Il posa les clefs de son appart sur la table en bois, solitaire au milieu de cette pièce quasiment vide. Il observa un moment le salon plongé dans le noir, devinant les formes du vieux canapé et de la télévision grâce aux rayures de lumières qui provenaient des volets fermés.
Après un soupir, il prit la bouteille de whisky qu’Eve avait ouvert avant de partir pour la citadelle. Il l’emmena avec lui jusqu’au canapé sur lequel il s’assit avec précaution. Une fois-là, il regarda devant lui l’écran du téléviseur éteint. C’était le moment de faire le point…
Eve l’avait emmené à la citadelle. Costard, cravate (qu’il portait toujours de surcroit), pour passer inaperçu… Il nota d’ailleurs que ça n’avait pas vraiment fonctionné. Sur place, il y avait CKZ 142 qui sévissait. Sa rencontre, avec Lui, l’assassin aux traits juvéniles. Son visage se grava dans sa mémoire, s’encra profondément, faisant resurgir un élan de haine et de dégoût. Son genou aussi s’en rappela de manière cuisante et il dû passer la main pour masser la région. Une rencontre aussi brève que douloureuse en somme. Tout était allé si vite. Eve qui revenait, CKZ qui s’enfuyait, la police, la prison, les interrogatoires qui n’en finissaient plus. Puis, Seth Liekaterinev. Il ne savait pas si le mot « libération » était bon à dire après cette rencontre. L’avoir suivi, c’était pactiser avec le diable dans un sens. En tout cas avec son messager. Pas sûr non plus que son petit cirque dont il n’avait pas compris grand-chose, n’ai pas des retombés négatifs… Du genre, attirer l’attention. En sommes, il était libre, mais à quel prix ?
Et le voilà maintenant, après ses quelques jours d’enfer, sur son canapé, devant cette boite qu’on appelait télévision. Seul. Il but une longue rasade de whisky, pour remettre de l’ordre dans ses idées … Enfin…


Le lendemain, il alla voir les Wrights. Si il y avait bien de vrais alliés ici-bas sur lesquels il avait entièrement confiance, c’était bien eux. Surtout Aaraon en fait. Depuis leur différent, Lowell n’avait plus vu l’octantin et il devait s’avouer qu’il lui manquait. De toute façon, il fallait bien qu’il récupère Louve… C’est donc un sac rempli de bonnes choses du type gustatif qu’il sonna à la porte un peu cabossé de la fratrie. Un peu nerveux, la mine boudeuse… Pas évidement de venir faire la paix. Il aurait pu aussi rentré directement, mais il s’en sentait un peu gêné. Ce fut quelques beuglements familiers qui s’échangèrent derrière la porte et qui firent sourire Lowell avant qu'on lui ouvre. Et derrière cette porte JL qui l’accueillis chaleureu…. Enfin, à la JL quoi.
- Dude ! S’tait pas trop tôt ! Ah t’as ramené quoi ?!
- Je vais bien, merci, glad to see you too boy et tu verras bien assez tôt.
Dit-il en posant affectueusement sa main sur sa tête, le faisant reculer en même temps pour se laisser passer. Il regarda l’état toujours assez pitoyable de l’appartement des garçons, croisa le regard d’Aaraon qui venait juste de paraitre dans l’encadrement de la porte de la salle de bain. Après un instant de silence, Lowell lui fit un signe de la tête en guise de bonjour et leva le sac comme pour montrer patte blanche.
- On fait la paix ?

La soirée avança tranquillement, Lowell leur avait préparé un repas avec une partie de ce qu’il avait apporté, l’autre partie c’était pour eux.
Leur gosier sustenté et après des discutions de plutôt légères, les trois comparses s’étaient plus déployé dans le salon. La tête posée sur la cuisse de Lowell, Louve jouissait des caresses de son maitre retrouvé, grognant légèrement à chaque passage de ses mains sur sa fourrure noire. Le trappeur observait la bête d’un air paternel. Le silence était retombé dans la pièce, dans un calme apaisant. Aaraon observait le tableau et plus particulièrement le genou qu’il semblait ne pas pouvoir s’empêcher de masser.



- Au fait Low, t’as entendu parler de ce qui est arrivé à la citadelle ?
Lowell releva les yeux vers JL, hocha la tête en laissant son regard dériver sur Aaraon, d’un air entendu.
- Un peu trop oui…
Et comme s’ils s’étaient clairement parlé, Aaraon comprit.
- JL, tu nous laisses ?
Le jeune homme parut perplexe, comprit qu’il y avait un truc et protesta vivement, voulant rester et Lowell laissa faire Aaraon dans un premier temps, associant la scène à des parents qui envoient leur enfant dormir et comme tout bon couple qui se respecte, il se joignit à la cause de son compagnon, demandant d’abord gentiment puis, ils en virent rapidement aux menacent.
-JL, si tu en sais trop, ils vont te ligoter et t’emmener chez le boucher
- Tu vas finir pendu par un ses crochets
- Et enfermé dans la chambre froide avec des cochons éventrés.
Il n’en fallu pas plus pour que le gamin file vite dans la chambre, sans demander son reste. Ils le suivirent du regard, puis Aaraon se tourna à nouveau vers Lowell
-Tu y étais ?...
Ce fut donc sans JL que le trappeur et l’octantin purent discuter. Il lui raconta tout, du débarquement de Eve jusqu’à la libération par Seth en passant par sa rencontre avec son meurtrier. Évidemment, il insista sur ce point-là à base de « Putain, I saw him, Aaraon… Il était là, sous mes yeux. A porté de main… ». Aaraon l’écoutait, sans broncher mais une lueur au fond de ses yeux brillait comme du respect porté en la personne de Lowell. Alors qu’il n’avait dit que la stricte vérité de ce qu’il s’était passé, le trappeur soupçonna son ami d’embellir la scène à l’octante et de lui attribuer un mérite qu’il n’avait pas mais il n'en dit rien.
Il lui fit aussi part des doutes qu’il avait vis-à-vis de ce qu’il devait penser de la petite aventure de Seth et l’androïde et la discussion dériva sur l’implication de Lowell avec la mafia. Le ton monta un peu, Aaraon montrant clairement sa désapprobation quant à ce genre d’alliances dangereuses.
- Lowell ! Are you nut ? Ils sont pas marrants eux. S’qu’on a dit à JL, ils le font vraiment et tu vas finir comme ça !
- J’avais pas le choix. C’était soit ça, soit croupir dans s’te putain de cellule pendant encore un bon moment.
- mais t’aurais pu sortir sans pieds et poings liés à une pourriture de mafieux !
Lowell soupira, prit les épaules de A entre ses mains, pour qu’il arrête de s’agiter, parlant plus bas, pour arrêter la monté crescendo de leur voix et baisser d’un ton, calmer le jeu.
- Si je veux trouver CKZ, c’est la seule solution. J’ai beau retourner la situation dans tous les sens… Je ne suis rien ici Aaraon, pas plus que toi. Nous n’avons aucun pouvoir ici. Alors… Faut se faire petit face aux grands qui tirent les ficelles et ravaler notre fierté. C’est comme ça.
Aaraon le regarda d’un air boudeur



- C’est lâche.
- Oui, lâche, très. Mais la fin justifie les moyens.
Ils se regardèrent dans les yeux, puis Aaraon soupira.
- ça pu la merde c’t’histoire
- Je te le fait pas dire
Dit-il en le lâchant enfin, se redressant.
- La merde à plein nez. Mais je m’en sortirais. Puant mais ça ira. Par contre, toi, je veux pas que t’y baigne. T’as JL à protéger


[ Bon je suppose que ça tombe sous l'évidence que A, JL et L se parlent en Thuléen XD étant donné que c'est la langue dans laquelle ils sont le plus à l'aise :') ]