Dipali voyageait sur les grandes routes depuis plusieurs semaines. Le calme du voyage commençait à lui peser quand elle croisa un groupe de marchants avec qui elle avait fait affaire par le passé. Les commerçants de la route faisait circulé les informations à travers l'archipel. Ils recueillaient les rumeurs d'un village, les rangés soigneusement dans un coin de leur caboche pour les répandre quelques villages plus loin. Dipali cependant ne s'intéressait pas au ragots fleuris de romantisme d'une donzelle ou les affaires sales d'un seigneur sans nom. Elle ne cherchait qu'une seule chose depuis deux ans: son maître.
Elle se sentait parfois ridicule de suivre ainsi une ombre dont le visage s'effritait malgré elle de sa mémoire. Telle une pauvre bête abandonnée, elle cherchait sans relâche... Il la rendait si pathétique. Et pourtant, ses doux souvenirs d'enfance lorsqu'il prenait toutes les peines du monde à lui faire mémoriser des préceptes compliqués, ça elle ne l'oublierait pas. Elle lui devait tout, elle ne l'oubliait pas.

La petite troupe qu'ils formaient avait allumé un feu. Son destrier, qu'elle ne pouvait monter car il lui servait à transporter ses marchandises, broutait un peu plus loin en compagnie des autre montures. Les flammes et la douce chaleur du camp l'avait assoupie et malgré elle, ses pensées avait dérivé. C'est une bride de conversation qui la ramena brusquement à la réalité.

"...lui a dessiné un sceau énorme!...même sur les mains!... des caisses pleines m'a-t-on dit! Ce gars doit être sacrément doué pour faire une chose pareille!
_Ça se saurait si quelqu'un avait trouvé un moyen de transmuter l'or! Depuis le temps qu'on cours après!
_Chais pas... Si j'avais un secret pareil, pouvez être sûr que je le garderais pour moi! N'empêche un sceau pareil, ça doit être impressionnant..."

"L'homme qui a apposé ces sceaux serait-il toujours là?"
Les marchants reportèrent leur attention sur Dipali. Elle-même avait sentit l'appréhension percer dans sa soudaine demande.

"Hmmm, Faut voir... On est partis ce matin mais... Y avait pas autant d'infos sur le philosophe...
_La Spiazza est pas si loin à cheval, mais vu que t'es à pied Deep, faudra t'accrocher s'y tu veux le chopper!
_ah la la, encore la même histoire hein? Charlot, le plus bruyant parmi eux rigolait jovialement, un coup en trop dans le nez. Tu devrais le laisser tranquille ton gars. Moi je dis, ce gars, pour se carapater aussi vite, il avait des dettes!
_Ce n'était pas ce genre de personne...!
_...

Mince, elle s'était emportée...

_.. Ho Hé désolée mignonne. Je plaisantais..." L'homme s'excusa gauchement et la soirée se termina dans le calme. Dipali se coucha avant le reste de la troupe. Ils se séparerait au matin et alors, elle devrait faire vite.

Après trois jours de marche sous les rayons infernaux du soleil, Dipali n'était pas mécontente de voir l'horizon se remplir des quais de La Spiazza.

Les rues étaient animées par les cris des commerçants, les voies graves des marins et les rires d'enfants chahuteurs. Deep se dirigea vers les quais sans attendre. C'est là que l'activité était la plus intense. Les bateaux amenaient de nouvelles tête tout les jours, de sorte qu'il lui faudrait plusieurs jours avant de se familiariser avec ce nouvel environnement.
Elle monta sa tente et commença à préparer son étal. Son voisin de boutique proposait de nombreuses épices, Dipali lui en pris quelques une et en profita pour entamer la conversation.

"Pour sûr que j'en ai entendu parler! Bah, ça se chante pas à tout les coins de rues, mais vous imaginait bien qu'une histoire pareille, ça fait des vagues. Si vous voulez le rencontrer, vous suffit d'aller frapper à la porte arrière de l'Auberge aux chats errants. C'est sur la place du village."

Dipali ne s'était pas faite prier pour aller jeter un coup d'œil. L'endroit était sombre et elle avait reconnu un ou deux brigands des grandes routes. Cela n'allait pas arranger ses affaires, s'ils la reconnaissaient, elle pouvez dire au revoir à ses recherches.
Alors elle observa de loin, pendant une bonne semaine, elle mémorisa les allées et venues. Puis ce fut lundi soir qu'elle l'aperçu, sans aucun doute le faiseur d'or des rumeurs. Elle pouvait voir son tatouage parcourir le dos de ses mains et une partie de son cou. Le sceau qu'il cachait devait en effet être de taille mais impossible de savoir s'il s'agissait de l'œuvre de son maître avec si peu d'éléments visibles. alors elle le suivit.
Le bougre avait la bourse bien ronde, il allait faire affaires. Elle observa leur transaction sans bruits. Des bandits restaient des bandits, ils avait échangé leur or contre des armes à feux technopolitaines. Elle allait avoir du mal à entamer la conversation après ça...
Décidant de rester prudente, elle attendit que leur chef soit seul pour l'accoster. Cela lui pris plusieurs jours supplémentaires.

Les nuages obscurcissait avantageusement la nuit lorsque sa chance se présenta. Elle utilisa une de ses fioles pour désorienter sa proie dans un écran de fumée. Le chef des bandits, déstabilisé d'avoir perdu sa visibilité déjà peu importante, n'était plus qu'une proie facile. Elle dégaina sa lame qui fini sa course à deux centimètres de la gorge du brigand. Deep s'assura de sa prise sur les poignets de son futur collaborateur et commença les interrogatoires...

"Ne bouge pas et ne fais pas un bruit.
_Qui êtes-..." La lame se mit à caresser sa gorge de plus près avant même qu'il ne puisse se taire.
"Je pose les questions. Contente toi de répondre et à voie base. Premièrement, le philosophe qui t'a signé est-il encore dans les parages?
_Pourquoi est-ce que vous voulez voir ce gaaaARG!" Cette fois, la lame entama généreusement sa chair.
_Encore un peu et tu risquerai gros... Je disais donc, est-il encore ici?
_...Non. C'est juste une connaissance comme ça. On voulait monter un plan, c'est tout." L'homme paniquait. De toute évidence, il n'avait jamais été confronté à un tel traitement. La sueur perlait sur son visage et ses mains devenaient moites.

C'est pas très bon ça par contre...

"Décris moi ce philosophe.
_Hein?! Mais... mais j'en sais rien, il est blond, grand...
_Est-il jeune?
_Chais pas je vous dis... La trentaine peut-être..."

Inconsciemment, Dipali sentie son agressivité faiblir. Ça ne pouvait pas être lui.

"De toute façon, c'est même pas vraiment de l'or... On c'est arrangé pour faire une imitation, c'est du toc, vous gagnerez rien de moi. Les gens découvre vite la supercherie..."

Dipali ne l'écoutait plus vraiment, une chance de moins. De plus, Ganesh n'aurait pas offert le don de Midas à de tels rats. Qu'elle idiote, encore une fois...
Son prisonnier profita de son inattention pour tenter de s'échapper. La sueur sur ses mains l'aida à se dégager. Il la frappa au visage mais Deep encaissa le coup sans difficulté. Il en faudra plus que ça. Voyant qu'il n'aurait pas le dessus, l'homme s'enfuit dans le noir. La soirée était finie et elle sentie ce vide habituel maintenant, qui suivait chaque découverte d'une fausse piste.
Elle rentra les pas aussi lourd que le vide qui lui pesait sur le cœur.
Le lendemain, alors qu'elle venait de terminer les préparatifs du départ, elle découvrit un nouveau vide, celui laissé par sa boutique ravagée, dépouillée et piétinée.
Bon sang, il l'avait reconnue! Ses voleurs de bas étages avaient saccagé sa boutique...!
... Si elle se souvenait bien, un ou deux gars étaient recherchés...

Elle prit sa réserves de potions explosives et s'en fût. Bah! Fallait bien trouver un moyen de payer son prochain voyage!

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