CHAPITRE 1 : RUE INQUIETANTE


« Nous marchions depuis des heures sans savoir où nous pouvions aller. Aucun proche n’habitait Consortium et même si c’était le cas je n’en connaissais même pas un. Il faisait froid la pluie tombait lourdement sur le sol et j’étais épuisé d’errer dans la rue. Je levai la tête et les passants ressemblaient à des grandes ombres noires et floues, glissant sur les pavés comme des fantômes, me frôlant parfois de leurs capes spectrales et glacées. Plus loin dans la rue, des enfants riaient et perturbaient cette étrange atmosphère qui commençait à me plaire. Je ne l’avais pas remarqué avant mais cette même pluie qui me glissait sur les épaules était aussi une douce amie qui noyait ma tristesse dans ses gouttes lourdes. Je l’avais bien compris, on ne retournerait plus jamais chez nous, et je ne reverrais plus jamais mes parents. C’était comme ça et je l’acceptais avec une légère antipathie. »
« Complètement encré dans mes pensées bouillonnantes, je perdis la main de ma sœur. Au milieu de la brume que générait l’averse, je me demandais depuis quand je marchais seul. Si quelque chose d’étrange devait se produire, c’était maintenant que cela devait arriver. Cependant, et faisant naître un sentiment angoissant en moi, il ne se passa rien. La pluie continuait incessamment de tomber …. Une ou deux silhouettes passaient de temps en temps près de moi, m’ignorant totalement. Je regardais autour de moi désespérément. C’était trop bête de perdre la seule famille qui me restait comme ça. Il fallait que je la retrouve, je marchais plus vite, regardant dans les échoppes, agrippant quelques ombres au passage, les implorant de me rendre ma sœur…. Mais mes doigts glissaient juste sur leurs pardessus trempés et ils s’en allaient …
Une main m’attrapa par l’épaule soudainement. Je me retournai dans un élan d’espoir mais c’était un des garçons que j’avais entendu rire quelques temps auparavant. »

« - T’es perdu ? me lança-t-il d’un ton arrogant et narquois.
Je lui répondis que non, et que je cherchais simplement ma sœur en voulant m’éloigner. Il me tira sèchement le bras :
- Oh on a besoin de sa grande sœur pour retrouver le chemin de sa maison ?
Un sentiment de rage monta en moi, de quoi il se mêlait celui-là ? Comment pourrais-je rentrer chez moi maintenant ? Il ne devait même pas savoir ce qu’était la tristesse et la peine. Furieux, je lui décochai une droite dans le ventre. Il couina comme un vulgaire chien de rue avant de pousser des jurons dans ma direction. J’entendis un sifflement, puis des ricanements d’autres gamins qui surgissaient des ruelles sombres. J’avais comme l’impression d’être un lapin au milieu d’une meute de loups affamés. Sur la défensive et complètement impuissant je ne pouvais rien faire. Ils se jetèrent sur moi un à un, me poussant, me bousculant, jouant avec moi et secouant tout ce vomi d’émotions qui se mélangeait dans mon ventre et me donnait la nausée.




J’avais dormis ? Ma tête bourdonnait, mes côtes me brûlaient, la pluie qui coulait sous mon nez était chaude et épaisse, l’impression que mes poumons allaient explosés était insoutenable …. Est-ce que papa et maman avaient ressentis ça aussi …. ?
J’entendis les bruits de pas autour de moi s’éloignés doucement …. Tout redevint calme …. La pluie chantait de nouveau son air lugubre en me caressant. Lugubre …. Mais serein. Comme si rien ne s’était passé. J’ouvris doucement les yeux, observant ce voile gris autour de moi. J’avais trop mal pour me lever et tout était trop flou pour que je retrouve ma sœur maintenant. Je ne savais même pas ou j’étais… Ce n’était pas la peine ….
- Ethan !
Je cru entendre la voix de Drace, atténuée par le bruit sourd de l’eau, mais ce n’était sans doute pas elle.
- Ethan !
Je levai la tête. Elle n’était pas loin. Me redressant tant bien que mal, je couru chez elle sans réfléchir et me jeta dans ses bras. Elle me gronda et me cria dessus, mais j’étais heureux de l’avoir retrouvée. »
Certes j’étais un peu esquinté et Drace était furieuse mais je l’avais retrouvée et j’étais heureux qu’elle m’ait cherché. La pluie se calmait peu à peu laissant place à un crachin très fin. Il commençait à faire nuit et toutes les enseignes s’allumaient, éclairant les rues principales chaleureusement. Malgré mes blessures, j’allais mieux.