[HRP ce rp se situe après celui de l'Espace d’enquête du 3ème district - Laboratoire technologique, histoire de débloquer Lowell ben...il est posté en premier. Mais je vais essayer de répondre à Dreidven dans la semaine ><
Il faut également noter qu'il prend en compte les modifications annoncées sur le personnage de Seth à Fremainville, c'est à dire que le personnage n'a plus de lien direct avec la mafia et n'a pas agressé Aaraon dans la rue, le commissaire de Jack devait être Vassili, tfaçon Jack n' en n'est plus à une bavure près! ]


Seth traversa le couloir agressivement lumineux de la zone de détention. Propre, froid, métallique, pire que l’hôpital. Les cellules étaient pleines de pauvres types qui squattaient clandestinement la Citadelle et que l’affaire de Holsten Street avait transformés en suspects et en hors la loi majeurs. Seth évitait soigneusement de les regarder, il évitait de se souvenir des 48 heures qu’il avait passé à leur place derrière ces barreaux.
A l’autre bout se trouvait les « espaces particuliers », en clair des putains de cellules d’isolement. Seth poussa la porte n°9 et pénétra dans une pièce assez sombre, prenant quelques secondes pour s’habituer au changement de luminosité. La salle était coupée en deux par le milieu et le gardien ne se trouvait pas à son poste, comme prévu. Au fond de la cellule, sur le lit d’appoint, se trouvait un homme d’une trentaine d’années qui n’avait pas daigné lever les yeux à son entrée. Le jeune homme s’approcha sans entrain et posa la main sur la vitre blindée transparente qui le séparait du prisonnier.
Un costume et une chemise de seconde main, une barbe de quelques jours assez bien entretenue, le regard sombre et inflexible. Marvin avait l’air beaucoup plus clean et civilisé déguisé en cyber que dans la description épique que lui en avait fait son père…
Seth entrouvrit légèrement la bouche mais se tint silencieux. Il n’avait pas envie de parler à cet homme, il n’avait pas envie d’arranger les affaires de la STR ou de Vassili. Ce type ne lui inspirait qu’un morne silence. Il n’avait rien à faire ici. Il fallait que ça finisse vite.

Enfin il articula, avec une neutralité glaçante, un bref :
« Lowell Marvin ?
- Lui-même
- Vous voulez sortir d’ici je présume… » ajouta Seth après une nouvelle pause, sans prendre la peine de dissimuler l’inflexion las et désintéressée de sa voix.
L’homme le fixa en silence, mesurant visiblement le poids de son nouvel adversaire. Puis la réplique tomba enfin, laconique, sobre, conçue pour lire dans le jeu de l’autre. Manœuvre grossière, joueur médiocre :
« C'est ce que veulent tous les prisonniers normalement.
- Pas nécessairement…Certaines personnes sont plus à l’abri ici que dehors. Vous avez passé les dernières semaines à vous en prendre plein la gueule, non? Il vous avait déjà demandé poliment d’arrêter de courir après le CKZ.
- Je vois, je vois. Liekaterinev, oui, je m'en souviens. » Murmura Lowell en ricanant. « C'est con mais j'ai décidé de passer outre vos recommandations. »

Le trappeur se leva lentement, la main sur la cuisse, boitant légèrement, et vint s’appuyer sur le plexiglass, approchant son visage au plus près de la vitre. Ses yeux sombres brillaient fiévreusement, Seth songea qu’il avait dû être quelqu’un d’intéressant, d’intelligent, avant de se transformer en…ça.
« Mais bon, j'aime pas tourner autour du pot. Pourquoi vous voulez me faire sortir si vous tenez tant à me préserver dans une putain de cellule ?
- Ecoute…Ce n’est pas mes affaires okay !? Si t’as quelque chose à comprendre c’est qu’un mec dans une cellule ça ne bouge pas, mais ça peut encore parler. Et je crois que ça n’arrangerait personne. »

Seth avait haussé la voix progressivement, comme trop souvent. Il sentait que la vague de colère qu’il avait si difficilement stoppée dans les locaux de l’espace de recherche l’envahissait de nouveau. Il perdait son temps. Ce Lowell Marvin c’était pas ses affaires, c’était encore les magouilles de Vassili. Il n’en avait rien à foutre de ce mec, et les arguments du type « il connaît bien Wright, tu sais, le mec chez qui Ambre zonait » avaient plutôt l’effet inverse de ce qu’espérait son père : il avait envie de fuir, de ne rien savoir, de ne pas s’occuper de la vie de ces gens, d’oublier. Il voulait retourner dans le labo, revoir l’androïde qu’ils avaient ramassé, comprendre son fonctionnement, il…Il manqua de s’étouffer, recula de quelques pas la main sur la poitrine, reprit son souffle et articula lentement :

« Votre libération… ne tient qu’à une seule chose : L’assurance que vous accepterez de rencontrer Vassili dans les plus brefs délais. »

Revenons quelques instants plus tôt.
Ça faisait maintenant un bon petit moment qu’il croupissait dans ce qu’ils appellent une « cellule d’isolements ». Assez longtemps, pour qu’il ait arrêté de pester dans le vide. Assez longtemps aussi pour qu’il abandonne ses rondes dans la petite cellule malgré la douleur cuisante de son genou qui avait été remit entre temps. Putain, même leur saloperie de prison leur ressemble à ses dégénérés… Il en venait à regretter les bons vieux barreaux des taules technologues ! Au moins, on n’avait pas l’impression d’être un rat de laboratoire qu’on allait disséquer, comme ici.
A présent, il regardait d’un air morne la vitre, se laissant aller à des réflexions inutiles du genre « la quantité de sable qu’il leur avait fallu pour faire leur connerie de cage vitré ». Il en avait déjà testé la solidité et son épaule s’en rappelait. Aucun objet ne pouvait servir pour briser l’épais vitrage et il avait largement abandonné la pensée qu’il avait eut au départ comme quoi c’était de la camelote.
Le gardien était parti, l’avait laissé seul, sans autre explication. Remarque il allait pas s’en plaindre, sa tête ne lui revenait pas.
Il était seul depuis un moment déjà.

***



Ils étaient seuls, face à face, séparé par l’épaisseur de verre. Ca tête à lui, il ne savait pas trop quoi en penser. Jeune, bien tenu, soigné, austère… maladif. Il était venu pour le compte de Liekaterinev. Avocat ? Agent ? Proche ? Qu’importe au final, c’était un ponton avec ce dénommé Vassili.
Lowell resta sans broncher, clignant à peine des yeux, réfléchissant vite. Le revirement de comportement de Monsieur Liekaterinev était perturbant… Un peu plus d’information ne serait pas de trop ! Il répondit d’un ton amer.
- Intéressant. Sauf que ma libération... C'est pas vraiment ce qui me fait le plus chier. On me menace d'expulsion.
- Vous nous prenez vraiment pour des cons... Vous pensez vraiment qu’il vous ferait sortir de taule pour vous voir dégager à l’autre bout de la planète !? Il garantit votre séjour, évidemment.

Nouveau silence. Il regarda le jeune homme dans les yeux, essayant de deviner le piège, capter ses pensées mais tout ce qu’il voyait, c’était un pion que l’on avait condamné à subir les humeurs du trappeur. Ca se sentait qu’il aurait voulu être ailleurs, qu’il perdait son temps ici. Pourtant, Ca sentait mauvais ; ça puait la magouille, la corruption mais ça annonçait aussi un terrain d’entente, des négociations… pff non… négociations de mon cul oui ! C’était clairement une main tendue pour un régime forcé ! La colère et le dégoût montèrent rapidement mais il stoppa son emportement, laissa tomber sa tête et regarda le sol. A quoi ça aurait servit de s’échauffer contre ce type ? Pff à rien… Si ce n’est compliquer ce qui l’était déjà bien assez. Il se mordit les lèvres, s’autorisa quelques secondes de réflexions plus calmes puis releva la tête en inspirant profondément.
- Bien. Quand ?
- Il vous contactera lorsqu’il le jugera nécessaire. En attendant tenez vous tranquille.



Et sans autre cérémonie, il tourna les talons et sortit de la pièce. Lowell resta un moment sans bouger, toujours appuyé contre la vitre. Il avait conscience qu’il s’était laissé avoir. Traquenard, piège, guêpier. Il n’en connaissait pas encore la portée mais la chose était évidente. Il avait rien à perdre de toute façon…

De retour à l’accueil Seth présenta son « autorisation » au gardien et l’envoya tirer Marvin de sa taule.







La mine sombre et sévère du trappeur avait quelque chose d’inquisitorial, de culpabilisant…d’opposée au feu qui le rongeait de l’intérieur et qui transparaissait par vagues ardentes dans ses yeux. Et cet homme écartelé entre raison et folie, ce médecin raté qui n’avait pourtant pas cinq ans de plus que lui, lui rappelait maintenant désagréablement son père et ce que lui-même était devenu.
Il cilla.
Seth sembla s’éteindre un instant, comme un androïde à court de batterie, l’esprit ailleurs, fatigué. Il émergea brusquement, retrouvant d’un coup souvenirs, obligations et sens commun :

Enfin, il voyait autre chose que le fond de cette cage de verre. Il respira profondément en regardant autour de lui, suivit en boitant le jeune homme qui le conduisait à une voiture. Il ne lui adressa plus la parole et Lowell comprit qu’il allait complétement le zapper à partir de maintenant. Pas plus mal à son avis. Le seul hic dans l’histoire, c’est qu’il avait passé un moment en prison et que la liberté ça donne faim… Enfin, c’est surtout qu’il sentait que ça allait durer un moment avant qu’il puisse redescendre sur Consortium. Il s’installa à l’avant, côté passager.
" Euh ... Vous savez où on ne pourrait pas manger un petit truc? La gamelle qu'ils donnent à la prison est juste dégelasse"
Ce qui eut pour effet de réveiller Seth de ses pensées évasives.
« … Faut pas vous déranger surtout » Dit-il d’un ton agressif, tournant la tête vers Lowell lançant un regard froid… (Facile avec ses yeux bleus, Lowell se dit vaguement que lui, sa spécialité s’était les regards noirs, devinez pourquoi) Ce à quoi Lowell répondit d’un air sceptique… ಠ_ಠ Il y eut un silence durant lequel le matheux se rappela surement qu’être poli et gentil était une bonne base dans les relations sociales
« Ok non … Je veux dire…Y’a rien ici, c’est la zone… » Et Lowell soutint encore un peu le regard avant de hocher la tête… Il préférait ça. Puis, il détourna les yeux vers l’avant du véhicule, près à soupirer se disant déjà qu’il devrait donc se taire et attendre un moment avant de se mettre quelque chose sous la dent mais ce fut Seth qui le devança, soupirant d’un air bien blasé, peut-être un peu surfait pour bien faire comprendre qu’il faisait chier. « J'espère que vous n'avez rien contre la nourriture préchier de la Citadelle... » Celui-ci avait repéré un McDo perdu dans la forêt d’immeubles de l’institut. Le trappeur en smoking haussa des épaules
« M’en fiche. Ça sera forcément meilleur que la bouillie suspecte qu’ils ont voulu me faire avaler.
- mh.
Et Seth continua à conduire jusqu’à un … On va dire restaurant. Il s’arrêta devant, largua Lowell et avant que celui-ci ferme la portière, il se pencha légèrement pour se faire entendre.
- Je vais probablement en avoir pour une trentaine de minutes...on se retrouve à l'intérieur okay?
Lowell acquiesça de la tête, se redressa en fermant la porte et il regarda la voiture s’éloigner, soupira. Ce gars, il en pensait pas grand-chose, il se demanda même pourquoi il le vouvoyait. Ce qui était sûr, c’était qu’ils n’avaient rien à faire l’un avec l’autre et que devoir se coltiner un des pigeons de… euh… "Son père".... probablement..., le faisait grandement chier. Peu importe, il avait bien comprit qu’il n’avait rien à voir avec leurs affaires. Il tourna les talons, se disant qu’Eve l’étriperait surement à leur prochaine rencontre et il sourit doucement en l’imaginant derrière les barreaux pour une fois
Et donc, Lowell découvrit la junkfood cyberpolitaine. Il entra, contempla avec scepticisme l’endroit avant d’avancer jusqu’au comptoir. Il fit la queue, regardant les gens qui l’entouraient et se rendit compte que la plupart d’entre eux ressemblaient à Seth… Enfin… Dans le style : Lunetteux, air constipé. Il ne tarda pas à deviner que Liekaterinev était un spécimen rare dans son genre.
Bref.
Il inspecta aussi les jeux proposé pour les gamins, la façon de tout présenter et plongea dans des réflexions intenses et philosophiques sur l’apparente débilité et inutilité de ceux-ci. Il commanda un truc au bacon parce que ça lui disait plus que les autres trucs et quand il vit la taille du machin, il rectifia sa commande, en demanda un deuxième. Il s’installa à une table, mangea. Le gout… Bah clairement artificiel… Le bacon, il connaissait et jamais il n’avait eu ce gout pour lui. Le pain, la salade… Bref. Mais il admit que même si le gout était altéré, ce n’était pas mauvais et ça avait même quelque chose de plaisant, de trop salé ou trop sucré et il apprécia la rapidité de la chose.
Seth revint plus vite que prévu ; seulement 10 minutes s’étaient écoulées et quand Lowell le vit arriver, il se dépêcha de terminer ses derniers bouchés se doutant qu’ils allaient lever l’ancre dans pas longtemps mais Seth resta un instant debout devant lui à scruter le tas de boites vides d’un air apparemment étonné ou blasé … Ou un mélange des deux, Lowell n’arrivait pas vraiment à définir son expression à vrai dire et resta interrogatif, regardant à son tour les paquets éventrés, cherchant l’erreur. Seth plongea son visage dans ses mains, pour se calmer apparemment, puis il inspira profondément, soupira :
« Il faut que je mange quelque chose… »
Ce gars… Lui ressemblait … En quelque sorte. Il resta silencieux, jusqu'à ce que celui-ci revienne avec exactement la même chose que lui mais en quantité divisé. Il mangea silencieusement, lisant les quelques papiers qu’il était allé récupérer apparemment. Il ignora Lowell qui eut donc le loisir finir son .... euh... Ils appelaient ça : coka.
Finalement, Seth releva les yeux vers Lowell, ayant fini sa lecture
« Ok… ça ira ? On y va ? »
Dit-il en déchirant la paperasse en fixant le trappeur avec un air de monomaniaque et comme une réponse à sa mimique, Lowell afficha à nouveau son air sceptique ಠ_ಠ.



Et comment c'est en vrai

Spoiler:

Ils se retrouvèrent donc dans la voiture, s'installèrent, mirent leurs ceinture. Il eut un moment de silence, puis Seth prit la parole.
"Vous étiez là quand le taumathurge à exploser l'androïde?
Lowell fut surprit par la question, le regarda en silence un instant... ça l’intéresse finalement ? ah .... Il leva les yeux vers le plafond de la voiture, comme pour réfléchir, puis hocha la tête... ah oui ... l'androïde c'est les humains artificiels. D'après ce qu'il avait vaguement comprit, elle était très proche de CKZ142 quand il a fait ses trucs. D'ailleurs, il avait apprit dans toute cette aventure que CKZ142 était un taumathurge ... Chose qu'il ne savait pas avant... ça l'avait d'ailleurs choqué de l'apprendre.
- Ouais... Enfin... Je suppose que je suis arrivé après qu'il l'ait fait explosé. Il y avait pas mal de fumé. Pas vu l'androïde...
Il voulait rajouter " C'était CKZ142 que je visais" mais il s'abstint.

[HRP: Voilà... désolée pour le délais. Encore une fois, un texte paumé dans le crack de mon PC.... Et donc rebrouillonné vite fait pour débloquer tout ça!
Haha... c'est moche de retrouver la vieille édition de Seth]



Ouais okay. Marvin ne savait rien. Rien de rien. Le vrai pion. Seth s’était immobilisé, les mains sur le volant, le regard dans le vide. Il était prêt à parier que personne ne le laisserait accéder de nouveau à l’androïde…Et que personne ne serait capable de récupérer ce que l’interface planquait avec tant d’habileté. Toutes ces foutus questions en suspends…rien n’allait bouger. Son regard se fixa lentement sur son reflet renvoyé par le retro viseur. Il avait l’air malade avec ses cheveux coiffés, la moitié de ses piercings au placard et son col roulé de stagiaire…tout ça pour paraitre plus clean aux yeux de quelques cons qui continuaient de le prendre pour un branleur, pour une petite racaille.
Il s’effondra sur le volant, son front s’écrasant sur le klaxonne.

TUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUUT

Puis se redressa soudainement, ébouriffa violemment ses cheveux, retira son col roulé en manquant d’arracher ses lunettes au passage et fixa de nouveau le rétroviseur. Voilà, avec cet air hystérique, la tronche en vrac et son Tshirt il avait une bonne tête de taré. Autant correspondre à son étiquette. Il ne prit pas la peine de se tourner vers Marvin, qui devait maintenant réellement se demander dans quoi il était tombé, et donna un violent coup de volant à gauche tout en débrayant.
Il gara la voiture dans une ruelle derrière les bâtiments de l’espace d’enquête, se tourna et attrapa un taser, son ordinateur et quelques câbles à l’ancienne sur la banquette arrière de la Berline.

« Je… J’ai un truc à récupérer…vous bougez pas de là ok ? »

Marvin oscillait entre le « c’est qui ce fou » et le « de toute façon je peux aller nulle part ». Il le regardait avec un air un peu circonspect, les dents serrées…le teint vert...très vert…trop…

« Euh…ouvrez la porte si ça va pas… »

Seth recula lentement, sans le quitter des yeux, l’air un peu dégouté par avance à l’idée que Lowell puisse vomir dans le bordel qui couvrait le sol de sa voiture…Puis dé-focalisa et se dirigea d’un pas alerte vers le bâtiment d’analyses robotiques.


***

Entrer le plus naturellement possible, saluer les gars de la sécurité, attraper un ascenseur avant qu’ils ne se souviennent qu’un contrôle s’imposait en période de crise. Choper une blouse de technicien dans un couloir, passer ensuite par l’escalier de service. Dégoter un terminal, se connecter à l'ancienne manuellement, hasbeen donc indétectable. Se bricoler un code de pass, trafiquer les cams de la zone technologique…Prier pour que l’androïde n’aie pas encore bougé de place.
Seth jeta un coup d’œil à l’heure : 12h14. Connaissant les habitudes de la maison, ils devaient tous être partis en pause…Il glissa le taser et son unité dans la poche de la blouse, inspira longuement, puis passa la porte qui donnait sur le couloir principal.
Personne.
Trouver la salle 4, débrancher l’androïde, se tirer en vitesse. C'était tellement simple...A Consortium la partie aurait été autrement difficile...Mais à Consortium on s'attendait à ce genre d'action, ici, de la part d'un Citoyen, c'était quasiment inconcevable. Personne n'avait envie de perdre sa place.

Il activa la porte du laboratoire, se glissa à l’intérieur et laissa la salle retomber dans le noir, assez peu certain que son bricolage sur les cams puisse fonctionner à l'intérieur des labos. A la lumière des moniteurs il distinguait la silhouette de l’androïde, encore ouverte, reliée à ce qui ressemblait à un MS. Il la débrancha soigneusement, fit glisser une table roulante jusqu’à la console d’analyse et entreprit de la déplacer. Le son distinctif d’un iris effectuant une mise au point attira son attention sur le visage du droïde: ce qu’il restait d’un œil semblait l’observer, l’interface s’était remise en marche de son propre chef. Il marqua un temps d’arrêt puis débita :

« Je vais te déplacer, si nous t’avons posé un traceur, désactive-le ! »

Alors qu’il achevait avec difficulté de bouger les 300kg de taule, la porte du laboratoire s’ouvrit dans un chuintement pour laisser place au plus gros des deux techniciens, Greg. Il entra en chantonnant, laissa la porte se fermer, lança un joyeux « lumière », puis déballa sur un bureau le contenu d’un sac de fast-food…Avant de se retourner lentement vers Seth et l’androïde.

S’en suivit une scène d’une longueur indéfinie. Greg, de la sauce ketchup au coin de la bouche fixe Seth. Seth, les mains toujours collées sur son larcin, fixe Greg. L’androïde émet une série de sons indéfinis. Greg regarde l’androïde. Seth regarde la poche de sa blouse. Greg regarde Seth. Seth regarde Greg. L’androïde annonce :

« Le traceur B-15-Alpha2-L4 est désactivé.
- Mais qu… »

Seth sort son taser de sa poche et se jette sur Greg. Greg s’effondre lourdement sur la console.

Ok. Sortir. Vite.

Seth tire le corps flasque d'un Greg marmonnant sous une table, lui enlève sa blouse et recouvre l’androïde. Il sort rapidement du labo, tant pis pour les cams, pas le temps de vérifier. Il traverse le couloir précipitamment en poussant le chariot, se retrouve devant l’escalier de service, débranche son système D et emprunte l’ascenseur de ménage. Débarque dans le parking des employés, passe devant un vigile abruti -qui semble plongé en plein match de Colpiante, lunette 3D rivées sur le nez-, débouche sur la ruelle où la Berline est garée. Lowell est debout, calé contre la voiture et le regarde s’approcher précipitamment puis ouvrir le coffre.

« Vous voulez bien me filer un coup de main ? »



Quelques minutes plus tard la Berline noire s’engageait dans le tunnel pour Consortium.

Silence pesant dans la Berline. Lowell se gratte la gorge, Seth se passe la main dans les cheveux. Lowell étends ses jambes. Seth remonte ses lunettes. Lowell ouvre la bouche, réfléchit, ferme la bouche, réfléchit et finalement :

« Euh…Liekaterinev… Vous…C’est quoi votre lien avec Vassili ?
- C’est mon père.
- Ha. »

Lowell inspire bruyamment et fait un bruit de gorge typiquement thuléen. Seth soupire et regarde l’heure sur le cadran de la voiture. Lowell entrelace ses doigts et les poses sur ses cuisses. Seth fait la moue et enchaine :

« Vous connaissez Corberyan ?
- Oui, un ami.
- Hum… »

L’heure de trajet s’écoula sans plus un mot. Les regards glissaient d’un point à un autre, s’appliquant à ne surtout jamais se croiser. Seth plongea rapidement dans ses pensées, absorbé par les mouvements réguliers de la lumière orangée du tunnel. Il fallait qu’ils arrivent en bas. Une fois perdu dans Consortium ils n’auraient plus grand-chose à craindre des flics pendant un bon moment…C’était si simple de disparaitre dans le dédale des rues de l’hippocampe. Ensuite il faudrait retrouver Ethan, espérer qu’il n’avait pas changé d’adresse –enfin…d’adresse principale- et qu’il n’était pas en vadrouille à l’autre bout de la ville. Et puis téléphoner à Calypso…Sans se faire calculer…Lui expliquer…lui expliquer quoi au juste ? Qu’il venait de foutre en l’air plusieurs mois d’effort avec la tutelle ? Que s’il existait des images de son petit cambriolage il était bon pour un nouveau procès ? Qu’il allait devoir rester en planque dans Consortium le temps de vider un androïde… Dans l’absolu si on l’associait à la disparition du droïde il risquait même de perdre son statut de citoyen. Il se mordit la lèvre inférieure jusqu’au sang et ferma les yeux longuement, les mains crispées sur le volant.

« HOLLY MOTHER OF SHI… »

Le hurlement du trappeur le ramena brusquement sur terre, il enfonça son pied sur la pédale de frein et stoppa la berline dans un douloureux crissement de pneus à quelques centimètres du train arrière de la voiture qui les précédaient. Une espèce d’embouteillage s’alignait devant eux. Lowell était enfoncé dans son siège, cramponné à la portière et suait à grosses goûtes : « BLOODY HELL ! Vous vous êtes endormis ! » cracha-t-il en fusillant du regard un Seth à l’air abasourdit, les mains gauchement rivées sur le volant, les lunettes sur le bout du nez.

« Ptain ptain ptain ! FAIT CHIER MERDE !
- Maaaan, c’était quoi ça !?
- C’était rien ! y’a rien là non !? Tout va bien! »

Le silence retomba lourdement, laissant entendre le bruit saccadé de leurs respirations, puis ils tournèrent d’un même mouvement la tête vers le pare-brise, Seth fixant avec obstination la file de voiture, Lowell le regard dans le vague contenant sa colère. Les minutes s’égrenèrent lentement jusqu’à ce que s’active enfin le portail géant en bout de tunnel. Un flot de voitures officielles orchestré par plusieurs hommes en uniforme se déversa alors sur Consortium.