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 Un Maestro dans le caniveau.

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Greta de l'Hesperanz

Greta de l'Hesperanz


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MessageSujet: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptyMar 20 Sep - 11:09

Du Grandbois se fit conduire par le majordome dans le petit salon où Gamaliel prenait une collation. Lorsque son ami entra, il posa son verre de cristal, se leva et lui serra chaleureusement la main. Ils discutèrent un moment puis Du Grandbois annonça qu'il avait une requête auprès de Greta. Une commande un peu spéciale. Gamaliel, qui avait l'habitude que sa fille soit sollicitée pour des préparations en tous genres, conduit lui-même son visiteur jusqu'au « laboratoire » de Greta. Elle ne s'y trouvait pas. L'hypocrate chargea alors Suzanne de la chercher.

La jeune femme était alanguie sur une duchesse brisée. A côté d'elle, sur une table basse, des boissons et des pâtisseries attendaient d'être dégustés par la gourmande alchimiste. Celle-ci avait encombré une autre table de dizaines de fioles, bouteilles et pipettes et testait diverses couleurs sur ses ongles, ses paupières et sa bouche.

- Mademoiselle ?

Greta leva théâtralement la tête avant de lâcher un « Oui ? » plus sucré qu'une part de tarte à la meringue.

- Votre père et un visiteur vous attendent devant votre laboratoire.
- Bien, j'y vais de suite.

Elle se leva, ouvrit son armoire d'un geste souple et choisit une robe au hasard. L'habillage ne dura pas plus de dix minutes, laçage du corset compris. L'habitude.

C'est ainsi que le lendemain matin, à six heures tapantes, elle fut prête pour se rendre à Alestra. La préparation exigée par Du Grandbois nécessiterait certains composants qu'on ne trouvait que chez quelques fournisseurs. Elle en connaissait un depuis son entrée à l'Académie, qui vendait tout, même ce qui n'existe pas, à condition que le client ne sache pas que ça n'existe pas.

Elle s'était vêtue de manière discrète, comme pour chaque sortie dans les quartiers commerçants. Attirer l'attention, c'est bien dans Sperandei, mais uniquement dans Sperandei. Pour ce genre de course elle portait toujours son pantalon d'escrime, une chemise à jabot, un corset et des bottes. Une cape recouvrait ses épaules, ses cheveux relevés en chignon dégageaient son visage et sa bourse, accrochée en sécurité au tour de son cou, n'attirait pas l'oeil. Pas de bijoux exceptés quelques bracelets d'argent.

Greta sortit, referma la grande porte de bois massif et descendit lentement le perron de marbre. L'un des valets était aussi le cocher et il l'attendait en tenue, prêt à lancer les chevaux.
« Nous allons chez Philoctète. »

Le fiacre traversa Sperandei et une bonne partie d'Alestra avant de stopper dans une large rue bien pavée, parsemée de boutiques de haute qualité. Il y avait déjà foule. Greta sortit, donna quartier libre au cocher avec ordre de venir la chercher ici-même dans trois heures. La jeune femme comptait profiter de sa sortie pour compléter sa garde-robe déjà bien remplie.
Elle ne resta pas longtemps dans la grand-rue et s'engagea sans hésiter dans un passage plus étroit. Une femme attendait, assise, un bandeau lui couvrant la moitié du visage. Elle tendit faiblement la main mais Greta ne la « vit » pas.
Le battant en bois de la grande fenêtre de Philoctète était levé, la porte ouverte et un tas d'objets en tous genres encombrait déjà la devanture.
Le devant de la boutique se trouvait sur la grand'rue, et l'arrière, où se trouvaient les produits plus bon marché, dans cette ruelle qui menait à Gian.

Il y avait de tout. Des boussoles, des cadrans, des parchemins, des sachets, des bouteilles, des fioles, des cristaux, des coquillages, des globes, des billes, un corbeau dans une cage et même une écrevisse en aquarium.
Une douce mélodie parvint à ses oreilles à l'instant où Greta s'apprêtait à entrer. C'était du violon. Quelqu'un jouait lentement mais sûrement, un air que la jeune femme pensa reconnaître.
Elle se retourna et, juste en face de l'échoppe se tenait un homme, assis sur un tonnelet. Ses cheveux étaient-ils blonds ? Châtains ? Greta ne distingua pas très bien, car il se tenait un peu dans l'ombre. Elle put remarquer une longue cicatrice zébrant ses lèvres et eut un pincement au cœur.

Curieux personnage, qui joue assez admirablement d'ailleurs. Qui eut pu croire que quelqu'un avec un aspect si peu rassurant puisse jouer aussi douce ritournelle ?

Et il n'y avait pas seulement l'aspect du mélomane qui la troublait. C'était plutôt l'air, qu'elle était certaine d'avoir déjà entendu, mais où ? Certainement pas dans un salon, aucun musicien que je connaisse n'aurait osé jouer une comptine des rues. Ni à la maison, quand à l'avoir déjà entendue dans la rue, je m'en souviendrais...

Embrumée par le son du violon, Greta s'appuya contre le mur, près de la porte de la boutique, et se laissa emporter par la mélopée, les yeux rivés vers le ciel entre deux toitures.
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Misha Pavlov

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MessageSujet: Re: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptyJeu 22 Sep - 17:39


La musique. Parfois, il n’y a qu’elle. Une palpitation dans le creux de la poitrine et un sursaut vers le ciel qui vous fait tout oublier. La misère. L’abandon. La solitude. La part d’obscurité qui sommeille en chacun de nous.
Vient alors le soulagement. La félicité. L’intensité. La fébrilité. L’instant est si rare et si fort que le monde alentour n’est plus rien qu’une masse informe et ineffable. On se concentre sur soi, sur ses doigts, plus rien d’autre ne compte, plus rien d’autre ne peut vous faire autant tourner la tête et vous êtes si vivant que vous préfèreriez être mort plutôt que de perdre ces moments-là.

Ce morceau pouvait durer des heures que Misha ne s’en lassait jamais. Il ne sait plus où il l’avait entendu la première fois car ce qui l’avait marqué n’était non pas le lieu lui-même mais la musique qui s’échappait de l’instrument. Loukian, son vieux professeur et plus fidèle ami, lui avait appris à jouer au violon dès son plus jeune âge. Son but premier avait été de calmer le jeune Misha et de l’éloigner de ses implacables instants de folie, déjà à cette époque. Puis il avait remarqué sa passion grandissante. Un soulagement, oui.
Enfin, il termina sa dernière note et la fit durer encore un peu, juste un petit peu, goûtant le plaisir céleste avant de retrouver la répugnante réalité. Lentement, il baissa son violon et fixa des yeux vides sur son environnement. Que faisait-il vraiment là ? Une envie soudaine de jouer l’avait fait interrompre sa promenade quotidienne – qui ne finissait jamais, il fallait l’avouer – et maintenant il se retrouvait dans une rue commerçante des plus sinistres. Un rire le prit ; il se passa une main sur le visage et se leva pour s’étirer quand il remarqua qu’on l’observait.
Une jeune femme plutôt jolie – du moins c’est ce que dirait ce Casanova de Drake car lui, Misha, s’en fichait quelque peu – se tenait près d’une boutique, une expression de ravissement sur le visage. Misha jeta un coup d’œil à son étui, la regarda, puis il eut un autre sourire. Elle n’avait rien des pauvres âmes égarées telles que lui qui traînaient dans ce coin malfamé. Oh non, c’était tout le contraire. Elle semblait promise à un bel avenir avec ses vêtements bien propres mais dont la coupe avait été reprise de la mode des bas quartiers. Elle voulait se fondre dans le décor, cela était évident, mais dans quel but ?
Malheureusement pour elle, elle venait de tomber sur le plus roublard des vagabonds de Gian. Que dis-je, de tout Range Harbor !
Il gloussa et se faufila vers elle telle une anguille prête à électrocuter une future victime. L’étui à violon lui fut soudain mis sous le nez et un petit raclement de gorge l’incita à regarder son propriétaire.
− Z’auriez pas une petite pièce pour celui qui vous a fait monter au septième ciel ?
Il lui fit un clin d’œil peu discret et sans doute très lourd, comme il l’avait appris d’un certain corsaire. Comme elle ne répondait rien, son sourire disparut, laissant place à une expression blasée.
− Vous savez, j’ai pas toute la journée. Je dois faire des… tas de choses. Comme par exemple aller piquer les godasses en cuir de mon clochard de voisin si je veux avoir un dîner à peu près potable ce soir. C’est pas tout de grailler des têtes de poiscailles, mais moi les yeux globuleux ça va deux secondes. Z’avez pigé ?

[size=9][HS : vu que mes dessins finis sont moins appréciés, z'aurez droit qu'aux sketches, tant pis pour vous ! mais non, osef]


Dernière édition par Misha Pavlov le Dim 18 Déc - 17:54, édité 7 fois
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MessageSujet: Re: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptyJeu 6 Oct - 22:37

Les notes filaient dans l'air. Greta était complètement hypnotisée et laissait les sentiments, les sensations monter en elle au fur et à mesure que s'écoulait la partition.

Un voyage, un long vol au dessus d'une immense plaine... et de temps en temps une ferme. D'autres vies, ailleurs... chaque personne, près, loin, à l'autre bout du monde... des enfants, des mères, des pères. Un long vol au dessus du monde. Le froid, la neige, le désert brûlant.
La pluie, l'eau qui coule, qui ruisselle comme les innombrables larmes versées sur des joues de toutes les couleurs. Le vent dans les cheveux, le vent qui pénètre chaque parcelle du corps qui plane. L'océan, immense, mystérieux, sombre, profond et froid.

Une autre vie. Une masure, une âtre et le feu qui crépite. Le feu qui effleure quelques bûches. Ce feu qui se répand sur le bois, qui le caresse, doucement d'abord puis ardemment jusqu'à s'immiscer dans la moindre craquelure, absorbant la sève, couvrant chaque petite surface, pour consumer la matière lentement, patiemment. Mais le vent froid s'engouffre dans la cheminée... un amas de neige tombe en poudre sur le foyer incandescent, pétrifiant en quelques secondes les flammes dansantes. Et ce vent siffle par les trous dans le mur. Le froid envahit tout, jusqu'à la maigre couverture de laine. Un cri s'élève dans la nuit, et une sensation étrange envahit les poumons de Greta, comme si la plainte s'élevait de sa propre gorge.

La musique s’arrête lentement. Un bruit mat retentit. Quelqu'un est tombé. Quelqu'un qui ne se relèvera pas. Mais l'air est encore dans ses oreilles. Elle est soulevée, emportée, dans une course folle à travers la neige. Entourée de noir, un grand tissu noir. Tout est noir. Jusqu'à l'élévation, et la faible lueur qui apparaît, salvatrice.

Et puis trois coups frappés dans la nuit noire.

Retour à la réalité
Voilà qu'il vient de laisser s'envoler la dernière note. Elle s'élève tout doucement avant de se perdre entre les cheminées.

Greta redescend lentement, pose à nouveau ses yeux sur l'homme. Il s'est levé, s'est avancé vers elle et a souri. Il y a quelque chose dans ce sourire, quelque chose de détraqué, ces dents de la chance semblent marquer d'un petit rectangle noir l'endroit où une pièce devrait se trouver. Comme une de ces grandes horloges surchargées que l'on trouve dans les salons. Un mécanisme d'une précision minutieuse.
Mais dans ce sourire, il manque une pièce. L'ordre est renversé, l'équilibre bouleversé. Et puis cette cicatrice...
Greta ne cherche pas à séduire l'homme. Elle ne ressent aucune attirance physique, mis à part peut-être ce rictus si peu commun ?

− Z’auriez pas une petite pièce pour celui qui vous a fait monter au septième ciel ?

Ben tiens...

− Vous savez, j’ai pas toute la journée. Je dois faire des… tas de choses. Comme par exemple aller piquer les godasses en cuir de mon clochard de voisin si je veux avoir un dîner à peu près potable ce soir. C’est pas tout de grailler des têtes de poiscailles, mais moi les yeux globuleux ça va deux secondes. Z’avez pigé ?

Greta partit d'un rire léger lorsqu'il lui adressa un clin d’œil. Peu discret, de reste. Elle lui en fit un en retour, beaucoup plus léger. Les œillades faisaient partie de son champ d'expertise, de même que les coups d'éventail express devant la mouche, l'apparition ultra rapide du mouchoir en dentelle d'une manche à l'autre, le laisser-apercevoir de cheville et le coup d'épaule-qui-fait-glisser-le-tissu. Mais point de ça ici, ces jeux étaient destinés aux soirées mondaines, et à rien d'autre. Greta était une femme d'une certaine classe qui savait parfaitement où et quand certaines choses devaient cesser.

- Vous savez, dit-elle de sa voix naturellement douce. Je suis bien placée pour savoir que les murs ont des oreilles. Je peux vous assurer que ceux-ci ont réellement de la chance de vous entendre tous les jours.

Elle effleura du dos de la main le crépi en chaux contre lequel elle était appuyée, puis d'un coup d'épaule se redressa et se dirigea vers l'étalage.
La jeune femme se mit inconsciemment à fredonner à voix haute la mélodie du violon, dans ce qui ressemblait à une parfaite indifférence. Elle ouvrait les pots, examinait les pierres et les billes, manipulait distraitement les instruments d'optique, humait le contenu des fioles...

Jusqu'à ce qu'une voix grasse retentisse près d'elle.

- Ho hoo...

Greta se retourna pour tomber nez à nez avec un pif aviné. Au bout du pif se tenait un homme plutôt gras, mal rasé et mal froqué. Il était entouré de deux gringalets au sourire édenté peu engageant. Leurs intentions n'étaient pas louables et ils n'avaient certainement pas vu le violoniste, toujours dans l'ombre.

- Messieurs ?
- Et qu'est ce qu'une jolie minette comme toi fait ici de bon matin, c'est point prudent ça!

Les gringalets se déplacèrent de manière à encercler la jeune fille et le gros lard pinça son menton de ses doigts sales. Rapide comme l'éclair, n'ayant aucune peine à appliquer ses leçons de combat, Greta se tourna à droite, balança sa botte dans le sternum, se tourna à gauche, envoya l'autre dans le service trois pièces, tira sa dague et la fit chuinter sous le cou du grossier personnage.
Un rapide coup d’œil en arrière lui permit de constater l'efficacité de sa technique, puis elle reporta son regard plus du tout engageant sur l'attrapeur attrapé, le gratifia de son plus beau sourire et murmura :

- Voyons, il n'est point prudent de s'attaquer aux petits oiseaux... Certains ont le bec qui peut faire très mal...

Elle baissa sa garde et l'homme partit sans demander son reste, talonné par ses compagnons.
Une fois hors de vue, elle éclata de rire : elle tenait à la main la bourse du goujat. Elle n'était certes pas aussi remplie que la sienne mais laissait supposer une certaine « chance » au jeu.

Greta s'approcha doucement du violoniste, soupesa sa bourse de velours, puis celle du bout de gras faite de grosse toile. La sienne était pleine d'or et l'autre ne contenait pas suffisamment pour ses achats. Elle piocha donc dans le sachet de velours bleu cinq pièces d'or et le lança d'un geste vif au musicien qui l'avait tant émue. La bourse entière. De quoi se payer de bons repas pour quelques années.

- J'aime beaucoup votre sourire, monsieur.

L'hypocrate lui adressa le sien, franc, ravi, avant de lui tourner le dos pour continuer son manège interrompu, à savoir scruter la moindre pacotille de l'étalage.

(j'espère que ça fait pas trop grosbill mais je voulais souligner le fait qu'elle sait se battre plutot bien, ce que je n'ai pas trop développé dans sa fiche. Dsl pour le HS. )
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Misha Pavlov

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MessageSujet: Re: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptyVen 28 Oct - 15:56

« Sauf vot’ respect m’dame, mes risettes sont pas du goût de tout l’monde. »

Misha estima la bourse d’un air songeur, émit un grognement de contentement puis se glissa vers elle d’un pas sinueux. La dame examinait d’un regard tranquille les produits présentés sur les étals et ne semblait plus vraiment faire attention au vagabond.

« Vous méprenez pas m’dame, ces ruffians sont bien capables de rameuter d’aut’ chiens galeux, des bâtards et des corniauds qui tueraient père et mère pour un peu d’lotion anti-puces.

− Vraiment ? dit-elle dans un sourire tout à fait confiant.
− J’suis p’t-être un type un peu louche, mais moi j’sais dire la vérité quand les choses en valent la peine. »

La jeune femme se tourna enfin et le considéra de ses grands yeux ourlés de cils longs. Misha s’appuya contre une étagère un peu branlante, alertant quelque peu le boutiquier qui s’apprêtait à lui demander d’éviter de faire ça si la dame ne l’avait pas arrêté d’un geste gracieux. « Continuez. »

− Les bougres vont s’venger, à coup sûr. Devez plus traîner seule comme vous l’faites, ce s’rait pas malin que vous vous retrouviez face à vingt crapules sur le chemin du r’tour, ou, j’sais pas moi, lors d’une aut’ sortie. Vos p’tites cabrioles s’ront pas bien utiles, ou du moins y’aura plus de casse que de classe.
« J’vous rassure tout d’suite, j’dis ça j’dis rien, z’étiez plutôt habile face à eux et j’connais peu d’femmes dans vot’ genre qui savent si bien se tirer de s’te situation-là. M’enfin faut être lucide. Une fois ça marche du feu de dieu, et l’aut’ fois vous vous retrouvez les quat’ fers en l’air à pleurer à chaudes larmes parce qu’un type essaye de vous trousser. »

Il haussa les épaules en voyant les sourcils de la lady se froncer, et cependant elle demeurait belle comme une chose inaccessible et fort coûteuse.

« Soyez pas choquée par mes paroles, m’dame. Vous vous doutez bien que j’viens pas d’la Haute comme vous, mais bien d’la rue. J’ai pourtant vécu un temps avec un cap’tain sirupeux et bien sous tout rapport. Y savait y faire avec les dames… Enfin, parfois. Mais en tout cas, j’vous dis pas la qualité de son parler. J’aurais dû apprendre, j’aurais dû prendre s’te bonne occasion pour m’améliorer un peu… Mais faut pas rêver, un gars d’mon espèce reste à sa place quoi qu’il arrive. Et putain, il en arrive des choses. »

Misha revoyait à travers ses paroles tout ce passé sordide qu’il traînait derrière lui depuis des années. Il revoyait sa mère, pute dans un bordel miteux de Black Shore, la cité pirate septentrionne, il revoyait son père apparaître et disparaître à qui mieux mieux et pour quoi ? Une existence minable dans une masure minable battue par les vents de la falaise où elle avait été construite, le regard de plus en plus vide de toutes étincelles de sa mère, et voir sa croupe, oui sa croupe, se véroler au fur et à mesure que le temps cruel avançait et que les maladies vénériennes s’accumulaient. Certes, il appréciait de constater que toutes les nobles dames n’étaient pas que des petits choses précieuses et juste utiles à se pavaner sous le nez graisseux des vilains. Cette femme en avait dans le ciboulot, ce n’était pas qu’une question d’apparence quand on la regardait. Or, il ne pouvait s’empêcher, dans son for intérieur ou au nez et à la barbe, de se moquer de ces nantis qui connaissent si peu des choses de la vie. Il voulait en cet instant laisser éclater son fou rire, fou fou, complètement fou, se gausser sans vergogne d’une petite dame qui avait eu la force de botter le cul à des pendards de base.
« Faut l’dire, m’dame, pour vous j’suis qu’un divertissement du jour bien particulier mais si facilement délébile. S’te bourse que vous m’avez donnée, c’est-y bien généreux d’vot’ part, mais ça reste que la cacahouète lancée au singe qui guinche sous la musique de son maton. Vous voulez que j’danse pour vous, noble dame ? Car pour que’ques pécunes, je pourrai faire beaucoup d’choses. »
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MessageSujet: Re: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptySam 29 Oct - 0:34

La voix vibrante du musicien fit frissonner Greta. Elle ne cessait de repasser devant ses yeux le visage, dans ses oreilles la musique. Les mises en garde de Misha la touchèrent :

- Je me doute que je suis trop faible pour lutter contre vingt hommes armés et énervés. Je vous remercie beaucoup de vos conseils... mais, pourquoi donc prenez vous la peine de m'informer du danger ? Si je ne m'abuse, vous n'avez cure du sort d'une aristocrate inconsciente...

Greta observa le marchand qui épiait du coin de l’œil le vagabond. Cet hypocrate était un ami et elle savait que la boutique coté mal famé était relié par un couloir au magasin plus prestigieux à la limite de Sperandei, devant lequel attendait le fiacre.

- Faut l’dire, m’dame, pour vous j’suis qu’un divertissement du jour bien particulier mais si facilement délébile.
A ces mots Greta posa violemment le pot qu'elle tenait et se tourna brusquement vers lui.

- Un divertissement ?

Elle repensa à la mélodie et tressaillit. Quelque chose se manifestait au plus profond d'elle, comme un lointain souvenir ou la découverte d'un secret longtemps caché. Non, ce n'était pas un petit spectacle sans envergure. Bien qu'elle continue de feindre la banalité de la scène, cette mélodie la dérangeait. Elle savait qu'elle l'avait déjà entendue.

- Croyez-vous vraiment que... que je... que...

Pour la première fois son éloquence sembla se volatiliser. Greta bégaya, cherchant ses mots et lorsqu'elle s'en aperçut elle se racla discrètement la gorge, levant la tête et regardant ailleurs. Elle se concentra quelques secondes sur un morceau de gouttière avant de reprendre en évitant le regard de Misha :

- Soyez sur que s'il n'y avait eu que vous, vous seul sans votre musique, je ne vous aurais même pas jeté un coup d'oeil.

C'était faux, bien sur. Elle ne manquait jamais le visage d'un homme et il lui aurait de toute évidence souri pour quémander son pain, et elle aurait flanché. Mais elle refusait de se l'avouer.

- Et puis, que voulez-vous que je vous donne d'autre ? Vous avez joué un air pour gagner des pièces, votre musique m'a plu, je vous donne des pièces. C'est tout.

Un simple vagabond qui a eu de la chance que je sois de bonne humeur, ne cessait-elle de se répéter. Elle reprit l'exploration de la devanture, ses gestes devenant moins assurés. Greta ne voulut rien en laisser paraître et se posta sur le palier, prête à entrer dans l'échoppe.

- Bien, monsieur, je... je pense que je vais vous laisser à vos occupations.

Elle ne bougea pas cependant, car elle n'avait nulle envie de mettre un terme à la discussion. Elle était toujours un peu de dos par rapport à lui, la main posée sur l'encadrement de la porte, le regard rivé sur les gonds. Garder sa constance. Refuser obstinément de se laisser embrumer par quelques vulgaires notes de...

« Car pour que’ques pécunes, je pourrai faire beaucoup d’choses. »

- Seulement une simple chose : d'où vient cet air ? Cet air que vous jouiez, là ?

Elle ne bougeait toujours pas, attendant la réponse avec une impatience et une appréhension inhabituelles, inquiétantes. En rentrant, je dors douze heures d'affilée. C'est quoi, ça ? Un musicien des rues, un mendiant, un pauvre diable. Il n'a pas un étrange sourire, il a les dents pourries, c'est tout ! Son air, je l'ai rêvé, point barre ! Se mentir à soi-même, refuser de tomber, garder la tête haute quand tout veut s'effondrer. La fascinante fascinée.



Dernière édition par Greta de l'Hesperanz le Jeu 22 Déc - 16:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptyDim 18 Déc - 18:00

Ah, il la remarqua, la fierté blessée d’une grande dame dont la volonté vacillait à chacune de ses paroles. Il s’en délectait presque et ses gestes appuyaient ce sentiment, notamment quand il se passa la langue sur ses lèvres presque sèches d’avoir trop parlé. Elle essayait en vain de garder son assurance et cependant rien n’y faisait, elle s’obstinait à trembler comme un petit animal qui se savait perdu sous les griffes du prédateur.

Il rit dans un murmure.

« Que se passe-t-il ? Qu’avez-vous ? » demanda-t-elle brusquement.

Misha plaça une main sur la vitrine, entre la dame et la porte de la boutique.

« L’air, dame, n’est pas qu’un seul morceau entendu dans un coin de rue. Ca fait partie d’un tout, d’la musique des sphères, du chant de la vie qui s’exalte à travers nos doigts d’humains faiblards et gémissants. »

Il se recula pour lui faire une révérence, et la voyant médusée par son attitude, il lui prit soudain une main, passa la sienne sur sa taille et ils se mirent à danser au beau milieu de la rue marchande.

Un Maestro dans le caniveau. Ba-mis11

« L’air, dame, n’a pas vraiment d’origine concrète. Il vient d’un besoin inhérent à l’homme d’se démarquer d’ses congénères. Et pourtant, c’te musique vient des émotions qu’tous les hommes possèdent. C’t’un partage d’notre égoïsme. Le paradoxe est là, dame. »

Reprenant ses esprits, la dame se dégagea de l’emprise de Misha et lui adressa un regard grave.

« Je vous en prie. Soyons un peu sérieux. D’où provient cet air ? Je demande simplement que vous me le révéliez. »

Le vagabond perdit son sourire et son air soudain impassible lui fit comme l’effet d’une vague froide qui s’abat sur des falaises battues par la tempête.

« Cet air, dame, j’l’ai entendu un beau matin alors que j’étais tout gosse et encore dans ma patrie. J’passais sous une fenêtre quand j’entendis un doux son monter. C’tait un morceau de piano, dame, et non de violon, mais j’ai voulu lui rendre hommage parce qu’il n’a pas été souvent entendu dans ce monde sourd.
− Et d’où venez-vous ?
− D’un endroit lointain à la pointe du Septentrion. Black Shore. »

Son sourire réapparut et il se pencha légèrement vers elle.

« Si vous répétez c’que j’viens de vous dire, je vous tue, dit-il avec une légèreté troublante. Personne ici n’est censé connaître c’te contrée. C’est comme pour Oxley Circle, c’est l’même genre de lieu pour vauriens mais j’dois avouer avec fierté que c’est bien plus beau que l’aut’ île de pirates mal embouchés. C’est mon pays… »

Il reperdit de nouveau son sourire et parut étrangement amer.

« C’était mon pays… »

Il se détourna, s’apprêtant à partir.

[HS : désolée pour le retard. Je profite de ce retour en changeant l'air que j'avais choisi préalablement pour la mélodie de Misha car j'en ai trouvé un plus approprié.]
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MessageSujet: Re: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptyJeu 22 Déc - 18:14

[HS : finalement j'ai fait qu'un seul post c'est plus simple ^^]

En s'engageant dans la ruelle d'Alestra où le hasard lui avait fait rencontrer Misha, Greta se remémora la manière dont les choses s'étaient passées après l'avoir quitté.

Il l'avait faite danser en plein milieu de la rue et sitôt qu'il eut retiré ses mains de sa taille, un froid étrange l'avait envahie. Greta avait mal supporté le fait qu'un vagabond et son instrument, que quelques notes de musiques l'aient faite trembler sur ses fondations.
La situation était simple et compliquée: elle avait désormais l'impression d'avoir vécu une situation tout en ne l'ayant jamais vécu. Comme le souvenir d'une vie antérieure.

L'angoisse, elle l'avait cachée. Mais le violoniste pouvait lire dans ses yeux le trouble, la confusion.
Mademoiselle de l'Hesperanz, désarçonnée ? Impensable, inadmissible ! Et pourtant...


Les derniers mots de Misha. « C'était mon pays. » Ils résonnèrent une fois de plus dans ses oreilles. Ils prenaient tout leur sens à présent dans son esprit.

Le musicien s'était éloigné. Pendant un instant plus que bref, Greta avait hésité, elle aurait voulu le rappeler et puis finalement il avait tourné au coin de la rue. Elle aurait voulu se blottir dans les bras de son amant comme une petite fille dans les bras de son père. Mais Vasken n'était pas son père. Ses étreintes n'étaient pas destinées à la consoler au moindre doute.

Père... Ce père avait fini, en l'écoutant parler, par lui dire la vérité, qu'elle avait été déposée au pas de la fenêtre, qu'il l'avait élevée et que personne d'autre que lui et la femme de chambre ne savaient.

D'abord, elle n'avait rien dit, sous le choc. Et puis après elle s'était recluse dans sa chambre et avait pleuré toutes les larmes de son corps.
Ce fut une seconde découverte : elle se rendit compte qu'elle n'avait jamais pleuré. Sauf enfant, pour des broutilles et des caprices.
Lorsque ses larmes furent asséchées, elle se mit à réfléchir.


« Je suis une fille sans nom, sans famille. Je ne suis rien. Je ne connais pas mes origines. Mais j'ai connu la richesse, la volupté, le bien être, le confort... grâce à Père. Je dois le remercier de m'avoir permis de vivre. Je lui dois tout, c'est grâce à lui. »

« Aurais-je grandi dans la misère ? Aurais-je reçu une éducation ? Aurais-je du travailler de mes mains ? Aurais-je connu le bonheur, les loisirs, les amusements, la nourriture raffinée ? »

« Sperandei n'est pas ma maison. Range Harbor n'est pas ma patrie... Suis-je seulement née sur Astray ? Je n'ai pas de terre... »

« Si, chez moi c'est ici, j'y ai grandi. J'y suis heureuse, gâtée, comblée. »

« Je suis une roturière. »

« Mais je suis la seule à le savoir. La noblesse n'est pas ancrée en nous. Elle peut venir des mains, du cœur... celle des salons s'apprend comme à l'école. »

« Comment ai-je pu m'aveugler ainsi ? Ceux que je fréquente sont affreux ! Des coqs en pâtes qui ne savent pas non plus d'où ils viennent. Et j'en fais partie... »

« Mais c'est tellement agréable de vivre comme cela ! »

Bref, Greta ne savait plus trop où elle en était. Mais le choc passé, elle s'était dit que cela changeait tout pour elle, et en mieux. Elle avait chaleureusement remercié Gamaliel et Suzanne et le vieil hypocrate avait retrouvé le sourire.
Puis Greta s'était mise en quête de découvrir de quel peuple elle descendait. Car Gamaliel, qui était fort savant, lui avait dit que la plupart de ses traits physiques était peu courants dans la région.

La jeune femme avait constaté en se regardant plus attentivement, et sous un autre angle qu'habituellement, qu'elle avait les yeux un peu bridés, des hanches rondes très larges par rapport à son buste, des chevilles et des mollets robustes qu'elle avait toujours mis sur le compte des séances d’équitation.

Greta avait pour projet de se rendre à la grande bibliothèque de Consortium. Pensant d'abord effectuer ses recherches à Sperandei, elle s'était ravisée : ses connaissances auraient peut-être trouvé louche son intérêt soudain pour les peuplades du monde et quand bien même ils s'en moqueraient, mieux vaut éviter toute situation gênante.

Mais le principal pour l'instant était de retrouver le musicien. Greta arriva devant l'échoppe, chercha des yeux dans la ruelle et le vit assis sur une caisse. Il ne semblait pas avoir bougé. Elle s'avança vers lui le sourire aux lèvres et il le lui rendit lorsqu'il l'aperçut.

« Z'êtes revenue pour un concerto mam'zelle ? 
- A vrai dire, je... je voulais plutôt vous remercier. »

Misha lui jeta un regard étrange, comme si elle se moquait de lui. Mais le ton de Greta était plus humble qu’auparavant. Elle resta bras ballants.

« Vous n'en avez certainement rien à faire mais j'ai découvert quelque chose de vraiment important et c'est grâce à vous. Et votre musique. »

Greta recula d'un pas et sembla hésiter un instant.

« Alors... merci. Et s'il y a quelque chose que je puisse faire pour vous... »

Avant que le violoniste ne réponde, et parce qu'elle ne s'attendait pas à une réaction de sa part, elle se tourna et marcha vers l'échoppe, examinant la devanture, exactement de la même façon que la première fois, puis repéra quelque chose et s'apprêta à entrer.

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Misha Pavlov

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MessageSujet: Re: Un Maestro dans le caniveau.   Un Maestro dans le caniveau. EmptyLun 30 Jan - 11:59

[HS : joli dessin!]


Il ne pensait jamais la revoir et pourtant, un jour comme les autres, elle reparut, les cheveux lâchés et avec cet air pensif qui ne l’avait sans doute pas quitté depuis leur dernière entrevue. De son côté, Misha avait repensé bien malgré lui à son pays natal et à tout ce qu’il évoquait et symbolisait. L’odeur de l’ozone était revenue le hanter, ainsi que celle de la fange et du poisson pourrie qui demeurait attachée aux deux versants de la ville. Que l’on soit de la haute ou de l’engeance du bas, on souffrait de cette pestilence pesante et de l’air crasseux qui s’y fondait. Black Shore n’était qu’un inextricable labyrinthe fait de venelles étroites et sombres. La partie basse demeurait entièrement contrôlée par les pêcheurs et les commerçants de toutes sortes, tandis que la partie haute fumait de l’orgueil des propriétaires les plus riches et les plus influents. Ces propriétaires n’étaient non pas des négociants mais des pirates puants qui voguaient sur les mers et arpentaient les terres à la recherche d’esclaves. D’aucuns n’estimaient que l’endroit était fréquentable, encore que la ville pouvait être moins pire que le bouge immonde et anarchique qu’était Oxley Circle.
Misha se disait, tout en regardant la lady avancer vers lui d’un pas élégant, qu’il aurait dû partir en quête d’une place plus rentable que celle-ci. Cela faisait des semaines qu’il n’avait pas bougé d’ici, à part pour aller se balader dans les rues adjacentes ou sur les quais, histoire de lorgner les bateaux, ou plutôt un bateau, trop souvent au large… Il répondit à son sourire un autre, quoique plus contraint, et se leva alors qu’elle se plantait devant lui.
« Z'êtes revenue pour un concerto mam'zelle ?
- A vrai dire, je... je voulais plutôt vous remercier. »
Que voulait-elle dire par là ? Les gens n’avaient pas pour habitude de remercier Misha, comme lui ne remerciait jamais personne. Les remerciements n’étaient bon que pour les hypocrites. Pourtant, il ne pouvait prétendre que cette dame était une hypocrite complète, quand bien même son statut lui en donnât tous les droits.
« Vous n'en avez certainement rien à faire mais j'ai découvert quelque chose de vraiment important et c'est grâce à vous. Et à votre musique. »
La lady était hésitante, sans doute effrayée par ce qu’il pourrait lui répondre. Ca, c’était matière à sourire.
« Alors... merci. Et s'il y a quelque chose que je puisse faire pour vous... »
Elle fit mine de ne plus faire attention à lui alors qu’elle marchait vers la vitrine de la boutique, mais ça ne marchait pas avec lui. Il la rattrapa et la prit par un bras pour la retourner vers lui.
« Qu’ekse vous voulez d’moi ? dit-il sans détours. Vous croyez p’t-être que c’est parsque vous m’lâchez un ‘merci’ que j’vais vous lécher les pieds en retour ? Vous cherchez quoi dans ce coin pourri ? La même misère que moi ? »
Les mots ne pouvaient plus se retenir de pleuvoir sur la pauvre fille. Il avait retiré sa main pour éviter de lui serrer le bras trop fort, mais ça l’avait pourtant tenté rien qu’une seconde. Sa musique n’était pas faite pour captiver les bobos de la cité, elle lui était jalousement réservée car elle était la seule à pouvoir le faire échapper de cette existence misérable. Les femmes, l’argent, le pouvoir, tout ça n’était rien comparé à la douce mélodie qui pouvait naître de ses mains et des cordes de son instrument. Et cette femme, même si elle pouvait être meilleure que d’autres, elle n’avait vraisemblablement pas saisi cette idée.
« Non… Je… parvint-elle à bafouiller, les joues rosies.
- J’suis putain pas du genre patient, alors accouchez au lieu de minauder.
- Mais vous ne me laissez pas parler ! s’indigna-t-elle finalement.
- Qu’esk j’en aie à foutre de vous entendre blablater ? Un mendiant peut sans doute s’permettre d’écouter les racontars de truffions au cul doré, mais moi j’suis un ancien pirate, j’suis pas de c’genre-là. J’ai connu des aventures que vous auriez jamais osé imaginer, j’ai connu des mers et des océans déchaînés et j’ai échappé des tas de fois à la mort. Pourtant, elle s’échine bien à me faire bouffer les poireaux par la racine, la salope ! »
Il croisa les bras et prit l’air le plus grave que son visage ait jamais affiché jusque-là.
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