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| Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam | |
| Auteur | Message |
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Vassili Liekaterinev
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| Sujet: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Mer 20 Juin - 18:18 | |
| Background: https://blend-awake.forumsrpg.com/t421-royaumes-du-siam-nefer-m-t *** Fracture. Le changement s'opérait progressivement, ouvertement. Ce qu'il était se regardait avec indifférence disparaître au profit de ce qu'il devenait. Un lent glissement de caractère, la mort de ce qu'il restait de faiblesse. Il fixait gravement son image dans le miroir usé et sale. Une large fêlure traversait son visage. A l'angle gauche il avait fixé une photo de Nina, la photo de Nina. L'air était lourd et humide. Étouffant. Il se passa la main sur le visage, essuyant la poussière mêlée de sueur qui collait ses cheveux à son front. Puis il se leva, écarta le pan de toile qui fermait la tente, et émergea dans l'agitation du campement improvisé en bord de route. Les camions de l'EUCY et de l'OMCU formaient une longue colonne inerte, paralysée par manque de carburant. Les troupes armées, essentiellement composées de new-comers inconscients, squattaient les structures de l'OMCU. Les tentes de secours, destinées à la population, se transformaient en garçonnières sillonnées de médecins humanitaires dépassés par les événements, de soldats désœuvrés et de prostituées locales. De temps à autre, on voyait des groupes sortir de la forêt tropicale dense qui longeait la route. Ils étaient généralement composés de pauvres types paumés, réchappés d'un largage de napalm ou d'une déferlante d'élémentalistes. On ramassait ce qu'il en restait, on collait des bandages sur des chairs brûlées, on se souvenait brusquement que le campement n'était qu'une parenthèse suspendue dans le vide, attendant le basculement. Alors on regardait la route et le ciel, et on tentait de distinguer le bruit d'approche d'une colonne d'approvisionnement ou le souffle des hélicoptères. Rien. Mais jamais le silence. La forêt et ses cris étranges, le bruit sourd des bombardements, le grincement des émetteurs cyberpolitains qui tombaient en rade les uns après les autres, le chant usé des radios à piles, les rangers pataugeant sur la terre moite... Vassili s'étira largement et se dirigea sans empressement vers la lisière. Il dégrafa son pantalon et se soulagea. Il n'y avait rien de mieux à faire ici à part peut être se branler mais ça, ça faisait des semaines qu'il n'y arrivait plus, qu'il n'en avait pas envie. Pas plus qu'il n'avait envie d'aller passer du temps avec l'une de ces filles dont les visages blancs, aux pommettes hautes, lui rappelaient odieusement sa propre physionomie. La dernière fois qu'il avait pris son pied c'était dans ce village en flammes, quand ce gamin qui devait avoir à peine 14 ans s'était accroché à son bras, et qu'il lui avait en retour enfoncé son couteau d'assaut dans le ventre. Le visage de l'enfant s'était alors affaissé lentement, ses yeux se couvrant d'un voile lourd, puis il s'était effondré sur Vassili. La jouissance n'avait rien eu de physique, mais sa fièvre avait alors laissé place à un état d’aisance quasi extatique. Il était ensuite sorti du brasier en portant le gosse dans ses bras. Un imbécile avait prit une photo, et Vassili était devenu l'une de ces égéries de la presse, l'image de l'OMCU portant à bout de bras un pays meurtri. Et ce meurtre maquillé en acte héroïque n'en avait été que plus plaisant. Il remonta sa braguette, ajusta son arme à son épaule et s'extirpa de la futaie. Le campement était soudain en effervescence : les toubibs et leurs infirmières se précipitaient en dehors des tentes. Plus loin sur la route, un nuage de fumée rouge enveloppait deux jeeps et un camion d'approvisionnement, aux couleurs de l'Apartadiza.
Dernière édition par Vassili Liekaterinev le Dim 22 Sep - 12:59, édité 2 fois |
| | | Sergueï Voronov
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| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Jeu 21 Juin - 7:37 | |
| Une odeur de brûlé. Comme celle des feux de camp où Matveï l’emmenait parfois ; ces mêmes miasmes de bois calciné qui s’accrochent aux vêtements et qui persistent, jusqu’à hanter toutes les pièces de la maison, même après lavage. Sauf qu’ils ne revenaient pas d’un camp scout. Le peloton dont Sergueï faisait partie avait retrouvé la camionnette d’approvisionnement en rentrant de mission, et maintenant ils formaient la colonne sur une route étroite et inégale, l’endroit rêvé pour une embuscade. Il n‘y aurait pas d’embuscade cependant, plus personne ne pourrait jamais en tendre, pas dans cette région. Les Siamois qu’ils avaient affronté s’étaient battus comme des démons de l’enfer ; une expression très imagée, compte tenu du nombre de pyromanciens qui s’étaient tenus en face. Sergueï les appelait comme ça… Ces hommes avaient préféré mourir jusqu’au dernier plutôt que de se soumettre ; allez vaincre un tel adversaire, lorsqu’un môme de douze ans aime mieux s’envoyer en l’air à la grenade au lieu d’être capturé !
L’un des véhicules brinquebalants rencontra un nid de poule et les membres d’équipage quittèrent brièvement leur siège. Sergueï tenta de se stabiliser mais sa tête partit en arrière et heurta un des tendeurs de la bâche ; son casque accusa le choc avec un léger cling mais lui, au contraire de ses camarades, ne proféra aucun juron abominable. Ils devaient tous traîner dans la prairie à cette heure, monceaux de cadavres brisés, laissés à pourrir sous la pluie. Même le pays en lui-même voulait leur mort ; les pluies diluviennes ne s’arrêtaient que pour laisser place à une chaleur moite et accablante. Dans ces conditions, une blessure non soignée c’était la mort ou l’amputation ; Sergueï préférait la mort, elle faisait moins de bruit.
- T’as toujours les couilles bien accrochées, toubib ? lui lança un soldat, particulièrement brutal au combat.
- Laisse tomber Ericssen, y parle pas, l’avertit son voisin.
Sergueï posa ses yeux de glace sur le premier homme ; ce dernier recula légèrement la tête puis, honteux de s’être laissé si stupidement impressionné, lâcha :
- Arrête le regard de tueur, j’ai vu ça plein de fois ! Et je trouve pas ça impressionnant !
Si cet imbécile de mangeur d’hamburgers s’était d’avantage préoccupé de ses équipiers, il se serait aperçu que son score de tueur était bien loin d’égaler celui du toubib aux couilles égarées. C’était peut-être pour cela que les autres l’évitaient ; et à ceux qui lui reprochaient l’utilisation d’un katana au combat, méthode trop barbare selon eux, Sergueï répondait avec ironie que les Mi-Han avaient pour distraction de menacer les femmes et les enfants capturés avec leur AK-47, pour les obliger à courir à travers un champ de mines. Les Siamois aussi avaient leur inhumanité, c’était donnant-donnant. Aucun regret. Le style en plus. Sergueï regarda la route défiler derrière eux. La pluie torrentielle commençait déjà à former de petits ruisseaux ; dans une heure le chemin serait inondé et, plus loin dans la vallée, le sang du carnage se noiera dans la boue, ne laissant comme seuls témoins que des corps bouffis et une nature ravagée par le feu et le métal. Le véhicule marqua un arrêt et chaque soldat débarqua prestement, se dirigeant ensuite à grands pas vers ce dont il avait le plus envie dans l’immédiat : un plateau de cantine agressif, une fille low cost, ou un chiotte « made in nature ». Les bottes de Sergueï avaient à peine touché le sol qu’un officier bourru l’apostrophait déjà, un lieutenant vu son insigne :
- Voronov ! Au poste médical, d’urgence !
- Il me faut des hydrates de carbone, mon lieutenant.
- De quoi !?
- Je dois bouffer, mon lieutenant.
- Dépêche-toi d’entrer dans cette tente ou je te botte le cul !
Sergueï obtempéra, il ne valait mieux pas contrarier un officier caractériel et, qui plus es, responsable du stock de victuailles. Il n’empêche que la faim se faisait cruellement sentir.
- Hey camarade !
Sergueï fit volte-face. L’homme qui l’avait appelé ressemblait à un commando ; il avait des yeux bleus moqueurs et une espèce de sourire hypocrite plutôt amusant. Il tira une barre chocolatée de sa poche – Sergueï avait cramé sa dernière avant l’assaut – et la lui lança. Le docteur la rattrapa avec une vivacité effrayante et hocha la tête en signe de remerciement.
- Ca ne devrait pas plutôt te couper l’appétit d’aller cuisiner des éclopés ? lui lança alors l’homme au sourire.
Sergueï découvrit ses dents blanches dans un sourire chaleureux.
- Camarade, rien ne me coupe l’appétit.
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| | | Vassili Liekaterinev
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| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Mer 19 Sep - 22:12 | |
| « Liekaterinev t’es invité aussi ! » Beugla le lieutenant, Vassili lança un sourire amusé au docteur et répliqua : « Bien mon lieeeutenant ! Tout de suite mon Lieutenant ! -Mon pied au cul ! Arrête ça ! » * L’ambiance à l’intérieur de la tente de commandement était encore plus à chier que d’habitude. Des officiers s’occupaient de vociférer des consignes à un petit groupe de soldat en pointant à la baguette des zones sur la carte. Le lieutenant chopa Vassili par l’épaule et d’un mouvement sec de la tête lui indiqua son bureau, à l’écart des autres. « Voilà le topo, lâcha-t-il discrètement une fois installé sur son fauteuil, Tu remontes le trajet de la carte là avec les gars là-bas jusqu’au village de Saong, je veux que tu trouves ce mec. » Il pointa une photo un peu floue montrant un gros PinYin dans la fleur de l’âge, le genre patriarche mafieux engraissé par la guerre. « Tu trouves ce fils de pute et tu lui fais la peau. Je me fous du nombre de mecs que tu dois buter pour ça ok ? Officiellement t’es là-bas pour aider les pauvres blazes Siamois du village… -Il a fait quoi ce mec ? - ça te regarde pas ducon. T’y vas et tu t’assure qu’il crève. C’est tout. Compris ? - Ouaip mon lieutenant. Ils savent les autres ? - A ton avis abruti de Bortsh? Tu verras si y’en a qui te semble de confiance en route. Pas de bavure, les fouilles merdes de la presse seront pas là à chaque fois pour réparer tes saloperies… » * Vassili détailla l’équipe qu’on venait de lui coller entre les pattes : Xiao, Une femme gigantesque, patibulaire, dont le crâne rasé renforçait les traits grossiers de mercenaire PinYin. Ericson dit « Hamburger-hill » un pauvre cave de l’Eucy fraichement sorti de taule et qui se prenait pour un caïd parce qu’on l’avait coffré pour vol de voiture. Spencer avec sa tronche d’abruti inconscient et ses cheveux coupé en brosse façon GI-Jo. Et le toubib Voronov, doté d’un calme olympien quasiment pathologique pour un mec qu’on balançait de nouveau dans un crapahut à peine 24h après son retour du front. Vassili débriefa laconiquement la situation puis lança : « Repos faites votre bardas et retrouvez moi à 22h45 à la sortie sud, ok ? » * Les officiers partis, l’équipe abandonna rapidement les lieux, tous étaient pressés de profiter du peu de temps libre leur restant. Seul Ericson restait planté là, faisant le pied de grue à quelques mètres de Vassili. « Un problème ? - C’est que ça fait une paye qu’on a pas eu de perm chef’ - Ben justement, casse toi, t’en as une là non ? Les putes c’est pas ce qui manque ici… » Répliqua Vassili sur un ton égal, évitant la provocation. Le regard de l’autre lui rappelait ce genre de matage libidineux qu’il subissait en taule, et c’était pas vraiment pour lui plaire. D’un geste aussi violent qu’attendu Ericson empoigna son épaule et le balança contre le bureau, se plaquant derrière lui, il lui passa les mains sur les fesses et souffla en tikhvin : « t’es pas très gentil caporal, tu me fais des sourires, tu me cherches… » A ces mots Vassili se met à rire franchement, s’arrête brusquement puis se retourne, dégaine son couteau d’assaut et l’enfonce à travers la toile épaisse du pantalon du soldat, pénétrant avec une facilité déconcertant les parties génitales. L’autre lâche un couinement porcin, tente de se dégager puis s’effondre au sol les mains plaquées sur son entre jambe sanguinolent. « Et ben qu’est-ce que t’as ? Ricane Vassili » puis il balance un large coup de pied dans l’estomac d’Hamburger-hill dont les grognements de douleur se teintent de sanglot. Il a envie, oui, très envie de l’étriper, de lui faire bouffer sa propre merde, de l’écraser comme un insecte. « Caporal ! » La Pin Yin et le docteur viennent d’entrer dans la tente, alertés par les cris. Elle observe avec inquiétude la scène tandis que lui, toujours aussi calme, affiche un presque sourire. Vassili abandonne sa victime, hausse les épaules d’un air désolé et conclu « Il m’a agressé …amène le à tes collègues, toubib, et fais le boucler ». Puis il quitte la tente en balançant un vague « Oubliez pas qu’on décolle dans 1h » et disparait dans la nuit siamoise dense qui inonde le campement. *** Assis dans la jeep, les pieds posés sur le volant, il regarde sa main droite maculée de sang. Il renifle bruyamment puis l’essuie à son treillis avant de s’allumer une clope. Son regard quitte la route à peine visible et s’arrête sur la futaie dense, noire, animée du grouillement sonore des chimères nocturnes. Il écrase d’un geste vif un moustique posé sur son avant bras et prend une grande inspiration : l’air est humide, terreux, à peine souillé par l’odeur de la cigarette. Une lointaine senteur de frangipanier l’écœure. Vassili expire lentement. Il n’a pas envie de penser à sa sœur, à Nina...la nicotine peine à le calmer. Un bruit de botte lui fait tourner la tête dans la direction du campement. Entre les camions de l’OMCU il aperçoit la silhouette trapue du docteur portant son barda sur l’épaule. Il sourit : ce gars là il le sens bien. Il siffle et fait un grand geste dans sa direction : « Hey ! Doc ! En avance ! T’as tellement envie de repartir ? » [hrp: voilà... Désolée pour la médiocrité de l'ensemble...avoir perdu mon premier texte m'a un peu cassé mon groove ><;] |
| | | Sergueï Voronov
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| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Dim 18 Aoû - 10:33 | |
| Repartir ne le dérangeait pas, pas plus que d’embarquer dans un hélicoptère exigu et puant, en compagnie d’une escouade de bras cassés dont les membres, dopés à la testostérone, amateurs de régimes protéinés, et très probablement sous-cultivés lui étaient totalement étrangers. L’hygiène aurait pu le déranger, évidemment. La température à elle seule suffisait à rendre n’importe quelle douche totalement improductive, puisque la peau se recouvrait aussitôt d’une couche de sueur rance et poisseuse dont émanait une infecte et étouffante odeur de fauve. Mais non, cela ne le dérangeai pas ; on lui avait donné des vêtements propres après tout. Propres signifiant ici sans tache de sang, car la mission qu’il venait de terminer avait été désastreuse pour son uniforme.
A la vérité, ce qui l’irritait au plus haut point c’était de repartir accomplir son devoir, qu’il accomplissait pourtant avec fierté et diligence, sans rien d’autre dans le ventre qu’une barre de céréales chocolatée. Qu’ils étaient loin les quatre groupes d’aliments !
Sergueï voulu lui répondre qu’il partait en quête de victuailles et que son aide serait la bienvenue, mais l’ombre du lieutenant surgit soudainement devant lui, ce qui empêchait le caporal de voir ce qu’ils pouvaient faire ou se dire. Sans un mot et avec la plus grande indiscrétion, l’officier lui tendit un paquet que Sergueï identifia sans difficulté comme un stimpack.
- Utilise ça sur un de tes collègues s’il est blessé, et note toutes les observations sur le carnet rouge de gonzesse que tu trimbales. T’auras compris que c’est pas un service que j’te d’mande, alors tu la boucle comme tu sais si bien l’faire.
Puis il le quitta sans le saluer, sous les yeux surpris et amusés du caporal Liekaterinev.
- Qu’est-ce qu’il te voulait ?
Vassili Liekaterinev n’avait pas vraiment l’air du primate décérébré que l’armée élevait et revêtait d’une tenue militaire. Sergueï esquiva la question comme si de rien n’était.
- Il voulait me féliciter pour ma dernière chirurgie. L’homme qui vous a attaqué avait besoin de quelques points de suture. C’eut été déplorable de le voir se vider de son sang, la perte de ce malheureux aurait été si tragique !
Sergueï affichait un sourire carnassier ; ce faisant il fit comprendre à son supérieur qu’il le couvrirait si d’aventure l’état-major demandait une enquête. L’atout majeur de Sergueï avait toujours été la confiance qu’il inspirait à autrui, mais son caporal n’était pas issu du même bloc que les autres. Il avait quelque chose du prédateur, pour qui faire couler le sang était un acte tout à fait anodin, et qui ne laissait jamais rien au hasard. Le mensonge était grossier, déjà parce que le lieutenant ne disait merci que très rarement, ensuite parce qu’il était loin d’être le plus discret des hommes.
- Ouais, quelle perte pour l’OMCU ! » Maugréa Vassili sans insister. Le caporal tira un paquet de cigarettes de sa poche. Il était vide. Vassili fit la moue, l’écrasa rageusement et l’envoya au loin d’un coup de pied.
- Putain ! Si y’a plus de clopes alors le monde peut s’écrouler, y’aurait plus rien à regretter !
- Gardez la foi, mon caporal.
Sergueï lui offrit le paquet de Satan’s Killer qu’il avait volé à Ericssen, parce que « fumer n’est pas bon pour la santé et que dans l’état où tu es ça pourrait te faire perdre tes couilles ». Le visage horrifié du blessé l’avait très largement réjouit. Il était plein, le caporal se cala une tige entre les lèvres et lui lança quelque remerciement inintelligible tandis qu’il l’allumait.
- T’as de la famille au pays ? demanda Vassili sans détour, tout en exhalant une jouissive taffe.
- Plus personne de vivant. Mais j’habite à Range Harbor avec mon oncle. Je vais ouvrir ma propre affaire là-bas. Un cabinet de médecin.
Le caporal réfléchit un instant, le regard lointain.
- Range Harbor… Ça vaut le coup d’aller y faire un tour à ce qu’il parait. D’où tu sors ce sabre ?
- C’est une lame Hatori Henzo.
Dans un chuintement discret, Sergueï dégaina son arme avec précaution et la tendit au caporal. Ce katana était son bien le plus précieux ; il l’avait forgé lui-même et, jusqu’à maintenant, personne d’autre que lui n’avait pu le toucher. Cependant, pour une raison obscure, son instinct le poussait à partager cet art avec Vassili.
- Son acier ne saurait se briser et admirez donc le tranchant.
- Il est magnifique. Vassili caressa la lame comme si c’était la peau d’une femme ; curieusement, il ne lui demanda pas la raison de préférer combattre avec un outil pareil plutôt qu’un poignard moins encombrant. Mais j’ai du mal à voir un futur toubib s’engager de son plein gré pour buter des gens.
- Vous faites bien de le souligner. Cela dit, je pense qu’il faut savoir comment la mort vient avant de vouloir la déjouer. Et vous alors ? Avez-vous quelqu’un ?
On entendit clairement le coassement d’une grenouille toute proche, et la chaleur se faisait plus oppressante que jamais malgré la nuit qui tombait. A première vue le caporal n‘était pas homme à s’étendre sur sa vie privée, ce qui entretenait l’aura de mystère qui l’entourait. Vassili rendit son arme à Sergueï.
- Garde bien un œil dessus, j’ai l’impression que la nana qui est avec nous a le béguin pour lui !
- Madame Xiao ? Il est vrai que c’est une demoiselle pour le moins… particulière.
- Particulière, hein ? Dis-moi doc, t’aurais pas envie de te la f…
La voix du lieutenant le coupa brutalement.
- Bon, mes cailles ! Assez flirté ! Vous ramassez vos cliques et vos claques et vous v’nez très rapidement près d’moi ! Changement de programme !
Sergueï se rangea à côté du caporal. En face, le lieutenant leur jetait des coups d’œil impatient en compagnie d’un autre individu, un géant noir à iroquoise, équipé d’une mitrailleuse lourde rotative. Il avait l’air aussi aimable qu’un bulldog et la balafre qui lui striait le visage n’arrangeait rien à l’affaire.
- Votre copine Ericssen n’a pas d’couilles alors j’ai dû vous trouver un autre artilleur. V’là Hannibal Kickback, aussi surnommé le Zèbre à cause de…
- La cicatrice qu’il a sur la gueule, murmura Vassili en se penchant discrètement vers Sergueï. Lequel répondit :
- Et une fois n’est pas coutume, c’est un garçon qui a l’air si gentil.
- Alors mes cailles, vous êtes bien gentilles avec lui! Utilisez des mots simples et des phrases courtes, sujet-verbe-complément, j’suis clair ? Maintenant tordez-moi cette mission à la con et rev’nez vivants ! Allez, on sautille dans l’hélico, mes gazelles ! Tas de cons, transpirez ! |
| | | Vassili Liekaterinev
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| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Dim 22 Sep - 12:54 | |
| Couteau cranté jugulé à la cheville.
Boots lacées.
Bretelles de suspensions avec holster clapé et calibre-45 à sa place, au chaud sous le bras.
Trench-Gun M97, Remington700, veste tropical-jungle, cartographie, communicateur, rations de survies : dans le sac à barda, jeté sur l’épaule. Ceintures à munitions en bandoulière, débardeur propre, plaque d’identité autour du cou, chapeau boonie sur la nuque, allumettes waterproof, clopes et photo de Nina dans la poche droite du treillis.
Ray-ban dans les cheveux, parfait pour admirer le levé du soleil depuis l’hélicoptère.
Musique. https://www.youtube.com/watch?v=dxk3c_SbWMg
Sourire sur la gueule.
« Bon, les salopes, on se bouge ! » La pilote de l’hélicoptère lève la main et lance le compte à rebour, 1, 2, 3 allumage. La vitesse des palles augmente progressivement alors que l’équipe saute dans l’hélico : un furtif Stealth Black Hawk, léger mais indétectable, conçut pour poser les troupes en secteur « diplomatiquement délicat ». Dans l’appareil, Vassili jette un coup d’œil circulaire à l’équipe : Xiao, inexpressive, calée contre la carlingue, les muscles impressionnant de ses gros bras tendus sur les poignées de parachutage au dessus de sa tête. Spencer, ramassé sur lui, son casque d’assaut enfoncé sur les yeux. Le zèbre, toujours accrochés à son attirail, avec son pur sourire de Black, le reste de son visage se fond dans la pénombre de l’appareil. Et le Doc’, sagement assit à côté de lui, avec son Hatori-Henzo dans le dos et son gentil brassard blanc de personnel médical accroché au bras droit, qui le fixe avec un air de Sphinx content. Vassili soutient son regard, Serguei étend un sourire aimable sur son visage de fouine. Vassili jette un coup d’œil au sac du médecin où a disparu le paquet donné par le lieutenant, il crève d’envie de l’ouvrir quitte à balancer le Doc’ dans le vide si nécessaire. Mais il sort le paquet de Satan-Killer de son treillis et en tire une nouvelle cigarette calée entre ses lèvres puis propose : « Tu devrais pioncer toubib, si on va où je pense t’as le temps de récupérer un peu de ton crapahut et… - Caporal, si t’allumes cette sèche dans mon zingue je lâche les commandes et je viens te la faire bouffer. » Coupe la pilote. C’est une elfe noire d’une trentaine d’années, une paria ou peut être une recrue prêtée par la Shil’lie à l’OMCU. Son visage plein, ses lèvres pulpeuses, ses seins hâlés moulés dans le docker noir des pilotes et sur lesquelles rebondissent ses plaques. Son co-pilote est un métisse Kwanaïd blond et trapu, avec la moitié du visage mangée de tatouages tribaux, des piercings et l’air totalement défoncé à la coke; il porte un bandana avec le drapeau pacifiste de la flotte d’Asinara. Le casting du parfait film de boules. « T’as entendu le soviet ? Lâche agressivement le co-pilote. - Affirmatif trouduc! Mais essaye de m’redire ça avec amour « soldat »… - Laissez tomber merde ! Et Caporal, pose ton cul derrière où je fais demi-tour! Tranche l’elfe noire. - Entendu Leader. » Vassili quitte le cockpit des yeux et se laisse tomber à côté de Serguei qui garde son sac sur les genoux, les yeux fermés mais le corps en alerte. Vassili pense soudain qu’il aimerait pouvoir étendre cette partie de son esprit qu’il ne maitrise pas encore jusqu’à la tête du toubib, pour fouiller, découvrir, contrôler, comme le fait si bien Sophia. En contrebas la masse noire de la forêt défile, percée de temps à autre par les feux déclenchés par les guerriers élémentalistes Siamois. Il ne doit pas être loin de 3h du matin, mais la chaleur reste étouffante. * Le soleil se lève lentement sur la jungle couverte d’un brouillard de tiédeur moite. Vassili est accroché sur le côté de l’appareil, les pieds callés sur la carlingue, un bras dans le vide et les cheveux dans le vent. Ses Ray-ban reflètent la forêt tropicale, coupée par des marécages serpentant entre les arbres et de grands plateaux d’herbage et de riziculture. Ils viennent de quitter la zone sous contrôle Ystovarian et survolent l’espace « No man stand», zone tampon entre l’OMCU, Ystovaria et les PinYin. L’hélico entame sa descente vers un champ d’herbes hautes, occupé par ce qui semble être des buffles. Les animaux s’éparpillent à l’entente de l’appareil et disparaissent dans la futaie. « Caporal ! Préparez-vous à sauter, 5 mètres avant proximité du sol! Vous êtes à environ 10km de votre objectif, à 8h, je décroche, bonne chance ! Intervient la voix de la pilote. - Entendus les gars? On se sort les doigts ! » *** Entre les piliers en ruines de la Grande pagode du village meurtrit de Saongka, circulent des hommes charriant des caisses. Les coolies du village chargent des camions banalisés de l’armée, sous la menace d’un groupe de mercenaires PinYin et de déserteurs Ystovarians. Dans une caisse ouverte, les paquets d’un kilo de cocaïne pure attendent sagement d’être déplacés jusqu’à la capitale, puis transportés par bateau jusqu’aux grandes Citadelles asiatiques pour inonder le marché. Cinq tonnes de blanche qui donneront vingt-cinq tonnes de coupée. « máy bay trực thăng ! máy bay trực thăng! Hélicoptère! » Le murmure monte dans le rang des coolies, qui pointent le ciel du doigt alors que passe entre les nuages, quasiment inaudible, un Stealth Black Hawk. Une femme, debout sur la coursive de la pagode, surveille les opérations. C’est une Siamoise au grand corps svelte vêtu d’une robe rouge de soie fendue à la coupe cyberpolitaine avec un col PinYin. Ses longs yeux effilés derrière de larges lunette de soleil, ses pommettes hautes, sa bouche écarlate bien dessinée et ses cheveux noirs coupés d’un carré plongeant : Hoàng Mai est superbe. Un mercenaire coiffé d’un Jarehead, mitrailleuse en mains, l’interpelle : « Cheffe, les gars y disent qu’ils ont vu un hélico passer…Faut prévenir le patron ? » Elle lève la main pour lui signifier le silence. Concentrée, elle étend son esprit de télépathe, parcourant les psychés qui l’entourent, elle sonde l’espace. Elle est dans toutes les têtes, derrière tous les yeux. Dans la pagode, dans le village, puis dans la forêt à quelques kilomètres de là avec un groupe de militaires. Elle ouvre lentement les yeux et se tourne vers le mercenaire : « Dépêchez-vous de finir le chargement ! » Puis traverse la cours sur ses hauts talons noirs dans la direction d’une jeep de commandement. Elle avise un énorme PinYin vautré sur le siège arrière, sa chemise rose ouverte sur une chaine en or massif et rentrée dans un pantalon de velours marron. Ses doigts couverts de bagues pelotent une prostituée qui doit à peine avoir quinze ans. Shaka-Nyoraï, dit « Shaka Stab-Back » grand Mikado du trafic international, lève sa grosse tête de vieux carpeaux vers son associée. Elle s'incline légèrement et commence : « Ong ChùShaka, une équipe approche. - Combien d’hommes ? - Cinq, il y a un télépathe parmi eux. - Un télépathe ? HA HA ! Encore une équipe de l’OMCU, ces putains de branleurs ! On dégage d’ici! » Hoàng Mai hurlent des séries d’ordres en PinYin, c’est la panique : on ferme les camions, on menace les villageois qui s’éloignent les mains sur la tête en gémissant, les moteurs démarrent. Shaka pousse la prostituée de la jeep, enfile ses lunettes de soleil et prend un cigare qu’on lui tend. Hoàng Mai monte à côté du chauffeur. Le gros PinYin se marre de nouveau et ordonne: « Descends, Hoàng Mai ! Tu restes ici et tu vas t’assurer qu’on termine d’emballer la marchandise et t’occuper d’eux avec les gars. Tu me rejoindras plus tard à la Capitale, ma beauté! » HRP: toutes les répliques en Viêt sont made in google trad...ça fait genre on va dire 8D. Serguei je te MP, j'avais prévu un autre passage, mais je pense qu'il pourrait s'intégrer à la suite de ton poste aussi... |
| | | Vassili Liekaterinev
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| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Mar 24 Sep - 20:08 | |
| 5h52, 105 kilomètres au sud-ouest du start-point
Vassili est allongé sur le dos dans la terre rouge. Le sifflement des balles et les hurlements de ses camarades se confondent en un ronflement sourd, lointain. Au dessus de lui : le toit effondré de la pagode, le ciel gris, les éclats de pierres … Son bras droit est immobilisé, la douleur irradie sourdement par vagues brûlantes jusqu’à ses doigts. Par instant les plaies semblent prendre vie, s’étirer atrocement comme pour s’extirper de son corps en arrachant l’étau des muscles et de la peau. Il porte machinalement sa main gauche à la blessure. Le tissus de son débardeur est arraché, imbibé de liquide chaud et poisseux, l’os de sa clavicule affleure sous son indexe en une immense excroissance brisée. Le sang coule abondamment de son nez sur sa joue, dans sa gorge. Il étouffe.
***
Spencer traine les pieds, le nez en l’air il observe dubitatif les maisons sur pilotis en partie éventrées, les morceaux d’équipement militaire abandonnés à la rouille et surtout les villageois. Alignés dans la rue, flippants comme dans un film de fantômes : des femmes, des enfants, des vieux et des paysans maigres à faire peur. Spencer relève du pouce le bord de son casque et jette un coup d’œil à sa radio, 5h41.
« La cible a foutu le camp. » Aligne laconiquement le Zèbre, avec un accent Néféri à couper au couteau. Spencer se tourne vers Hannibal qui pointe du doigt la route du Sud, striée de traces de pneus desquelles monte encore un nuage de poussière. Il ajoute : « On arrive dix minutes trop tard. - Trop tard pour quoi ? - Cherches pas GI-Jo, tu vas t’faire du mal à réfléchir comme ça…» Conclu le caporal Liekaterinev en lui tapant sur l’épaule avec une expression de camaraderie aimable.
Spencer lui retourne un sourire foncièrement bovin, il ne capte pas ce qu’il fout dans ce village pourris avec une équipe commandée par un gars plus jeune que lui, mais il se remémore les paroles rassurantes du Lieutenant : moins t’en sais, plus tu marches droit, soldat! Alors, ça lui va.
Le caporal lâche son Trench-Gun, imité par le reste de l’unité. Spencer dégrafe la jugulaire de son casque, l’enlève et frotte ses courts cheveux roux collés par la sueur. Il remarque que le toubib Voronov est le seul a ne pas avoir baissé la garde, sabre en main il avance calmement dans les ruines, tout aussi flippant que les villageois scrutateurs. Ce gars là lui fout la trouille, avec sa gueule de nordique et ses silences.
L’équipe débarque dans la cour d’une pagode dégradée par les bombardements et découvre un camion banalisé de l’EUCY. « Spencer, avec moi. Xiao tu choppes un "local" et tu lui demande ce qu’ils ont foutu ici. » Lâche le caporal en avançant vers le camion abandonné. Spencer se jette sur ses talons. Le caporal s’arrête et examine les colonnes opposées à leur position en lançant de dos : « T'attends quoi là? Tu te branles? Vas checker la carlingue! ». Spencer opine bravement du chef, mais a à peine le temps de sentir le contact de la bâche de la camionnette sous ses doigts…
*
Hoàng Mai est dissimulée à l’intérieur de la pagode, avec la poignée d’hommes que lui a laissé Shaka. Ses longues mains -aux doigts manucurés écarlates- appuyées sur une fenêtre d'acajou vermoulu, elle regarde sereinement exploser le crâne du soldat roux, abattu par son sniper d’un tire précis et fatal. Le corps du gars de l’OMCU s’écroule comme une marionnette désarticulée. Le télépathe l’accompagnant -vraisemblablement son supérieur- n’a même pas le temps de reprendre son arme en main : Hoàng Mai pénètre son esprit avec facilité et le paralyse, c’est un médiocre novice, un dormant. Elle se sert sans difficulté dans sa mémoire, trouvant l’ordre d’élimination de Shaka confié par l’OMCU, mais reste bloquée alors qu’elle tente de regagner son propre corps. Debout, nue dans le vide, un jeune homme aux cheveux sombre et aux yeux bleu lui fait face. Une ombre grandissante, scindée, l’absorbe toute entière. Elle lutte, il est dans sa tête, elle le rejette.
Elle émerge de sa transe, en sueur, dans les bras de l’un de ses mercenaires. Elle a brièvement perdu connaissance. Elle se redresse, essoufflée et regarde la cour : le télépathe est toujours figé à côté du corps de l’autre soldat. Les yeux écarquillés, il regarde dans le vide, s’éveillant. Elle hurle :
« Descendez-le merde ! Butez-les ! »
*
Vassili se perd dans des images qui ne lui appartiennent pas : celles de la femme qui s'est accaparé son esprit. Des dizaines d’éléments glissent en lui alors qu’il s’enfonce profondément dans les méandres d’une autre pensée. Et la faille se creuse encore, seule une partie de lui parvient à résister, sa conscience est noyée.
Une douleur violente à l’épaule le ramène à la réalité. On vient de lui tirer dessus à plusieurs reprises. Il accuse le coup et recule d’un pas, se fige un instant, puis s’effondre lentement de toute sa hauteur, juste à côté du corps mutilé de Spencer.
*
Xiao se jette hors de sa planque : « Caporal ! »
Elle saisit Vassili sous les bras et le tire derrière une colonne de la pagode. Une nouvelle rafale, assourdissante cette fois, celle d’une mitrailleuse qui tente de les cueillir. Autour d’eux la pierre s’anime, vole et se disperse par pans entiers. Elle applique ses deux grosses mains sur la blessure de son officier, c’est « moche » et le sang ne s’arrête pas de couler. Elle secoue la tête négativement, lâche la plaie et empoigne son arme puis rejoint le Zèbre, prête à défendre sa peau.
*
5h53, 105 kilomètres au sud-ouest du start-point
Vassili est allongé sur le dos dans la terre ocre du siam devenue boue écarlate à son contact. Elle exhale le frangipanier, la mousson, la fange …une puanteur voilée, inexpugnable. La charogne du Siam. La pluie s’abat brusquement : le ciel lui pisse sur la gueule. Il tord son visage dans un rictus forcé. Le reste de son corps est désormais inerte, drainé.
Sa vision se trouble alors que la courte figure du docteur s’immisce entre lui et son merdique dénouement.
Serguei Voronov, appuyé sur son Hatori Henzo, lui sourit de toutes ses dents. |
| | | Sergueï Voronov
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Age du Personnage : 48 ans Alignement: Neutre Mauvais Classe - Fonction: Docteur en médecine
| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Dim 15 Déc - 19:41 | |
| Une embuscade.
Cela dit, cela ne le surprenait pas. Dès leur arrivée au campement, il s’était aperçu que le terrain ne correspondait pas à la débâcle hâtive que leur cible avait mise en scène. La voiture abandonnée avait été le premier indice : quel imbécile pouvait abandonner une jeep en pleine forêt vierge et, de surcroit, élégamment bâchée comme un papier cadeau ? Certes, l’hypothèse n’était pas à exclure. Mais Sergueï avait participé à plusieurs opérations de la sorte, celles que les officiers appelaient « missions de libération ». Les villageois qui avaient été exploités et maltraités, quelles que soient les manières de leur bourreau, savaient reconnaitre les « libérateurs » de l’OMCU et leur réservaient un accueil enthousiaste et plutôt chaleureux, pas la terreur que Sergueï avait perçue dans leurs yeux. Si les trafiquants avaient vraiment mis les voiles, les bougres auraient immédiatement cavalé vers le commando avec des plateaux de fruits, ils n’auraient pas déserté la place pour aller s’enfermer chez eux comme des lapins dans leur clapier.
Lorsque le premier coup de feu avait retenti, Sergueï était déjà à l’abri derrière un tronc d’arbre large et bien solide. Il avait vu la tête de Spencer exploser comme une pastèque et s’en était réjoui, mais le caporal ne faisait pas partie des personnes qu’il désirait ardemment voir décéder. La mort de Spencer avait été trop douce selon lui, trop rapide, confortable, pas d’angoisse ni de souffrance. Celle de Vassili, et bien il la déjouerait. Alors qu’Hannibal faisait rugir son arme pour couvrir ses camarades, Sergueï mit cette opportunité à profit pour se précipiter vers le blessé. Il trouva Xiao, tentant vainement d’arrêter l’hémorragie ; ses mains luisaient de sang comme des pommes d’amour. C’en était presque érotique.
« Je vais m’en occuper » fit-il comprendre d’un signe de tête.
Tandis qu’elle fonçait en amont pour appuyer l’artilleur, Sergueï posa un genou à terre devant son supérieur.
- Juste ciel ! dit-il en souriant. Etes-vous mort ?
Vassili était allongé derrière une colonne de pagode, médiocre abri face au déluge de métal qui s’abattait sur eux ; il plaqua sa main gauche sur sa blessure et exhiba un sourire dément. Indifférent au vacarme assourdissant et aux cris de ses camarades, Sergueï fouilla dans la poche de treillis du caporal et, après avoir allumé une cigarette, la lui glissa entre les dents. D’aucun auraient dit que c’était un geste stupide : inutile d’encombrer les poumons du blessé ! Sergueï aurait répliqué qu’il n’avait pas besoin d’air en ce moment mais plutôt de sang. Et s’il devait mourir, il aurait eu un ultime petit plaisir.
Sans rien dire, il écarta la main du blessé pour examiner les lésions. Même si Vassili avait voulu résister ses efforts auraient été vains ; en ce moment il devait avoir des mouches qui lui tournaient devant les yeux et, dans quelques instants l’hémorragie le ferait passer ad patres. Il n’y avait pas de temps à perdre, les bouffées de fumée que soufflait Vassili étaient de plus en plus courtes. Le bilan était mauvais ; même si Sergueï parvenait à stopper l’afflux de sang qui fertilisait la terre du Siam, la clavicule du caporal était brisée, ce qui le rendait intransportable. Tout ceci étant bien sur subordonné au fait qu’ils survivent tous les deux aux dix prochaines minutes.
Toujours sans un mot, Serguei sorti la sacoche de cuir que le lieutenant lui avait remis quelques heures plus tôt. Il fit glisser un petit cylindre de verre portant l’inscription CZ-198, et fit sauter le bouchon qui cachait trois aiguilles courtes et acérées. En face de lui, Vassili considéra l’objet avec une inquiétude fiévreuse.
- Dégage ! Articula-t-il faiblement… te tue !
Le caporal attrapa le bras de Sergueï mais il était dans un tel état de faiblesse que le docteur l’écarta aussi facilement que les mains fragiles d’un bambin capricieux.
- Tu… me touches pas… putain ! S’étranglait Vassili à mesure que les pointes de métal se rapprochaient de sa nuque.
Sergueï voulut sourire pour rassurer son supérieur mais derrière cette chaleur réconfortante se cachait une fascination et une curiosité morbides qui n’échappaient apparemment pas au caporal. Dans un dernier effort Vassili parvint à l’étrangler.
- N’ayez aucune crainte, mon caporal ! marmonna Sergueï en se dégageant. Faites-moi confiance, allons !
Les pointes acérées effleuraient déjà la peau blafarde.
- Cela vous fera un peu mal au début, ensuite… je n’en ai pas la moindre idée. Mais vous êtes censé vivre, rassurez-vous.
L’acier pénétra la chair, puis le piston poussa le nectar ambré qui s’infiltra dans les veines du blessé. Les yeux de Vassili étaient injectés de rage ; il est vrai qu’aux portes de la mort, la situation est déjà suffisamment angoissante pour ne pas servir de cobaye à un prototype militaire. Il ne poussa pas un seul cri mais en l’espace d’un battement de cœur, ses doigts se crispèrent, ses veines saillirent de façon inquiétante et ses pupilles se dilatèrent comme celles des chats. Puis il s’affaissa par terre, le corps flasque et les yeux grands ouverts.
Sergueï débarrassa la dépouille de Spencer de son treillis et le déchira. Il roula une étoffe en boule, l’appliqua fermement sur la blessure qui s’était arrêté de saigner, puis en noua fermement une autre autour du buste du caporal, dans le but de maintenir l’os de la clavicule en place. Par chance, si la chance existait dans cette région du monde, la fracture était nette.
Sergueï sortit un petit carnet rouge et un stylo à bille de sa poche et nota les observations comme il lui avait été commandé.
Crispation intense des muscles après injection, congestion excessive des artères superficielles…
Le docteur vérifia le pouls de Vassili ; il était en vie mais son rythme cardiaque était anormalement élevé.
Rythme cardiaque très élevé, imputable à l’anxiété subconsciente du sujet,…
- Bouge pas !
Le canon d’un pistolet se posa sur sa tempe. L’un des mercenaires, plus discret que ses compagnons, avait profité du vacarme pour les prendre à revers. Il ouvrit la bouche pour parler mais ne la referma pas car Sergueï, rapide comme un serpent, lui planta son stylo dans l’œil. Le corps fut secoué de spasmes puis tomba mollement au sol. Sergueï essuya son stylo mais constata avec une pointe d’agacement que celui-ci n’écrivait plus.
Il faudrait que je perde cette habitude.
Il en prit un deuxième, se tourna à nouveau vers Vassili et reprit ses notes. La respiration du caporal était revenue à la normale mais il ne bougeait toujours pas.
Au-delà de leur position, le zèbre et Xiao s’était cachés derrière une jeep mais la mitrailleuse lourde ennemie et le tireur embusqué les obligeaient à maintenir leur position. À ce rythme ses compagnons, aussi expérimentés soient-ils, ne tiendraient pas longtemps.
Un point positif était à noter cependant : il s’était arrêté de pleuvoir.
Maintenant, il était temps pour lui d’entrer dans la danse. Leurs agresseurs pensaient certainement que Vassili avait été abattu ; et le reste du commando avait détourné leur attention du bon docteur. Il s’agissait donc de rester discret et de prendre les tireurs à revers. Seul ? Cela ne lui faisait pas peur. Toujours baissé, il dégaina sa lame dans un chuintement de métal, et progressa furtivement vers la position du sniper. Ce dernier ne sut jamais ce qui lui était arrivé ; lorsque Sergueï atteignit sa position, le tireur lui tournait le dos, allongé sur le ventre. Il était bien trop occupé à tirer pour le remarquer, et Sergueï ne lui en tenait aucune rigueur ; sa façon même de mitrailler au hasard, sans prendre la peine de verrouiller nettement sa cible témoignait de son amateurisme. Quant à surveiller ses arrières… il ne fallait pas trop lui en demander. Il mourut rapidement, la tête clouée au sol. Sergueï s’empara de son fusil puis, après avoir convenablement visé la tête de l’artilleur en contrebas, se ravisa. Il prit une grenade sur le cadavre, griffonna « bon appétit » au marqueur et la lança dans le nid. Le hurlement lui fit encore plus plaisir que l’explosion.
Bon, on en a bientôt terminé.
Un rugissement inhumain le tira de sa certitude.
Ah, peut-être pas...
Le caporal Vassili s’était réveillé. La survie de son patient enchanta le docteur ; en outre il était idéalement placé pour savourer le spectacle. Une fois de plus, Sergueï sortit son petit carnet rouge.
Vassili s’était ragaillardi ; il s’était emparé de la première arme à feu à portée et s’appliquait à vider son chargeur sur les quelques survivants, au rythme de nombreuses insultes impies. Plusieurs balles le frappèrent, mais cela ne le fit même pas ralentir ; les plaies se refermaient à une vitesse prodigieuse. L’affaire serait bientôt réglée.
Agressivité décuplée, régénération rapide des tissus endommagés, le sujet semble insensible à la douleur et ne se préoccupe pas de sa sécurité...
Une femme en rouge surgit soudain de derrière une pagode ; elle étendit la main. Xiao et le zèbre furent projetés à terre en se tenant la tête à pleines mains. Une attaque psychique. Comme Vassili ne semblait pas affecté, Sergueï en déduisit qu’il devait développer les mêmes capacités. Intriguée, la femme attaqua à nouveau, sans plus d’effet que précédemment. Ayant vidé son chargeur, Vassili jeta l’arme à terre, dégaina sa machette et fonça sur elle en hurlant, avant de perdre connaissance.
La femme en rouge ne voulait prendre aucun risque. Elle arma son pistolet, le colla entre les deux yeux du caporal… et sentit un fil d’acier froid mordre la chair de son cou.
- N’essayez pas de lire dans ma tête ma chère, vous feriez des cauchemars.
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| | | Leona.A Xarran
Messages : 61 Date d'inscription : 27/10/2010
| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam Lun 24 Fév - 19:05 | |
| Les flots coulent à leur façon, Les feuilles tombant lentement laisse place à une pluie acide. Une meute en plein trouble suis une fille muette sur un des bords du fleuve. Des menaces, des cris des heurts s'élève dans la jungle épaisse bordé d'un lourd brouillard. A travers les arbres, elle continue de chercher une issue, parce qu'elle continue de respirer, et elle continuera à avancer jusqu'à trouver le bout de sa liberté a travers cette foret. La peur est physique et psychosomatique, prenant naissance profondément dans ses tripes et jaillissant dans les tremblement du haut de son dos ou de ses genoux. Elle a l'impression de voyager dans un mauvais rêve, mais la sueur sur sa peau est pourtant bien vraie,les muscles endoloris de la tête aux pieds, surenchéris par cette marque imposante dans son bras gauche qui brille et suinte d'une douce couleur vermeille. Une brise régulière glace les parties moite malgré la chaleur stagnante de la canopée, et sublime la peur et la douleur. Un pied devant l'autre, ou un derrière l'autre, elle ne sait même plus si elle progresse encore, elle ne voit que les ténèbres, la fatigue et là. Le vent lui murmure à l'oreille « prend ma main, laisse tes souffrances derrière toi et rejoins moi.... »Sa vie se referme comme dans un étau. ************************************** Il y a ce grand vautour, et cet ignoble corbeau, installé dans un bureau luxueux... Les deux charognard lui adresse des sourire coupable, comme si ils étaient proches. Elle ne pensais pas partir, mais les ordres sont les ordres, et la voilà aujourd'hui dans ce bourbier, sans avoir vue le prochain été. C'était pourtant pas compliqué, il suffisait d'observer, comment a-t-elle put finir de cette manière ? Y avait-il eu des erreur ? Le vautour tourne autour d'elle l'air satisfait et cris de son timbre morbide : "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" Le corbeaux l'accompagne a son tour d'une voix horrible : "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" "Ce n'est que ton destin" Depuis le début elle se trompait, elle n'avait pas survécu, c'était calculer. Depuis qu'elle accepté cette tache elle n'était plus qu'une charogne , un nouveaux nom sur du marbres blanc. Elle est dégoutté et comprend que sa génitrice et sa seule sœur avait comploté contre elle et aurait apprécier qu'elle souffre d'avantage. « Je ne veux pas sombrer dans l'oubli! »Elle se reléve de manière acharné, les deux volatile s'envole... La charogne sera le maitre absolu ! La jungle refait son apparition. Le dégout se transforme en larmes, colère, tristesse et rage, tout a un goût de merde dans sa bouche et sa gorge... La pluie s'arrête. ************************************** Elle sort enfin de la jungle toujours en pleine course et atterrit dans un village, elle ne prête pas attention aux détails et continue à dévaler la pente qui mène vers la pagode espérant avoir le perchoir ou se retranché en attendant de réfléchir à un plan, panser ses plaies. Son instinct sent une menace. Mécaniquement elle sort son revolver et braque sur ce que se trouve en face. En relevant les yeux elle reconnaît un uniforme familier, celui de l'OMCU, mais sous la bannière elfe noire elle ne sait pas, elle ne sait plus et veut pas chercher a savoir... Ennemie ? Amis ? Elle veut juste continuer de bouger pour survivre... La natif du pays et un pseudo samouraï à l'occidentale se tenait face a elle, un autre homme lui tournait le dos. L'omcu semblait Employé n'importe qui, tuant N'importe quoi, égorgeant des cibles, et les pauvres gens autour. A son tour elle est braqué par une guenon de l'OMCU. Elle comprend d'un coup l'impasse mexicaine, puis prend une bouffée d'air avant de sortir : « What is this fucking shit... » |
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| Sujet: Re: Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam | |
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| | | | Tank boyz [retro-16 ans auparavant]-Guerre du Tonkin-Siam | |
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