Blend Awake
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 Prison de bois [retro 19 ans et 2 mois auparavant]

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Sergueï Voronov

Sergueï Voronov


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Date d'inscription : 13/05/2012
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Age du Personnage : 48 ans
Alignement: Neutre Mauvais
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MessageSujet: Prison de bois [retro 19 ans et 2 mois auparavant]   Prison de bois [retro 19 ans et 2 mois auparavant] EmptyDim 16 Sep - 14:02

Huit semaines s’étaient écoulées depuis l’attaque. Du moins c’est ce que Sergueï était parvenu à calculer jusqu’à maintenant. Huit semaines depuis l’embuscade qui les avaient surpris lui, sa section et deux autres. Quatre automitrailleuses, trois lance-roquettes, plus de trente fusils et pas moins de six containers de munitions ; tout avait été capturé ou détruit pendant l’attaque. Elle avait débuté par un tir de mortier ; tir qui avait emporté les sergents Darren, Kirovski et la jambe de Liebovitz ; trois maîtres du feu avaient alors surgi de la forêt et les salves qui avaient suivies s’étaient emparées de Hudson et cinq autres soldats dont Sergueï ignorait le nom. Les Mi-Han s’étaient alors extirpés de leur abri végétal et, baïonnette au canon, s’étaient jetés sur les survivants. A quatre contre un l’issue du combat ne faisait aucun doute mais cela n’empêcha pas Sergueï d’éventrer deux Mi-Han un peu trop surs d’eux. Un coup de crosse derrière la nuque le mit à genoux et tandis qu’on lui enfilait brutalement un sac de toile sur la tête, les Mi-Han achevaient ceux qui étaient trop faibles pour marcher.

Les Mi-Han les avaient enfermés dans une prison de bambou perchée au milieu d’un enclos de porcs. Sergueï ne savait pas encore que le pire était à venir. Pendant huit semaines, lui et ses compagnons furent exposées à la pluie et à la chaleur et frappés par la maladie. Alors qu’ils pataugeaient au milieu de la fange, des excréments et du vomi, l’air était saturé par les miasmes de transpiration et d’urines tandis qu’au-dessus d’eux des nuages de mouches et de moustiques apportaient leur lot d’infections et de paludisme. Au contraire de ses camarades de cellule, Sergueï échappa à la dysenterie et au scorbut mais une fièvre brutale le frappa le cinquième jour, comprimant son crâne et secouant ses entrailles de violents élancements. Ses muscles avaient fondu sur ses os et même si les cages étaient trop basses pour qu’il puisse se redresser, les solliciter était devenu extrêmement pénible. Il n’était plus que l’ombre de lui-même.

Le temps passait bizarrement en captivité. Parfois Sergueï avait l’impression qu’il avançait à toute allure et d’autres, lorsque les pluies diluviennes se déchaînaient sur le campement, il semblait se figer. Dans ces moments-là son intégrité mentale était rudement mise à l’épreuve. L’air finissait par être empuanti de saleté et de crasse, même après la pluie, que Sergueï mettait toutefois à profit pour se laver sommairement. De temps en temps un de ses camarades avait une crise de démence et un autre se contentait de balancer son buste d’avant en arrière en marmonnant des paroles incompréhensibles avant d’éclater en sanglots tout en invoquant sa mère ou un être cher. En fin de compte, le sommeil était devenu leur seul passe-temps, bien que la tâche soit compliquée en permanence par la douleur de la maladie et les moustiques de compétition que la jungle abritait.

Sergueï était recroquevillé sur le sol ; en grognant il s’adossa contre les barreaux de sa cellule et entoura ses genoux de ses bras. Tout en expulsant un crachat ensanglanté, il jeta un regard circulaire autour de lui puis, constatant qu’il était seul, fit appel à ses souvenirs.
Ils étaient douze à leur arrivée ici. Hicks avaient reçu une blessure grave pendant l’embuscade ; la gangrène l’avait emporté huit jours plus tard. Les vers avaient déjà commencé leur besogne lorsque les Mi-Han avaient décidé de dégager le corps. Quant aux neuf autres, on les avait emportés, probablement pour les interroger, mais aucun n’était jamais revenu pour rapporter ce qu’on lui avait fait. Les rats formaient maintenant sa seule compagnie, des espèces de vermines faméliques aux yeux rouges, visiblement plus friands de charogne que de cheddar.

Au loin il vit un soldat s’avancer dans sa direction. Il devait être midi, l’heure où on leur apportait cet espèce de ragout clair et insipide coupé à l’eau, probablement les restes d’un quelconque habitant des marais, maladroitement rehaussé d’herbes plus proches du gazon que d’une quelconque plante aromatique. La viande restait toutefois tendre et savoureuse, en totale contradiction avec ces conditions d’emprisonnement, à peine meilleures que celles de ses voisins porcins. Lorsque le Mi-Han se fut rapproché, Sergueï constata avec dépit qu’il n’aurait pas de ragout cette fois-ci. L’homme était en train de fumer ; il tira sur sa cigarette et lui souffla une longue bouffée de fumée au visage.

- Bon… On dirait bien que c’est ton tour, ricana-t-il.
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Sergueï Voronov

Sergueï Voronov


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MessageSujet: Re: Prison de bois [retro 19 ans et 2 mois auparavant]   Prison de bois [retro 19 ans et 2 mois auparavant] EmptySam 22 Juin - 23:30

[HRP : ATTENTION VIOLENCE, NE PAS LIRE APRES UN REPAS. L'AUTEUR DECLINE TOUTE RESPONSABILITE EN CAS DE VOMISSEMENT/HRP]

Le poing du Mi-Han lui heurta violemment la mâchoire et la tête de Sergueï partit sur le côté, souillant à nouveau le mur avec un épais filet de salive et de sang. Son bourreau était de petite stature et il frappait comme un vieillard, probablement plus habitué à battre les jeunes filles qu'à torturer les soldats. Mais au bout d'une demie-heure de ramassage, la moindre pichenette lui enflammait la peau. Sergueï était dans un état épouvantable : son visage ravagé était tuméfié et couvert de sang, ses lèvres fendues et enflées, et l'un de ses yeux avait tellement gonflé qu'il l'avait privé de la vue. Ses côtes étaient bleues par endroit, et Sergueï n'avait pas besoin de doctorat pour se rendre compte que plusieurs d'entre elles étaient brisées. Gonfler son ventre pour reprendre sa respiration lui causait des douleurs fulgurantes, alors que ses bourreaux se riaient de ses gémissements.
Ses tortionnaires étaient deux. Le premier avait devant lui divers documents en papier jauni ; il faisait semblant de s'y intéresser, tout en répétant mécaniquement la même série de questions.
« Quel est ton nom ? Que faisiez vous ici ? Où se situe ta base ? Quels sont les noms de tes officiers ? Combien sont-ils ? » Et ainsi de suite. Malgré les coups du deuxième homme, Sergueï n'avait pas parlé, sauf pour répondre « Va te faire foutre » à chacune de ces questions. Et il continuait de se montrer provoquant, espérant ainsi qu'ils perdraient patience et abrégeraient ses souffrances en lui logeant une balle dans la tête. En tout cas il ne lâcherait pas un mot à ces fils de putain, dussent-ils le couper en morceaux. Il était mort de toute façon, un mort en sursis. Autant en profiter.
« Va-y doucement, il faut quand même qu'il parle », prévint l'interrogateur.
Le tortionnaire retint le poing qu’il s'apprêtait à abattre à nouveau et cracha au visage de sa victime.
« Parler pour quoi faire ? » lança-t-il rageusement.
Pour quoi faire, en effet ? Puisque leurs questions n'avaient manifestement aucune importance à leur yeux, beaucoup moins que le sang, la déchéance, la détresse humaine, et le désespoir croissant des victimes. Cette raclée n'avait aucune utilité, sinon le divertissement qu'elle offrait à la faim perverse des Mi-Han.
L'interrogateur se leva doucement de sa chaise ; craintif, l'autre recula. Il s’approcha si près de Sergueï que leurs visages se touchaient presque. Il le regarda dans les yeux, et Sergueï y lu sans peine le sadisme et la soif de sang.
« Je me fiche de ses réponses, je veux qu'il puisse me supplier de l'achever. »
Sergueï racla sa gorge et lui cracha en plein visage, sans un mot, juste un sourire dément au coin de la lèvre.
L'interrogateur ne le frappa pas ; il s'essuya avec son mouchoir, sortit sa matraque, et la fit tinter contre le grillage de fer rouillé auquel Sergueï était attaché. D'un doigt impérieux, il montra à son camarade le boîtier qui faisait passer le courant dans la grille ; il tourna le bouton.
C'était comme si le corps de Sergueï tout entier était passé au fer rouge mais de l'intérieur, bandant ses muscles, tirant la peau à tel point que cela faisait saillir ses veines. La douleur s'estompa et Sergueï s'affaissa, les poignets meurtris par les liens et le poids de son corps qu'ils supportaient.
L'interrogateur lui souleva le menton avec l'extrémité de sa matraque, et c'est là que Sergueï vit qu'il tenait dans son autre main : un magnétophone et neuf médailles militaires. Le Mi-Han sourit et activa l'appareil.
Au travers des grésillements, Sergueï fut forcé d'entendre ce qui était arrivé à ses compagnons. La plupart résistaient au début de l'interrogatoire, puis ils finissaient par tout avouer et lorsque les tortures continuaient malgré tout, ils insultaient, hurlaient, invoquaient les Saints et, finalement, suppliaient que tout s'arrête. Ce monstre avait accordé le plus grand soin à enregistrer les hurlements de douleur et les suppliques ; chaque son le remplissait d'extase, à la limite de l'excitation sexuelle.
Une nouvelle vague de folie, Sergueï ne les comptait plus, tenta de s'emparer de son cerveau. Sergueï résista, serra les dents, des larmes de sel et de sang coulaient le long de ses joues. Parmi ces hommes il y en avaient qu'il appréciait : Jensen, peintre et père de quatre enfants ; Amaury, toujours de bonne humeur et qui avait toujours le mot pour rire, Moreau, ancien cuistot qui lui avait livré de nombreuses astuces pour rendre les plats unique, Stan qui ne cessait de lui parler de sa merveilleuse petite amie qui faisait de la couture. Et maintenant le seul souvenir terrestre qu'il restait d'eux, c'était leur douleur et l'humiliation dans la mort. Il leva les yeux vers le Mi-Han, échangea mentalement leurs rôles ; cela l'aida à ne pas craquer.
Il fixa sa volonté. Sur quoi ? Il n'en savait trop rien. Sa fierté peut-être, son éducation, la conviction que, quoi qu'il en soit, il demeurait supérieur à cette engeance.
« Tu es résistant, soupira l’interrogateur, plus que les autres. Cela mérite une récompense, as-tu faim ? »
Il lui tendit alors une gamelle garnie à ras-bord du même ragoût puant qu'on leur servait derrière les barreaux. À une exception près cependant : il n'y avait pas de doigt humain dans celui des prisonniers. Sergueï écarquilla les yeux, pâlit. Son cœur s'était arrêté de battre. Non, pas ça.
Cette région était redoutée au dessus de tous les autres territoires. Les contrées voisines parlaient de démons bouchers qui dévoraient les enfants, et même les officiers les plus aguerris de l'OMCU en perdaient leur réserve spartiate. Sergueï pensait qu'il ne s'agissait que de rumeurs, alimentées par la superstition des autochtones. Il n'en était rien. Le cannibalisme, un mot qui faisait froid dans le dos ; dérive sauvage et primitive dont la finalité était de prendre la force de son ennemi en mangeant sa chair.
« Tu as aimé tes repas ? »
Le sourire cruel du Mi-Han secoua à nouveau la conscience de Sergueï.
« Aimé » n'était pas le mot mais lorsqu'on leur apportait leur collation, il se jetait sur ce maigre repas, nettoyait l'assiette et ses doigts pour ne pas perdre la moindre miette. Lorsque l'heure du festin approchait, il s'en léchait les babines.
Va te faire foutre Moreau.
La brèche était ouverte, la bête noire de la démence s'y glissa silencieusement et lui tritura les neurones. Pour être aussitôt repoussée par un cri de rage et de tristesse, un rugissement qui n'avait rien d'humain et qui fit éclater les Mi-Han de rire.
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