, avant de remettre son haut-de-forme. Lui et sa jeune protégée s’effacèrent derrière la porte qui menait à une autre aile de l’Institut. Les étudiants, plus que les médecins déjà diplômés, se mirent à le huer dès que l’agent ne fut plus en vue.
Le corridor qu’ils traversèrent était faiblement éclairé par quelques lampes à telifuel accrochées aux murs. Des portraits de personnages illustres s’enchaînaient tous les un mètre, les visages semblant se découper des cadres par l’effet clair/obscur que donnait l’éclairage. Ferial observait tout ceci avec émerveillement ; elle n’aurait jamais cru côtoyer un tel monde dans sa prime jeunesse (enfin, côtoyer ici veut plutôt dire « incruster »). Mais vivant désormais avec un lord tel que St. John, elle envisageait sérieusement de tout découvrir sans se poser de limites. Il n’était plus question de classe sociale et de rang qu’on vous impose obligatoirement à votre naissance. La fonction d’agent permettait de dépasser toutes ces convenances et ces règles sociétaires préétablies. Son tuteur lui avait d’ailleurs expliqué que son titre de noble n’avait plus aucune utilité dans ce qu’il faisait, à part peut-être pour aller scouater quelques salons organisés pour les prétendus « lettrés » de Gillingham, et ce uniquement afin de glaner quelques informations, besoins de l’enquête obligent.
Au bout de ce couloir se trouvait une autre double porte, aussi grande que la première, et qui promettait bien des secrets cachés. St. John fut surpris de constater qu’elle n’était pas verrouillée. Un simple sourire entre lui et la jeune fille leur suffit. Il tourna donc la poignée et l’obscurité les engloutit une nouvelle fois.

[HS : peut-être qu'un jour je mettrais des dessins ! ... peut-être !]
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St. John

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MessageSujet: Re: [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité   [Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité EmptyVen 31 Déc - 15:11

La salle était immense, illimitée. On ne pouvait discerner ni le fond, ni les côtés, mais c’était sans doute parce que l’obscurité accentuait cet effet de profondeur. Ils avancèrent un mètre à peine ; St. John se tourna vers sa protégée.
− Tu as pris ce qu’il faut ?
Elle hocha simplement la tête et fouilla dans sa veste. Elle en sortit un petit carré d’une matière proche du plastique, qu’elle déplia comme s’il s’était agi d’un carton. Une fois que le cube fut formé, elle releva un crochet, donnant ainsi au tout l’apparence d’une minuscule lanterne de poche. Ce qui était le cas. Puis, elle glissa son index dans le crochet, plaça une petite bougie dans la lanterne, après l’avoir allumée avec une allumette. La boîte d’allumettes provenait d’un pub qui répondait au nom évocateur « Au Joyeux Éméché ».

[Rétro - 5 ans] Cruelle Humanité Ba-fer10
St. John indiqua d’un mouvement de tête qu’ils pouvaient continuer. Curieuse, Ferial zigzaguait dans la salle comme une abeille butinant de-ci, de-là. À la faible lueur de sa bougie, elle découvrit des estrades chargées d’animaux empaillés. Des animaux exotiques, dont les faux yeux de verre étaient, la plupart du temps, exorbités, et qui lui donnaient l’impression de l’épier quelque soit l’endroit où elle se tenait. Derrière eux se trouvaient de grandes vitrines révélant d’impressionnantes collections de minéraux, de fossiles, de plantes, et d’étranges créatures enfermées dans des bocaux de formol. Ferial était à la fois fascinée et apeurée par ce qu’elle voyait. La biologie était une matière qu’elle commençait à peine à comprendre. Elle préférait nettement la littérature aux sciences, sans toutefois être complètement désintéressée par ce dernier domaine.
À un moment, elle voulut effleurer un corbeau aux grandes ailes noires déployées, le bec ouvert en un cri silencieux. Mais son tuteur la rappela vite à l’ordre.
− Ne touche à rien.
Elle baissa sa main, la mine boudeuse. Alors qu’elle se détournait de l’oiseau, elle se retrouva face à un visage hideux, qui ne s’était pourtant pas trouvé là juste avant. Son nez proéminent était surmonté d’une verrue, sa grande bouche crispée en un sourire effrayant, son regard écarquillé, fixé sur elle, ses joues creuses et ses dents gâtées. Bref, ce n’était pas très beau à voir. La jeune fille grimaça, rassurée par le fait qu’il ne bougeait pas. Cependant, au moment où elle s’y attendait le moins, le visage éclata de rire. Ferial sursauta et alla se cacher derrière la silhouette rassurante de St. John, qui avait assisté à tout cela avec un certain détachement. Brusquement, les bras de sa protégée entourèrent sa taille et le serrèrent à tel point qu’il finit par suffoquer. Le visage avançait dans le noir. Ferial avait lâché sa mini lanterne qui se trouvait désormais sur le sol. Une plus grande source de lumière s’éleva soudain, lui révélant que le visage appartenait à un homme décharné, courbé et habillé avec des habits rapiécés. Il pointa sa propre lampe vers les deux compagnons.
− Eh beh, qui’qu’vous êtes donc, vous ? renifla-t-il peu élégamment.
St. John, qui tentait de se défaire de l’étreinte de Ferial, parvint néanmoins à se présenter. Politesse oblige, quand on est un lord.
− Je suis Lord St. John, et voici ma filleule, Ferial Grindwell. Et vous, qui êtes vous ?
− Le concierge, pardi ! Pardonnez ma franchise, mais vous avez rien à faire ici. J’vais devoir vous raccompagner vers la sortie, m’sieur.
− C’est fort aimable à vous, dit l’agent d’un sourire, tout en continuant à essayer de desserrer l’emprise que sa protégée avait sur lui. À vrai dire, je crois que nous nous sommes perdus. Voilà pourquoi nous avons atterri ici malencontreusement. Veuillez nous en excuser.
Le concierge ne fit que hocher la tête, et se moucha ensuite bruyamment. Tandis qu’il remettait son mouchoir dégoulinant dans sa poche, il les dépassa et les invita d’un geste à le suivre. Ferial se détacha de son tuteur d’elle-même, tout en restant le plus près possible de lui pendant qu’ils marchaient.
− Dites-moi, mon brave, reprit St. John au bout d’une minute, connaissez-vous le nom de la salle que l’on vient de quitter ?
− C’est la Ménagerie, m’sieur. Mais moi j’appelle ça le cimetière. C’est jamais très rassurant de s’y balader. Voir tous ces pauvres z’animaux empaillés me file les jetons. Y disent que c’est pour la science, mais moi j’dis que c’est pas très sain de tuer et de conserver des créatures aussi belles.
− Vous êtes la voix de la raison, mon ami. Et savez-vous où ils se procurent ces animaux ?
L’homme s’arrêta net. Ferial émit un petit glapissement quand il se retourna, les fixant de ses yeux exorbités, comme ces fameux animaux empaillés. Peut-être avait-il, malgré ses dires, traîné trop souvent dans cette salle sordide. Mais on ne pouvait que devenir fou à force de côtoyer la mort d’aussi près. Au lieu de pourrir, comme les règles de la nature le voulaient, ces animaux étaient prisonniers, des points fixes dans le temps, des anomalies qui bouleversaient l’ordre des choses.
− J’sais pas si c’est très prudent de l’évoquer ici, m’sieur, grommela le concierge.
− Il n’y a personne à part nous trois, insista le lord.
− Les murs ont des oreilles (j’allais dire que les oreilles avaient des murs…), m’sieur.
− Et moi, j’ai l’argent.
Une pièce virevolta de sa main pour atterrir sur la paume de l’homme. Il la regarda un instant avec ébahissement, puis elle disparut dans son pardessus rapiécé. Il semblait tout à coup plus coopératif.
− Ils vont dans l’Underground, m’sieur, chuchota-t-il vers eux.
− Qu’est-ce que c’est ? balbutia Ferial à l’adresse de son tuteur.
− Le dernier niveau… La sphère de l’impossible… La place de l’interdit… La cour des miracles… lui répondit St. John en posant sa main sur sa tête.
La jeune fille fronça ses sourcils.
− Mais encore ?
Il sourit et se mit à rire, ce qui dérouta à la fois Ferial et le concierge.
− Je m’en doutais. Voilà que mes soupçons sont confirmés.
Il se tourna vers l’homme.
− Je vous remercie. Je pense que l’on peut continuer sans vous. Je reconnais ces couloirs.
Le concierge ne fit que hocher la tête, puis il s’effaça derrière une porte, les laissant tous les deux. L’agent tapota une nouvelle fois la tête de sa filleule.
− Prête pour une excursion dans les profondeurs de la cité ?
Les prunelles de Ferial se mirent à briller.
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