début

« Où est donc passé le petit ? »
« Tamahere, chéri, tu te fais trop de souci… »
« Haley, tu le protèges trop. Que diras-tu le jour où il se fera attaqué par un serpent ou qu’une crevasse s’ouvrira en dessous de ses pieds parce qu’il sera en train de jouer bêtement près du volcan ? »
« Toujours aussi optimiste… C’est rassurant! »
« Ah ! Stupide femme ! »

« Papa ! »

Un petit garçon courut vers le grand chef dont les ornements cliquetèrent dès qu’il se retourna. Il le prit dans ses bras et le serra contre sa large poitrine.



« Tu te souviens que tu dois voir grand-mère aujourd’hui ? »
« Elisi* ? Oui ! »
« Bon… »

Il déposa l’enfant sur le sol et lui ébouriffa affectueusement les cheveux. Sa mère se rapprocha d’eux et déposa un collier dans le creux de la main du petit garçon.

« En passant tu lui donneras ce collier… Je l’ai retrouvé au fond d’un coffre, je crois qu’il lui appartient. »

Le petit garçon aux cheveux noirs mi-longs observa un instant la grande femme blonde d’origine thuléenne puis fixa son regard sur le collier.

« Il est pas à Wenda ? »
« Non ! » intervint Tamahere en pointant un doigt sévère dans sa direction. « Quand elle est partie, elle a emporté toutes ses affaires, donc ne poses plus de questions stupides et vas-y ! »

Le petit garçon tira la langue à son père et partit en courant tout en ricanant, content de lui. Tamahere fit sa grimace d’ours pas content mais quand son fils ne fut plus visible au loin, un sourire amusé étira ses lèvres. Haley se rapprocha de son mari et posa sa tête sur son épaule.
Ils étaient bien.

**

« Mamie ! »

Une vieille femme, assise sur une chaise de feuilles de palmier tressées, tourna la tête en voyant arriver le petit garçon vers elle, tout essoufflé. Elle laissa sa couture de côté et se leva péniblement pour aller à sa rencontre. Mais le jeune Kwanaïn fut le plus rapide. Très vite il arriva à son niveau et en un éclair il sauta sur ses genoux perclus de rhumatismes. La vieille femme grimaça de douleur mais elle était prête à tout subir pour l’un de ses petits fils adorés.
Ils se firent un tendre câlin et le petit garçon présenta le collier retrouvé à sa grand-mère.

Aqnaïa sourit tristement.

« Anitutsa**, où as-tu déniché ce bijou ? »
« C’est maman qui l’a trouvé dans un coffre. Elle dit qu’il peut être qu’à toi ! C’est vrai ? Il est à toi ? »
« Oui. C’est un vieux cadeau de quelqu’un que j’ai aimé très fort. Et que j’aime toujours, d’ailleurs. »
« Qui ? Papi ?! »
« … »
« Ah bah, justement, il est où Papi ? »

Les sourcils d’Aqnaïa se froncèrent automatiquement alors qu’elle continuait pourtant à sourire.

« Bonne question. Il s’est enfui quelque part, comme le chien fou qu’il est. Il n’a jamais pu tenir en place. »
« Il est pas mort ?? Mais papa a dit qu’il était m… »

La vieille femme donna une petite tape sèche sur la tête de son petit-fils pour le faire taire.

« Ton père est encore plus naïf que moi. On sait pourtant tous les deux que ton grand-père est du genre à survivre même au milieu d’une terrible tempête sans eau ni nourriture. Et toi… »

Elle le regarda avec tendresse.

« Toi tu lui ressembles tellement… Mon petit Jayke. »

[HS : *Elisi veut dire grand-mère en indien / **Anitutsa veut dire garçon]